Plan TRUMP : des points annexes et complexes

Plan Trump: 3 pans de terre israéliens pour la Palestine et 5 autres points-clés. : libération de prisonniers palestiniens, don à la « Palestine » d’une bande de terre à la frontière égyptienne et peut-être, prière des Juifs sur le mont du Temple

Vue de la zone frontalière entre Israël et l'Égypte depuis la route 10, au sud d'Israël, le 5 décembre 2018. (Yossi Zeliger/Flash90)

Vue de la zone frontalière entre Israël et l’Égypte depuis la route 10, au sud d’Israël, le 5 décembre 2018. (Yossi Zeliger/Flash90)

L’administration Trump a publié la semaine dernière son plan de paix, longtemps retardé, très discuté et très controversé, sous les acclamations massives des Israéliens et les protestations retentissantes des Palestiniens.

Ses principaux points sont désormais bien connus. Si elle est mise en œuvre, la proposition cédera à Israël quelque 30 % de la Cisjordanie, y compris la vallée du Jourdain. Un futur État palestinien sur les 70 % restants disposera d’une souveraineté restreinte, surtout en ce qui concerne sa défense, Israël gardant le contrôle de la sécurité de l’espace aérien de la Cisjordanie et des passages frontaliers vers la Jordanie.

Tout cela a suffi à de nombreux observateurs et experts pour qualifier la proposition américaine comme la plus favorable à Israël en 27 ans d’histoire du processus de paix.

 

Les Palestiniens affirment depuis longtemps que les lignes d’avant 1967 devraient servir de base pour entamer des négociations en vue d’une solution à deux États avec Jérusalem-Est comme capitale palestinienne. La nouvelle carte repousse ces frontières profondément en Cisjordanie et accepte de nombreuses demandes israéliennes de longue date considérées comme essentielles à tout accord de paix – comme la démilitarisation de la Palestine. L’administration Trump a fait valoir que sa nouvelle carte reconnaît les réalités sur le terrain de l’expansion des implantations israéliennes et les besoins de sécurité – et pourrait constituer la « dernière chance » pour les Palestiniens d’empêcher Israël de « s’étendre » davantage et de se doter d’un État.

En même temps, la discussion autour de la proposition américaine a parfois négligé certaines de ses principales stipulations et suggestions – certaines d’entre elles favorables à Israël, mais pas toutes. Il s’agit notamment du réexamen de l’interdiction de la prière juive sur le mont du Temple, ultra-sensible, de l’idée d’un remaniement profondément controversé d’une poignée de villes arabes israéliennes adjacentes à la Cisjordanie vers le nouvel État palestinien, du transfert d’une partie du territoire israélien au sud de la Cisjordanie vers l’État palestinien, de la libération de nombreux prisonniers palestiniens des prisons israéliennes et d’une nouvelle partie de l’État palestinien, de forme étrange, qui s’étend sur près de la moitié de la longueur de la frontière entre Israël et l’Égypte – mais qui ne touche pas la frontière, qui reste sous contrôle israélien.

1. Prière sur le mont du Temple

Le plan Trump semble à la fois soutenir et rejeter la prière juive sur le mont du Temple, une contradiction que les responsables de l’administration Trump ont tenté d’expliquer en disant que la prière juive ne serait autorisée que par « l’accord de toutes les parties ».

Le plan américain prévoit le maintien du « statu quo » vieux de plusieurs décennies sur le mont du Temple – selon lequel seuls les musulmans peuvent prier sur le site, tandis que les Juifs ne sont autorisés qu’à des visites restreintes – mais semble se contredire en affirmant que : « Les personnes de toute confession devraient être autorisées à prier sur le mont du Temple/Haram al-Sharif, d’une manière qui soit pleinement respectueuse de leur religion, en tenant compte des horaires des prières et des fêtes de chaque religion, ainsi que d’autres facteurs religieux ».

La situation du lieu le plus saint du judaïsme et troisième lieu saint de l’islam est extrêmement sensible.

La proposition a déjà suscité la colère et même une mise en garde voilée de la part de la Jordanie, depuis longtemps « gardienne » du site.

Des groupes religieux juifs israéliens de droite ont récemment tenté de prier au mont du Temple et ont accru leur présence sur le site. Les Palestiniens et les autorités jordaniennes se sont opposés à ces visites, qu’ils considèrent comme des provocations, et ont exprimé leur inquiétude quant à l’intention d’Israël de s’emparer du site ou de le partager. Le gouvernement israélien a déclaré à plusieurs reprises qu’il n’avait pas l’intention de modifier les aménagements.

2. Les Arabes israéliens réinstallés en Palestine

L’administration Trump a fourni deux cartes avec sa proposition, mais n’a pas délimité l’actuelle ligne verte sur les cartes, ce qui laisse planer quelques doutes sur la façon dont les nouvelles lignes se comparent aux lignes existantes.

Ceux qui ont superposé les cartes Trump à la situation actuelle et lu attentivement la « Vision » de l’administration pourraient mieux comprendre deux éléments inattendus du plan : parler de la possible remise de plusieurs villes israéliennes à forte population arabe dans le nord au futur État palestinien, ainsi que de la réaffectation à une future Palestine d’une importante étendue de désert semi-aride près d’Arad.

La section en vert foncé de la carte jointe au tweet ci-dessus indique les zones qu’Israël cédera aux Palestiniens.

Les zones les plus controversées sont, sans surprise, celles qui sont peuplées de citoyens israéliens. Le plan envisage une éventuelle division ethnique de la terre – le noyau des plans de partage internationaux du passé, mais une idée qui a été qualifiée de raciste lorsqu’elle a été appliquée par l’Israël actuel à sa minorité arabe.

Le plan suggère que des villes entières, y compris Umm al-Fahm, Arare et d’autres dans la zone dite du « Triangle » adjacente au nord de la Cisjordanie, pourraient être remises à l’État palestinien, mais ne précise pas explicitement si les habitants de ces villes verraient leur citoyenneté israélienne révoquée au profit d’une citoyenneté palestinienne. Les conseillers du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ont rejeté dimanche l’idée de la requalification.

3. Le développement du sud de la Cisjordanie

La zone vert foncé située juste en dessous de la Cisjordanie comprend un désert semi-aride, et abrite aujourd’hui une population bédouine clairsemée et quelques espaces d’entraînement militaire.

Elle représente un tiers du territoire israélien destiné à des échanges de terres avec la future Palestine, pour compenser les 30 % du territoire de Cisjordanie – incluant notamment la vallée du Jourdain et toutes les implantations – qui seront annexés par Israël avec le soutien américain.

Les deux autres parties du territoire israélien à échanger se trouvent toutes deux dans le Néguev, près de la frontière entre Israël et l’Égypte.

4. Des lignes dans le sable

L’un de ces deux morceaux du Néguev est destiné à devenir une grande zone industrielle palestinienne. L’autre est prévue comme une zone résidentielle et agricole encore plus au sud. Toutes deux se situent sur une bande du futur territoire palestinien rattachée par une fine ligne à la bande de Gaza ; cette ligne de nouvelles zones palestiniennes s’étend sur près de la moitié de la longueur de la frontière israélo-égyptienne, mais ne touche pas cette dernière, où une étroite bande tenue par les Israéliens contrôle la frontière dégagée jusqu’à Gaza.

Interrogé sur la faisabilité de ce tronçon, l’architecte en chef du plan, Jared Kushner, a déclaré samedi au média égyptien El Hekaya : « Nous avons l’un des plus grands promoteurs du Moyen-Orient qui, nous l’espérons, annoncera bientôt qu’il nous aidera à réaliser un plan directeur pour les nouveaux ajouts à Gaza ».

Il n’a pas nommé le promoteur, mais a expliqué que celui-ci contribuerait à établir une zone industrielle de produits manufacturés high-tech et une zone agricole résidentielle pour les Palestiniens dans les deux poches.

5. Les dissimulations

La Maison Blanche a fait l’éloge de son plan en disant qu’il place quelque 97 % des Israéliens vivant en Cisjordanie dans le territoire israélien contigu et quelque 97 % des Palestiniens de Cisjordanie dans le territoire palestinien contigu.

Par « contigu », les responsables de l’administration Trump entendent une série de « ponts et tunnels » prévus dans le plan qui permettrait aux Palestiniens et aux Israéliens de voyager l’un au-dessus et au-dessous de l’autre entre les zones appartenant à leurs États respectifs sans avoir à passer par les points de contrôle israéliens ou à contourner les enclaves de l’autre côté, a expliqué Kushner samedi.

Mais certains observateurs ont noté que la « carte conceptuelle » américaine fournie avec le plan de paix avait été dessinée dans un souci de clarté plutôt que de détail, et place de grands symboles de passages circulaires aux endroits où ces ponts et tunnels seraient placés – couvrant ainsi leur emplacement réel et une grande partie des zones environnantes où le plan prévoit leur construction.

Avec ses lignes épaisses, la carte est tout aussi vague sur l’interconnexion palestinienne que sur la façon dont les Israéliens accéderont aux 15 enclaves israéliennes qui les obligent à traverser les zones palestiniennes.

En tant que tel, le plan ne précise pas exactement combien de passages devraient être construits, quelle serait leur longueur et où ils pourraient créer des goulets d’étranglement pour la circulation des personnes et des marchandises à l’intérieur d’un État palestinien « contigu ».

6. Libérer les prisonniers, mais pas les assassins

Dans une dernière clause, largement négligée, le plan demande également que les prisonniers palestiniens soient libérés des prisons israéliennes, sauf ceux qui sont condamnés pour meurtre, tentative de meurtre ou conspiration de meurtre, ou ceux qui sont citoyens israéliens.

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Plan de Trump : Une contradiction sur le droit à la prière au mont du Temple ?

Le document souligne le caractère sensible du site et appelle au maintien du statu-quo, disant néanmoins que tous les « fidèles de toutes confessions » doivent pouvoir y prier

Une photo prise le 17 juillet 2017 montre le complexe du mont du Temple dans la Vieille ville de Jérusalem (Crédit :  AFP Photo/Thomas Coex)

Une photo prise le 17 juillet 2017 montre le complexe du mont du Temple dans la Vieille ville de Jérusalem (Crédit : AFP Photo/Thomas Coex)

Le plan de paix sur la résolution du conflit israélo-palestinien présenté par l’administration Trump semble comprendre une contradiction concernant la question hautement sensible de la prière sur le mont du Temple.

Situé au coeur de la Vieille Ville de Jérusalem, le mont est le site le plus saint du judaïsme et le troisième lieu le plus sacré pour les musulmans qui s’y réfèrent sous le nom de Noble sanctuaire (Haram al-Sharif) ou de complexe de la mosquée Al-Aqsa.

Sous les dispositions du statu-quo mis en oeuvre depuis 52 ans sur le mont du Temple, les musulmans peuvent y prier tandis que les Juifs sont autorisés à le visiter – sous de lourdes restrictions, sur un itinéraire prédéterminé et seulement plusieurs heures pendant les jours de la semaine. Il leur est en revanche interdit d’y faire la prière.

Le plan de Trump appelle à ce que le statu-quo sur le site « continue sans interruption ». Une « carte conceptuelle » publiée dans le document spécifie que « le statu-quo sur le mont du Temple/Haram al-Sharif est préservé ».

Mais le document dit ensuite que « les fidèles de toutes confessions doivent être autorisés à prier sur le mont du Temple/Haram al-Sharif, d’une manière qui soit pleinement respectueuse de leur religion et en prenant en compte les prières et les fêtes religieuses de chaque foi, ainsi que les autres facteurs religieux ».

Un arrangement qui autoriserait la prière juive sur le mont du Temple aurait probablement de profondes répercussions dans le monde musulman. Israël a toujours récusé des affirmations lancées par intermittence par les Palestiniens et autres critiques musulmans, selon lesquelles l’Etat juif avait l’intention de modifier le statu-quo et d’autoriser la prière juive.

Le Times of Israel a tenté à plusieurs reprises d’entrer en contact avec des responsables américains appartenant à l’équipe qui a été en charge du plan à ce sujet dans la journée de mardi, en vain.

La section incriminée du plan (à la page 16 du document de la « Paix vers la prospérité » dont le contenu a été révélé mardi) est rédigée comme suit :

« Contrairement à de nombreuses puissances antérieures qui avaient gouverné Jérusalem et qui avaient détruit les lieux saints des autres confessions, l’Etat d’Israël doit être salué pour avoir sauvegardé les sites religieux de tous et pour avoir maintenu le statu-quo religieux. Au vu de cet antécédent louable mis en oeuvre depuis plus d’un demi-siècle, ainsi que de la sensibilité extrême concernant certains des lieux saints de Jérusalem, nous pensons que cette pratique doit perdurer et que tous les lieux saints de Jérusalem doivent être soumis au même régime de gouvernance qui les régit aujourd’hui. Et, en particulier, que le statu-quo sur le mont du Temple/Haram al-Sharif doit continuer sans interruption ».

« Les lieux saints de Jérusalem doivent rester ouverts et accessibles aux fidèles pacifiques et aux touristes de toutes confessions. Les fidèles de toutes confessions doivent pouvoir avoir la permission de prier sur le mont du Temple/Haram al-Sharif, d’une manière qui soit pleinement respectueuse de leur religion et en prenant en compte les prières et les fêtes religieuses de chaque foi, ainsi que les autres facteurs religieux ».

Actuellement, le site le plus saint où les Juifs peuvent prier est adjacent au mur Occidental, un ancien mur de soutènement se trouvant au fond de l’esplanade.

Les Palestiniens, a déclaré un responsable de Ramallah mardi, considèrent que le mur Occidental fait « partie intégrante » du Haram al-Sharif.

Toutefois, alors que c’est la fondation musulmane du Waqf, entre les mains de la Jordanie, qui a la charge du mont du Temple, elle n’a aucun contrôle sur le mur Occidental qui est administré par la Fondation du patrimoine israélienne du mur Occidental.

Depuis qu’Israël a capturé la Vieille Ville lors de la guerre de 1967, l’Etat juif a permis au Waqf de continuer à administrer le mont du Temple et a restreint les visites des Juifs, qui ne sont donc pas autorisés à y prier. Ce qui contraste avec le tombeau des patriarches, situé à Hébron, vénéré en islam sous le nom de mosquée Ibrahimi. Le site compte des moments de prière musulmane et juive.

 

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Le changement des frontières et le « transfert » de villes rejetés par Israël

Des officiels ont dit que cette proposition américaine n’était pas viable ; des ministres de droite excluent de mentionner un État palestinien lors du vote du cabinet

Des Arabes israéliennes participent à un rassemblement pour faire part de leur opposition au plan de paix américain au conflit israélo-palestinien dans la ville arabe israélienne de Baqa al-Gharbiya, dans le nord d'Israël, le 1er février 2020 (Crédit : Ahmad GHARABLI / AFP)

Des Arabes israéliennes participent à un rassemblement pour faire part de leur opposition au plan de paix américain au conflit israélo-palestinien dans la ville arabe israélienne de Baqa al-Gharbiya, dans le nord d’Israël, le 1er février 2020 (Crédit : Ahmad GHARABLI / AFP)

De hauts-responsables du bureau du Premier ministre ont déclaré que même si un Etat palestinien devait s’établir selon les termes du plan de paix de Trump, les frontières d’Israël ne changeraient pas de contours pour placer les villes arabes de la zone dite du « Triangle » dans un futur État de Palestine, a rapporté dimanche la Douzième chaîne.

Le Triangle est un secteur situé au sud-est de Haïfa, à proximité de la ville palestinienne de Jénine, qui comprend 14 villes et villages où vivent plus de 260 000 Arabes israéliens. Les résidents de cette zone ont vivement protesté contre la perspective de pouvoir être considérés un jour comme vivant au sein d’un futur État de Palestine.

Les responsables du bureau du Premier ministre ont indiqué à la chaîne que cette idée, présentée dans le plan de Trump comme une possibilité, était irréaliste parce qu’elle nécessitait l’accord de toutes les parties.

Les responsables, qui n’ont pas été identifiés dans le reportage, ont confié que le transfert de citoyenneté n’était pas déterminant concernant le plan de Trump et que l’idée n’avait été incluse dans la proposition qu’en raison d’une enquête réalisée par les chercheurs américains qui avait révélé qu’elle était populaire au sein de l’Etat juif – sans doute au sein de la population juive.

Une autre raison de son inclusion, ont spéculé les responsables, a été de gagner le soutien du chef d’Yisrael Beytenu, le faucon Avigdor Liberman, qui prône depuis longtemps de tels ajustements dans un éventuel accord de paix avec les Palestiniens.

Le président américain a révélé le contenu de son plan de paix très attendu la semaine dernière à Washington. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui se trouvait aux côtés de Trump, a immédiatement fait part de son soutien, alors que le plan a été catégoriquement rejeté par les Palestiniens.

Si le plan contient de nombreux aspects qui séduisent la droite de l’échiquier politique israélien, avec en particulier l’extension de la souveraineté israélienne sur les implantations de Cisjordanie et le maintien du contrôle sécuritaire israélien jusqu’à l’ouest de la frontière avec la Jordanie, il ouvre également la porte à la fondation d’un État palestinien.

Samedi, la Douzième chaîne avait fait savoir que Netanyahu se préparait à présenter la proposition rapidement devant le cabinet à l’occasion d’un vote symbolique. Ce vote serait strictement déclaratif, mais Netanyahu espérerait utiliser l’approbation du gouvernement pour convaincre Washington de donner son feu vert à une mesure d’annexion limitée en Cisjordanie avant le scrutin – initiative à laquelle résiste la Maison Blanche.

Dimanche, la Douzième chaîne a indiqué que plusieurs ministres du Likud et de l’alliance des partis de droite Yamina ont promis de s’opposer au plan de Trump, allant jusqu’à se prononcer contre lors du vote symbolique, s’il devait inclure la mention d’un État palestinien.

La chaîne n’a pas fait connaître ses sources et n’a pas nommé les ministres concernés.

Le chef de la Liste arabe unie, Ayman Odeh, a réagi au reportage de la Douzième chaîne en écrivant sur Twitter que « Netanyahu s’est inquiété de cette clause de transfert qui aurait encouragé les électeurs arabes à se rendre aux urnes, et il a donc abandonné ».

« Il prouve une fois encore que rien ne l’effraie davantage que les Arabes dans les bureaux de vote », a ajouté Odeh dans sa publication. Netanyahu, dans le passé, a été accusé de tenter de freiner le vote arabe en utilisant des tactiques d’intimidation.

Samedi, ce sont des centaines d’Arabes israéliens qui ont manifesté dans le nord d’Israël pour dénoncer la clause dite « de transfert » contenue dans le plan de paix américain.

Le plan de paix dit « prendre en considération la possibilité – sous réserve de l’accord des parties – que les frontières d’Israël soient redessinées de manière à ce que les communautés du Triangle puissent intégrer l’Etat de Palestine ».

« Ces communautés, qui s’identifient elles-mêmes très largement comme Palestiniennes, devaient à l’origine être confiée au contrôle des Jordaniens pendant les négociations de la Ligne d’armistice de 1949 et elles ont été ultérieurement retenues par Israël pour des motifs militaires qui, depuis, se sont atténués », dit encore la proposition.

La proposition de Trump, en fait, ne prône pas la relocalisation des résidents du Triangle. Elle changerait plutôt le statut de leurs communautés en en faisant une enclave palestinienne, en la coupant de la Cisjordanie voisine par la barrière israélienne érigée pendant la Seconde intifada sanglante, au début des années 2000.

Les locaux craignent qu’en tant que citoyens palestiniens, ils ne perdent les bénéfices de l’économie prospère de l’Etat juif, de son système de santé et d’allocations sociales ainsi que de la liberté d’entrer en Israël où vivent un grand nombre de leurs proches depuis la création du pays, en 1948.

Samedi, le chef d’Yisrael Beytenu Avigdor Liberman a salué la proposition du plan de Trump au sujet du Triangle, disant qu’il était heureux de constater que la Maison Blanche était prête à adopter une politique que lui-même vante depuis 2004.

Le plan accorde à Israël une grande partie de ce que l’Etat juif a pu chercher au cours de décennies de diplomatie internationale, en particulier le contrôle sur Jérusalem, sa capitale « indivisible » plutôt qu’une ville à partager avec les Palestiniens, qui auraient pour capitale de leur futur État une banlieue de la municipalité – sans la Vieille Ville et sans les quartiers avoisinants si convoités.

Le plan refuse aux réfugiés palestiniens le droit au retour sur le territoire israélien. Toutes les implantations israéliennes de Cisjordanie seraient placées sous la souveraineté de l’Etat juif.

Les 22 nations qui constituent la Ligue arabe ont rejeté à l’unanimité le plan de Trump dans la journée de samedi, clamant qu’il était injuste pour les Palestiniens.

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Des Arabes israéliens contre le plan de Trump qui exclut leurs villages d’Israël

Dirigeants et résidents des villes arabes israéliennes du « Triangle » ont exprimé leur colère après la publication du plan de Trump

Une arabe israélienne met son bulletin dans l'urne pour les élections à la Knesset dans un bureau de vote de la ville de Tayibe, dans le nord d'Israël, le 9 avril 2019 (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

Une arabe israélienne met son bulletin dans l’urne pour les élections à la Knesset dans un bureau de vote de la ville de Tayibe, dans le nord d’Israël, le 9 avril 2019 (Crédit : Ahmad Gharabli/AFP)

Mercredi, les dirigeants et les résidents des villes arabes israéliennes situées dans ce que l’on appelle le Triangle ont fait part de leur vive colère après que le plan de paix du président américain Donald Trump a proposé d’inclure leurs villages au sud-est de Haïfa dans un futur État palestinien.

« Nous sommes citoyens de l’État d’Israël. Pas des ennemis », a déclaré Shaa Mansour Massarwa le maire de Tayibe, qui a fustigé « l’accord du siècle » de Trump lors d’un entretien avec le site d’information Ynet.

Sa ville, ainsi que les communautés du Triangle de Kafr Qara, Arara, Baqa al-Gharbiya, Umm al Fahm, Qalansawe, Kafr Qasim, Tira, Kafr Bara et Jaljulia, étaient toutes référencées dans le plan de paix américain, qui « observe la possibilité, sous réserve de l’accord des deux parties que les frontières d’Israël soient redessinées pour que les communautés du Triangle soient comprises dans l’État de Palestine ».

La proposition a été rejetée par les responsables arabes israéliens.

« Ces communautés, qui s’auto-définissent comme palestiniennes, devaient à l’origine passer sous contrôle jordanien lors des négociations de la ligne d’Armistice en 1949, mais elles ont finalement été conservées par Israël pour des raisons militaires devenues depuis plus tout à fait d’actualité », explique la proposition.

Le chef d’Yisrael Beytenu Avidgor Liberman, qui soutient depuis longtemps l’idée d’un transfert de population, a publié mardi un communiqué « saluant le président Trump [pour] avoir adopté mon plan de 2004 ».

Mais le maire de Qalansawe Abdulbast Salameh a qualifié le plan de « propagande politique aux dépens des citoyens arabes d’Israël ».

« Nous sommes ici sur notre terre et personne ne décidera de comment nous vivrons. Trump est hors de contrôle. Nous sommes pour la paix. Mais une paix juste. Nous continuerons à nous battre pour la paix », a-t-il annoncé dans son communiqué.

Le maire d’Umm al-Fahm Samir Mahamid a fustigé l’initiative de l’administration Trump, déclarant que la Maison Blanche cherchait à prendre des décisions sans consulter les résidents du Triangle ou de l’Autorité palestinienne. Cette dernière boycotte largement Washington depuis qu’il a reconnu Jérusalem comme la capitale d’Israël en 2017.

« Je suis ici et j’exige mes droits en tant que citoyen, a assuré Samir Mahamid dans un entretien à Ynet. Ce plan me place sur le même plan qu’un habitant d’implantation qui est venu sur une terre qui ne m’appartient pas ».

Miriam, une résidente d’Umm al-Fahm, a déclaré au site d’information qu’elle et ses voisins n’accepteraient pas d’être sous le contrôle de n’importe quelle autre entité.

« Nous resterons ici, même si cela ne convient pas à Netanyahu, Gantz ou Trump. Ce sont tous des racistes en campagne électorale, a-t-elle dénoncé. Qu’ils sachent que nous sommes prêts à sacrifier nos vies si quelqu’un essaie de nous faire du mal ».

Sikkuy, un groupe qui travaille pour promouvoir l’égalité entre Juifs et Arabes, a publié un communiqué similaire fustigeant la proposition de Trump concernant le Triangle.

« L’idée de retirer à environ 300 000 résidents leur citoyenneté est une autre étape dans le processus de délégitimisation des citoyens arabes, que Netanyahu a défendu à de nombreuses reprises dans l’intérêt de sa survie politique », a accusé l’ONG.

Sikkuys a déclaré que la proposition envoie le message aux résidents du Triangle que « vous n’êtes que des citoyens de deuxième classe, mais aussi des outils d’un coup politique ».

Mercredi, le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a été interrogé sur la clause du plan de paix par un journaliste de la Douzième chaîne qui laissait entendre que les Palestiniens n’accepteraient jamais une telle proposition.

« Il ne faut jamais dire jamais », a alors répondu Pompeo.

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