Jérusalem, Tel Aviv : le divorce…signe de l’implosion de la société israélienne.

De nombreux Israéliens quittent la Ville sainte pour s’établir à Tel-Aviv, un “petit monde” de plus en plus attrayant. Ville des artistes et des intellectuels, refuge des laïcs dans un pays où les religieux s’affirment de plus en plus, lieu de tous les plaisirs, Tel-Aviv (“colline du printemps”) est aussi depuis un an en révolte contre les injustices sociales.

Il semble que la Ville sainte soit seulement en train d’encaisser les contrecoups des précédentes migrations et le désir des aînés de rejoindre leurs cadets ayant fondé des familles et ayant pris racine à Tel-Aviv. Quant à la nostalgie, elle domine chez les exilés, qui tous regrettent la Jérusalem des années 1970, libérale, pluraliste, pauvre mais intellectuelle.  Pour les autres, à Tel-Aviv, “on n’aura plus le sentiment de bosser dur pour deux familles orthodoxes ne payant pas d’impôts”.

Privée de son titre de capitale après 1967 au profit de Jérusalem, Tel-Aviv est toujours le centre de la vie politique économique et culturelle du pays. Sur environ 8 millions d’israéliens, un quart d’entre eux vivent aujourd’hui dans le grand Tel-Aviv. Surnommée la « bulle » et aussi « la ville qui ne dort jamais » en référence à son dynamisme, Tel-Aviv a surpris le monde en 2011 par l’ampleur de ses manifestations contre la cherté de la vie. Une révolte qui n’a pas encore dit son dernier mot.

Un divorce à l’israélienne bien consommé : quand trop d’interdictions d’un côté, génèrent trop de permissions de l’autre côté ! Une société en crise, au bord de l’implosion, comme il y a 2000 ans avant la destruction du Temple.

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Fuir Jérusalem pour Tel-Aviv

 

De nombreux Israéliens quittent la Ville sainte pour s’établir à Tel-Aviv, un “petit monde” de plus en plus attrayant.

09.08.2012 | Nir Hasson | Ha’Aretz

 

Tel-Aviv vient de remporter une victoire symbolique fracassante dans la lutte éternelle qui l’oppose à Jérusalem. Début juin, David Kroyanker, le plus célèbre historien de l’art et de l’architecture israélien et l’un des défenseurs les plus convaincants de Jérusalem, a annoncé qu’il quittait la capitale d’Israël pour s’établir à Tel-Aviv. “Je viens de fêter mon soixante-treizième anniversaire. Mon épouse et moi avons deux filles et trois petits-enfants, tandis que deux sont en route. Tous vivent dans la plaine côtière. Il arrive un âge où les priorités changent, et j’ai décidé de rejoindre ce petit monde.”A Ramat Aviv Gimel [quartier chic du nord de Tel-Aviv], les Kroyanker ne seront pas trop dépaysés. La plupart de leurs proches de l’aristocratie hiérosolymitaine se sont eux aussi établis à Tel-Aviv. Pour expliquer leur migration, tous invoquent la force d’attraction accrue qu’exerce Tel-Aviv après la naissance des petits-enfants et l’affaiblissement du champ magnétique de Jérusalem quand vient l’heure de la retraite.

La liste des exilés est longue. Que l’on songe à l’ancien président de la Cour suprême Aharon Barak, à l’ancien juge de la Cour suprême Yitzhak Zamir, à l’artiste Larry Abramson, aux journalistes Ephraïm Sidon et Gideon Reicher, à l’éditeur Yaron Sadan, à l’ancienne ministre travailliste Yuli Tamir ou aux architectes Hillel Schocken et Ofer Kolker.

Alors que les autorités municipales [laïques] de Jérusalem viennent publiquement d’annoncer que l’exode des Hiérosolymitains jeunes et laïcs était en train de ralentir, ces départs peuvent sembler paradoxaux. Mais il semble que la Ville sainte soit seulement en train d’encaisser les contrecoups des précédentes migrations et le désir des aînés de rejoindre leurs cadets ayant fondé des familles et ayant pris racine à Tel-Aviv. Quant à la nostalgie, elle domine chez les exilés, qui tous regrettent la Jérusalem des années 1970, libérale, pluraliste, pauvre mais intellectuelle. Seul Kroyanker affirme, preuve à l’appui, qu’il continuera à travailler sur et pour Jérusalem. Pour les autres, à Tel-Aviv, “on n’aura plus le sentiment de bosser dur pour deux familles orthodoxes ne payant pas d’impôts”.

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Le printemps de la bulle 

Ville des artistes et des intellectuels, refuge des laïcs dans un pays où les religieux s’affirment de plus en plus, lieu de tous les plaisirs, Tel-Aviv (“colline du printemps”) est aussi depuis un an en révolte contre les injustices sociales. Un mouvement spontané et inattendu dans un Etat en guerre depuis sa création.

09.08.2012 | Asher Schechter | Ha’Aretz

 

 
Des activistes lors de la grande manifestation social du 23 juillet 2011.© AFPDes activistes lors de la grande manifestation social du 23 juillet 2011.

 

Juste ciel, les Israéliens recommencent ! Il y a un an, des centaines de milliers de citoyens envahissaient les rues de Tel-Aviv, Jérusalem, Beersheba, Haïfa et beaucoup d’autres villes pour protester ; aujourd’hui, sous le soleil de plomb de l’été, ils réclament à nouveau davantage de justice sociale. Mais cette fois, il y a moins de monde dans les rues, la police est beaucoup plus agressive et les manifestants scandent des slogans en faveur de la démocratie.Après l’explosion de protestations de l’été 2011, des comités se sont réunis, des rapports ont été établis et un certain nombre de mesures ont été prises. Dans le même temps, les dirigeants autoproclamés du soulèvement ont commencé à former des factions rivales. Le mouvement n’a plus fait les gros titres des médias et on l’a cru mort et enterré.
A tort, car il est de retour et, cette fois, ni les manifestants ni le gouvernement ne prennent de gants. Même si ses fondateurs se sont inspirés des mouvements sociaux qui ont éclaté de par le monde, le soulèvement israélien a des racines locales. Voici un bref historique de ce mouvement.

Quand le mouvement de protestation a-t-il commencé ?

Officiellement, il a vu le jour le 14 juillet 2011, quand Daphni Leef, une vidéaste de 25 ans, a dressé les premières tentes sur le boulevard Rothschild, à Tel-Aviv, où le prix du logement avait atteint des niveaux records. Pour l’organiser, elle a été aidée par quelques jeunes qui l’ont rejointe après son appel diffusé sur Facebook une semaine plus tôt. La dizaine d’Israéliens qui ont lancé le mouvement ne se sont rencontrés pour la première fois que cinq jours avant le début de l’opération.

D’aucuns font remonter les débuts du mouvement au mois de mai 2011, date d’un autre appel lancé sur Facebook pour protester contre le prix du fromage blanc israélien, qui avait augmenté de plus de 40 % en trois ans, alors que la hausse du lait n’avait pas dépassé 3 %. La réaction du public a été explosive : en un mois, près de 5 000 citoyens ont formé un réseau qui a propulsé la question de la cherté de la vie en Israël aux plus hauts niveaux de l’Etat.

Parallèlement, la “ville des tentes” installée sur le boulevard Rothschild s’est développée à un rythme stupéfiant grâce au soutien massif des médias. En quelques jours, le terre-plein central, jusque-là parfaitement entretenu, de ce boulevard très huppé était recouvert de milliers de tentes, et, quelques jours plus tard, des dizaines de campements étaient installés dans d’autres villes du pays.
Le campement du boulevard Rothschild est très vite devenu le plus grand centre de rassemblement de Tel-Aviv ; des dizaines de chanteurs, d’écrivains et de politiciens s’y présentaient tous les jours et les gens y laissaient libre cours à leur mécontentement. C’est ainsi que s’est ouvert l’été des manifestations gigantesques, auxquelles un dixième de la population israélienne pouvait assister en une seule soirée.

Quel a été le détonateur du soulèvement ?

Beaucoup de gens continuent à affirmer que c’est la hausse des prix du logement, et plus précisément des loyers de Tel-Aviv, qui ont augmenté de plus de 40 % entre 2005 et 2011 et qui rivalisent désormais avec ceux de Manhattan et de Londres. Mais ce n’est pas le cas. Les prix immobiliers ont bien poussé Daphni Leef à planter sa tente, mais elle-même reconnaît que l’immobilier était juste l’indice de problèmes beaucoup plus graves : le coût de la vie de plus en plus élevé et les inégalités croissantes au sein de la société.

Comme il l’a déjà été mentionné, le fromage blanc, un aliment de base de la cuisine israélienne, avait augmenté de 40 % en trois ans, alors que la hausse de son coût de production était restée beaucoup plus faible. Accordant leur politique de prix, les trois principaux fabricants du pays avaient affiché sensiblement les mêmes hausses.

Deux mois avant le début du mouvement, les grandes entreprises du secteur alimentaire avaient relevé les prix du bœuf, des produits laitiers, des légumes congelés et des aliments et couches pour bébé. Par ailleurs, depuis des années, les prix de l’immobilier – à la vente comme à la location – avaient augmenté à un rythme accéléré. Mais la courbe des salaires n’avait pas suivi, loin de là, la même évolution que le coût de la vie.

Qui est à la tête du mouvement ?

Personne. A l’instar des soulèvements qui se sont propagés dans le monde l’an dernier, le mouvement israélien n’est pas hiérarchique ; il est horizontal et n’a pas de chef.

 

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