La bataille de DAMAS : « Voici, Damas ne sera plus une ville, Elle ne sera qu’un monceau de ruines… »

La mort d’Assef Chaoukat, beau-frère de Bachar El-Assad, ainsi que celle du ministre de la Défense, le général Daoud Rajha, dans un attentat, ce 18 juillet, constitue-t-il le coup final qui mettra à bas le régime d’Assad ? Cela fait longtemps qu’on donne le dictateur syrien sur le départ, en fin de règne, en sursis. Néanmoins, au contraire d’autres chefs d’Etat que le printemps arabe a, plus ou moins rapidement, poussé vers la sortie, la Syrien s’accroche depuis seize mois, peu pour se maintenir au pouvoir. Mais depuis quelques jours, l’étau semble se ressserrer : après la défection du général Manaf Tlass, un haut gradé proche d’Assad ; après l’attentat de ce mercredi 18 – qui aussi blessé le ministre de l’Intérieur – et alors que la capitale du pays est depuis le 17 juillet le théâtre d’affrontements entre rebelles et soldats du régime, la fin semble plus proche que jamais.

La presse arabe insiste elle aussi sur la haute portée symbolique et stratégique de cet attentat. « Une frappe au cœur du régime » pour le bahreïni Al-Ayam, « Explosion au cœur du régime Assad » pour le libanais Al-Mustaqbal« , « Une frappe qui balaye les hommes d’Assad » pour le saoudien Asharq Al-Awsat.

« Accord arabe pour offrir – s’il démissionne – une sortie sûre à Assad », titre le quotidien de Doha. Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe étaient réunis dans la capitale du Qatar dans la nuit du 22 au 23 juillet pour presser Bachar El-Assad de partir. C’est la première fois que la Ligue se prononce aussi clairement dans ce sens, selon le Premier ministre qatari Hamad bin Jassem Al-Thani. Il a également invité Kofi Annan, émissaire de l’ONU, à œuvrer pour une transition du pouvoir en Syrie.

« L’opposition syrienne contrôle des points de passage aux frontières irakienne et turque », titre le quotidien de Beyrouth. Selon les autorités irakiennes, elle contrôlerait même la totalité des postes sur la frontière avec l’Irak, longue de 600 km et par laquelle des Irakiens – ils sont environ 1,5 million en Syrie – fuient les violences.jerusalem_post.png

Les affrontements s’intensifient dans la capitale, l’Armée syrienne libre (opposition) déclare ouverte la « bataille pour la libération de Damas' », titre le quotidien libanais. Manaf Tlass, général de la garde républicaine autrefois proche de Bachar El-Assad, qui a fait défection le 6 juillet dernier, a fait sa première déclaration publique à Paris, se disant « prêt à remplir pleinement [son] devoir de citoyen », et cela « sans autre ambition ».  :-)

En Israël , The Jerusalem Post partage sa une entre l’attentat qui a tué sept Israéliens en Bulgarie et l’actualité syrienne. Outre un résumé factuel et une analyse de l’évolution de la révolte (« La guerre civile syrienne entre dans une nouvelle phase »), le quotidien titre : « Relier les points entre la Bulgarie et la Syrie« . Le journal voit, derrière ces deux événements, l’ombre du Hezbollah, accusé d’une part d’avoir perpétré l’attentat en Bulgarie et d’autre part d’attendre son heure à Damas : « La situation actuelle en Syrie est extrêmement instable et la première préoccupation d’Israël est la possibilité que le Hezbollah ou un autre groupe suspect essaye de mettre la main sur les armes chimiques d’Assad ».

Un autre point de vue : ICI sur Voltaire.net…

Et ICI sur rian.ru, de faux reportages sur la Syrie, filmés dans les rues du Qatar !?

La bataille de Damas a commencé

par Thierry Meyssan

Les puissances occidentales et du Golfe ont lancé la plus importante opération de guerre secrète depuis celle des Contras au Nicaragua. La bataille de Damas ne vise pas à renverser le président Bachar el-Assad, mais à fracturer l’Armée syrienne pour mieux assurer la domination d’Israël et des États-Unis au Proche-Orient. Alors que la ville s’apprête à un nouvel assaut des mercenaires étrangers, Thierry Meyssan dresse le point de la situation.

oici cinq jours que Washington et Paris ont lancé l’opération « Volcan de Damas et séisme de la Syrie ». Il ne s’agit pas d’une nouvelle campagne de bombardements aériens, mais d’une opération de guerre secrète, comparable à celle conduite à l’époque Reagan en Amérique centrale.

40 à 60 000 Contras, principalement libyens, sont entrés en quelques jours dans le pays, le plus souvent par la frontière jordanienne. La majorité d’entre eux sont rattachés à l’Armée « syrienne » libre, structure paravent des opérations secrète de l’OTAN, placée sous commandement turc. Certains sont affiliés à des groupes de fanatiques, dont Al-Qaida, placés sous commandement du Qatar ou d’une faction de la famille royale saoudienne, les Sudeiris. Au passage, ils ont pris quelques postes frontières, puis ont rejoint la capitale où ils ont semé la confusion en attaquant au hasard les cibles qu’ils trouvaient : groupes de policiers ou de militaires isolés.

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Les généraux Hassan Turkmani, Daud Rajha et Assef Chawkat, tombés au champ d’honneur, le 18 juillet 2012.

Mercredi matin, une explosion a détruit le siège de la Sécurité nationale où se réunissaient quelques membres du Conseil de sécurité nationale. Elle aurait coûté la vie au général Daoud Rajha (ministre de la Défense), au général Assef Chawkat (ministre adjoint) et au général Hassan Turkmani (adjoint du vice-président de la République). Les modalités de l’opération restent incertaines : il pourrait s’agir aussi bien d’un attentat suicide que d’un tir de drone furtif.

Washington espérait que la décapitation partielle de l’appareil militaire conduirait quelques officiers supérieurs à faire défection avec leurs unités, voire à se retourner contre le gouvernement civil. Il n’en a rien été. Le président Bachar el-Assad a immédiatement signé les décrets nommant leurs successeurs et la continuité de l’État a été assurée sans faille.

À Paris, Berlin et Washington, les commanditaires de l’opération se sont livrés au jeu indigne consistant à condamner l’action terroriste tout en réaffirmant leur soutien politique et logistique militaire aux terroristes. Sans honte, ils ont conclu que la responsabilité de ces assassinats ne revenait pas aux coupables, mais aux victimes en ce qu’elles avaient refusé de démissionner sous leur pression et de livrer leur patrie aux appétits occidentaux.

Caracas et Téhéran ont adressé leur condoléances à la Syrie, soulignant que l’attaque a été commanditée et financée et par les puissances occidentales et du Golfe. Moscou a également adressé ses condoléances et affirmé que les sanctions requises au Conseil de sécurité contre la Syrie équivalaient à un soutien politique aux terroristes qui l’attaquent.

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Le ministre de l’Information, Omran al-Zou’bi, s’exprime à la télévision nationale après l’attentat qui a partiellement décapité l’Armée syrienne

Les chaînes de télévision nationales se sont mises à diffuser des clips militaires et des chants patriotiques. Interrompant les programmes, le ministre de l’Information Omran al-Zou’bi a appelé à la mobilisation de tous : le moment n’est plus aux querelles politiques entre gouvernement et opposition, c’est la Nation qui est attaquée. Rappelant l’article de Komsomolskaïa Pravda dans lequel je décrivais l’opération médiatique de démoralisation préparée par les chaînes occidentales et du Golfe [1], il a alerté ses concitoyens sur son déclenchement imminent. Puis, il a démenti l’intox des chaînes du Golfe selon lesquelles une mutinerie aurait éclaté au sein de la 4ème division et des explosions auraient dévasté sa principale caserne.

Les chaînes nationales ont diffusé plusieurs fois par heure des bandes-annonces indiquant comment capter leurs programmes sur Atlantic Bird en cas d’interruption des satellites ArabSat et NileSat.

Au Liban, sayyed Hassan Nasrallah a rappelé la fraternité d’armes qui unit le Hezbollah à la Syrie face à l’expansionnisme sioniste, et a assuré l’Armée syrienne de son soutien.

L’attentat a été le signal de la seconde partie de l’opération. Les commandos infiltrés dans la capitale ont alors attaqué diverses cibles, plus ou moins choisies. Ainsi, un groupe d’une centaine de Contras a attaqué la maison qui jouxte mon appartement au cri d’Allah Akbar !. Un haut responsable militaire y réside. Dix heures de combat ininterrompu ont suivies.

Alors qu’au début de la nuit, l’Armée ripostait avec mesure, l’ordre parvenait un peu plus tard de faire usage de la force sans retenue. Il ne s’agissait plus de lutter contre des terroristes venus déstabiliser la Syrie, mais de faire face à une invasion étrangère qui ne dit pas son nom et de sauver la patrie en danger.

L’aviation est entrée en action pour anéantir les colonnes de mercenaires se dirigeant vers la capitale.

En fin de matinée, le calme revenait progressivement dans l’agglomération. Les Contras et leurs collaborateurs étaient partout obligés de se retirer. La circulation était rétablie sur les grands axes routiers, et des barrages filtrants étaient installés dans le centre ville. La vie reprenait. Cependant, on entend encore des tirs épars ici ou là. La plupart des commerces sont fermés, et il y a de longues files d’attente devant les boulangeries.

Chacun s’attend à ce que l’assaut final soit lancé dans la nuit de jeudi à vendredi et la journée de vendredi. Il ne fait guère de doute que l’Armée syrienne en sortira à nouveau victorieuse car le rapport de force est tout à son avantage, et que cette armée de conscription est soutenue par la population, y compris par l’opposition politique intérieure.

Comme prévu, ArabSat et NileSat ont déconnecté le signal de la télévision Ad-Dounia en milieu d’après-midi. Le compte Twitter d’Ad-Dounia a été piraté par la CIA pour diffuser de faux messages annonçant une retraite de l’Armée syrienne.

Les chaînes du Golfe ont annoncé un effondrement de la monnaie préludant la chute de l’État. Le gouverneur de la Banque centrale, Adib Mayaleh, est intervenu sur la télévision nationale pour démentir cette nouvelle intox et confirmer le taux de change de 68,30 livres syriennes pour un dollar US.

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Conférence de presse du général Robert Mood sur la bataille de Damas qu’il observe depuis sa chambre d’hôtel.

Des renforts ont été déployés aux alentours de la place des Omeyyades pour protéger les studios de la télévision publique qui sont considérés comme une cible prioritaire par tous les ennemis de la liberté. Des studios de remplacement ont été installés dans l’hôtel Rose de Damas où se prélassent les observateurs des Nations Unies. La présence de ceux-ci, qui ont laissé perpétrer l’attaque de la capitale sans interrompre leur farniente, sert de facto de protection pour les journalistes syriens qui tentent d’informer leurs concitoyens au péril de leur vie.

Au Conseil de sécurité, la Fédération de Russie et la Chine ont opposé pour la troisième fois leur veto à une proposition de résolution occidentale et du Golfe visant à rendre possible une intervention militaire internationale. Leurs représentants ont inlassablement dénoncé la propagande visant à faire passer l’attaque extérieure contre la Syrie comme une révolte réprimée dans le sang.

La bataille de Damas devrait reprendre cette nuit.

 

Batailles pour le contrôle de Damas et Alep, principales villes syriennes

AFP

 DAMAS, 23 juil 2012 (AFP) Les batailles pour le contrôle de Damas et d’Alep faisaient rage lundi entre unités de l’armée syrienne et groupes rebelles au lendemain d’une proposition des pays arabes de ménager une sortie « sûre » au président Bachar al-Assad en cas de départ du pouvoir.

Les Européens ont pour leur part décidé de renforcer leurs sanctions, notamment sur le contrôle de l’embargo sur les armes, afin d’augmenter la pression sur Damas alors que la communauté internationale échoue à se mettre d’accord sur une résolution au Conseil de sécurité de l’ONU ouvrant la voie à une intervention.

Au total, les violences ont fait 123 morts dimanche, 67 civils, 34 soldats et 22 rebelles, selon un dernier bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Après l’appel à la mobilisation générale la semaine dernière pour la « libération » de Damas et dimanche pour la bataille d’Alep, la deuxième ville du pays, le Conseil national syrien (CNS), principale instance de l’opposition syrienne, a demandé aux rebelles de redoubler d’efforts.

« Nouvelles troupes déployées à Damas »

Le régime « vacille » mais « ne se rendra pas facilement », a ainsi estimé le porte-parole du CNS, George Sabra, dans un communiqué.

« Ce qui se passe à Damas et Alep et d’autres villes syriennes depuis plusieurs jours constitue une étape cruciale pour établir une nouvelle phase de l’histoire de notre pays, et de la région aussi », a ajouté l’opposant de longue date au régime d’Assad.

Sur le terrain lundi matin, une colonne de fumée noire s’élevait au-dessus de Mazzé, un quartier huppé de l’ouest de la capitale où des affrontements ont duré une partie de la nuit, selon un journaliste de l’AFP.

L’agence officielle Sana a annoncé que l’armée a rétabli la sécurité dans les vergers de Razi, à Mazzé en les « purifiant » des groupes « terroristes » armés.

Les forces armées ont effectué une « opération qualitative », « encerclant et tuant de nombreux terroristes ». Elles en ont arrêté d’autres dans les canalisations d’égoûts où ils s’étaient cachés, selon Sana.

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 De faux reportages sur la Syrie sont filmés au Qatar (agence)

Dossier: Situation politique en Syrie

Syrie

Syrie

© AFP/ Stringer

18:17 19/07/2012
 
LE CAIRE, 19 juillet – RIA Novosti
 

 

 

 

 
 
 

De faux reportages sur les événements en Syrie sont réalisés par une entreprise qatarie spécialisée dans la production de décors cinématographiques, rapporte jeudi l’agence syrienne SANA, précisant que cette entreprise est située dans les environs de Doha.

Selon l’agence, qui cite ses propres sources, on trouve dans la région d’al-Zoubayr, en banlieue de Doha, des maisons et des rues ressemblant à celles de Damas, de Lattaquié et d’Alep. A l’heure actuelle, cette région voit affluer des véhicules, dont des jeeps militaires avec des plaques d’immatriculation syriennes, ainsi que des lots d’uniformes syriens destinés à simuler les opérations des « troupes du régime de Damas ».

D’après les journalistes de SANA, ces mises en scène seront utilisées par des chaînes de télévision arabes et occidentales hostiles à Bachar el-Assad pour déclencher une nouvelle vague de guerre médiatique et convaincre la communauté mondiale de la nécessité d’une intervention armée en Syrie.

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