Juifs & Catholiques en 1942 : une raison d’espérer ?

Des scouts juifs et catholiques lisent la lettre anti-nazie de 1942 de Mgr Saliège

Il y a 80 ans, le 23 août 1942, alors que les rafles et les déportations de Juifs se multipliaient dans la France de Vichy et en zone occupée par les nazis, Monseigneur Jules Saliège (1870-1956), archevêque de Toulouse reconnu Juste parmi les nations en 1969, publiait une lettre dans laquelle il exprimait son indignation contre le traitement infligé aux Juifs. Le préfet de la Haute-Garonne venait alors d’ordonner la déportation de Juifs des camps de Noé et de Récébédou vers les camps de la mort.

« Les Juifs sont des hommes, les Juives sont des femmes. Tout n’est pas permis contre eux, contre ces hommes, contre ces femmes, contre ces pères et mères de famille. Ils font partie du genre humain. Ils sont nos Frères comme tant d’autres. Un chrétien ne peut l’oublier », écrivait-il notamment.

« France, patrie bien aimée France qui porte dans la conscience de tous tes enfants la tradition du respect de la personne humaine. France chevaleresque et généreuse, je n’en doute pas, tu n’es pas responsable de ces horreurs. »

Cette lettre, alors relayée par les curés des paroisses du diocèse de Toulouse et dont le gouvernement français a essayé de bloquer la diffusion, a été largement reprise et diffusée par le Vatican et sur les ondes de la BBC.

À l’occasion des 80 ans de la lettre, des scouts catholiques et juifs de Toulouse, âgés de 10 à 17 ans, et Mgr de Kerimel, archevêque de Toulouse, ont diffusé une vidéo relayant la parole de ce Juste parmi les nations. Portrait de Jules-Géraud Saliège. (Crédit : SGA/DMPA)

Le grand rabbin de France et Mgr de Moulins Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, avaient appelé en août à lire la lettre de Mgr Saliège dans toutes les synagogues et les paroisses de France.

Jules Saliège a dénoncé l’Allemagne nazie et son antisémitisme dès 1933, année de l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler. À partir de mars 1941, il a agi pour aider matériellement les détenus (majoritairement étrangers) des camps de Noé et du Récébédou. Sans avoir jamais rejoint la Résistance proprement dite, il a été reconnu compagnon de la Libération par le général de Gaulle.

Avec Mgr Bruno de Solages, il a contribué à protéger de nombreux Juifs et proscrits, dont plusieurs sont cités par le site AJPN.org, les plaçant dans des lieux sûrs aux alentours de Toulouse.

Arrêté par la Gestapo le 9 juin 1944, il ne doit son salut qu’à son état de santé et à son âge, ainsi qu’à la protestation vigoureuse de la religieuse qui se trouvait auprès de lui.

Décédé à Toulouse le 4 novembre 1956, il a été inhumé dans la cathédrale Saint-Étienne de la ville. Plusieurs lieux de la région toulousaine portent aujourd’hui son nom.