Elections israéliennes sur fond de tensions avec le nucléaire iranien

Le Premier ministre Yair Lapid et le leader de l’opposition Benjamin Netanyahu se sont vivement entretenus lundi après que le Premier ministre a briefé son prédécesseur sur l’accord nucléaire émergent entre l’Iran et les puissances mondiales.

Selon le bureau du Premier ministre, la réunion a porté sur l’accord avec l’Iran et « les activités diplomatiques et de défense qu’Israël mène pour influencer la question », entre autres questions de sécurité nationale.

« En matière de sécurité nationale, il n’y a pas d’opposition ou de coalition en Israël. Israël est fort et agira dans l’unité pour protéger ses intérêts en matière de sécurité contre ceux qui tentent de nous nuire », a déclaré Lapid dans des commentaires fournis par le bureau du Premier ministre.

Le secrétaire militaire de Lapid, Avi Gil, a également participé à la réunion.

Netanyahu s’est adressé à la presse après le briefing, disant qu’il était « plus inquiet après la réunion qu’avant ».

Il a accusé Lapid et le ministre de la Défense Benny Gantz de s’être « reposés sur leurs lauriers » au cours de l’année écoulée et a déclaré qu’ils devraient faire pression sur le Congrès américain et s’exprimer dans les médias américains. Le chef de l’opposition Benjamin Netanyahu s’adressant aux journalistes devant le bureau du Premier ministre, à Jérusalem, le 29 août 2022. (Crédit : Olivier Fitoussi/Flash90)

« J’ai un message clair pour les ayatollahs de Téhéran : le 1er novembre, nous apporterons à Israël un leadership fort et décisif qui garantira qu’avec ou sans accord, ils n’auront jamais d’armes nucléaires », a déclaré Netanyahu, faisant référence aux prochaines élections législatives en Israël.

Il a néanmoins promis de soutenir toute action « résolue » contre l’Iran entreprise par le gouvernement intérimaire actuel.

Le parti Yesh Atid de Lapid a accusé Netanyahu d’avoir causé « d’énormes dégâts » en tant que Premier ministre.

« Outre les énormes dégâts qu’il a causés pendant son mandat, le chef de l’opposition continue de saboter et de mettre en danger la sécurité des citoyens israéliens. Tandis que Netanyahu continue à produire et à réaliser des vidéos qui manquent de tonus, le gouvernement israélien dirigé par Lapid fera tout pour protéger les intérêts de la sécurité nationale », a déclaré le parti sur Twitter.

Dans une déclaration ultérieure, Lapid a déclaré qu’il ne voulait pas se battre avec Netanyahu sur la position d’Israël sur le renouvellement de l’accord sur le nucléaire iranien, avertissant que de telles querelles nuiraient à la sécurité d’Israël.

« Il est très important qu’Israël adopte une position unie contre l’effort iranien pour obtenir l’arme nucléaire. J’appelle tout le monde, y compris le chef de l’opposition, à ne laisser aucunes considérations politiques nuire à notre sécurité nationale », a déclaré Lapid. Le Premier ministre Yair Lapid lors d’une conférence de presse au bureau du Premier ministre à Jérusalem, le 28 août 2022. (Crédit : Amos Ben Gershom/GPO)

« Nous ne devons pas en arriver à la situation de 2015. Encore aujourd’hui, nous payons toujours les dégâts causés par le discours de Netanyahu au Congrès, à la suite duquel l’administration américaine avait mis fin à son dialogue avec nous et n’avait pas permis à Israël d’apporter des amendements à l’accord », a déclaré Lapid lors d’une conférence de presse, dimanche.

Gantz est également intervenu dans une publication sur Twitter, affirmant que la sécurité nationale d’Israël « doit prévaloir sur le débat politique de la période électorale ».

« La tentative de l’Iran de se doter d’une bombe nucléaire ne fait pas de distinction entre un gouvernement ou un autre. Face à la menace iranienne, nous devons rester unis et concentrés sur l’objectif », a-t-il déclaré.

Les bureaux de Lapid et de Netanyahu auraient également été en désaccord sur l’opportunité de diffuser une photo de la réunion.

Selon les informations les médias israéliens, le bureau de Lapid voulait publier une photo des deux hommes, en faisant valoir qu’elle projetterait l’unité israélienne dans le monde, tandis que le bureau de Netanyahu a déclaré que le Premier ministre cherchait à utiliser l’image à des fins politiques.

Le bureau de Lapid a tout de même publié une photo de la rencontre. Le bureau de Netanyahu n’a pas encore, pour sa part, publié de photo de cette réunion. Le leader de l’opposition Benjamin Netanyahu, à gauche, participant à une réunion d’information sur le conflit Israël-Gaza avec le Premier ministre Yair Lapid, le 7 août 2022. (Crédit : Haim Zach/GPO)

Lapid et Netanyahu ont publié des photos légèrement contradictoires d’une autre récente réunion sur la sécurité, la première de ce type à laquelle le chef de l’opposition avait assisté depuis qu’il avait perdu le poste de Premier ministre, il y a plus d’un an.

Le bureau de Netanyahu a publié une photo les montrant souriants, tandis que celui de Lapid en a publié une les montrant beaucoup plus sérieux.

Alors que la loi stipule que le chef de l’opposition doit recevoir des informations sur la sécurité directement de la part du Premier ministre – une procédure standard, qui est pourtant inscrite dans la loi – Netanyahu avait refusé de se conformer au protocole de tenue des réunions au cours de l’année écoulée, car il s’insurgeait régulièrement contre la légitimité de l’actuel gouvernement de coalition sortant dirigé par Naftali Bennett puis par Yair Lapid.

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La nouvelle dirigeante du parti du Meretz, Zehava Galon, a expliqué dimanche que sa formation était ouverte à une alliance avec la faction à majorité arabe de la Liste arabe unie dans le cadre d’une coalition, après les élections du 1er novembre.

« Je ne rejette pas la Liste arabe unie. Je pense que le travail de délégitimation des partis arabes que nous faisons est inexcusable », a déclaré Galon dès le début de la toute première réunion de faction du parti de gauche depuis qu’elle en a repris la barre après sa victoire aux primaires, la semaine dernière.

« Les responsables arabes élus sont des partenaires légitimes en ce qui concerne la recommandation » de la personnalité qui sera chargée de former un gouvernement à l’issue du scrutin « et pour gouverner, bien sûr », a-t-elle ajouté. Après chaque vote, tous les partis recommandent au président la personnalité qui, selon eux, est la plus à même de former un gouvernement et qui sera aussi désignée Premier ministre.

La Liste arabe unie n’a jamais intégré une coalition israélienne et a critiqué avec sévérité l’une de ses anciennes factions, Raam, qui avait décidé de rejoindre, l’année dernière, le même gouvernement qui est aujourd’hui sur le départ. À droite, des campagnes ont fustigé la possibilité de la mise en place d’un gouvernement centriste qui s’appuierait sur la Liste arabe unie. La plus grande partie des formations politiques, notamment à gauche, sont circonspectes à l’idée de travailler avec l’alliance des factions arabes.

Galon – qui a fait une pause dans sa carrière politique en 2018 et qui a donc fait son retour quatre ans plus tard – a ajouté que son parti aspirait à intégrer un bloc « démocratique, israélien » qui serait placé sous la direction du Premier ministre actuel, Yair Lapid.

Le Meretz a pris sous sa coupe des causes de gauche et de justice sociale, et il présente quatre candidats arabes sur les dix premières places de sa liste électorale à la Knesset – même si un seul pourrait, à ce jour, prétendre de manière réaliste occuper un siège au parlement. Avec ce positionnement, Galon s’abstient de qualifier le Meretz de « sioniste » – un point de friction majeur qui l’a opposée au député Yair Golan, qui s’était lui aussi présenté aux primaires, dans le cadre de leurs campagnes respectives. Le député Ayman Odeh, à gauche, et le législateur Ahmad Tibi lors d’une réunion de faction à la Knesset, le 7 mars 2022. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Lapid est l’un des deux ministres de la coalition actuelle à être prêt à se battre pour prendre la tête d’un deuxième « gouvernement du changement ». Le leader centriste, Benny Gantz, lorgne également le fauteuil de Premier ministre et le chef de l’opposition, Benjamin Netanyahu, accuse les deux responsables d’être dans l’incapacité de mettre en place un gouvernement sans le soutien de la Liste arabe unie.

Selon les sondages israéliens – réputés pour leur inexactitude, mais qui restent très influents – ni Lapid, ni Gantz ne disposent actuellement du nombre de députés nécessaire pour former un gouvernement sans un remaniement majeur de leur bloc.

« Le positionnement que j’adopte est lié aux scénarios possibles. La Liste arabe unie est, c’est une certitude, une option parmi les autres », a commenté Galon.

Déterminée à défendre les aspirations nationales palestiniennes, critique à l’égard du traitement réservé par l’État juif à sa minorité arabe, la Liste arabe unie n’a jamais intégré une coalition israélienne et elle est souvent considérée comme un troisième bloc indépendant au moment de la constitution potentielle d’une coalition. Et pourtant, ses députés ont pu collaborer avec des législateurs de la coalition ou de l’opposition sur de nombreux dossiers, au cas par cas.

Ce cinquième cycle électoral depuis 2019 au sein de l’État juif, prévu en date du 1er novembre, va se concentrer, encore une fois, sur le retour de Netanyahu au poste de Premier ministre. Chef de gouvernement resté à la barre d’Israël le plus longtemps de toute l’histoire du pays, Netanyahu est aussi l’homme politique le plus populaire d’Israël – et le plus clivant.

Galon, comme plusieurs formations partenaires du Meretz au sein de la coalition actuelle, est déterminée à empêcher le retour au pouvoir de Netanyahu.

« Nous avons l’intention de bloquer l’entrée des Ben Gvir, Smotrich, et autres Netanyahu à la table du gouvernement », a affirmé Galon, faisant référence aux partenaires politiques de Netanyahu, Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich.

Samedi, Galon a dénoncé un nouvel accord de fusion entre les partis d’extrême-droite de Ben Gvir et de Smotrich, évoquant « une alliance de voyous ».

Le chef sortant du Meretz, Nitzan Horowitz, n’a pas assisté à cette réunion de faction, dimanche. Yair Golan, battu aux primaires, était pour sa part présent dans la salle.

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Lapid appelle à une alliance entre le Parti travailliste et le Meretz

Selon le Premier ministre, la Liste arabe unie ne veut pas faire partie de sa coalition ; il a affirmé que l’unité de la gauche est « incroyablement importante »

Le Premier ministre Yair Lapid a déclaré jeudi que la Liste arabe unie, à majorité arabe, ne ferait pas partie de son gouvernement ministériel après les élections législatives de novembre s’il venait à remporter le scrutin. Il a toutefois évité de répondre à la question d’un journaliste qui lui demandait s’il accepterait d’inclure le parti arabe politiquement controversé dans une alliance au pouvoir s’il s’avérait disposé à rejoindre une coalition.

« La Liste arabe unie ne sera pas dans le gouvernement parce qu’il ne souhaite pas faire partie du gouvernement – ils l’ont répété mille fois », a déclaré Lapid en réponse aux questions des journalistes à l’ouverture de la réunion de faction de son parti Yesh Atid, jeudi.

« Nous en reparlerons après les élections », a-t-il ajouté.

Les rivaux politiques de Lapid – le leader du Likud, Benjamin Netanyahu et le bloc religieux de droite qu’il dirige – font campagne en affirmant que Lapid ne pourra former un gouvernement qu’avec l’aide de la Liste arabe unie et celle du parti islamiste Raam, ce dernier étant l’un des partenaires politiques actuels de Lapid.

Lapid n’a pas explicitement dit qu’il n’inclurait pas la Liste arabe unie – qui n’a jamais siégé dans une coalition israélienne – dans le gouvernement. La ligne officielle de son parti – et la sienne – serait plutôt qu’un tel cas de figure ne se présentera pas, la Liste arabe unie ne voyant aucun intérêt à rejoindre une alliance au pouvoir.

Les ministres et les législateurs de Yesh Atid ont évoqué la possibilité de collaborer avec la Liste arabe unie sur des questions spécifiques à l’avenir, et de recevoir à nouveau son soutien lorsqu’il s’agira de former une coalition, après les élections législatives de novembre. La Liste arabe unie coopère régulièrement sur des questions bien précises avec les partis de l’ensemble de l’échiquier politique, mais c’est en mai dernier qu’elle a, pour la première fois, soutenu un candidat au poste de Premier ministre.

Toutefois, en ce qui concerne Netanyahu, son ancien partenaire de coalition, qui est actuellement traduit en justice pour des faits de corruption présumée, Lapid a clairement indiqué que l’option d’un partenariat n’était pas envisageable. « Nous ne siégerons pas dans un gouvernement aux cotés de Netanyahu », a-t-il déclaré. Le leader de la Liste arabe unie Ayman Odeh et Ahmad Tibi, membre de son parti lors d’une conférence de presse à Nof HaGalil, dans le nord d’Israël, le 10 février 2021. (Crédit : Roni Ofer/Flash90)

En réponse aux propos tenus par Lapid jeudi, le Likud a déclaré que le Premier ministre avait besoin de la Liste arabe unie pour former un gouvernement.

« Lapid n’a aucun moyen de former un gouvernement sans la Liste arabe unie, mais Israël a besoin d’un gouvernement nationaliste stable – et seul le Likud peut former un tel gouvernement pour les quatre années à venir », selon un communiqué du parti.

Le gouvernement sortant de Lapid rassemble partis de gauche, de droite, du centre et arabe, issus de toute la sphère politique d’Israël.

Unir la gauche

Abordant un autre aspect de la carte politique, Lapid a également appelé les formations de gauche du Meretz et du Parti travailliste à unifier leurs listes avant la date limite du 15 septembre, afin de contrer au mieux le retour au pouvoir de la droite.

Lapid a déclaré qu’il est « incroyablement important » que les deux partis de gauche se présentent ensemble, car si l’un d’eux ne parvenait pas à franchir le seuil électoral de 3,25 % nécessaire pour entrer à la Knesset, « cela aurait pour conséquence de ramener [Benjamin] Netanyahu et [Itamar] Ben Gvir ».

Alors que la leader fraîchement réélue du Meretz, Zehava Galon, dont le parti obtiendrait entre quatre et cinq sièges, est en faveur d’une candidature commune, la leader du Parti travailliste, Merav Michaeli, qui obtiendrait cinq sièges, s’est quant à elle fermement opposée à cette alliance. Zehava Galon, à gauche, s’adressant à des milliers de militants de gauche israéliens lors d’un rassemblement à Tel Aviv le 27 mai 2017 ; la leader du Parti travailliste Merav Michaeli assistant à une conférence à Rishon Lezion, le 19 juillet 2022. (Crédit : Gili Yaari/Flash90)

Le parti Yesh Atid du Premier ministre ne se proposera pas comme une alternative et il reste déterminé à se présenter de manière indépendante.

La campagne électorale en cours en Israël a peiné à faire les gros titres cette semaine alors qu’Israël est confronté à un certain nombre de crises, telles que la réintégration potentielle des Américains dans l’accord sur le nucléaire conclu avec l’Iran – « un mauvais accord », a répété Lapid jeudi – ou encore la menace de grève des enseignants qui retarderait la reprise de l’année scolaire.

Mercredi, Lapid avait réuni la presse étrangère pour avertir que l’accord avec l’Iran, dont la signature serait imminente, était « un mauvais accord » qui « n’oblige en rien » Israël – un message qu’il a donc encore une fois transmis jeudi en réponse aux questions des journalistes.

Lapid a attribué à son prédécesseur Netanyahu la responsabilité de l’adhésion des États-Unis à la version précédente de l’accord – que les Américains avaient quitté en 2018.

« En 2015, si un accord nucléaire a été signé, c’est à cause du discours scandaleux de Netanyahu au Congrès qui a poussé le gouvernement américain à exclure totalement Israël du processus des négociations et à signer un accord sans même nous consulter », a déclaré Lapid.

Mercredi, Netanyahu avait déclaré que la seule façon d’influencer les politiciens, aux États-Unis, était d’influencer le public américain, et il avait attaqué Lapid pour avoir critiqué son discours controversé de 2015 au Congrès, qui avait creusé le fossé entre l’État juif et l’administration de l’ancien occupant de la Maison Blanche, Barack Obama.

Lapid a également déclaré jeudi qu’en gérant le dialogue avec les Américains « de la bonne manière », avec « patience et détermination », Israël avait pu influencer avec succès les positions américaines sur l’accord destiné à empêcher le développement d’une arme nucléaire iranienne, et que les visites du ministre de la Défense, Benny Gantz, et du conseiller à la sécurité nationale israélien, Eyal Hulata, à Washington, cette semaine, avaient inclus des discussions sur la question.

« Les Américains ont accepté une grande partie des points que nous voulions qu’ils incluent dans la proposition », a déclaré Lapid en réponse à la question d’un journaliste. « Le dialogue a porté ses fruits », a-t-il ajouté. Le conseiller à la sécurité nationale israélien, Eyal Hulata, à gauche, et son homologue américain, Jake Sullivan, devant la Maison-Blanche, le 5 octobre 2021. (Crédit : Jake Sullivan/Twitter)

Les pourparlers avec le Syndicat des enseignants a été pour leur part moins fructueux, Lapid s’étant contenté de dire « qu’une intense négociation est en cours » et que les responsables israéliens feront « tout [leur] possible pour que l’année scolaire commence à la date prévue ».

Le ministre des Finances, Avigdor Liberman, a critiqué les pressions exercées par Lapid et Gantz dans le but de résoudre la crise en cours avec le Syndicat des enseignants, déclarant cette semaine que la crise relevait des seules responsabilités du commissaire des salaires au ministère des Finances, ajoutant que les politiciens désireux d’imposer leurs décisions politiques dans ce mouvement social devraient le « virer » pour arriver à leurs fins.

« En général, il est préférable que le responsable en charge de ce type de négociation ait de l’expérience et les nerfs solides ; ceux qui veulent imposer des décisions politiques au niveau professionnel devront d’abord virer le ministre des Finances », aurait déclaré Liberman lors d’une réunion au ministère des Finances, mardi.

Lapid a déclaré jeudi qu’il n’avait pas l’intention de laisser Liberman partir, mais que le Premier ministre était un médiateur approprié.

« La tension est compréhensible, il n’y a pas besoin de renvoyer le ministre des Finances », a-t-il déclaré, mais il a ajouté que son rôle en tant que Premier ministre est « d’essayer de réunir toutes les parties dans une même pièce et de s’assurer qu’il y aura un résultat ».