Mike Pompéo et le territoire du Golan

NdlR : certains prêtent des ambitions présidentielles à Pompéo en cas de défaire de TRUMP….

Visite sans précédent de Pompeo sur le plateau du Golan : « C’est Israël »Le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo s'exprime lors d'un compte-rendu sécuritaire sur le mont Bental, sur le plateau du Golan, à proximité de la frontière israélo-syrienne, le 19 novembre 2020. (Crédit : AP Photo/Patrick Semansky, Pool)

Le secrétaire s’est rendu sur la frontière syrienne avec son homologue israélien, raillant les élites US et les « salons européens » qui voudraient confier le secteur à Assad

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo s’exprime lors d’un compte-rendu sécuritaire sur le mont Bental, sur le plateau du Golan, à proximité de la frontière israélo-syrienne, le 19 novembre 2020. (Crédit : AP Photo/Patrick Semansky, Pool)

Mike Pompeo est devenu, jeudi, le premier secrétaire d’Etat américain à se rendre sur le plateau du Golan depuis que Washington a reconnu la souveraineté israélienne sur cette région l’année dernière.

La visite (qui, si elle est rare, n’est pas la toute première de la part d’un secrétaire d’Etat en exercice) survient quelques heures après un déplacement sans précédent de la part d’un haut-responsable américain dans une implantation en Cisjordanie.

Pompeo s’est rendu sur la frontière syrienne, dans le Golan, en hélicoptère de type Blackhawk, avec une équipe renforcée de sécurité et aux côtés du ministre des Affaires étrangères Gabi Ashkenazi.

« Il est impossible de se tenir ici en regardant de l’autre côté de la frontière en niant ce qui est au cœur de ce que le président Donald Trump a reconnu et que les présidents précédents avaient refusé d’admettre », a dit Pompeo, se référant à la décision prise par Trump de reconnaître la souveraineté israélienne dans le secteur, l’année dernière.

« [Ce territoire] fait partie d’Israël et il est une part centrale d’Israël », a poursuivi Pompeo.

 

Il a condamné ce qu’il a qualifié « d’appels » lancés à Israël de la part des « salons eu Europe et des institutions d’élite aux Etats-Unis » à rendre le Golan à la Syrie. L’Etat juif avait capturé le plateau pendant la guerre des Six jours, en 1967, et l’avait ensuite annexé.

« Imaginez le président syrien Bashar al-Assad prendre le contrôle de la région, le risque que cela représenterait pour l’Occident et pour Israël », a indiqué Pompeo.

Le gouvernement syrien a condamné une « initiative provocatrice avant la fin du mandat de l’administration Trump et une violation flagrante de la souveraineté de la république arabe syrienne », selon un communiqué émis par le ministère des Affaires étrangères dont le contenu a été révélé par l’agence de presse SANA.

« La Syrie affirme que de telles visites criminelles encouragent Israël à s’obstiner dans son approche hostile et dangereuse », a continué le communiqué.

Ashkenazi a salué Pompeo pour sa « reconnaissance de l’importance stratégique du plateau du Golan », disant que parce que Pompeo avait occupé le siège de chef de la CIA (Central Intelligence Agency), « il sait quels sont les faits mais il a insisté pour venir voir les choses de ses propres yeux ».

Alors qu’il se trouvait sur le Golan, Pompeo a rencontré Avigdor Kahalani, un célèbre commandant de char qui avait combattu dans le secteur pendant la guerre de Yom Kippour de 1973. Le Secrétaire d’Etat a indiqué qu’il avait entendu parler de ces batailles lorsque lui-même était cadet à West Point.

L’armée a aussi fait un compte-rendu de la situation militaire sur le plateau au haut-responsable.

Cette visite a eu lieu quelques jours après la découverte, par des ingénieurs de l’armée, d’explosifs qui avaient été installés sur le territoire israélien, le long de la frontière, qui avaient été finalement neutralisés. L’armée israélienne avait effectué en réponse des raids de représailles contre des cibles liées aux Gardiens de la révolution iraniens et aux militaires syriens autour de Damas.

Jeudi, l’armée a attribué à une unité d’élite de la Force al-Qods – dont l’ancien commandant, Qassem Soleimani, avait été tué à Bagdad pendant des frappes aériennes américaines, au mois de janvier dernier – le placement de ces mines.

Ashkenazi a expliqué que Pompeo avait été tenu informé de la situation sécuritaire sur les frontières que partage Israël avec le Liban et la Syrie « concernant les influences iraniennes, les alliés de la république islamique en Syrie, et aussi le Hezbollah ».

« J’ai souligné que nous ne tolérerions aucune violation de souveraineté dans un secteur quel qu’il soit… ou un ancrage iranien, et certainement pas aux abords de la frontière », a écrit Ashkenazi, ex-chef d’état-major, sur Twitter.

Il a aussi expliqué que les frappes avaient pour objectif de transmettre « un message clair » à l’Iran et à ses alliés, ajoutant que l’Etat juif considérait le régime syrien comme responsable de toutes les attaques émanant de son territoire.

Avant d’aller sur le Golan en compagnie d’Ashkenazi, Pompeo s’est rendu dans un domaine viticole de Cisjordanie. C’est la première fois qu’un haut-responsable américain va dans une implantation israélienne.

Ce vignoble, située à proximité de l’implantation de Psagot, avait donné le nom de Pompeo à l’une de ses cuvées, en hommage à son annonce faite, l’année dernière, que l’administration Trump ne considérait plus les implantations israéliennes comme contraires au droit international.

Dans une déclaration à l’issue de la visite, Pompeo a expliqué que les Etats-Unis étiquetteraient dorénavant les exportations en provenance des implantations juives comme produits israéliens.

Pompeo avait annoncé également, dans la matinée de jeudi, une autre politique, rapportant que Washington désignerait dorénavant le mouvement BDS (Boycott, Divestment and Sanctions) comme « antisémite ». Cette campagne cherche à isoler Israël au sein de la communauté internationale en raison de son traitement envers les Palestiniens.

Israël considère le BDS comme une menace stratégique et accuse depuis longtemps le mouvement d’antisémitisme. Une loi adoptée en 2017 permet à l’Etat juif d’interdire les étrangers liés à BDS d’entrer dans le pays. Ces accusations sont fortement rejetées par les activistes, qui comparent ce boycott à l’isolement économique qui avait aidé à renverser l’apartheid en Afrique du Sud.

Après la conférence de presse de Pompeo, organisée jeudi dans la matinée, le secrétaire d’Etat s’était rendu sur le site archéologique de la Cité de David, à Jérusalem-Est, aux abords de la Vieille Ville, postant des photos de cette visite sur son fil d’actualité Twitter.

Pompeo — qui, jusqu’à présent, a soutenu Trump dans son refus de reconnaître sa défaite face au président élu Joe Biden – a fait ce qui devrait probablement être sa dernière tournée en Europe et au Moyen-Orient à son poste.

Aucune rencontre n’a été prévue avec les leaders palestiniens qui ont rejeté avec force le positionnement adopté par Trump face à ce conflit ancien de plusieurs décennies, et notamment la reconnaissance par Washington de Jérusalem comme capitale israélienne.

 

 

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