Vers une France antisémite ou antisioniste ?

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors du 34e dîner annuel du groupe CRIF, Conseil représentatif des institutions juives de France, à Paris, le mercredi 20 février 2019. (Crédit : Ludovic Marin, Pool Photo via AP)Antisémitisme: Paris appliquera la définition de l’IHRA intégrant l’antisionisme : « L’antisémitisme n’est pas le problème des Juifs, c’est le problème de la République », a martelé le chef de l’Etat français au dîner du Crif

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors du 34e dîner annuel du groupe CRIF, Conseil représentatif des institutions juives de France, à Paris, le mercredi 20 février 2019. (Crédit : Ludovic Marin, Pool Photo via AP)

Bastion social, Blood and Honour et Combat 18, dont Emmanuel Macron a demandé la dissolution mercredi lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), font partie de l’ultra-droite et sont pour les deux derniers d’entre eux des groupuscules « néo-nazis ».

Emmanuel Macron a annoncé mercredi que la France allait mettre en oeuvre une définition de l’antisémitisme élargie à l’anti-sionisme, sans toutefois modifier le Code pénal, dans un discours prononcé lors du dîner du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) à Paris.

« La France, qui l’a endossée en décembre avec ses partenaires européens, mettra en œuvre la définition de l’antisémitisme adoptée par l’Alliance internationale pour la mémoire de la Shoah » (qui intègre l’anti-sionisme, NDLR), a dit le chef de l’État, en martelant que « l’anti-sionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme » – à l’instar de son discours lors de la 75e cérémonie du Vel d’Hiv.

« Le président Macron a informé le Premier ministre qu’il allait adopter la définition de l’antisémitisme de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA), qui a fixé que l’antisionisme est une forme d’antisémitisme », a affirmé un communiqué du bureau de M. Netanyahu. Celui-ci a exprimé son « estime » pour cette décision, selon le communiqué.

Le président israélien Reuven Rivlin avait plus tôt apporté mercredi son soutien au président français et au philosophe français Alain Finkielkraut face aux actes antisémites, qu’il a qualifié d’ « affront » à la France.

Quelques minutes avant le discours de M. Macron, le président du Crif, Francis Kalifat, en avait fait la demande. « À l’unisson des autres pays européens, la France a voté en faveur de cette définition lors de son adoption par l’IHRA en 2016 et encore tout récemment fin 2018 dans la résolution du Conseil européen sur la lutte conte l’antisémitisme. Conformément aux recommandations du Parlement européen et du Conseil européen, plusieurs États membres l’ont déjà intégrée dans leurs propres textes de référence », avait-il dit.

« L’antisionisme aujourd’hui constitue le visage dissimulé de l’antisémitisme », a pour sa part déclaré le député Eric Ciotti (LR), qui salue cette décision mais estime « personnellement » qu’ »une résolution ne suffira pas » et demande « une traduction législative ».

Sur ce sujet, Gil Taïb et Joël Mergui ont dit leur satisfaction. « On demandait depuis des années la reconnaissance de l’antisionisme. Si les moyens sont mis en oeuvre pour que les paroles antisémites puissent être condamnées, c’est pour nous une avancée essentielle », a déclaré M. Taïeb.

« Depuis plusieurs années, et la situation s’est encore aggravée ces dernières semaines, notre pays – comme d’ailleurs l’ensemble de l’Europe et la quasi-totalité des démocraties occidentales – est confrontée à une résurgence de l’antisémitisme sans doute inédite depuis la Seconde Guerre mondiale ».

« À nouveau, depuis plusieurs années, l’antisémitisme tue en France ». C’est bien que les visages peuplant ce soir nos consciences ne sont pas seulement ceux des héros que je viens d’évoquer mais bien ceux des martyrs récemment assassinés parce qu’ils étaient juifs », a-t-il poursuivi.

Quelles différences entre antisémitisme et anti-sionisme ?

« Il n’y a pas en France de définition officielle de l’antisémitisme, tout comme il n’y a pas de définition officielle, par exemple, du racisme anti-musulman ou envers les personnes asiatiques. Notre droit est fondé sur une conception universaliste et globale, pas sur un ciblage explicite de chaque religion », explique Frédéric Potier, le Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah).

L’avocat Richard Malka abonde : « La loi n’utilise jamais le terme ‘antisémitisme’. De même qu’elle n’utilise jamais le mot ‘juif’ ou ‘musulman’ ou ‘catholique’ ».

L’antisémitisme est appréhendé par le droit pénal à travers la loi de 1881 sur la liberté de la presse, pour ce qui est des injures publiques, de la provocation publique à la haine et de la provocation publique à la discrimination fondées sur l’appartenance « à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée ».

Pas de définition officielle non plus de l’antisionisme.

Selon la Chancellerie, les tribunaux peuvent déjà condamner des personnes qui, « sous couvert d’un anti-sionisme de circonstance, véhiculent en réalité un antisémitisme réel ». « A charge pour l’accusation d’établir que le mobile final vise bien à s’en prendre à un individu soit à raison de sa religion, soit à raison de sa nationalité ».

Une proposition de loi

Un texte qui « reprendra les propositions » faites dans un rapport remis en septembre au Premier ministre, dont une vise à renforcer la pression sur les opérateurs du Net, dans le cadre d’un renforcement de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme sur internet, sera déposé « dès le mois de mai » par la députée LREM Laëtitia Avia, a annoncé le président.

« La députée Laëtitia Avia déposera dès le mois de mai, c’est-à-dire dès la première fenêtre parlementaire possible au Parlement, une proposition de loi pour lutter contre la haine sur Internet reprenant les propositions de ce rapport », a expliqué le président.

« Nous devons à ce titre nous inspirer de ce que nos voisins allemands ont su faire de manière efficace et pragmatique : apporter des sanctions judiciaires, pénales et pécuniaires, appeler à la responsabilité des individus comme des plate-formes. Il s’agira de mettre fin aux stratégies d’éviction déployées par des sites étrangers qui, changeant régulièrement de serveurs, sont aujourd’hui très difficiles à bloquer. »

Ce texte « reprendra les propositions » faites dans un rapport remis en septembre au Premier ministre, qui vise à renforcer la pression sur les plateformes numériques dans le cadre d’un renforcement de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, a-t-il dit.

Cette loi imposera aux plateformes de retirer les contenus appelant à la haine « dans les meilleurs délais » et de « mettre en oeuvre toutes les techniques permettant de repérer l’identité » de leurs auteurs et enfin responsabilisera ces plateformes sur le plan juridique -une annonce saluée comme « fondamentale » par le président du Consistoire Joël Mergui et Gil Taïeb vice-président du Crif.

Gilles Taieb, co-auteur du rapport de septembre, a précisé à l’AFP « qu’on s’oriente sur un délai de 24 heures ».

Macron a accusé « des plateformes comme Twitter, pour citer des mauvais exemples, qui attend des semaines ou des mois pour donner les identifiants qui permettent de lancer les procédures judiciaires » et « parfois prend des jours, des semaines pour retirer les contenus ainsi identifiés ».

Il s’est prononcé en revanche contre l’interdiction générale de l’anonymat sur internet qui pourrait « aller vers le pire ».

Emmanuel Macron a demandé la dissolution d’ »associations ou groupements » racistes ou antisémites, à commencer par les organisations d’extrême droite Bastion social, Blood and Honour Hexagone et Combat 18.

« Parce que la période met en cause ce que nous sommes, la France doit tracer de nouvelles lignes rouges (…). J’ai demandé au ministre de l’Intérieur d’engager des procédures visant à dissoudre des associations ou groupements qui par leur comportement nourrissent la haine, promeuvent la discrimination ou appellent à l’action violente », a déclaré le chef de l’Etat, citant nommément les trois organisations « pour commencer ».

Enonçant une ligne de conduite « poursuivre, punir et éduquer », il a également annoncé avoir demandé au ministre de l’Education, Jean-Michel Blanquer, « de procéder à un audit des établissement marqués par le phénomène de déscolarisation des enfants de confession juive ».

« Quand une telle déscolarisation se passe, elle dit quelque chose, parfois de ce que nous voulions ou ne pouvions voir, de ce qui ne se disait plus », a-t-il estimé.

« L’école doit jouer à plein son rôle de rempart républicain contre les préjugés et contre la haine, mais aussi contre ce qui en fait le lit: l’empire de l’immédiateté, le règne d’une forme de relativisme absolu. L’enseignement de la méthode scientifique, de la méthode historique sera renforcée. Tous les enfants de France seront sensibilisés au temps long des grandes civilisations », a-t-il souligné.

« L’antisémitisme n’est pas le problème des Juifs, c’est le problème de la République », a martelé le chef de l’Etat.

« La honte doit changer de camp », a martelé le chef de l’État, ajoutant, ému : « Nous sommes chez nous. Nous tous ». Cette déclaration entendait répondre au slogan « On est chez nous », largement scandé dans divers rassemblements d’extrême droite depuis plusieurs années.

La France a connu récemment une multiplication d’actes antisémites – +74 % en 2018. Mardi, 96 tombes ont été découvertes profanées dans un cimetière juif alsacien.

L’intellectuel et membre de l’Académie française Alain Finkielkraut a été violemment pris à partie samedi en marge d’un défilé des « gilets jaunes » par des manifestants, dont l’un a notamment utilisé le mot « sioniste ». Cela a suscité un débat en France sur le sens à donner à ce mot dans ce contexte.

Quelques jours plus tôt, des portraits de Simone Veil, rescapée d’Auschwitz et figure récemment décédée de la vie politique française, avaient été barrés d’une croix gammée. Et un arbre planté à la mémoire d’Ilan Halimi, un jeune juif torturé à mort en 2006, avait été retrouvé scié.

Des rassemblements contre l’antisémitisme se sont tenus mardi dans de nombreuses villes à travers la France, notamment place de la République à Paris où près de 20 000 personnes ont dénoncé ces actes.

« La masse n’était pas là, la foule n’était pas là », a ainsi regretté à l’antenne de la chaîne CNews l’avocat Serge Klarsfeld, connu pour sa traque d’anciens nazis. « L’antisémitisme, ça ne se guérit pas facilement, c’est un travail très long ».

En 2018, l’Agence juive estimait à 45 000 – un dixième de la communauté – le nombre des juifs de France ayant fait leur alyah, l’émigration vers Israël, en une décennie.

Dans son discours, le président du Crif, Francis Kalifat, avait lancé un appel aux musulmans et aux imams à lutter contre l’antisémitisme et à « en finir avec la justification religieuse de la haine des juifs ».

Il avait également dénoncé « l’antisémitisme de certains musulmans, l’antisémitisme de certains gilets jaunes ».

« L’engagement du président français Macron d’adopter la définition de l’IHRA, reconnaissant ainsi que l’antisémitisme est un problème dominant qui doit être abordé de manière frontale et universelle, est une étape encourageante. Cependant, il ne s’agit que du début d’un long chemin à parcourir et nous devons tous continuer à être aussi vigilants que possible. Des actions, et non des mots, sont nécessaires pour éradiquer réellement ce problème. L’adoption de cette définition de l’antisémitisme doit être suivie de mesures concrètes pour légiférer et veiller à son application dans tous les domaines, » a déclaré Ronald S. Lauder, président du Congrès juif mondial, qui s’est dit prêt à aider le gouvernement français.

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Antisémitisme : texte de Ciotti déjà ficelé pour durcir les sanctions

Le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand a dit pour sa part que, concernant la pénalisation de l’antisionisme, l’arsenal législatif actuel était « tout à fait au point »

Eric Ciotti (Crédit : Eric Ciotti/Facebook)

Eric Ciotti (Crédit : Eric Ciotti/Facebook)

Le député LR Éric Ciotti a annoncé mercredi avoir déposé une proposition de loi pour « mieux lutter contre l’explosion des actes antisémites », les injures liées à une appartenance religieuse et durcir les sanctions sur les réseaux sociaux.

« Au-delà des manifestations et des déclarations d’intention, il est temps de modifier radicalement notre arsenal législatif pour mieux lutter contre ces phénomènes qui gangrènent notre République », a affirmé dans un communiqué l’élu des Alpes-Maritimes, au lendemain des rassemblements contre l’antisémitisme qui ont réuni des milliers de personnes à Paris et partout en France.

M. Ciotti a souligné « l’augmentation inquiétante » des actes antisémites en 2018, « nourri(s) par l’islamisme » selon lui. « Cet antisémitisme (…) a produit un malaise profond parmi les Français de confession juive, dont une partie décide malheureusement de quitter la France », argumente-t-il.

Pour remédier à cette situation, Eric Ciotti préconise « un durcissement du cadre législatif avec la création d’un délit de droit commun » pour racisme et antisémitisme, passible « de deux ans d’emprisonnement et de 70.000 euros d’amende, contre un an d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende actuellement ».

Afin de lutter contre les insultes sur les réseaux sociaux, le questeur de l’Assemblée nationale propose de s’inspirer du « modèle allemand » qui permet « de bloquer ou retirer » les contenus « dans les 24 heures qui suivent leur notification ». Il suggère de porter de 375.000 euros à 37,5 millions les montants des amendes visant les hébergeurs, tels Facebook et Twitter, qui ne respecteraient pas cette obligation.

Enfin, M. Ciotti soumet l’idée de rendre obligatoires « une pièce d’identité ainsi qu’une déclaration de responsabilité » pour ouvrir un compte sur les réseaux sociaux.

Pour sa part, le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand a estimé mardi que « l’arsenal législatif » était « tout à fait au point » pour lutter contre l’antisémitisme et appelé « à la réflexion très approfondie avant de faire des annonces intempestives » après la proposition de pénalisation de l’antisionisme.

Celle-ci émane de députés membres du groupe d’études de l’Assemblée nationale sur l’antisémitisme et a suscité des réserves dans les rangs du gouvernement.

« Aujourd’hui, il s’agit d’éradiquer l’antisémitisme. Notre arsenal législatif est tout à fait au point pour lutter contre ce mal », a réagi M. Ferrand mardi sur BFMTV et RMC.

C’est pourquoi face à cette proposition, « je suis réservé, j’appelle à la prudence et surtout à la réflexion très approfondie avant de faire des annonces intempestives », a-t-il souligné.

« Nier le droit d’Israël à exister est évidemment juste inacceptable et dissimule bien souvent une forme d’antisémitisme, c’est indéniable. Ensuite faut-il pour autant prendre une loi qui pourrait laisser entendre que critiquer la politique d’Israël (…) pourrait être assimilé à un délit, (cela) va poser des problèmes de discussion interminables qui, à la fin, pourraient y compris nuire à la juste cause qu’est la lutte contre l’antisémitisme ».

Il a en outre déploré la « tendance fâcheuse » en France à faire une loi dès qu’un problème surgit, et a noté que certains députés veulent parfois « témoigner par la loi de (leur) émotion ».

Le président du groupe d’études, Sylvain Maillard (LREM), a réfuté lundi tout projet « de circonstance », alors que les insultes proférées samedi par des « gilets jaunes » contre le philosophe Alain Finkielkraut ont suscité une vague de condamnations.

Le groupe d’études, qui compte une trentaine de membres, doit se réunir mardi pour décider du véhicule législatif adéquat, potentiellement une proposition de loi ou une proposition de résolution (sans valeur contraignante).

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Ces groupuscules d’ultra-droite que Macron veut dissoudre

Il s’agit de Bastion social, Blood and Honour et Combat 18

Capture d'écran du site internet du mouvement d'extrême droite Bastion social

Capture d’écran du site internet du mouvement d’extrême droite Bastion social

Bastion social, Blood and Honour et Combat 18, dont Emmanuel Macron a demandé la dissolution mercredi lors du dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), font partie de l’ultra-droite et sont pour les deux derniers d’entre eux des groupuscules « néo-nazis ».

Bastion social

Très discret sur le nombre de personnes qui composent vraiment ce mouvement, il a tenté d’essaimer dans plusieurs villes comme Strasbourg, Chambéry ou Aix-en-Provence. Mais à Clermont-Ferrand, le groupuscule identitaire a jeté l’éponge en octobre quelques mois seulement après l’ouverture de son bar associatif, se disant « sous pressions policières, administratives et juridiques ».

A Lyon, c’est la municipalité qui a fermé son « Pavillon noir » dans le Vieux-Lyon un mois plus tard. Plusieurs de ses membres ont été condamnés pour violences. Et son ancien leader national Steven Bissuel s’est retiré en septembre après une condamnation à 20 000 euros d’amende pour avoir notamment publié sur les réseaux sociaux un dessin d’une étiquette de bouteilles de jus de fruit détournée, avec l’inscription « Shoasis ».

Ces dernières semaines, le mouvement n’a pas caché sa sympathie pour les « gilets jaunes », d’où sa présence visible dans les cortèges.

« Ils sont clairement violents », indique à l’AFP le politologue Stéphane François, spécialiste des droites radicales.

Blood and Honour Hexagone

Blood and Honour (Sang et honneur, en anglais) est issu de la scène musicale néo-nazie britannique. Blood and Honour Hexagone en est sa filiale française. « Sang et honneur » fait référence au slogan « Blut und Ehre » utilisé notamment par les Jeunesses hitlériennes.

Skinheads, ils portent tatouages et blousons noirs en nylon et sont adeptes d’un hard rock sulfureux qui met en avant la « suprématie blanche » dans ses paroles.

« En France ça n’a jamais été quelque chose d’important », relativise Stéphane François. « A la grande époque, dans les années 90, c’était une trentaine de personnes. Maintenant il n’y a quasiment plus rien, ils organisent des concerts une ou deux fois par an et c’est tout ».

Combat 18

Le « 18 » fait référence à la place des lettres A et H dans l’alphabet – la première et la huitième – , soit les initiales d’Adolf Hitler. « Combat 18 est la branche armée de Blood and Honour », explique Stéphane François. « Ce sont des néo-nazis. Ils mettent en avant la suprématie blanche et sont antisémites ». Mais aujourd’hui le groupe « n’existe quasiment plus », selon lui.

« Les derniers éléments de la structure » ont notamment fait parler d’eux en 2015. Cinq membres d’une cellule baptisée « Blood & Honour C18 » avaient été condamnés en Haute-Saône à des peines allant de 6 mois avec sursis à deux ans ferme pour avoir organisé ou participé à un « groupe de combat ». Ils avaient été reconnus coupables de dégradations de biens et de « provocation » à la haine raciale ou à la violence.

 

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France : une autre inscription antisémite découverte

Le mot « juden » (juifs en allemand) et une étoile de David ont été tagués en rouge sur la façade de cette maison située à Wallers

Une vitrine d'un magazin juif en Allemagne sur laquelle on peut lire "Jude", après la Nuit de Cristal (capture d'écran Euronews/Youtube)

Une vitrine d’un magazin juif en Allemagne sur laquelle on peut lire « Jude », après la Nuit de Cristal (capture d’écran Euronews/Youtube)

Une inscription antisémite a été découverte jeudi dans le nord de la France, sur la façade de la maison d’une élue locale, a-t-on appris de sources concordantes, alors que le pays s’apprête à voter un durcissement de la loi pour faire face à une résurgence des actes antijuifs.

Le mot « juden » (juifs en allemand) et une étoile de David ont été tagués en rouge sur la façade de cette maison située à Wallers, dans la banlieue de Valenciennes, peut-on voir sur une photo publiée sur le site internet du journal La Voix du Nord.

Le président Emmanuel Macron a annoncé mercredi de « nouvelles lignes rouges » pour lutter contre la « haine » antijuive sur internet ou dans les écoles publiques. Il a notamment annoncé le dépôt en mai d’une proposition de loi pour freiner les propos racistes et antisémites sur le net et « renforcer la pression sur les opérateurs ».

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Philippe : l’antisémitisme est « très profondément enraciné » en France

Quand certains pointent le nouvel antisémitisme venu des banlieues ou de l’islamisme, le Premier ministre français refuse « de distinguer les différentes catégories d’antisémitisme »

Le Premier ministre français Edouard Philippe, accompagné de membres de son gouvernement, lors d'un discours prononcé pendant la présentation du plan national de prévention de la radicalisation à Lille, dans le nord de la France, le 23 février 2018 (Crédit : AFP/Philippe Huguen)

Le Premier ministre français Edouard Philippe, accompagné de membres de son gouvernement, lors d’un discours prononcé pendant la présentation du plan national de prévention de la radicalisation à Lille, dans le nord de la France, le 23 février 2018 (Crédit : AFP/Philippe Huguen)

Edouard Philippe appelle à être « totalement déterminé » contre l’antisémitisme « très profondément enraciné » dans la société française, ajoutant qu’il serait « faux et absurde de dire que le mouvement des ‘gilets jaunes’ est antisémite », dans un entretien à l’Express publié mardi.

« L’antisémitisme est très profondément enraciné dans la société française. On aimerait penser le contraire, mais c’est un fait », affirme le chef du gouvernement, qui doit participer mardi au rassemblement parisien contre l’antisémitisme avec une bonne partie du gouvernement.

« Il serait faux et absurde de dire que le mouvement des gilets jaunes est antisémite », selon lui. Mais « à l’occasion de la crise des gilets jaunes un certain nombre de garde-fous ou de digues sont tombés ».

« Des interdits qui créent les conditions d’une vie sociale paisible ont été remis en cause. Et parmi ces éléments, il y a l’antisémitisme. Cela touche aussi le respect des symboles de la République, des journalistes, des élus, comme le respect des églises, des synagogues ou des cimetières… S’en prendre à Alain Finkielkraut, c’est précisément s’en prendre à un symbole de la République, à l’indispensable figure de l’intellectuel engagé », affirme l’ancien maire du Havre.

Le Premier ministre réplique également à ceux, notamment le leader de la France Insoumise Jean-Luc Mélenchon et son bras droit Alexis Corbière, qui accusent le gouvernement d’ »instrumentaliser » l’antisémitisme pour nuire aux « gilets jaunes ».

« Je sais bien qu’en disant cela je peux énerver beaucoup de gens, qui pensent que le problème n’existe pas, ou qui n’aiment pas qu’on en rappelle l’existence. Mais nous avons un problème » avec l’antisémitisme en France, insiste M. Philippe.

Quand certains pointent le nouvel antisémitisme venu des banlieues ou de l’islamisme, le Premier ministre refuse « de distinguer les différentes catégories d’antisémitisme ». Si cet antisémitisme-là « existe évidemment », « le danger serait de considérer que telle ou telle forme est plus préoccupante qu’une autre », juge-t-il.

Edouard Philippe confirme par ailleurs le principe d’une loi, annoncée en mars 2018 et voulue « avant l’été » 2019, pour lutter contre les propos haineux sur les réseaux sociaux.

Mais la forme exacte « n’est pas tranchée car nous devons trouver le bon vecteur juridique », explique-t-il.

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Recrudescence d’actes antisémites depuis le rassemblement à République

Tag « mort au juif » sur une école, insultes ou courriers anonymes, le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme tire la sirène d’alarme

Le président français Emmanuel Macron observe une tombe vandalisée d'une croix gammée lors d'une visite au cimetière juif de Quatzenheim, le 19 février 2019, le jour des marches nationales contre la montée des attaques antisémites. (Photo par Frederick FLORIN / POOL / AFP)

Le président français Emmanuel Macron observe une tombe vandalisée d’une croix gammée lors d’une visite au cimetière juif de Quatzenheim, le 19 février 2019, le jour des marches nationales contre la montée des attaques antisémites. (Photo par Frederick FLORIN / POOL / AFP)

Depuis le rassemblement contre l’antisémitisme du 19 février dernier, le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) « constate avec effroi et inquiétude une recrudescence anormale des actes antisémites ».

Et paradoxalement, le BNVCA reçoit de plus en plus de signalements depuis ces prises de position fortes de la part de personnalités politiques contre l’antisémitisme.

Le BNVCA continue : « Sur une rame de métro ligne 12 l’injure ‘sioniste de merde’ est inscrite au feutre noir… Le 19/2/19 à 20h30, un adolescent juif de 17 ans G.G, qui portait une kippa, circulait à trottinette dans une rue du Pré St-Gervais (93) lorsqu’il a été agressé par 3 inconnus, qui l’ont traité de ‘sale juif’ lui ont volé son téléphone portable l’ont frappé causant une fracture de son poignet. Il a déposé plainte à la police des Lilas. Le 19/2/19, alors que madame V E, 51 ans juive domiciliée à Garges les Gonesses, rentrait à son domicile, elle a été agressée par 2 individus, l’un d’origine africaine, l’autre nord-africain, âgés d’environ 40 ans, qui lui ont crié ‘sale juive, sale pute je vais te baiser ta mère, on va tous vous brûler’. L’un d’entre eux la menaçait d’un rasoir. Puis subitement ils ont quitté les lieux. Effrayée, choquée et traumatisée, la dame a déposé plainte au commissariat de Garges. Le 21/2/19, une jeune fille juive de 16 ans de la Garenne Colombes a rapporté à I24 news qu’elle a reçu des insultes et des menaces de mort par écrit ».

A cette liste non-exhaustive vient s’ajouter la découverte d’un graffiti antisémite sur le mur d’une synagogue dans le Val de Marne : « LDNA: mort au juif » (sic), l’acronyme pouvant signifier Ligue de défense noire africaine.

Le 12 février, le ministère de l’Intérieur dévoilait les chiffres de l’antisémitisme pour 2018 : 541 actes ont été recensés l’année dernière contre 311 en 2017. Ces chiffres avaient déjà été dévoilés à l’issue d’un week-end où plusieurs inscriptions antijuives avaient été découvertes à Paris, dont une croix gammée sur un portrait de Simone Veil qui avait ému l’opinion publique. Au même moment, on découvrait la profanation de 96 stèles juives dans le cimetière de Quatzenheim (Bas-Rhin).

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