Livre : Yvan Roufiol « La guerre civile qui vient »
Zemmour, Montbrial, Villiers,… et maintenant Ivan Rioufol. S’élevant pour dénoncer le péril qui menace la France, les voix se multiplient. Ces approches différentes se recoupent et se complètent, et chacune, s’ajoutant aux précédentes, dresse progressivement les grands traits d’un réveil français de plus en plus sensible.
« Préparons la guerre civile »
« La guerre civile est tapie dans les plis du multiculturalisme, de l’immigration de masse et de la francophobie des « progressistes » » [1]. « Les banlieues sont en rage. Elles sont prêtes à en découdre avec la nation détestée » [2].
Si d’autres préfèrent dire les choses de manière plus consensuelle, Ivan Rioufol met les pieds dans le plat : nous allons droit vers une guerre civile en France et l’on peut même considérer qu’une « guerre civile de basse intensité est déjà là » [3] comme nous le montre par exemple la multiplication des « déséquilibrés ». Les juifs sont en première ligne (il suffit de voir l’antisémitisme qui gangrène les banlieues et la récente déclaration de Roger Cukierman) mais « les chrétiens sont les suivants sur la liste. Déjà, leurs frères d’Orient lentement s’effacent sous les déchaînements d’un satanisme qui égorge, crucifie, viole au nom d’Allah […] » [4].
Si cette idée fait rire les élites parisiennes, le témoignage hallucinant d’un maire de banlieue se préparant à ce que sa ville se retrouve en état de guerre civile [5] montre des français beaucoup moins optimistes sur le futur du pays. Les banlieues sont prêtes à s’embraser de nouveau, et leurs motivations premières ne sont pas économiques (les milliards déversés sans succès dans ces quartiers le montrent assez). La guerre civile qui vient verra s’opposer « l’idéologie coranique conquérante aux démocraties occidentales fatiguées » [6].
S’il y a risque de guerre civile, c’est aussi qu’en face le ras-le-bol des français se fait de plus en plus sensible. « Il y a au sein de la France oubliée une somme de rage et de courage insoupçonnée, chez tous ceux qui s’estiment en droit de riposter », une « dynamique insurrectionnelle qui parcourt la société civile », « à Paris et plus encore en province » [7]. Le peuple français est désormais en état de légitime défense [8].
Les deux ennemis de l’intérieur
L’islamisme, issu d’une immigration non maitrisée et non intégrée, est sans aucun doute l’ennemi intérieur. Mais Rioufol en désigne un deuxième : « la mésestime de soi » [9] et tous ceux qui par lâcheté ou idéologie ont abandonné la France. C’est en effet d’abord notre propre faiblesse qui est responsable de la situation actuelle. « Je ne reproche pas à l’islam de tenter de marquer toujours un peu plus son nouveau territoire, apparemment abandonné par les puissants, l’Église, ses fidèles. Cette absence est notre faute » [10].
L’incapacité des élites à répondre à la crise actuelle n’était par ailleurs que trop prévisible, elle n’est finalement que la continuité d’une politique (qu’elle soit française, allemande, celle d’une grande partie des autres pays européens, ou celle de l’union européenne elle-même) qui a « désappris à lire le réel » [11] et qui, trop occupée par sa lutte contre le FN, ne voit pas les conséquences de ce qu’elle prône depuis des décennies. « Au pays de l’amour courtois, se faire traiter de salope et se faire mettre la main aux fesses est désormais la norme » [12].
La situation est dramatique, et la France officielle « offre tous les signes de la capitulation à venir » [13]. Si la gauche est vertement critiquée, tous les ténors des républicains (MM. Sarkozy, Le Maire et Fillon, Mme Kosciusko-Morizet, …) le sont aussi l’un après l’autre tout au long de l’essai pour leurs démissions sur les questions de l’islam, de l’identité et de l’immigration.
« La crise identitaire est autrement plus grave que la crise économique et sociale »
La crise économique ou celle du chômage ne sont pas ce qui mobilise les Français, comme ont pu le montrer les immenses rassemblements de La Manif pour tous. Rioufol le répète et insiste à plusieurs reprises – l’argument est en effet crucial – : « la crise identitaire est autrement plus grave que la crise économique et sociale » [14].
L’on comprend en effet que l’élection présidentielle de 2017 se jouera clairement sur cette question de l’identité. Même à gauche, Manuel Valls semble en avoir conscience. Par ailleurs, si l’abandon de l’assimilation, à droite comme à gauche, et la « politique d’abandon de l’autochtone » [15] bénéficient directement au Front national, son programme économique est quand à lui jugé « loufoque » [16].
Prenant la défense des Français de souche [17] (ainsi que du terme en lui-même), Rioufol confirme qu’il y a bien là un grand remplacement [18] : « cet acharnement à vouloir effacer la mémoire nationale ne cache rien de son intention de substituer un peuple à un autre » [19] et est une véritable expropriation des Français de leur propre sol.
Le réveil est encore possible
Houellebecq envisageait la Soumission progressive et sans trop de heurts de la France à l’islam. Rioufol, on le voit, refuse clairement de croire à cette thèse au vue de la réaction populaire de plus en plus visible. Quelles sont alors les autres futurs possibles ?
Les Français doivent prendre conscience de cette « guerre civile qui vient ». Mais l’auteur croit qu’il est encore temps qu’un réveil se fasse avant le point de rupture (on peut voir ici un parallèle assez clair avec Le sursaut ou le chaos de Thibault de Montbrial) et empêcher ainsi cette guerre civile. C’est le sujet de la seconde partie de l’ouvrage : tout n’est pas perdu, « il reste une chance de stopper le démentiel compte à rebours » [20].
Concernant l’immigration tout d’abord, « Il faut réduire au minimum les installations extra-européennes et rejeter comme la peste le type de société imposée par l’idéologie post-nationale de l’homme déraciné et remplaçable » [21].
Il faut aussi, de toute urgence, restaurer un minimum d’esprit critique, voire cibler clairement l’islamisation en cours, en étant attentif, par exemple, à ce que prêchent ces leaders islamiques en Europe qui sont bien plus écoutés des musulmans que les imams consensuels invités sur certains plateaux de télévision ou à coté de certains politiques. Il nous faut aussi écouter ce que nous disent les chrétiens persécutés partout ailleurs dans le monde et que beaucoup se refusent à entendre.
De même, sans nous réfugier derrière un “pas d’amalgame”, « forme inconsciente de dhimmitude » et de capitulation [22], il faut ne plus céder à l’islam en aucun point et probablement exiger des musulmans ce que Napoléon avait demandé aux juifs en 1806 et 1807. Et les musulmans modérés doivent se faire clairement connaitre. Car il y a bien un lien entre islam et islamisme et il nous faut demander aux musulmans de se désolidariser sans ambigüité et d’être les premiers actifs dans cette lutte.
Il faut, comme nombre de personnes le réclament, un « rapprochement de tous ceux qui partagent le même objectif de préserver l’unité de la nation et sa souveraineté » [23] (c’est ici probablement qu’apparait le deuxième reproche qu’adresse Rioufol au Front national : celui-ci est jugé trop « clanique »).
Il faut enfin absolument congédier cette classe politique irresponsable et refuser de suivre encore ces girouettes sans conviction qui promettent sans agir. C’est aux français et à la société civile de reprendre sans plus attendre les choses en main et de réduire le fossé entre les dirigeants et le peuple.
Tout doit être fait pour éviter, en France, la guerre civile que l’Islam radical aimerait semer pour imposer le califat, ce nouveau communisme. L’erreur serait néanmoins de se soustraire à l’épreuve en s’accommodant de ce nouveau totalitarisme et de ses collaborateurs. Le danger n’est pas le Front national, qui n’est que l’expression de la colère d’un peuple abandonné. C’est le déchainement d’une idéologie apocalyptique qu’il s’agit de stopper pendant qu’il est encore temps. Cruellement frappée en 2005, la République doit en préalable vaincre son défaitisme. La société civile, musulmans républicains en tête, peuvent l’y aider