« Enfin un Pape Noir »…titre le géant de la presse sudaméricaine (newsmagazine Veja.Abril)

« Francisco! Enfim, um papa “negro »! 

 Une d'un quotidien colombien, le 13 mars.

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En Amérique latine, « enfin un pape noir ! »

L’enthousiasme de voir un « petit » prendre le trône de Saint-Pierre est évidemment partagé par la presse d’Amérique latine. « Pour la première fois depuis mille ans, le nouveau chef de l’Eglise n’est pas Européen », titre ainsi le journal brésilien O Globo, dans le pays qui compte le plus de catholiques au monde. Selon le journaliste Luiz Paulo Horta, le pontificat de François devrait ainsi être plus « ouvert sur le monde » dans les prochaines années.

« Enfin un pape noir », titre avec provocation le magazine brésilien Vega, faisant allusion non à sa couleur de peau, mais bien à son jésuitisme. Le supérieur général de la Compagnie de Jésus est, en effet, souvent surnommé le « pape noir ». Le magazine se félicite ainsi du « choix d’un pontife jésuite pour indiquer que l’Eglise entend être moins attachée aux fastes et aux honneurs et plus orientée à travailler avec les gens ».

Le journal mexicain Excelsior publie pour sa part un numéro spécial intitulé « François, le premier pape latino-américain » pour marquer l’occasion.

 

 

Le pape François, un saint au passé polémique pour la presse internationale

Le Monde.fr| • Mis à jour lePar Charlotte Chaba

 
 Une d'un quotidien colombien, le 13 mars.
 Une d’un quotidien colombien, le 13 mars. | AFP/RAUL ARBOLEDA

 

C’est par une anecdote que le journal argentin La Nacion a choisi de saluer l’élection de l’Argentin Jorge Mario Bergoglio, devenu mercredi 13 mars le pape François. C’était le 21 février 2001, et le religieux était ce jour-là à Rome, où il devait être consacré cardinal par Jean Paul II en personne. Au matin, son porte-parole, Guillermo Marco, passe le chercher. « Comment nous rendons-nous au Saint-Siège », lui demanda-t-il. « Comment ça, comment ? En marchant évidemment ! », avait alors rétorqué Jorge Mario Bergoglio. Et devant l’inquiétude de son porte-parole, de renchérir : « Ne vous inquiétez pas, à Rome, vous pouvez vous promener avec une banane sur la tête, personne ne vous dira rien. »

L’homme « au profil bas », c’est ainsi que le surnomment affectueusement les journalistes du quotidien, visiblement aussi surpris que le reste du monde de le voir accéder à un tel rang. Connu autant pour son humilité que pour ses relations tendues avec la présidente argentine, Cristina Kirchner, Jorge Mario Bergoglio fait partie de ceux qui « ne sont pas particulièrement intéressés à l’idée de s’asseoir avec les puissants », affirme le journal. Il aura en tout cas permis à l’Argentine de connaître « un jour historique », écrit pour sa part le quotidien Clarin.

  • En Amérique latine, « enfin un pape noir ! »

L’enthousiasme de voir un « petit » prendre le trône de Saint-Pierre est évidemment partagé par la presse d’Amérique latine. « Pour la première fois depuis mille ans, le nouveau chef de l’Eglise n’est pas Européen », titre ainsi le journal brésilien O Globo, dans le pays qui compte le plus de catholiques au monde. Selon le journaliste Luiz Paulo Horta, le pontificat de François devrait ainsi être plus « ouvert sur le monde » dans les prochaines années. « Enfin un pape noir », titre avec provocation le magazine brésilien Vega, faisant allusion non à sa couleur de peau, mais bien à son jésuitisme. Le supérieur général de la Compagnie de Jésus est, en effet, souvent surnommé le « pape noir ». Le magazine se félicite ainsi du « choix d’un pontife jésuite pour indiquer que l’Eglise entend être moins attachée aux fastes et aux honneurs et plus orientée à travailler avec les gens ».

Le journal mexicain Excelsior publie pour sa part un numéro spécial intitulé « François, le premier pape latino-américain » pour marquer l’occasion. Le quotidien Reforma s’enthousiasme de son côté pour « un pape qui rompt avec les paradigmes », ne manquant pas au passage de souligner son amour du football, nouvel argument qui, s’il en avait besoin, pourrait l’aider à assurer sa popularité sur le continent.

Seul le site ADNpolitico et celui de Proceso profitent de l’élection de Jorge Mario Bergoglio pour souligner ses « liens très flous avec la dictature argentine », pendant les années 1970. « Bien qu’il n’existe pas de document prouvant ses liens avec la dictature militaire, certains éléments montrent cependant que Bergoglio a soutenu le régime dictatorial, même contre certains prêtres qui étaient sous son autorité à l’époque« , peut-on lire. Citant le sociologue Mallimacci Fortunato, de l’université de Buenos Aires, Proceso affirme ainsi que « plusieurs témoins ont déclaré que Bergoglio n’a non seulement pas lutté contre la dictature, mais qu’il aurait même contribué à l’enlèvement, la torture ou la disparition de nombreux prêtres et laïcs ».

  • Aux Etats-Unis, un choix « à la fois historique et traditionnel »

« Le pape des grandes premières », titre CNN sur son site Internet, qui commente notamment le choix du nom de François, « un signal que ce ne sera pas comme d’habitude ». Le New York Times est pour sa part plus nuancé en analysant les raisons qui ont conduit à l’élection de Jorge Mario Bergoglio. C’est « un choix à la foix historique et traditionnel », affirme ainsi le quotidien américain. Car le Vatican n’a pas choisi la révolution en votant pour ce conservateur « d’origine italienne, qui soutient vigoureusement les positions du Vatican sur l’avortement, le mariage homosexuel, l’ordination des femmes et d’autres questions importantes ». Au passage, le New York Times souligne également que le cardinal de Buenos Aires « était moins déterminé quand il s’agissait de prendre position par rapport à la dictature militaire en Argentine dans les années 1970″, faisant référence aux accusations sur son passé.

Le quotidien se félicite toutefois de l’humilité de l’homme, rappelant notamment le moment où, en 2001, Jorge Mario Bergoglio avait surpris le personnel de l’hôpital Muñiz à Buenos Aires en lavant les pieds de douze patients atteints du sida et en les embrassant, expliquant aux journalistes présents que « la société oublie les malades et les pauvres. » Le Los Angeles Times rappelle de son côté combien cette élection est importante pour les Etats-Unis également, dont la part de population d’origine latino-américaine n’a cessé d’augmenter ces dernières années.

  • En Italie, un pape pour « dire stop aux intrigues et aux chantages »

La surprise, c’est le sentiment qui semble avoir gagné les rédactions des grands journaux italiens. N’allant pas jusqu’à faire la même gaffe que la Conférence épiscopale italienne, le nom de Jorge Mario Bergoglio n’était que peu apparu ces derniers jours dans la presse de la péninsule. Dans un éditorial vidéo, Ferruccio de Bortoli pour Le Corriere della Sera se félicite de ce « signal extraordinaire et révolutionnaire envoyé par l’Eglise ». « Le pape François va donner une nouvelle orientation à cette Eglise qui sait encore surprendre, affirme-t-il. Un retour vers le spirituel, l’humilité. »

La simplicité du pape François est en effet largement commentée par la presse transalpine. « Timide, réservé, homme de peu de paroles, très attentif aux pauvres », Jorge Mario Bergoglio vivait ainsi jusqu’à présent dans un appartement modeste et se déplaçait en transports en commun, précise le quotidien. La Stampa titre d’ailleurs son portrait du nouveau souverain pontife « Le pape jésuite qui prend le métro ». « Ceux qui le connaissent le considèrent comme un véritable homme de Dieu : la première chose qu’il vous demande, c’est toujours de prier pour lui », peut-on lire dans cet article. « Il œuvrera pour une Eglise plus sobre », analysent pour leur part les éditorialistes du quotidien.

La Repubblica n’hésite pas, pour sa part, à parler de « révolution à Saint-Pierre », « comme pour dire stop aux intrigues et aux chantages qui ont contribué à affaiblir Benoît XVI ». Ce choix « représente un renversement de la puissance culturelle et géographique du Vatican si évident et symbolique qu’il en devient un geste politique qui secoue Rome. Un geste d’ouverture et d’espoir, qui conclut une époque. » En guise de preuve, le quotidien avance ce nom, pape François, « qu’aucun pape n’avait jamais osé prendre ». « Un nom qui est un projet et un lien vers la papauté, un retour aux origines, à l’Evangile, à la mission de l’Eglise désincarnée de son faste, peut-on lire. L’indication d’un pape qui sait se promener parmi les loups. »

  • En France, un pape normal ?

Du côté français des Alpes, la presse exprime également son étonnement et ses interrogations. « Que va faire cet homme mal connu du grand public ? », se demande Etienne de Montety dans Le Figaro. « Ce vieil homme saura-t-il emmener son Eglise et ses fidèles vers une plus grande ouverture aux femmes, aux sexualités différentes ou, comme ses prédécesseurs, restera-t-il un rigide gardien du dogme ? », s’interroge pour sa part François Sergent dans Libération.

La une de "Libération", jeudi 14 mars.
La une de « Libération », jeudi 14 mars. | Libération

 

Car « la succession est lourde », écrit Dominique Quinio dans La Croix, « d’autant plus que le pape émérite, à qui François a fait immédiatement référence, sera présent dans l’enceinte du Vatican ». Mais le nouvel élu a des atouts indéniables pour mener à bien cette tâche. « Aux premières heures de sa nomination, Jorge Mario Bergoglio apparaît ainsi comme un Saint-Père neutre, charitable, généreux, indulgent », constate Jean-Michel Servant dans Le Midi Libre et, selon lui, il semble « le pape idéal pour changer l’image rigoriste de la chrétienté ». « Sa simplicité (…) son message appuyé de fraternité. Certains y voient déjà la manifestation d’une volonté d’inscrire l’Eglise et son gouvernement dans l’humilité, en refusant l’apparat et les coteries de la Curie », écrit dans les colonnes de La Montagne Jacques Camus. « Il sera le pape des pauvres et aussi le pape qui représentera les pays du tiers-monde », prédit dans le même temps Philippe Reinhardt pour L’Eclair des Pyrénées.

L’éditorialiste de La Dépêche du Midi, Jean-Claude Souléry, a pour sa part osé la comparaison avec un François bien connu de l’Hexagone : « Sera-t-il tout simplement un pape normal ? »

  • En Espagne, « une occasion d’espérer »

« Un pape qui sourit, qui souhaite une bonne après-midi, qui fait une blague quelques minutes après avoir reçu sur ses épaules tout le poids d’une Eglise blessée, demandant la bénédiction avant de le donner », et surtout « un pape qui fait la cuisine » : les premiers pas de Jorge Mario Bergoglio ont été observés de près par le journal espagnol El Pais, qui se réjouit de voir un pape « qui change, au moins », et c’est « une occasion d’espérer. » « Seul le temps dira si l’Argentin était le pape que le monde attendait, mais mercredi soir, devant une foule qui priait pour lui, il a au moins réussi à gagner des soutiens », affirme le quotidien.

  • Au Royaume-Uni, un pape argentin d’accord, mais attention aux Malouines

La presse britannique est de son côté un brin revancharde, n’hésitant pas à ressortir les déclarations passées du nouveau pape au sujet de la position de l’Argentine sur les îles Malouines. Selon The Sun, l’ancien archevêque de Buenos Aires a affirmé devant des journalistes en 2011 que « les Malouines appartiennent à l’Argentine ». « Nous espérons que ses sermons passés approuvant la position argentine ne seront pas répétés », écrit ainsi le tabloïd dans son éditorial. « Le pape François pourrait soutenir la Grande-Bretagne en ramenant à la raison les responsables argentins », ajoute le quotidien, qui affirme cependant que celui-ci sera « toujours le bienvenu en Grande-Bretagne ». Deuxième signe un peu rancunier de la part du quotidien, la une fait clairement référence à « la main de Dieu » de Maradona qui, pendant la Coupe du Monde de 1986, avait contribué à la défaite de l’Angleterre.

Les autres titres britanniques sont néanmoins nettement moins provocateurs. Pour le Times, « le pape François bénéficie d’une occasion exceptionnelle de rétablir l’autorité morale de l’Eglise », tandis que le Guardian accueille le pontife par les mots « Buona sera pape François ». Sa nomination constitue « une avancée extraordinaire, loin de la nature conservatrice et prudente des deux derniers pontificat », peut-on lire sur le site Internet du quotidien, qui salue « un changement décisif dans le centre de gravité de l’Eglise, hors de l’Europe et vers le continent où la plupart des catholiques vivent, et où les défis de l’église sont assez différents de ceux de l’Europe. »

« Espérons que le pape François – un homme d’une humilité évidente, de compassion et d’érudition – sera capable de revigorer l’esprit chrétien, non seulement dans les verts pâturages du Nouveau Monde, mais aussi en Europe », prêche pour sa part le Daily Telegraph. Un vœu pieux.

 

 

 

 

 

 

 

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