Israël / Iran : vers l’inéluctable… Avec ou sans le soutien des autres pays arabes ?

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, prononce une allocution lors de la Conférence de Munich sur la sécurité à Munich, en Allemagne, le 17 février 2019. (AP Photo/Kerstin Joensson)L’Iran dit qu’il ne peut exclure la possibilité d’une guerre avec Israël : Le ministre des Affaires étrangères Zarif accuse Jérusalem d’“aventurisme” avec ses frappes contre des cibles iraniennes en Syrie, et prévient : la situation pourrait se détériorer

Le ministre iranien des Affaires étrangères a accusé Israël d’“aventurisme” avec sa campagne de frappes aériennes menée contre des cibles iraniennes en Syrie, et a déclaré qu’il ne pouvait exclure la possibilité qu’elles puissent mener à une guerre entre les ennemis jurés du Moyen Orient.

S’adressant au journal allemand Sueddeutsche Zeitung, Mohammad Javad Zarif a déclaré qu’Israël violait constamment la souveraineté syrienne et libanaise, alors que l’Iran était en Syrie à l’invitation du gouvernement Assad.

Israël a mené des dizaines de frappes aériennes contre des cibles iraniennes en Syrie afin d’empêcher l’Iran de se retrancher dans le pays et de transférer des armes perfectionnées au groupe terroriste du Hezbollah, au Liban.

Dimanche, Zarif avait mis en garde contre le fait que Jérusalem « recherche la guerre » et que le comportement d’Israël et des Etats-Unis augmentait les perspectives d’un conflit : « Manifestement, certaines personnes cherchent la guerre… Israël », a déclaré M. Zarif aux participants à la Conférence de Munich sur la sécurité, selon l’agence de presse Reuters.

M. Zarif a déclaré qu’Israël violait le droit international en effectuant des bombardements en Syrie et a appelé les puissances européennes et les États-Unis à demander des comptes à Israël pour ses actions : « Le risque [de guerre] est grand. Le risque sera encore plus grand si vous continuez à fermer les yeux sur les violations graves du droit international ». « Le comportement israélien met le droit international sur la sellette, le comportement américain met le droit international sur la sellette », a-t-il ajouté.

Le régime iranien considère Israël et les Etats-Unis comme ses ennemis politiques et spirituels, et ses dirigeants jurent régulièrement de détruire l’Etat juif. Ces dernières années, Israël a mené des centaines de frappes aériennes en Syrie contre des cibles liées à l’Iran qui, aux côtés de ses mandataires et de la Russie, se bat au nom du régime du président syrien Bashar el-Assad.

Jusqu’à récemment, Israël s’abstenait généralement de commenter ses activités militaires contre l’Iran en Syrie, sans confirmer ni nier les frappes. Au cours des deux derniers mois, toutefois, cette politique d’ambiguïté a été largement abandonnée par les responsables militaires et politiques israéliens, qui ont commencé à discuter plus ouvertement des opérations de l’armée israélienne en Syrie.

Les propos de Zarif concernant la probabilité croissante d’un conflit militaire total avec Israël arrivent quelques jours après que Netanyahu a évoqué un intérêt commun dans la « guerre » dans le contexte de la lutte contre la République islamique.

Dans un message vidéo en hébreu enregistré avant son départ mercredi dernier pour l’ouverture d’une conférence sur le Moyen Orient à Varsovie, le Premier ministre a salué le fait qu’un dirigeant israélien était sur le point de s’asseoir avec de hauts responsables des « principaux pays arabes » afin de « promouvoir l’intérêt commun dans la guerre contre l’Iran ».

Une traduction officielle du message, fournie par le Bureau de presse du Gouvernement, a traduit l’expression hébraïque milhama b’Iran par « guerre avec l’Iran », alors qu’il n’était pas du tout évident que Netanyahu parlait d’une action militaire au sens propre.

Les comptes de réseaux sociaux du Premier ministre ont publié la déclaration, ce qui a conduit de nombreuses personnes, dont Zarif, à souligner son attitude belligérante ostensible. Environ une heure après la publication du post du Premier ministre, alors que Netanyahu était déjà à la réception au château royal historique de Varsovie, son équipe a supprimé le premier tweet et l’a remplacé par une version plus adoucie, qui disait : « Ce qui est important à propos de cette réunion – et ce n’est pas un secret, parce qu’il y en a beaucoup – c’est qu’il s’agit d’une réunion qui se tient au grand jour avec des représentants des principaux pays arabes, qui se retrouvent avec Israël afin de promouvoir l’intérêt commun dans le combat contre l’Iran ».

Le sommet de Varsovie a confirmé que l’Iran est le problème majeur – al-Jubeir

Adel al-Jubeir a répété le soutien saoudien à l’Initiative de paix arabe, ajoutant que tout le monde, au sommet, a convenu que Téhéran sape « la sécurité et la stabilité » régionales

Le ministre des affaires étrangères saoudien Adel Al-Jubeir lors du 14ème dialogue de Manama de l'IISS (institut international d'études stratégiques) dans la capitale du Bahreïn, Manama, le 27 octobre 2018 (Crédit :  Stringer/AFP)

Le ministre des affaires étrangères saoudien Adel Al-Jubeir lors du 14ème dialogue de Manama de l’IISS (institut international d’études stratégiques) dans la capitale du Bahreïn, Manama, le 27 octobre 2018 (Crédit : Stringer/AFP)

Le chef de la délégation saoudienne ayant pris part à la conférence sur le Moyen-Orient à Varsovie, la semaine dernière – un événement conjointement organisé par les Etats-Unis et la Pologne – a expliqué que toutes les parties présentes avaient convenu que le plus grand défi que doit affronter la région est l’Iran.

Adel al-Jubeir, ministre saoudien d’Etat aux Affaires étrangères, a écrit sur Twitter, ce week-end, que « tout le monde » avait reconnu lors du sommet qui s’est déroulé dans la capitale polonaise que le principal défi à relever au Moyen-Orient était « le rôle de l’Iran dans la déstabilisation de la sécurité et de la stabilité dans la région. »

Une vidéo d’une session à huis-clos diffusée par le bureau de Netanyahu a montré Jubeir, le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn, Khalid bin Ahmed Al Khalifa, et celui des Emirats arabes unis Sheikh Abdullah bin Zayed Al Nahyan critiquer avec dureté la politique iranienne au Moyen-Orient.

Jubeir a particulièrement fustigé l’Iran pour son soutien apporté aux groupes terroristes de toute la région.

« Regardez les Palestiniens : Qui soutient le Hamas et le Jihad islamique et coupe l’herbe sous le pied de l’Autorité palestinienne ? L’Iran », dit-il dans la vidéo qui a fuité, se référant aux groupes terroristes basés à Gaza.

« Nous ne pouvons stabiliser la région sans la paix entre les Israéliens et les Palestiniens mais où que nous nous rendons, nous retrouvons le comportement maléfique de l’Iran », continue-t-il.

Jubeir, qui a été ministre saoudien des Affaires étrangères jusqu’à la fin de l’année dernière, a également écrit sur Twitter que le royaume soutient encore l’Initiative de paix arabe.

« La conférence de Varsovie a traité de la question palestinienne et j’y ai fait clairement part de la fermeté de la position du royaume sur le problème des Palestiniens, une position qui se base sur l’Initiative de paix arabe », a-t-il tweeté.

L’Initiative de paix arabe appelle Israël à accepter une solution à deux états dans les frontières de 1967 et à trouver une solution « juste » à la question des réfugiés palestiniens contre une normalisation des relations entre les États arabes et l’Etat juif, et la déclaration de la fin du conflit arabe-israélien.

Hussein al-Sheikh, un proche du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, a salué Jubeir pour sa publication en référence à l’Initiative de paix arabe.

« La position ferme du royaume d’Arabie saoudite dans son adhésion à l’Initiative arabe de paix est digne d’un grand respect », a-t-il écrit.

Les Palestiniens ont boycotté le sommet de Varsovie. Le ministère des Affaires étrangères de l’AP s’est référé à la conférence en évoquant « une conspiration américaine qui a pour objectif de faire adopter aux participants le point de vue des Etats-Unis sur la région et en particulier sur la question Palestinienne ».

De plus, le ministre des Affaires étrangères d’Oman, Yusuf bin Alawi, a déclaré au journal allemand Deutsche Welle dans un entretien qui a été publié samedi que Mascate considère qu’Israël « est un pays parmi les pays du Moyen-Orient depuis une certaine période de temps ».

Bin Alawi et Netanyahu se sont rencontrés jeudi à l’hôtel Intercontinental de Varsovie, où séjournait le Premier ministre israélien.

Netanyahu s’était rendu au mois d’octobre à Oman, où il avait rencontré le Sultan Qaboos bin Said à Mascate. Il a été le premier chef de gouvernement israélien à effectuer une visite publique à Oman en plus de deux décennies.

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Bahreïn : défier l’Iran est plus urgent que le conflit israélo-palestinien

À la conférence de Varsovie sur le Moyen-Orient, le ministre des Affaires étrangères bahreïni estime que contrer l’Iran prime sur le conflit entre Israël et Palestiniens

Le ministre des Affaires étrangères bahreini Cheikh Khalid ben Ahmed al-Khalifa, au sommet sur le développement économique et social du monde arabe, à Beyrouth, le 20 janvier 2019. (Crédit : AP/Bilal Hussein)

Le ministre des Affaires étrangères bahreini Cheikh Khalid ben Ahmed al-Khalifa, au sommet sur le développement économique et social du monde arabe, à Beyrouth, le 20 janvier 2019. (Crédit : AP/Bilal Hussein)

VARSOVIE, Pologne — Mercredi, Khaled ben Ahmed al-Khalifa, le ministre des Affaires étrangères du Bahreïn, a déclaré que défier l’hostilité de l’Iran était plus urgent que la résolution du conflit israélo-palestinien.

« Nous avons grandi en considérant le conflit israélo-palestinien comme le problème le plus important » qui doit être « réglé, d’une façon ou d’une autre, » a-t-il déclaré lors du gala d’ouverture de la conférence de Varsovie sur le Moyen-Orient.

« C’est un grand défi qui nous empêche d’avancer où que ce soit aujourd’hui, en Syrie, au Yémen, en Irak, où que ce soit. »

Lors du même événement, le ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis, Cheikh Abdallah Ben Zayed Al Nahyan, que les attaques israéliennes contre des cibles iraniennes en Syrie étaient justifiées.

« Toute nation a le droit de se défendre, lorsqu’elle est menacée par une autre nation, oui, » a-t-il affirmé en réponse à une question du modérateur, l’ancien négociateur américain pour la paix au Moyen-Orient Dennis Ross, au sujet des frappes israéliennes en Syrie.

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A Varsovie, Netanyahu et un ministre d’Oman disent « bâtir l’avenir »

En marge de la conférence sur le Moyen Orient, le Premier ministre a dit à Yusuf bin Alawi bin Abdullah que leur rapprochement influence les dirigeants arabes, et « change le monde »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) salue le ministre omanais des Affaires étrangères Yusuf ben Alawi ben Abdallah en marge d'une conférence régionale sur le Moyen Orient à Varsovie, le 13 février 2019. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (à droite) salue le ministre omanais des Affaires étrangères Yusuf ben Alawi ben Abdallah en marge d’une conférence régionale sur le Moyen Orient à Varsovie, le 13 février 2019. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

VARSOVIE, Pologne – Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a rencontré le ministre omanais des Affaires étrangères Yusuf bin Alawi bin Abdullah mercredi en marge de la conférence de Varsovie sur le Moyen Orient, lui disant que le récent rapprochement entre les deux pays « change le monde ».

« Je dois vous dire que la décision courageuse du Sultan Qaboos de m’inviter à Oman est en train de changer le monde », a déclaré M. Netanyahu, faisant référence à sa visite à Mascate en octobre 2018.

M. Netanyahu a déclaré que de nombreux pays arabes suivaient l’exemple d’Oman en s’orientant vers une interaction plus ouverte avec Israël, « y compris à cette conférence ».

« Je tiens à vous remercier pour cette politique positive et tournée vers l’avenir qui peut conduire à la paix et à la prospérité pour tous », a déclaré M. Netanyahu.

« Il s’agit en effet d’une vision nouvelle et importante pour l’avenir », a répondu le ministre omanais des Affaires étrangères en anglais. « Les gens du Moyen Orient ont beaucoup souffert, parce qu’ils sont [restés figés] dans le passé. C’est une nouvelle ère pour l’avenir et pour la prospérité de toutes les nations ».

La réunion de mercredi a eu lieu à l’hôtel Intercontinental de Varsovie, où séjourne la délégation de Netanyahu.

La surprenante visite de Netanyahu à Oman le 26 octobre 2018 a été la première visite publique d’un dirigeant israélien dans l’État du Golfe depuis 1996.

Depuis lors, les dirigeants omanais ont continué de plaider pour que le monde arabe normalise ses relations avec Israël.

Deux jours après le voyage de Netanyahu à Mascate, célébré en première page de plusieurs journaux omanais, bin Alawi suggéra lors d’une conférence à Bahreïn que le temps était venu pour Israël d’être traité comme tout autre Etat de la région. Il est remarquable que ses collègues de Manama et de Ryad n’aient pas été en désaccord, exprimant même leur soutien tacite aux efforts d’Oman pour faire avancer le processus de paix.

Netanyahu et bin Alawi sont actuellement à Varsovie pour participer à une réunion dite « ministérielle pour promouvoir un avenir de paix et de sécurité au Moyen Orient », organisée conjointement par les Etats-Unis et la Pologne.

Des représentants d’une soixantaine de pays, dont les ministres des Affaires étrangères de dix pays arabes, sont attendus à la conférence.

Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a d’abord vanté l’ouverture de la conférence mercredi soir comme étant axée sur les actions régionales de l’Iran, mais les organisateurs ont depuis réduit l’accent sur Téhéran. Dans une tribune commune publiée mercredi matin sur le site Internet de CNN, Pompeo et le ministre polonais des Affaires étrangères Jacek Czaputowicz ont écrit que le sommet traitera principalement des guerres civiles en Syrie et au Yémen, ainsi que du conflit israélo-palestinien et des autres questions régionales liées à la sécurité.

Pompéo et Czaputowicz n’ont mentionné l’Iran qu’indirectement, en évitant soigneusement de donner l’impression que le sommet se concentre sur un effort visant à isoler la République islamique.

M. Netanyahu a déclaré que la conférence ne se concentrera pas sur les efforts de paix israélo-palestiniens, car Pompeo et le vice-président américain Mike Pence – qui participera également au sommet – ne traiteront pas de la proposition de paix tant attendue de l’administration.

Au contraire, a déclaré Netanyahu aux journalistes mardi soir, la conférence mettra clairement l’accent sur les efforts visant à contrecarrer l’agression iranienne.

Dans une vidéo publiée sur Facebook mercredi, Netanyahu a déclaré qu’il avait eu « un excellent entretien » avec le diplomate omanais.

« Il s’agit en fait d’une réunion ouverte avec les représentants des principales nations arabes siégeant avec Israël pour promouvoir leurs intérêts communs dans la lutte contre l’Iran », a-t-il fait savoir.

Ce sommet semble être la première fois qu’un dirigeant israélien et de hauts responsables arabes assisteront à une conférence internationale centrée sur le Moyen Orient depuis la conférence de paix de Madrid en 1991, qui a ouvert la voie aux accords d’Oslo entre Israël et les Palestiniens.

Netanyahu et les responsables arabes se retrouveront sur une scène lors d’une photo de groupe prévue pour les participants à la réunion.

Les Palestiniens se sont montrés très critiques à l’égard de la conférence, les responsables décrivant la réunion comme un effort des États-Unis pour faire avancer leurs positions anti-palestiniennes.

 

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