Elections israéliennes anticipées du 9 avril : la politique du pire ?

Kakhol lavan : un bouleversement majeur, mais pas encore une révolution : Trois ex-chefs de Tsahal affrontent désormais Netanyahu. Difficile de les faire passer pour des gauchistes faibles. Mais reste à voir si les votes s’éloigneront de la droite

De G à D : L’ancien ministre de la Défense Moshe Yaalon, le dirigeant de Hossen LeYisrael Benny Gantz, le président de Yesh Atid Yair Lapid et l’ancien chef d’état-major de Tsahal Gabi Ashkenazi, le 21 février 2019. (Avec l’aimable autorisation de Hossen LeYisrael)

Alors que la date limite pour l’enregistrement des listes de partis pour les élections du 9 avril approchait à grands pas, Israël s’engageait sur la voie d’une révolution politique. Une partie du chemin.

Hossen LeYisrael de Benny Gantz s’est uni à Yesh Atid de Yair Lapid pour se présenter ensemble, sous l’impulsion d’un autre ancien chef de Tsahal, Gabi Ashkenazi, et monter ce qui semble être le défi le plus puissant auquel Benjamin Netanyahu a dû faire face en une décennie en tant que Premier ministre. On ne survit pas en tant que Premier ministre d’Israël pendant une décennie sans faire face à des défis, aussi puissants soient-ils, mais la campagne de réélection de Netanyahu vient certainement de devenir beaucoup plus difficile.

La présence de Yaalon complique également une stratégie anti-Gantz majeure de Netanyahu à ce jour. Le Premier ministre a assidûment fait passer Gantz pour un gauchiste, malgré le discours d’ouverture politique de Gantz le mois dernier, dans lequel il a exclu l’existence d’un État palestinien en insistant pour qu’il conserve le contrôle global de la sécurité en Cisjordanie et maintienne une Jérusalem unifiée comme capitale d’Israël.

Dans une allocution prononcée à la conférence de Munich sur la sécurité il y a quelques jours à peine, Gantz a d’ailleurs fait écho aux profondes préoccupations de Netanyahu au sujet de l’Iran. (Echo étant le terme adéquat, puisque certaines des phrases de Gantz étaient pratiquement identiques à celles des discours de Netanyahu lui-même).

Alors que Netanyahu peut faire valoir que Gantz est un politicien néophyte non expérimenté dont les déclarations ne sont peut-être pas son point fort, Yaalon, avec sa longue expérience politique, est plus difficile à faire passer pour une quelconque colombe. En effet, Yaalon est manifestement plus à droite que Netanyahu sur certaines questions de sécurité, y compris sa totale incrédulité quant à la possibilité de négocier tout accord acceptable avec les Palestiniens.

Là où Netanyahu marque encore avec emphase des points contre l’alliance dirigée par Gantz, c’est dans la sphère de l’expérience – dans la gestion du pays, et dans la victoire aux élections. Gantz est un néophyte politique. Jusqu’à ce jour, il a fait beaucoup de promesses et peu de propositions concrètes. Et il a fait des erreurs – notamment une attaque peu judicieuse plus tôt dans la semaine sur le passé militaire de Netanyahu et ses années passées aux États-Unis.

La liste fusionnée présentée par Gantz et Lapid jeudi est également très décevante en ce qui concerne les femmes dans les hauts postes ; beaucoup de chefs de la sécurité est un plus, mais ce n’est pas tout ce que doit offrir un parti gouvernemental crédible.

Alors que Netanyahu est dans son élément derrière la plupart des micros et devant la plupart des caméras, Gantz est rigide, parfois clairement mal à l’aise. Netanyahu connaît les dirigeants du monde d’égal à égal depuis des années, est à l’aise sur la scène mondiale et peut parler un anglais sans faille. Gantz ne sait pas, n’est pas et ne peut pas.

Au moment d’écrire ces lignes, on ne sait pas très bien ce qui a poussé Gantz et Lapid à maîtriser suffisamment leur ego pour fusionner leurs listes à la Knesset. Lapid, qui fait maintenant partie du paysage politique, était réticent à mettre de côté ses ambitions initiales pour le poste de Premier ministre. La décision finale a-t-elle été prise lorsque Netanyahu a négocié un accord mercredi entre le parti sioniste-religieux HaBayit HaYehudi et les kahanistes d’Otzma Yehudit ? Était-ce à ce moment que Lapid a ravalé sa fierté, et a consenti à servir comme ministre des Affaires étrangères de Gantz et n°2 jusqu’en novembre 2021 s’ils remportent les élections ?

Mais ne nous emballons pas trop vite. Jusqu’à présent, les sondages, même ceux qui ont demandé aux Israéliens comment ils voteraient si Gantz et Lapid unissaient leurs forces, n’ont pas montré de mouvement significatif des votes de la droite dirigée par Netanyahu vers le centre du spectre politique. Ces sondages indiquent que les partis fusionnés obtiennent plus de sièges que le Likud. Mais si les nouveaux partenaires centristes ne recueillent pas les voix de la droite, ils ne formeront tout simplement pas la prochaine coalition. C’est pourquoi le grand bouleversement politique de jeudi n’est qu’une révolution partielle.

Ce qui se passera à partir de là est la question que tout le monde se pose. Est-ce que le parti Gesher d’Orly Levy-Abekasis et le parti Koulanou de Moshe Kahlon tomberont maintenant en dessous du seuil de 3,25 % de la Knesset, et si oui, où ira leur vote ? Est-ce qu’Ashkenazi sera capable d’attirer davantage les électeurs de droite ? Est-ce que l’alliance de HaBayit HaYehudi avec Otzma Yehudit va les hisser au-dessus du seuil, ou leur faire perdre des électeurs, et avec quel impact sur HaYamin HaHadash de Naftali Bennett et Ayelet Shaked ?

Et la possibilité que le procureur général Avichai Mandelblit annonce son intention d’inculper Netanyahu dans une ou plusieurs des trois affaires de corruption contre lui risque d’éclipser toutes ces questions. Des rapports non confirmés indiquent que Mandelblit publiera sa décision la semaine prochaine ou la semaine suivante. Jusqu’à présent, les sondages indiquent que le soutien à Netanyahu se maintiendrait même si Mandelblit décide de l’inculper, en attendant une audience. Mais c’était avant que l’alliance Gantz-Lapid ne soit scellée et que l’alternative ne devienne concrète. Maintenant qu’ils ont finalisé leur accord, certains électeurs pourraient-ils reconsidérer leur décision ?

Soit dit en passant, les analystes politiques ont noté jeudi après-midi, que M. Gantz aurait assuré M. Lapid, dans le cadre de leur entente, qu’il ne participerait pas à une coalition dirigée par Netanyahu. Le nouveau partenariat n’a cependant pas exclu la possibilité d’une coalition avec le Likud sous la direction d’un autre dirigeant. Le fait même que de tels scénarios potentiels fassent actuellement l’objet de discussions souligne que la campagne électorale d’Israël est devenue beaucoup plus intéressante jeudi.

Likud: Gantz et Lapid feront un gouvernement « de gauche » « appuyé par les Arabes »

Le parti au pouvoir a dénigré l’alliance des 2 principaux challengers de Netanyahu ; HaBayit HaYehudi et Otzma Yehudit expliquent que ce ticket commun justifie leur propre alliance

Le chef du parti Yesh Atid, Yair Lapid (à gauche) et le chef du parti Hossen LeYisrael, Benny Gantz. (Yossi Zeliger/Flash90, Hadas Parush/Flash90)

Le chef du parti Yesh Atid, Yair Lapid (à gauche) et le chef du parti Hossen LeYisrael, Benny Gantz. (Yossi Zeliger/Flash90, Hadas Parush/Flash90)

Jeudi, le Likud a dénigré l’alliance électorale conclue entre Benny Gantz et Yair Lapid – les deux principaux adversaires du Premier ministre Benjamin Netanyahu lors des prochaines élections – comme preuve supplémentaire que le chef du parti formera un gouvernement « de gauche ».

« Maintenant le choix est clair : le gouvernement de gauche de Lapid et Gantz soutenu par les partis arabes, ou un gouvernement de droite dirigé par Netanyahu », a déclaré le parti dans un tweet.

Des sondages récents indiquent qu’ensemble, les deux pourraient dépasser le Likud de Netanyahu pour devenir la plus grande faction d’Israël après le vote du 9 avril. Dans le cadre de leur accord d’unité, les deux candidats ont convenu de se succéder au poste de Premier ministre s’ils gagnaient.

D’autres partis du bloc de droite de Netanyahu ont également fusionné, notamment la nouvelle alliance entre HaBayit HaYehudi et la faction d’extrême droite Otzma Yehudit, qui a déclaré que le ticket Gantz-Lapid justifiait leur propre alliance.

« Ce matin, nous avons prouvé que nous avons agi avec une grande responsabilité en préservant le sionisme religieux et l’ensemble du bloc de droite », ont déclaré les partis. Otzma et HaBayit HaYehudi ont déclaré qu’Israël faisait face à un « sérieux danger » de la part d’un gouvernement « de gauche » avec Gantz, conjugué avec le plan de paix de l’administration Trump.

Netanyahu a négocié le pacte d’unité entre HaBayit HaYehudi et Otzma Yehudit mercredi, dans le but d’augmenter le nombre de sièges détenus par les partis de droite après les élections du 9 avril, en vue de son prochain gouvernement de coalition s’il gagne comme prévu.

L’accord, qui rehausse la visibilité et accorde potentiellement des sièges à la Knesset à Otzma Yehudit, a suscité des accusations de la part des opposants qui ont déclaré que Netanyahu se vendait aux extrémistes.

Le parti ultra-orthodoxe Shas a déclaré que la fusion entre les centristes Gantz et Lapid était « dangereuse pour le judaïsme » et a réaffirmé son soutien à Netanyahu.

« Gantz, qui soutient le mariage civil et les transports publics le jour du Shabbat, est un ami de Lapid, dont la haine du judaïsme est pour lui une profession », a déclaré le parti dans un communiqué.

Le parti travailliste, quant à lui, s’est montré optimiste quant à la fusion Lapid-Gantz, affirmant que l’alliance pourrait vaincre Netanyahu en avril, même avec les sièges supplémentaires obtenus par l’alliance HaBayit HaYehudi et Otzma Yehudit.

« La fusion augmente les chances de créer un bloc pour arrêter Netanyahu et son soutien kahaniste », a déclaré sur Twitter Itzik Shmuli, du Parti travailliste. Il a souligné la nécessité d’un « grand et fort Parti travailliste qui sera capable d’aider à s’orienter dans le supermarché idéologique nécessaire pour maximiser les chances d’une alternative. »

Tamar Zandberg, la dirigeante de Meretz, a félicité Gantz et Lapid pour avoir offert une « alternative centriste à un gouvernement kahaniste du Likud ».

L’ancien Premier ministre Ehud Barak a également félicité les deux qui « ont surmonté les obstacles, montré leur responsabilité nationale et uni leurs forces pour faciliter une alternative ».

« Le choix se situe entre un gouvernement corrompu dirigé par des kahanistes et des racistes et un gouvernement qui peut nous ramener à un Israël fort et fidèle à sa constitution », a-t-il tweeté.

« Le but est de remettre Israël sur les rails, de mettre un terme à la corruption, à l’abandon des citoyens et à l’extrémisme raciste messianique, avait-il dit. Seule l’unité vaincra ».

Dans le même temps, Orly Levy-Abekasis a déclaré que les négociations en vue d’une alliance avec le parti Hossen LeYisrael ont échoué, et que son parti Gesher se présentera en indépendant aux prochaines élections.

Dans un communiqué, Levy-Abekasis a fustigé Benny Gantz en déclarant qu’il était « décevant que la personne qui milite en faveur d’une politique propre ait échoué à son premier test – le test de la crédibilité ».

A l’issue des pourparlers nocturnes, Gantz et Lapid ont annoncé avant l’aube jeudi matin qu’ils présenteraient une liste commune pour les prochaines élections qui « constitueront le nouveau parti au pouvoir israélien ». Dans un communiqué commun, les deux ont déclaré qu’ils étaient « motivés par le sens des responsabilités nationales ».

« Le parti proposera une nouvelle équipe dirigeante qui garantira la sécurité d’Israël et réunira les composantes les plus divisées de la société israélienne », ont déclaré Gantz et Lapid.

Le communiqué indiquait également que Gabi Ashkenazi, ancien chef d’état-major populaire de Tsahal, avait accepté de rejoindre la liste unifiée à la suite de la fusion, ce qui ajoute encore à leur attrait centriste général.

Les dirigeants devraient faire une annonce conjointe dans le courant de la journée de jeudi. Aucun autre détail n’a été communiqué, ni le nom de la nouvelle union.

Gantz est à la tête de son parti centriste récemment lancé, Hossen LeYisrael, tandis que Lapid dirige Yesh Atid, qui compte actuellement 11 sièges à la Knesset.

Les sondages d’opinion ont montré que les deux sont les principaux adversaires de Netanyahu, que l’on s’attendait à voir gagner malgré les enquêtes de corruption dans ses affaires. Les sondages menés plus tôt cette semaine ont indiqué que Gantz et Lapid pourraient dépasser Netanyahu comme le plus grand bloc de vote de la Knesset.

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Elections israéliennes : Entre fuite en avant et surenchères, blocage politique en vue ?

Nous sommes maintenant à cinquante jours des prochaines échéances électorales israéliennes. Cinquante jours pour permettre aux électeurs de choisir. Traditionnellement, les campagnes électorales israéliennes ne volent pas haut. C’est toujours l’occasion pour les candidats de rivaliser de démagogie, et les débats de fond sont en général absents. Cette fois, il semble que ce sera encore pire.

D’un côté, Benny Gantz, ancien chef d’état-major, est parvenu à construire un nouvelle formation vaguement centriste autour de lui et de deux autres anciens chefs d’état-major, Moshé « Boogie » Ya’alon, et Gabi Ashkenazi, ainsi que de Yaïr Lapid, leader de l’autre principal parti centriste « Yesh Atid ». Alternant successivement testostérone et grossiers appels du pied à la gauche, et malgré des maladresses, Gantz mène pour le moment dans les sondages.

En France, il serait exagéré de dire que la politique est d’un très haut niveau, mais les partis politiques ont au moins la décence élémentaire de produire un programme avant de se lancer dans une campagne. En Israël, c’est différent. En Israël, un programme politique peut tenir en quelques lignes, et on peut annoncer qu’on en n’a pas encore et qu’on le communiquera bientôt. Et s’adonner tranquillement à une surenchère démagogique. Surréaliste.

A noter tout de même qu’un parti (un seul !) a produit un programme détaillé, chiffré et doté d’un calendrier, le parti « Zehout » de Moshé Feiglin, ancien député du Likoud qu a pris une orientation résolument « libertarienne ». Le fait est tellement exceptionnel, que le programme, qui tient dans un livre de 340 pages, pas moins, est en tête des ventes dans les deux principales chaînes de librairie du pays. Du jamais vu en Israël.

Le parti de Feiglin peut raisonnablement espérer emporter plus que les 4 mandats minimum requis pour entrer à la Knesset, qui compte 120 sièges. Certains sondages prédisent qu’il ne passera pas le pourcentage minimum, mais d’autres lui en octroient 5, d’autres encore 7. Et cinquante jours, c’est long, il peut encore convaincre et augmenter son potentiel électoral. Mais quoi qu’il en soit, la bataille du pouvoir se livre entre Gantz et Netanyahou, et elle est tellement indécise qu’on s’achemine vers une situation de blocage.

En effet, si les sondages actuels donnent à Gantz 36 mandats et 32 à Netanyahou, aucun des deux ne serait en mesure aujourd’hui de former un gouvernement dans la configuration actuelle. Gantz pourrait compter sur une coalition de centre-gauche qui réunirait péniblement 52 mandats, Netanyahou atteindrait tout juste les 60, dans un cas comme dans l’autre, impossible de gouverner dans ces conditions.

Donc, il est probable que contrairement à ce que claironne Gantz depuis des semaines, qui jure à qui veut l’entendre qu’il ne siègera pas dans un gouvernement avec Netanyahou, on se dirige tout droit vers un gouvernement d’union nationale. Et dans ce cas de figure, les inconnues sont très nombreuses. Trump va-t-il présenter son « Accord du Siècle » ? Sous quelle forme, et va-t-il infléchir sa politique jusqu’ici à sens unique en faveur d’Israël ? Et dans ce cas, comment vont réagir les députés du Likoud, dont le curseur politique se déplace à droite avec constance depuis 10 ans ?

Des gens comme Gideon Sa’ar, Gilad Erdan ou Israël Katz, qui lorgnent sur la place du Chef depuis des années, vont-ils suivre, ou vont-ils se saisir de l’occasion pour renverser Netanyahou ? Après tout, Sa’ar, par exemple, a réalisé un excellent score lors des dernières primaires, alors même que Netanyahou avait expressément appelé à ne pas voter pour lui. La base ne l’a pas entendu de cette oreille.

La question se pose également du côté de Gantz, d’ailleurs. Beaucoup de gens annoncent vouloir voter pour lui, principalement par détestation de Netanyahou, de sa femme, de leur façon de diriger, mais il n’est pas certain qu’ils accueillent favorablement un accord qui prévoirait un partage de Jérusalem. Il est donc probable que quel que soit le résultat de l’élection, quel que soit le gouvernement dont elle accouchera, celui-ci ne durera pas longtemps.

N’oublions pas, encore une fois, que l’élection est dans 50 jours. Au Proche-Orient, 50 jours, c’est une éternité, il peut se passer énormément de choses qui peuvent tout remettre en question et bouleverser des tendances qui semblent acquises. Le Hamas, par exemple, semble vouloir s’inviter dans les élections israéliennes, et pourrait provoquer un brusque réchauffement du front Sud, front que le nouveau chef d’Etat-Major, Aviv Koh’avi, scrute à la loupe.

Une guerre en période d’élection, le cauchemar absolu pour Netanyahou, qui déteste déjà s’y aventurer en temps normal lorsqu’il maîtrise le tempo politique, et qui sait qu’il a tout à y perdre et rien à y gagner. Le front Nord pourrait également s’embraser, l’Iran n’abandonnant pas son projet d’implantation en Syrie, et sur ce terrain là, Netanyahou est plutôt à l’aise, et pourrait marquer des points.

Et, bien évidemment, il faudra attentivement scruter le front judiciaire ! Avih’aï Mandelblit, le Procureur Général de l’Etat, a dores et déjà confirmé qu’il émettrait une inculpation à l’encontre de Netanyahou avant les élections. On sait déjà que Netanyahou redoublera d’efforts pour faire diversion, on sait que ce sera sale, on sait que politiquement le niveau du débat sera misérable, ce qu’on ignore en revanche à ce stade, c’est quelles seront les conséquences concrètes de cette inculpation sur les élections.

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Benny Gantz vs Netanyahu : Acte 2

Les élections législatives israéliennes ont été anticipées et auront lieu le 9 Avril prochain. Comme vous le savez elles se déroulent au scrutin de liste et à la proportionnelle intégrale.

La première phase de cette élection se termine, elle correspond au dépôt des listes. Dans le système israélien à un tour, cette phase est extrêmement importante car elle détermine l’offre politique.

Alors Benny Gantz sera t-il choisi ? Benjamin Netanyahu sera t-il éliminé ? Un des critères essentiels de cette élection est la suite du feuilleton juridique des affaires de corruption qui visent Netanyahu.

Sur ce plan il n’y a pas d’information nouvelle.
Mais sur le second critère, à savoir la capacité de Benny Gantz à créer et à conduire un bloc susceptible de rassembler la majorité des sièges (soit 61 au moins), l’alliance de Yesh Atid de Yair Lapid (il y a un avenir) et des généraux (Benny Gantz, Moshé Ya’alon et Gabi Ashkenazi) de Résilience Israël (le parti de Benny Gantz) a marqué un point qui pourrait être décisif. En effet Résilience Israël et Yesh Atid regroupés réalisent un score supérieur au Likoud selon les sondages.

Alors que plusieurs acteurs politiques pourraient se trouver éliminés bien avant le vote (les listes de Tzipi Livni, d’Avigor Libermann, voire de Moshe Kahlon ou Orly Levy-Abecassis pourraient notamment ne pas atteindre la barre de 3,25 % nécessaires pour être représentés à la Knesset), Bibi Netanyahu a pesé de tout son poids pour faire fusionner des listes de religieux orthodoxes (ou extrémistes) remettant en jeu les Kahanistes1 ce que Begin s’était refusé à faire en raison de leur opposition affirmée à la démocratie.

Le dépôt des listes jouera donc le rôle d’élimination d’un premier tour, et Benny Gantz semble en sortir vainqueur. A partir de demain la campagne va pouvoir commencer. Si la liste unifiée du centre présente toutes les garanties en matière de sécurité et de défense saura t-elle séduire les électeurs en matière économique et de pouvoir d’achat ?

Ce rassemblement d’égo puissants n’explosera t-il pas par surabondance ? N’en doutons pas Bibi cherchera à en convaincre les électeurs. Mais du coté du Likoud la situation est au bord de la catastrophe. Qui de l’entourage de Gédéon Sa’ar s’investira dans la campagne de Bibi ?

Quels Séfarades, quelles femmes, quels représentants de la minorité Druze, eux qui ont été dédaignés dans la constitution des listes et n’auront à l’arrivée que des miettes du pouvoir, s’afficheront aux cotes du leader de la droite ? Comment la Justice influera t-elle sur la campagne ?

Les prochaines semaines seront animées, c’est une des deux seules certitudes que l’on a. L’autre c’est que l’Etat d’Israël sortira plus fort de cette élection. Pour l’instant nous avons plus de questions que de réponses.

L’inconnue demeure la capacité de Benny Gantz à gagner le combat de l’économie et de coût de la vie et de s’affirmer comme chef d’État. Beaucoup le pressent de se positionner clairement pour la reprise des négociations avec les Palestiniens affirmant que cela était la clé de l’élection ce qui est sans doute erronée.

Une élection importante et passionnante dont nous connaîtrons le dénouement dans moins de 50 jours.

Chers amis israéliens votez bien ou mal mais votez !

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Élu démocrate : les kahanistes au pouvoir « nuiront » aux relations USA-Israël

Sherrod Brown, sénateur de l’Ohio, possible candidat aux primaires, dit ne pas aimer le fait que Netanyahu ait négocié un accord pour unir Otzma Yehudit et HaBayit HaYehudi

Le sénateur américain Sherrod Brown, (Démocrate-Ohio), s'apprête à prendre la parole lors d'un événement dans une brasserie, le samedi 23 février 2019, à Henderson, Nevada. (AP Photo/John Locher)

Le sénateur américain Sherrod Brown, (Démocrate-Ohio), s’apprête à prendre la parole lors d’un événement dans une brasserie, le samedi 23 février 2019, à Henderson, Nevada. (AP Photo/John Locher)

Le sénateur Sherrod Brown, démocrate de l’Ohio et candidat potentiel à l’investiture présidentielle de son parti, a déclaré que l’inclusion d’un parti politique d’extrême-droite dans le gouvernement israélien aurait probablement un effet négatif sur les relations entre Israël et les États-Unis.

« L’ascension de l’extrême-droite est toujours une préoccupation pour beaucoup d’entre nous », a déclaré le sénateur à JTA mardi lors d’une réception organisée par le Jewish Democratic Council of America.

Sherrod Brown commentait l’accord conclu par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour un regroupement des partis Otzma Yehudit (Pouvoir juif) et HaBayit HaYehudi afin de renforcer son aile droite.

« Je vais voir comment ça se passe, mais ça ne peut pas être bon pour nos relations. C’est à lui de décider ce qu’il fait », a déclaré l’élu démocrate au sujet de Netanyahu, « mais je n’aime pas ce qu’il a fait ».

M. Brown n’a pas encore annoncé sa candidature aux primaires, mais il a fait une tournée dans les premiers États appelés à désigner les candidats démocrates.

La semaine dernière, la sénatrice Amy Klobuchar, élue du Minnesota et candidate déclarée à la présidence, a dénoncé Otzma Yehudit sans mentionner Netanyahu.

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Élections anticipées le 9 avril: Netanyahu veut toujours une coalition de droite

Le gouvernement annonce que « tous les partis » ont décidé d’organiser des élections « au terme d’un mandat plein de quatre ans », sur fond de discorde sur la conscription des haredim

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la Knesset le 21 novembre 2018 (Crédit ; Yonatan Sindel/Flash90)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à la Knesset le 21 novembre 2018 (Crédit ; Yonatan Sindel/Flash90)

Sur fond d’une série de crises de la coalition et de délibérations sur une éventuelle mise en examen du Premier ministre Benjamin Netanyahu, tous les partis de la coalition au pouvoir en Israël sont tombés d’accord pour la tenue d’élections législatives anticipées début avril 2019, a annoncé lundi le porte-parole du Likud, le parti de droite du Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Les législatives devaient normalement se tenir en novembre 2019. La décision de dissoudre le Parlement a été prise par esprit « de responsabilité en matière budgétaire et pour l’intérêt de la Nation, les chefs de la coalition ont décidé, à l’unanimité, de dissoudre la Knesset et d’organiser de nouvelles élections au mois d’avril, au terme d’un mandat plein de 4 ans », a ajouté ce porte-parole au nom de tous les partis de la majorité.

Il a ajouté qu’il invitera par la suite les chefs de l’opposition afin de fixer une date pour la dissolution de la Knesset « dans les plus brefs délais ».

Cette décision de convoquer les Israéliens au urnes survient un mois après la démission d’Avigdor Liberman de son poste de ministre de la Knesset. Avec le retrait de parti Yisrael Beytenu, la coalition au pouvoir ne dispose plus que d’une seule voix de majorité (sur 120) au Parlement.

Au pouvoir depuis près de 10 ans, Benjamin Netanyahu éprouve aussi de grandes difficultés à faire voter une loi sur la conscription des ultra-orthodoxes juifs dans l’armée, à laquelle s’opposent deux partis religieux de la majorité. La Cour suprême a fixé au 15 janvier la date limite pour le vote de cette loi dont l’adoption a déjà été reportée à deux reprises.

L’annonce des élections résultera probablement en une nouvelle prolongation.

Le Premier ministre est par ailleurs menacé d’être inculpé pour « corruption » dans trois affaires, à la suite d’une recommandation de la police en ce sens. Le procureur général Avishai Mandeblit a annoncé qu’il prendrait une décision finale sur ces dossiers en 2019.

Réactions

Le chef du parti Yisrael Beytenu Avigdor Liberman a été le premier à réagir à l’annonce des élections.

« Je félicite les chefs de la coalition pour leur décision d’organiser des élections anticipées », a déclaré l’ex-ministre de la Défense, qui a démissionné le mois dernier. « Ce qui est le plus important pour la nation israélienne, c’est un gouvernement nouveau et stable », a-t-il ajouté.

Il a souligné qu’il espérait que le gouvernement adoptera le très controversé projet de loi sur la conscription des haredim avant les élections.

La chef du Meretz Tamar Zandberg a réagi à l’annonce d’élections anticipées en déclarant qu’il « était temps que cette coalition soit dissoute, et il est temps qu’Israël ait un meilleur avenir ». « Bon débarras », a ajouté la chef du parti d’opposition.

Le député de l’Union sioniste Yoel Hasson a également salué cette annonce, affirmant que « le compte à rebours jusqu’à la fin du mandat de Netanyahu a commencé. Le public jugera du gouvernement qu’il veut – un gouvernement d’espoir ou un gouvernement stagnant ».

Sa consœur de l’Union sioniste Merav Michaeli a réagi en disant que « le pire gouvernement que nous ayons connu plie bagage. Israël doit se remettre rapidement des désastres de ce gouvernement. Un gouvernement corrompu, qui a abîmé la démocratie, vendu notre sécurité et nous a conduit à l’isolement diplomatique et au déficit financier ».

Le chef de l’Union sioniste Gabbay déclare : « Les élections se joueront entre Netanyahu et moi ».

Avi Gabbay, le chef de l’actuel plus grand parti d’opposition, l’Union sioniste, déclare que les prochaines élections à la Knesset se dérouleront « entre moi et [le Premier ministre Benjamin] Netanyahu », malgré tous les récents sondages qui l’ont vu perdre une partie significative de ses 24 sièges actuels au Parlement.

« Tous les acteurs politiques ont annoncé qu’ils siégeraient dans un gouvernement dirigé par Netanyahu, et donc ces élections se joueront entre moi et Netanyahu », a déclaré Gabbay dans un communiqué.

« Je suis conscient du poids de la responsabilité qui pèse sur le Premier ministre d’Israël, et en tant que Premier ministre, je vais conduire l’État d’Israël vers un avenir meilleur. Un avenir de changement, d’unité, d’espoir et de conviction que nous pouvons apporter le changement », a-t-il ajouté.

« En avril, nous gagnerons, conclut-il. « En avril, nous apporterons le changement en Israël. »

La leader de l’opposition Tzipi Livni, également de l’Union sioniste, a déclaré que « Israël se prépare à faire ses adieux à Netanyahu. C’est l’occasion de faire le ménage de printemps. »

Confirmant la tenue d’élections en avril, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’il s’agissait d’une décision prise à l’unanimité par les partis de la coalition. Il a déclaré souhaiter former une coalition semblable à l’actuelle au terme des législatives anticipées qui se tiendront en avril prochain.

« La coalition actuelle constitue le coeur de la prochaine (…). Nous allons demander un mandat clair aux électeurs pour continuer à diriger le pays avec notre politique », a affirmé M. Netanyahu, dans une première réaction après l’annonce de ces élections anticipées.

Lors d’une réunion du Likud, Netanyahu a salué les « accomplissements admirables » du gouvernement actuel durant quatre ans au pouvoir. Il a évoqué les liens entre Israël et les Etats-Unis, en soulignant le transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem.

Il a promis qu’Israël continuerait à empêcher l’Iran de s’établir en Syrie, s’attaquera aux tunnels du Hezbollah et affrontera le Hamas. L’armée israélienne est « prête à tous les scénarios ».

Il a salué la croissance économique du pays, et souligné que le salaire minimum est « plus élevé que jamais ». Il a également cité la loi sur l’Etat-nation, qui consacre Israël comme foyer national du peuple juif, entre autres accomplissements.

« Nous finirons ce que nous avons commencé », a-t-il promis.

Son parti du Likud, a-t-il prédit « remportera » les élections, et la coalition actuelle sera « au cœur » de la prochaine coalition.

Avec l’aide de Dieu, a-t-il dit, lui et le Likud cherchent à continuer à diriger Israël dans la direction qu’ils ont suivi ces dernières années.

Netanyahu a aussi déclaré que le projet de loi sur la conscription des ultra-orthodoxes ne sera pas voté avant les élections d’avril parce qu’il nécessite le soutien de l’opposition et que Lapid « s’est comporté comme un contorsionniste » en faisant volte-face et en s’opposant à ce projet de loi.

Il a également déclaré que le projet de loi dit de Gideon Saar, qui donnerait au président l’autorité pour nommer uniquement le chef de parti à former une coalition, n’a pas besoin d’être votée puisque le président a fait savoir qu’il n’avait pas l’intention de changer la tradition.

L’AFP a contribué à cet article.

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