Adhésion de la Grande Bretagne au Plan de paix américain & les réserves de la France

Boris Johnson souligne son soutien au plan de paix américain auprès de Netanyahu : Le Premier ministre britannique a réitéré son soutien à une solution à deux États, après avoir déclaré que l’ébauche « pourrait constituer une avancée positive »

Le Premier ministre britannique Boris Johnson (à gauche) accueille le Premier ministre Benjamin Netanyahu devant le 10 Downing Street au centre de Londres, le 5 septembre 2019. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

Le Premier ministre britannique Boris Johnson (à gauche) accueille le Premier ministre Benjamin Netanyahu devant le 10 Downing Street au centre de Londres, le 5 septembre 2019. (DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP)

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a souligné jeudi son soutien au nouveau plan de paix américain et à une solution à deux États lors d’un appel avec son homologue Benjamin Netanyahu.

Après la publication du plan le 28 janvier, ce dernier s’est entretenu avec le président américain Donald Trump, lui indiquant que la proposition « pourrait constituer une avancée positive ».

Le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab, a fait savoir que le plan était « clairement une proposition sérieuse, reflétant un temps et des efforts considérables ».

Le plan de l’administration américaine prévoit l’annexion par l’État juif de parties clés de la Cisjordanie, notamment dans la vallée stratégique du Jourdain et dans toutes les implantations. Il prévoit la création d’un État palestinien, avec une souveraineté restreinte, sur environ 70 % de la Cisjordanie, sans que la majeure partie de Jérusalem-Est ne réponde aux exigences minimales des Palestiniens.

Ces derniers ont d’ailleurs fermement réprouvé ce plan, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas l’ayant qualifié de « gifle du siècle ».

Ce plan a été largement critiqué par les pays européens. Mardi, l’Union européenne a rejeté la proposition et exprimé son inquiétude quant aux projets d’Israël d’annexer de larges pans de la Cisjordanie que les Palestiniens souhaitent intégrer à leur futur État. Le bloc n’a cependant pas réussi à faire passer une déclaration commune condamnant le plan après que plusieurs pays ont opposé leur veto à cette mesure.

Dans une déclaration distincte, le chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell, a souligné l’engagement du bloc en faveur d’une solution à deux États, basée sur les lignes d’avant 1967, avec la possibilité d’échanges de terres mutuellement convenus, composée de l’État d’Israël et d’un « État de Palestine indépendant, démocratique, contigu, souverain et viable ».

Selon le chef de la diplomatie, l’initiative américaine « s’écarte de ces paramètres convenus au niveau international ».

Un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères a qualifié les commentaires de Josep Borrell de « langage menaçant » qui pourrait mettre l’UE sur la touche en tant qu’acteur influent dans la région.

Le Royaume-Uni a officiellement quitté l’Union européenne vendredi.

Mercredi, la Hongrie s’est prononcée en faveur de la proposition, affirmant qu’elle était « apte à créer la paix » entre Israël et les Palestiniens.

De son côté, le leader du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn a parlé d’une proposition qui « n’est pas un plan de paix ». « Il s’agit d’un plan pour verrouiller la colonisation israélienne illégale et nier les droits des Palestiniens. C’est une menace pour la paix ».

Rompant avec les administrations américaines précédentes, le plan Trump envisage la création d’un État palestinien dans une partie de la Cisjordanie, une poignée de quartiers de Jérusalem-Est, la bande de Gaza et certaines zones du sud d’Israël – à condition que les Palestiniens reconnaissent Israël comme un État juif et que le Hamas et les autres groupes terroristes de Gaza renoncent aux armes.

Le plan prévoit également d’accorder à Israël un contrôle de sécurité global permanent à l’ouest du Jourdain et d’interdire aux Palestiniens d’entrer en Israël en tant que réfugiés.

Les Palestiniens cherchent à obtenir l’indépendance de toute la Cisjordanie et de Jérusalem-Est – zones capturées par Israël lors de la guerre de 1967 – et l’expulsion de plus de 700 000 Israéliens de ces zones.

Plan Trump : « réserves » de Paris, qui plaide pour « deux vrais Etats »

« Ce que nous avons salué c’est les efforts (de Donald Trump, ndlr), nous n’avons pas salué les résultats des efforts », a souligné Jean-Yves Le Drian

Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, le 30 janvier 2018. (Crédit : AFP / Ludovic MARIN)

Jean-Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, le 30 janvier 2018. (Crédit : AFP / Ludovic MARIN)

Le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian a fait part de ses « réserves » dimanche sur le plan de paix de Donald Trump pour le Proche-Orient et insisté sur la nécessité d’avoir « deux vrais Etats », israélien et palestinien.

« Il y a un cadre qui est le droit international, les résolutions du Conseil de sécurité. Il y a un objectif, c’est l’existence de deux Etats, en sécurité l’un par rapport à l’autre, avec des frontières reconnues internationalement, deux vrais Etats avec l’ensemble des compétences liées à un Etat mais aussi l’ensemble de la réalité démographique et physique liée à un Etat », a-t-il souligné dans l’émission politique Le Grand Jury RTL/TF1/LCI/Le Figaro.

« Et puis (il y a) une méthode qui est la négociation. Dans la situation actuelle, les initiatives unilatérales ne sont pas automatiquement performantes donc nous avons des interrogations, des réserves par rapport à cette situation », a le ministre des Affaires étrangères.

Il a balayé toute ambiguïté dans la première réaction française vis-à-vis du plan, comme certains analystes avaient pu l’interpréter à la lecture du communiqué mercredi de son ministère.

« Ce que nous avons salué c’est les efforts (de Donald Trump, ndlr), nous n’avons pas salué les résultats des efforts », a souligné Jean-Yves Le Drian.

« Nous avons salué les efforts parce que nous avons considéré que les Etats-Unis avaient essayé de prendre le dossier à bras le corps », a-t-il ajouté.

Le chef de la diplomatie française a appelé à des discussions avec les pays de la région, ainsi qu’entre Européens, « pour essayer de se positionner collectivement ».

La France est favorable à un débat à l’ONU, comme le demandent les Palestiniens, a-t-il dit. « Nous disons oui à la demande de débat au Conseil de sécurité », a relevé le ministre.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a annoncé samedi qu’il se rendrait au Conseil de sécurité de l’ONU – où Washington a un droit de veto – d’ici peu pour appeler à une conférence internationale visant à relancer les négociations avec Israël, sous l’égide d’un quartet incluant la Russie, l’Union européenne, l’ONU et les Etats-Unis.

 

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