Plan de paix américain : vers une « confédération jordano-palestinienne » ?

La ministre de la Justice Ayelet Shaked prend la parole à la Conférence "Maariv" à Jérusalem le 15 octobre 2018 (Yonatan Sindel/Flash90).Shaked pour une « confédération » Jordanie, Gaza et des parties de la Cisjordanie

Lors d’une conférence de presse à l’étranger, la ministre de la Justice a plaidé pour l’annexion de la zone C, affirmant que les Palestiniens pourraient à l’avenir accepter ce plan

La ministre de la Justice Ayelet Shaked prend la parole à la Conférence « Maariv » à Jérusalem le 15 octobre 2018 (Yonatan Sindel/Flash90).

La ministre de la Justice Ayelet Shaked a proposé une « confédération » entre certaines parties de la Cisjordanie, de la Jordanie et de Gaza.

« Notre plan est d’appliquer la souveraineté israélienne dans la zone C et de donner aux Palestiniens qui y vivent la pleine citoyenneté. Les zones A et B feront partie d’une confédération, avec la Jordanie et Gaza », a-t-elle déclaré aux journalistes mercredi à Jérusalem.

Publié pour la première fois en 2012, ce plan prévoit l’annexion par Israël de la zone C de la Cisjordanie, où vivent la plupart des résidents d’implantations juives. Selon les Accords d’Oslo, Israël exerce un contrôle militaire et administratif total sur la zone C, qui couvre environ 60 % du territoire de la Cisjordanie.

Selon le plan, les Palestiniens qui résident dans la zone C se verraient offrir la citoyenneté ou la résidence israélienne, tandis que ceux qui vivent dans les zones A et B – qui sont entièrement sous contrôle palestinien ou sous contrôle conjoint palestino-israélien – se gouverneraient eux-mêmes, sans pour autant avoir un État souverain.

Bennett, dont le parti est catégoriquement opposé à la création d’un État palestinien, a parlé à plusieurs reprises ces derniers mois d’une « autonomie palestinienne sous stéroïdes » dans les zones A et B.

En juin, il a une fois de plus rejeté la solution à deux États, déclarant dans une interview qu’il était « ouvert à d’autres idées, comme une confédération jordanienne », bien que l’on ne sache pas exactement à quoi il faisait référence.

Shaked, s’exprimant lors d’une conférence de presse étrangère organisée par le Israel Project, a reconnu que les Palestiniens s’opposent actuellement avec véhémence au plan de Bennett, insistant pour un état indépendant basé sur les lignes de 1967, mais a soutenu que leur position pourrait changer avec le temps.

« Aujourd’hui, ils ne sont pas d’accord ; cela peut ressembler à de la science-fiction. Mais il n’y a pas si longtemps, des Israéliens ont été envoyés en prison pour avoir parlé à [Yasser] Arafat », a-t-elle dit, faisant référence à une époque où les contacts avec l’Organisation de libération de la Palestine étaient illégaux en Israël.

« Les choses changent », a-t-elle ajouté. « Dans la communauté internationale, ils aiment à dire que la Judée et la Samarie [la Cisjordanie] sont sous occupation – elles ne le sont pas. Ce sont des territoires contestés. Pour l’instant, les Palestiniens s’opposent à notre plan, mais peut-être qu’à l’avenir, ils accepteront une confédération ».

L’idée d’une confédération, bien que sous une forme différente, a été lancée ces derniers mois dans le contexte de la proposition de paix tant attendue de l’administration américaine.

En septembre, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré que les principaux envoyés de paix du président Donald Trump lui avaient demandé ce qu’il pensait d’une confédération entre la Palestine et la Jordanie.

« J’ai dit [aux envoyés, Jared Kushner et Jason Greenblatt] : Oui, je veux une confédération tripartite avec la Jordanie et Israël », avait déclaré Abbas à l’époque.

Mais Greenblatt a démenti qu’une confédération fasse partie du plan. « Nous n’envisageons pas un modèle de confédération, a-t-il dit au Times of Israel en septembre.

La semaine dernière, Mme Shaked, qui fait partie du cabinet de sécurité, a prédit que les efforts de Trump pour négocier une paix israélo-palestinienne échoueraient.

« Je pense que l’écart entre les Palestiniens et les Israéliens est beaucoup trop grand pour être comblé », a-t-elle déclaré lors d’une interview en anglais sur scène lors de la conférence diplomatique du Jerusalem Post.

« Personnellement, je pense que c’est une perte de temps », a-t-elle ajouté. « Bien que je veuille la paix comme tout le monde, je pense que je suis plus réaliste. Et je sais que dans un futur proche, c’est impossible. »

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