ISIS : un Etat Islamique et un Califat aux portes d’ISRAËL

Un excellent article de synthèse du professeur Hagay SOBOL (Marseille) sur ISIS ou l’EI, ce nouvel Etat Islamique qui sévit au Proche-Orient…

La restauration du Califat proclamé par l’Etat Islamique, ce groupe sunnite djihadiste ultra-radical, a transformé en peu de temps et de manière profonde la physionomie du Proche et du Moyen-Orient. Les nouvelles alliances qui se sont forgées en réaction à sa politique de conquête imposent désormais une toute autre grille de lecture des conflits de la région. Ces bouleversements ont signé un rapprochement réel entre Israël et l’Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas, alors que les négociations étaient au point mort, et pourraient également favoriser l’émergence d’un Kurdistan indépendant, réparant ainsi une injustice historique.

Une analyse superficielle des événements récents du Proche et du Moyen-Orient inciterait à croire qu’il s’agit d’une entité homogène, le monde Arabe ou encore arabo-musulman. La réalité est toute autre, il n’y a pas d’unité culturelle, ethnique ou religieuse dans cette région. Et même si l’islam est la religion prédominante, profondément divisé, il est soumis à de graves tensions internes. Et comme c’est le cas actuellement, avec les fanatiques des deux principales branches de l’islam, le sunnisme majoritaire et le chiisme, qui se livrent à une compétition effrénée pour le djihad mondial.

La politique de pivotement vers l’Asie-Pacifique, au détriment des alliés traditionnels des USA, et la réticence de Barak Obama à assurer le rôle de gendarme du monde ont eu pour conséquence de laisser le champ libre aux extrémistes. Ces derniers ont profité de l’instabilité née des « Printemps Arabes » pour jouer leur propre carte. Dans ce contexte très instable et face aux atermoiements occidentaux à soutenir les modérés, un groupe islamiste sunnite ultra-radical, émancipé d’Al-Qaeda, a réussi à s’imposer sous l’impulsion de son nouveau leader, Abou Bakr al-Baghdadi. Fort de ses succès, il a restauré le Califat, abolit en 1924 par Mustafa Kemal Atatürk, sur les territoires qu’il a conquis en Syrie et en Irak. Se faisant désormais appeler « Calife Ibrahim » de l’Etat Islamique (EI) nouvellement créé, il enjoint tous les musulmans à le rejoindre et à s’unir pour mener le djihad.

Si les Occidentaux, ont mis du temps à comprendre le danger réel que représentait l’EI, de par sa double nature tentaculaire et étatique, ce n’est pas le cas des pays de la région qui ont perçu très rapidement qu’il s’agissait là d’une menace existentielle. Tout d’abord par sa volonté de rayer de la carte les Etats en question, son efficacité sur le terrain, même face à une armée expérimentée, et enfin, sa capacité à faire converger d’autres groupes islamistes, dans les frontières mêmes de ces nations ou en dehors. Il faut ajouter à cela, en sus des revenus pétroliers dont il dispose grâce aux territoires annexés, la capacité de financement quasi illimité de son bailleur de fonds, le Qatar sunnite, qui soutient également les Frères musulmans. C’est ainsi que sont principalement menacés, outre la Syrie, l’Irak et l’Etat Hébreu, l’Egypte, la Jordanie, l’Autorité Palestinienne, le Liban, l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe. Face à ce danger et au désinvestissement américain, s’est constituée une communauté d’intérêt entre Israël et la majorité des Etats modérés de la région, le premier représentant la seule force capable de s’opposer à cette lame de fond ainsi qu’à l’Iran chiite et ses visées hégémoniques.

La campagne de Gaza, premier coup de frein à la progression du Califat et une étape importante vers un Etat Palestinien

Si l’on veut appréhender correctement ce qui se trame aujourd’hui à Gaza, il faut replacer les choses dans le contexte général et non pas morceler les dossiers comme autant de conflits indépendants. Ainsi, le Hamas, branche gazaouite des Frères musulmans, contrairement aux idées reçues, ne s’inscrit pas à proprement parler dans le cadre de la lutte nationale palestinienne, bien qu’il l’utilise comme paravent. C’est un mouvement islamiste djihadiste qui milite pour imposer la Charia et qui poursuit les mêmes objectifs que l’EI, c’est-à-dire l’Etablissement du Califat. La notion même d’Etat Palestinien est en complète opposition avec ce principe, ce qui explique l’antagonisme fondamental entre le mouvement de la « résistance islamique » et l’Autorité Palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas.

Grâce aux informations transmises par plusieurs services de renseignement occidentaux et arabes, ainsi que celles recueillies lors de l’interrogatoire de membres du Hamas de Gaza ou emprisonnés, suite à l’assassinat de 3 enfants israéliens, facteur déclenchant du conflit, se dessine désormais un plan d’ensemble en deux volets. D’une part, le groupe terroriste avait prévu de renverser Mahmoud Abbas, pourtant engagé dans un gouvernement d’union, en provoquant des attentats à partir des territoires contrôlés par l’Autorité Palestinienne ce qui aurait forcé Israël à réagir. Tous les éléments étant alors réunis pour une troisième intifada. D’autre part, le Hamas avait planifié une action coordonnée grâce à des dizaines de tunnels partant de Gaza et arrivant en territoire israélien qui avait pour but de faire un maximum de victimes et de procéder à des enlèvements. Ces deux actions devant s’intégrer dans une stratégie à plus large échelle avec effet domino en concertation avec les djihadistes du Sinaï pour déstabiliser l’Egypte, avec l’EI pour entraîner la Jordanie et le Liban vers le chaos et étendre ainsi les frontières du Califat. La campagne de Gaza a stoppé net ce projet djihadiste, enlevant un élément de surprise essentiel dans cette stratégie d’encerclement sur plusieurs fronts.

(vu sur http://www.huffingtonpost.fr/hagay-sobol/ce-qui-a-change-avec-la-restauration-d-un-califat_b_5696347.html)

 

Médecin et professeur des universités, conseiller PS dans le 11e et 12e arrondissements de Marseille

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La restauration du Califat proclamé par l’Etat Islamique, ce groupe sunnite djihadiste ultra-radical, a transformé en peu de temps et de manière profonde la physionomie du Proche et du Moyen-Orient. Les nouvelles alliances qui se sont forgées en réaction à sa politique de conquête imposent désormais une toute autre grille de lecture des conflits de la région. Ces bouleversements ont signé un rapprochement réel entre Israël et l’Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas, alors que les négociations étaient au point mort, et pourraient également favoriser l’émergence d’un Kurdistan indépendant, réparant ainsi une injustice historique.

Une analyse superficielle des événements récents du Proche et du Moyen-Orient inciterait à croire qu’il s’agit d’une entité homogène, le monde Arabe ou encore arabo-musulman. La réalité est toute autre, il n’y a pas d’unité culturelle, ethnique ou religieuse dans cette région. Et même si l’islam est la religion prédominante, profondément divisé, il est soumis à de graves tensions internes. Depuis la plus haute antiquité, c’est un lieu de passage entre l’Asie et l’Afrique où les empires se sont succédés et qui a vu naître les trois religions du Livre. Si bien qu’au XXIe siècle, cette histoire est encore à l’œuvre faisant que des peuples nombreux vivent imbriqués les uns dans les autres générant une très grande diversité de population. C’est ainsi que l’on peut être Arabe et Chrétien ou Musulman et d’origine perse, turque voire tchétchène, que l’on peut être druze, juif ou kurde et habiter cette région depuis des millénaires. Ce foisonnement peut être une chance, en termes de richesse culturelle et d’échanges. Ou une calamité lorsque l’intolérance règne, imposée par les extrémistes de tous bords. Et comme c’est le cas actuellement, avec les fanatiques des deux principales branches de l’islam, le sunnisme majoritaire et le chiisme, qui se livrent à une compétition effrénée pour le djihad mondial.

Imposer l’unité par la force, ou le retour du Califat par l’Etat Islamique

La politique de pivotement vers l’Asie-Pacifique, au détriment des alliés traditionnels des USA, et la réticence de Barak Obama à assurer le rôle de gendarme du monde ont eu pour conséquence de laisser le champ libre aux extrémistes. Ces derniers ont profité de l’instabilité née des « Printemps Arabes » pour jouer leur propre carte. Il n’est qu’à penser aux Frères musulmans égyptiens ou aux djihadistes en Syrie et en Irak. L’empressement du Président américain à conclure un accord sur le nucléaire iranien que rien ne garantit, participe de la même attitude. De son côté, l’Europe n’ayant pas de politique étrangère commune et incertaine sur la gestion de la crise ukrainienne n’a pas été en mesure de peser collectivement et de jouer un rôle stratégique.

Dans ce contexte très instable et face aux atermoiements occidentaux à soutenir les modérés, un groupe islamiste sunnite ultra-radical, émancipé d’Al-Qaeda, a réussi à s’imposer sous l’impulsion de son nouveau leader, Abou Bakr al-Baghdadi. Fort de ses succès, il a restauré le Califat, abolit en 1924 par Mustafa Kemal Atatürk, sur les territoires qu’il a conquis en Syrie et en Irak. Se faisant désormais appeler « Calife Ibrahim » de l’Etat Islamique (EI) nouvellement créé, il enjoint tous les musulmans à le rejoindre et à s’unir pour mener le djihad.

Il n’est pas peu dire qu’il s’agit d’une vision fantasmée d’unité et de l’organisation qui a prévalu après la mort de Mahomet. En vérité, cette dénomination recouvre une réalité complexe et a correspondu à un ensemble territorial à géométrie variable. Plusieurs Califats se sont succédés, voire ont coexisté, Arabe ou non Arabe, Sunnites ou Chiite, et les différents prétendants se sont livrés à des luttes sanglantes. Mais, en décrétant le Califat, Abou Bakr al-Baghdadi se confère une double légitimité politique et religieuse. Il justifie l’abolition des Etats-nations « créés artificiellement par les puissances coloniales » sur les décombres de l’Empire Ottoman, dernier Califat en date, et soumet tous les croyants à son autorité en vue d’imposer l’Islam au reste du monde. Dans cet univers, il n’y a pas de place pour les minorités et les musulmans ne partageant pas sa conception de la religion du Prophète.

Si les Occidentaux, ont mis du temps à comprendre le danger réel que représentait l’EI, de par sa double nature tentaculaire et étatique, ce n’est pas le cas des pays de la région qui ont perçu très rapidement qu’il s’agissait là d’une menace existentielle. Tout d’abord par sa volonté de rayer de la carte les Etats en question, son efficacité sur le terrain, même face à une armée expérimentée, et enfin, sa capacité à faire converger d’autres groupes islamistes, dans les frontières mêmes de ces nations ou en dehors. Il faut ajouter à cela, en sus des revenus pétroliers dont il dispose grâce aux territoires annexés, la capacité de financement quasi illimité de son bailleur de fonds, le Qatar sunnite, qui soutient également les Frères musulmans. C’est ainsi que sont principalement menacés, outre la Syrie, l’Irak et l’Etat Hébreu, l’Egypte, la Jordanie, l’Autorité Palestinienne, le Liban, l’Arabie Saoudite et les pays du Golfe. Face à ce danger et au désinvestissement américain, s’est constituée une communauté d’intérêt entre Israël et la majorité des Etats modérés de la région, le premier représentant la seule force capable de s’opposer à cette lame de fond ainsi qu’à l’Iran chiite et ses visées hégémoniques.

La campagne de Gaza, premier coup de frein à la progression du Califat et une étape importante vers un Etat Palestinien

Si l’on veut appréhender correctement ce qui se trame aujourd’hui à Gaza, il faut replacer les choses dans le contexte général et non pas morceler les dossiers comme autant de conflits indépendants. Ainsi, le Hamas, branche gazaouite des Frères musulmans, contrairement aux idées reçues, ne s’inscrit pas à proprement parler dans le cadre de la lutte nationale palestinienne, bien qu’il l’utilise comme paravent. C’est un mouvement islamiste djihadiste qui milite pour imposer la Charia et qui poursuit les mêmes objectifs que l’EI, c’est-à-dire l’Etablissement du Califat. La notion même d’Etat Palestinien est en complète opposition avec ce principe, ce qui explique l’antagonisme fondamental entre le mouvement de la « résistance islamique » et l’Autorité Palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas.

Pour comprendre la stratégie du Hamas, et la complexité de la situation, il faut revenir à un élément clé et paradoxal. Bien que sunnite, le mouvement de la « résistance islamique » a été armé et financé par l’Iran Chiite durant des années et sa direction extérieur se trouvait à Damas, alliée de Téhéran. Cependant, lors de la crise syrienne, son chef Khaled Mechaal a pris fait et cause pour les rebelles djihadistes, le mettant ainsi en délicatesse avec les Mollahs perses. Il a dû plier rapidement bagages et réside désormais dans un hôtel cinq étoiles à Doha, d’où il transmet à Gaza les ordres qu’il reçoit des dirigeants Qataris. Il est fort probable que ce soit eux qui lui aient intimé l’ordre de reprendre les tirs de roquette sur l’Etat Hébreu sept heures avant la fin du cessez-le-feu sous médiation égyptienne, alors qu’un accord allait être trouvé entre la délégation mixte palestinienne Hamas-AP et Israël.

Grâce aux informations transmises par plusieurs services de renseignement occidentaux et arabes, ainsi que celles recueillies lors de l’interrogatoire de membres du Hamas de Gaza ou emprisonnés, suite à l’assassinat de 3 enfants israéliens, facteur déclenchant du conflit, se dessine désormais un plan d’ensemble en deux volets. D’une part, le groupe terroriste avait prévu de renverser Mahmoud Abbas, pourtant engagé dans un gouvernement d’union, en provoquant des attentats à partir des territoires contrôlés par l’Autorité Palestinienne ce qui aurait forcé Israël à réagir. Tous les éléments étant alors réunis pour une troisième intifada. D’autre part, le Hamas avait planifié une action coordonnée grâce à des dizaines de tunnels partant de Gaza et arrivant en territoire israélien qui avait pour but de faire un maximum de victimes et de procéder à des enlèvements. Ces deux actions devant s’intégrer dans une stratégie à plus large échelle avec effet domino en concertation avec les djihadistes du Sinaï pour déstabiliser l’Egypte, avec l’EI pour entraîner la Jordanie et le Liban vers le chaos et étendre ainsi les frontières du Califat. La campagne de Gaza a stoppé net ce projet djihadiste, enlevant un élément de surprise essentiel dans cette stratégie d’encerclement sur plusieurs fronts.

Il est désormais clairement établi que le Hamas n’est pas un interlocuteur fiable, ayant rompu de manière unilatérale les différents cessez-le-feu qu’il avait pourtant demandé. Il est aujourd’hui militairement très affaibli et totalement disqualifié. Ce que corroborent le manque d’empressement qu’a eu la Ligue Arabe à s’investir sur ce dossier et les critiques bien molles, pour ne pas dire inexistantes de la part des pays membres à l’encontre d’Israël. Mahmoud Abbas sait désormais ce que valent les promesses de réconciliation des chefs islamistes. Ce n’est qu’à Israël qu’il doit sa survie. Aussi peut-on dire que ce conflit, malgré les apparences, a beaucoup fait pour rapprocher l’AP, seule représentante légitime des Palestiniens, de l’Etat Hébreu, alors que les négociations sous l’égide de John Kerry étaient au point mort.

Le Hamas est donc le principal obstacle à la paix. Tirant actuellement ses dernières cartouches, il espère une fois de plus être sauvé en instrumentalisant les victimes d’un conflit qu’il a lui-même provoqué. Le seul objectif de la milice djihadiste au pouvoir à Gaza est d’obtenir un peu de répit pour se réarmer et repasser à l’offensive comme elle le fait depuis plusieurs années. Le gouvernement israélien a deux options, soit ordonner à Tsahal une vaste offensive terrestre pour se débarrasser une fois pour toute des supplétifs de l’EI à Gaza, soit lancer une guerre d’usure contre les islamistes. La popularité du Hamas étant en chute libre surtout depuis la dernière rupture de trêve, sans capacité de payer ses « fonctionnaires » et de reconstituer sa capacité offensive, il pourrait être rapidement incité à donner à Mahmoud Abbas les clés de l’étroite bande côtière et à procéder à sa démilitarisation, pour peu que les instances internationales aillent dans ce sens. Plus rien ne s’opposerait alors au processus politique qui devrait aboutir à l’existence de deux Etats, Israël et la Palestine, vivant en paix dans des frontières sûres et reconnues. Dans le cas contraire, les exigences sécuritaires d’Israël n’étant pas satisfaites, et vu l’instabilité régionale, il y a peu de chance que le dossier évolue malgré toutes les pressions qui pourraient être exercées.

Les Kurdes à la croisée des chemins, de l’autonomie à l’établissement d’un Etat indépendant?

L’autre grand changement pourrait concerner le dossier kurde. Peuple non arabe de près de 30 millions d’âmes, il est multiconfessionnel. Principalement sunnite, il comprend également des minorités tels les Yazidis -martyrisés par les miliciens de l’EI lors de leur dernière avancée-, des Zoroastriens, des Chrétiens, ou des Chiites. Il y avait aussi une forte communauté juive qui a émigré en Israël. Lors du partage de la dépouille de l’Empire Ottoman, les vainqueurs de la guerre de 14-18 ont refusé aux Kurdes la création d’un Etat comme ils s’y étaient pourtant engagés. Ils vivent aujourd’hui écartelés entre plusieurs pays, principalement la Turquie, l’Iran, l’Irak et la Syrie. Désirant ardemment obtenir leur indépendance, ils ont été constamment muselés, voire violemment réprimés dans la plus grande indifférence de la Communauté internationale.

Avec l’affaiblissement du pouvoir central irakien, la Province du Kurdistan a pris une très large autonomie redonnant une actualité aux aspirations nationales. Cependant, avec la dislocation du pays et les coups de boutoir de l’EI, elle a payé récemment un très lourd tribut. Pour lui venir en aide, on a assisté alors à un fait rare, la coalition des forces kurdes syriennes, turques et irakiennes, habituellement rivales. Qui plus est, devant la menace d’anéantissement, les USA ont été obligés d’intervenir en bombardant les miliciens djihadistes et de leur côté les européens commencent à livrer des armes aux combattants kurdes. Cette nouvelle dynamique a permis, aux Peshmergas de porter un coup très dur aux hommes du Califat qui ont perdu le contrôle d’un point stratégique, le barrage de Mossoul qui alimente en eau et fournit en électricité une très large partie du pays.

Désormais, les Kurdes doivent être vus comme des partenaires indispensables à tous ceux qui veulent contrer les menées expansionnistes du Califat. L’expérience militaire acquise lors des combats, les larges ressources en eau et en hydrocarbure de la région autonome du Kurdistan irakien, leur donnent de sérieux atouts pour plaider leur cause et les mener sur les chemins de l’indépendance. Cependant, ils trouveront sur leur route des opposants farouches telles que la Turquie, l’Iran et son allié syrien qui n’ont aucune envie de perdre une partie de ce qu’ils considèrent comme leur territoire, ni de voir ce phénomène s’étendre à d’autres populations.

Et la France dans tout cela?

Après un long silence, les ténors de l’UMP se réveillent enfin et dans leur tribune du Monde, François Fillon, Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin jugent très sévèrement à la fois l’Europe et le gouvernement français pour leur inaction, alors que la menace djihadiste va bientôt toucher nos contrées. Ils énumèrent ainsi les différents foyers de déstabilisation sans jamais opérer de lien entre eux et proposent des solutions qui pour la plupart ne correspondent pas à la réalité du terrain. On sent bien qu’il s’agit là d’un discours à visée de politique intérieure préparant les prochaines échéances électorales. Pourtant, le Président François Hollande, le Premier ministre Manuel Valls et son gouvernement agissent concrètement face au djihadisme et en particulier dans le cadre de l’intervention militaire française en Afrique. Cette action saluée à l’étranger a redonné du crédit et un rôle international que notre pays n’avait pas connu depuis longtemps.

Etant donné la gravité de la situation et les enjeux, il conviendrait, si l’on est un sincère défenseur de la paix et de la liberté des peuples, de ne pas instrumentaliser une crise extérieure pour mobiliser ses troupes. Les électeurs ne sont pas dupes et ils méritent mieux. Nous devons au contraire faire preuve de solidarité, soutenir le gouvernement quel que soit notre couleur politique et souhaiter collectivement à nos forces armées un plein succès dans leur mission, car tous les jours des soldats français risquent leur vie pour protéger la nôtre.

 

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