ISRAËL : Toujours pas de gouvernement, ni de 1er Ministre et le spectre de nouvelles élections !

NdlR : toujours pas de gouvernement en vu… comment concilier les pro et anti-Shabbat ? Les pro et anti conscription militaire ?  lL’annonce du Plan de Paix américain est retardé d’autant. Avigdor Liberman (à droite) est reçu par Yaakov Litzman, le dirigeant du parti Yahadout HaTorah, lors d'une cérémonie, le 18 Juin, 2017. (Shlomi Cohen/Flash90)

Négociations de coalitions : Liberman jure de s’opposer à une « théocratie »

Après une réunion d’urgence, les partis ont décidé de poursuivre la formation d’un gouvernement de 60 députés ;l e chef de Yisrael Beytenu, refuse une gouvernance « ultra-orthodoxe »

Avigdor Liberman (à droite) est reçu par Yaakov Litzman, le dirigeant du parti Yahadout HaTorah, lors d’une cérémonie, le 18 Juin, 2017. (Shlomi Cohen/Flash90)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et ses futurs partenaires de coalition ont juré jeudi de poursuivre leurs tentatives de former un gouvernement même s’ils seront dans l’incapacité de réunir une majorité sans Avigdor Liberman, qui a boycotté les négociations. Cette décision a été prise lors d’une réunion d’urgence organisée par Netanyahu à son bureau de Jérusalem. Le Premier ministre lutte actuellement pour finaliser son nouveau gouvernement, à cinq jours de la date-butoir qui a été fixée pour ce faire. Il a été annoncé précédemment que Netanyahu aurait aussi réfléchi à mettre en place de nouvelles élections générales.

Les 60 députés ont accepté de ne pas soutenir un autre candidat au poste de Premier ministre au cours de la rencontre qui a eu lieu jeudi. Suite à la réunion, le parti du Likud de Netanyahu a émis un communiqué affirmant que l’ensemble des participants s’était accordé sur la nécessité de former dans les meilleurs délais un gouvernement de droite sous la gouvernance de Netanyahu et il a appelé Liberman à « tenir les promesses faites aux électeurs et à rejoindre le gouvernement de droite sans délai ». Liberman, pour sa part, a expliqué qu’il voterait contre un gouvernement minoritaire. « Un gouvernement formé de 60 députés n’est pas un gouvernement de droite mais un gouvernement ultra-orthodoxe qui, au lieu de préserver Israël en tant qu’Etat juif, transformera le pays en théocratie », a dit Liberman, qui a ajouté que son parti laïc « s’opposerait avec force » à un tel gouvernement. Liberman a refusé l’idée de rejoindre le gouvernement à moins que le texte de loi prévoyant d’augmenter le nombre de soldats ultra-orthodoxes rejoignant l’armée soit adopté sans aucun changement et qu’il puisse inclure un nombre spécifique de recrues masculines – un positionnement auquel les deux formations ultra-orthodoxes, Shas et Yahadout HaTorah, sont violemment opposés. La majorité des analystes politiques estimaient encore jeudi que Netanyahu parviendrait à persuader ses cinq partenaires de coalition potentiels – Yahadout HaTorah, Shas, l’Union des partis de droite, Koulanou et Yisrael Beytenu — à rejoindre sa coalition forte de 65 membres à la Knesset de 120 sièges avant la date-butoir de formation du gouvernement, fixée le 28 mai. Mais Liberman a semblé durcir son positionnement. Avant la réunion, un autre communiqué du Likud avait vivement recommandé à Liberman de rejoindre la coalition. « Liberman s’est engagé devant ses électeurs à soutenir la formation d’un gouvernement de droite sous Netanyahu », a dit le communiqué. « Il utilise actuellement toutes sortes d’excuses afin d’empêcher la mise en place de ce gouvernement – ce qui pourrait entraîner l’établissement d’un gouvernement de gauche. » Sur sa page Facebook, Yisrael Beytenu a écrit que « le projet de loi [sur le service militaire] a été une thématique centrale sur l’agenda de Yisrael Beytenu au cours de la campagne électorale et après. Dans les négociations de coalition, nous avons également clairement établi qu’il n’y aurait aucune concession sur le sujet ».

Le maire de Jérusalem Moshe Lion, proche de Liberman, a rencontré le vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman, à la tête de Yahadout HaTorah, pour tenter de résoudre la crise.

Pour sa part, le leader de l’Union des partis de droite, le député Rafi Peretz, a dit à Netanyahu que son parti insisterait toujours sur l’obtention des portefeuilles de la Justice et de l’Education au sein du futur gouvernement, a dit la Treizième chaîne. Bezalel Smotrich de l’Union des partis de droite a juré jeudi dans la matinée qu’il serait ministre de la Justice ou que sa formation quitterait la coalition. Netanyahu veut toutefois installer un député du Likud à la barre du ministère de la Justice alors qu’il tente actuellement d’échapper aux poursuites judiciaires dans trois dossiers criminels où il risque une inculpation. Selon des informations largement rapportées, il chercherait à prôner une législation qui lui accorderait l’immunité face aux poursuites. La Treizième chaîne a annoncé, jeudi soir, qu’un Smotrich optimiste avait déclaré aux journalistes qu’il « y aura une coalition » – ce qui impliquerait que la question aurait été tranchée en sa faveur. Cette information n’a pas été confirmée. De manière ironique, le parti Koulanou de Moshe Kahlon, fort de quatre membres, qui avait indiqué l’année dernière adopter un positionnement sans compromis face à une éventuelle tentative de Netanyahu d’échapper aux poursuites, et qui avait affirmé qu’il s’opposerait au maintien du Premier ministre à son poste en cas d’inculpation, semble avoir entre temps adopté le point de vue de Netanyahu. Le chef de la faction, Roy Folkman, a expliqué jeudi matin qu’il soutiendrait une « clause de contournement » qui permettrait d’empêcher la cour suprême de bloquer l’immunité de Netanyahu. Passé de dix sièges dans la dernière Knesset à quatre, Folkman a estimé que Koulanou n’avait plus l’influence politique nécessaire pour déjouer une législation « personnelle » que le parti aura bloqué lors des quatre années de la législature précédente. Précédemment, des sources avaient confié aux médias israéliens que Liberman avait « fait exploser les pourparlers de coalition » en raison du projet de loi officialisant les exemptions de service militaire pour les étudiants en séminaires et autres dossiers relatifs aux questions de religion et d’Etat – auxquels les deux partis ultra-orthodoxes sont opposés. Netanyahu aurait offert à Liberman son ancien poste de ministre de la Défense. En plus de ce portefeuille, Yisrael Beytenu recevrait le ministère de l’Alyah et de l’intégration qu’il détenait également dans l’ancien gouvernement, a fait savoir le site d’information Ynet dans la matinée de jeudi. Toutefois, aucun accord n’a été conclu. Alors que la date-butoir de formation du gouvernement se rapproche, aucun accord n’a été signé avec aucun parti. Sans parvenir à concilier les demandes contradictoires soumises par Yisrael Beytenu et les formations ultra-orthodoxes mais aussi par les autres factions susceptibles de le rejoindre, Netanyahu sera dans l’incapacité de rassembler une coalition de majorité à la Knesset. L’idée de demander l’approbation, à la Knesset, d’une coalition composée de 60 membres serait à haut-risque puisqu’elle nécessiterait qu’au moins un député de l’opposition s’abstienne lors du vote. Une autre alternative serait le recours à de nouvelles élections – une perspective improbable si rapidement à l’issue du scrutin du 9 avril mais qui, selon des sources internes du Likud qui se sont exprimées jeudi, pourrait bien devenir réaliste.

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Les ministres acceptent d’élargir le cabinet, impasse dans les négociations

La mesure annulerait la loi de 2013 réduisant le cabinet à 18 ministres ; Netanyahu demande aux partis de « retomber sur terre »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (droite) écoute le ministre des Transports Yisrael Katz lors de la rencontre hebdomadaire du cabinet au bureau du Premier ministre à Jérusalem le 19 mai 2019. (Ariel Schalit / various sources / AFP)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (droite) écoute le ministre des Transports Yisrael Katz lors de la rencontre hebdomadaire du cabinet au bureau du Premier ministre à Jérusalem le 19 mai 2019. (Ariel Schalit / various sources / AFP)

Alors que le temps presse pour obtenir un accord afin de former un nouveau gouvernement, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est plaint dimanche que ses potentiels partenaires de coalition étaient intransigeants dans leurs demandes, bloquant tout progrès significatif dans les négociations.

Dans le même temps, afin de faire plaisir aux six partis en compétition pour obtenir des sièges à la table du gouvernement, les ministres ont approuvé dimanche une décision d’élargir le cabinet de 21 membres actuellement à 26 ou 28 membres. La mesure annulerait une loi de 2003 limitant le cabinet à seulement 18 ministères qui avait été temporairement modifiée en 2015 lors des négociations de coalition après l’élection de cette année-là.

Ayant reçu l’approbation du gouvernement, la mesure devra maintenant passer par trois séances plénières de la Knesset avant de devenir une loi. La première séance devrait avoir lieu lundi.

« Malheureusement, les partis sont encore au sommet des arbres où ils ont grimpé », a déclaré Netanyahu à l’ouverture de la réunion du cabinet à Jérusalem.

« J’espère que l’on trouvera bientôt un moyen de les faire revenir sur terre afin que nous puissions établir ensemble un gouvernement fort et stable pour l’Etat d’Israël, qui continuera à conduire le pays vers de nouveaux sommets », a-t-il déclaré.

Moins de deux semaines avant la date limite finale du 28 mai pour que Netanyahu présente une coalition à la Knesset, les négociations ont encore calé, et aucun accord n’a été signé avec aucun parti. S’il ne réconcilie pas les demandes diamétralement opposées du parti laïc d’Yisrael Beytenu et des partis ultra-orthodoxes, mais aussi d’autres partis qui le rejoindraient probablement, Netanyahu ne sera pas en mesure de former une coalition d’au moins 61 sièges dans la Knesset à 120 membres.

En élargissant le cabinet, Netanyahu aurait plus de latitude pour courtiser les partis dont il a besoin pour obtenir une majorité.

Abolir la limite à 18 ministères permettrait aussi au Premier ministre de distribuer des porte-feuilles pour satisfaire les demandes des membres de son propre parti, qui vont probablement passer à côté des positions clefs, données aux partenaires de coalition.

Après les élections de 2013, Yesh Atid avait conditionné sa participation à un gouvernement au passage d’une loi limitant drastiquement le nombre de ministères d’un record à 30 ministres dans le précédent gouvernement à 18 ministres. Pourtant, après les élections de 2015, la première opportunité d’appliquer la nouvelle loi, Netanyahu avait passé un amendement temporaire pour augmenter le nombre à 21 ministres. Maintenant, il veut tout simplement annuler la loi.

Des membres du parti Kakhol lavan – dont Yesh Atid fait partie – mais aussi d’autres partis dans ce qui sera probablement l’opposition ont critiqué la décision de dimanche et ont promis de s’opposer à la mesure à la Knesset, citant une facture à payer de 200 millions de shekels (50 millions d’euros) pour les postes ministériels supplémentaires.

Dans le même temps, Netanyahu aurait envisagé la possibilité de former un gouvernement de non majorité, et sans le parti Yisrael Beytenu dirigé par Avidgor Liberman.

Alors que la création d’un gouvernement de droite de minorité et de non majorité après des élections parlementaires serait un exemple sans précédent en Israël, c’est théoriquement possible. Le nouveau gouvernement doit recevoir un soutien de la majorité à la Knesset, et n’a pas besoin d’obtenir l’approbation d’une majorité absolue de 61 ou plus.

Des sources au Likud pensent que même si Liberman ne rejoint pas le gouvernement, il ne voterait pas activement contre lui au risque d’être accusé de forcer des nouvelles élections, selon un article publié dans Yedioth Ahronoth. Au lieu de cela, les 5 députés d’Yisrael Beytenu pourraient s’abstenir lors des votes de confiance, laissant la coalition avec une simple majorité de 60 contre 55, tout en restant dans l’opposition.

Le Likud de Netanyahu a auparavant déclaré que Liberman, laïc et issu d’une droite dure, avait demandé plus que sa part équitable de contrôle sur les ministères et les politiques du gouvernement – étant donné les cinq petits sièges de son parti à la Knesset – y compris le ministère de la Défense, une position plus laïque sur les questions d’état et de religion, et une posture plus combative vis-à-vis du Hamas à Gaza.

Dans le même temps, Moshe Kahlon, chef du parti Koulanou et ministre des Finances du gouvernement sortant – dans lequel il contrôlait 10 sièges à la Knesset – cherche maintenant à garder son poste alors que son parti n’a plus que quatre élus. Il a refusé de conclure des négociations de coalition avec le Likud.

Kahlon a dit à ses proches qu’il n’acceptera pas d’être ministre des Finances dans un gouvernement de seulement 60 élus car il sera trop faible et le ministère des Finances serait confronté à des demandes irréalistes de chaque parti de la coalition, a annoncé Haaretz jeudi. Kahlon a aussi répété sa condition qu’il ne signera un accord de coalition qu’après avoir vu les requêtes financières de tous les autres partis membres.

Un des points d’achoppement dans les négociations de coalition est la demande de Liberman de ne pas modifier un projet de loi régulant l’incorporation des hommes ultra-orthodoxes dans l’armée. Le projet de loi, qui est passé en première lecture à la Knesset du précédent Parlement, est bloqué par les partis ultra-orthodoxes qui veulent procéder à des modifications d la loi afin de réduire les quotas de ceux qui devaient faire le service militaire.

Dans les négociations de coalition, Liberman a présenté cinq demandes centrales qui sont les lignes rouges de son parti, y compris le défaire du Hamas, le blocage de toute modification de la loi proposée régulant la conscription militaire pour les hommes ultra-orthodoxes, et mettre un terme à certaines pratiques méprisantes utilisées par certains dans l’institution rabbinique de l’état quand ils traitent des immigrants russophones, comme des tests ADN pour examiner les liens de familles juives.

Si Netanyahu ne parvient pas à former une coalition avant le 18 mai, la tâche pourrait être assignée à un autre membre de la Knesset. Si aucun élu ne parvient à former un gouvernement, le pays ira vers de nouvelles élections.

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Netanyahu: les potentiels membres de la coalition ont des « requêtes impossibles »

Deux semaines seulement avant la date-butoir fixée pour former le gouvernement, le Premier ministre évoque une tâche « absurde » et des demandes budgétaires déraisonnables

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu participe à la cérémonie du Prix Israël à Jérusalem pour le 71ème Yom HaAtsmaout d'Israël, le 9 mai 2019. (Yonatan Sindel/Flash90)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu participe à la cérémonie du Prix Israël à Jérusalem pour le 71ème Yom HaAtsmaout d’Israël, le 9 mai 2019. (Yonatan Sindel/Flash90)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déploré mercredi soir le fait que la formation de la coalition tournait à « l’absurde » et accusé ses potentiels partenaires d’avoir des exigences excessives et incompatibles dans les négociations.

Deux semaines avant la date-butoir fixée pour former la coalition de Netanyahu, les négociations semblent être au point mort, et aucun accord n’a été signé avec aucun parti. Sans réconcilier les exigences des partis de droite et des partis ultra-orthodoxes et sans obtenir leur soutien, Netanyahu sera dans l’incapacité de former une coalition d’au moins 61 sièges sur les 120 que compte la Knesset. Cependant, la plupart des analystes estiment que la coalition sera formée d’ici deux semaines.

« Si nous avions le budget des Etats-Unis, ça aurait été bon. Mais ce n’est pas le cas, et nous ne pouvons pas détruire l’économie d’Israël et le budget de l’Etat. »

Le quotidien Haaretz a cité des sources proches des négociations affirmant que Netanyahu, dont le parti du Likud a remporté 35 sièges aux élections du 9 avril, commence à se demander si le chef du parti Yisrael Beytenu Avigdor Liberman et Moshe Kahlon, chef du aprti Koulanou, ne s’étaient pas mis d’accord pour torpiller la création d’une coalition de droite.

Liberman a nié toute démarche dans ce sens ; Kahlon n’a pas commenté ces allégations, au moment de la rédaction de ces lignes.

Le laïc et belliciste Liberman a demandé plus que ce que le Likud considère comme sa juste part du contrôle sur les ministères et les politiques gouvernementales, notamment le portefeuille de la défense, une meilleure séparation de la religion et de l’Etat, et une posture plus combative contre le Hamas à Gaza.

De son côté, Kahlon, ministre des Finances dans le gouvernement sortant, dans lequel son parti détenait 10 sièges à la Knesset, souhaite garder son poste même si son parti ne dispose plus que de 4 sièges, et a refusé de conclure les négociations de coalition avec le Likud.

Mardi, le député Yisrael Eichler du parti Yahadout HaTorah a ouvertement accusé Liberman d’empêcher la formation d’un gouvernement de droite.

« Peut-être qu’il a passé un accord avec Yair Lapid [de Kakhol lavan] pour établir un gouvernement laïc, sans haredim et sans Netanyahu », a suggéré Eichler dans un interview à la radio Kan.

Liberman a menacé lundi d’emmener son parti dans l’opposition, indiquant que son parti avait rencontré des différences « significatives » avec le Likud lors des négociations de coalition – en particulier sur les questions liées à la sécurité. Il a déclaré qu’il mettait fin aux négociations et que Netanyahu avait le choix entre accéder à ses demandes ou risquer de renvoyer les Israéliens aux urnes.

Dans les négociations de coalition, Liberman a énoncé cinq requêtes comme étant les lignes rouges de son parti, notamment la défaite du Hamas, tout changement dans la proposition de loi régulant la conscription des ultra-orthodoxes, et la fin de certaines pratiques du rabbinat d’Etat à l’égard des immigrants russophones, tels que les tests ADN pour analyser leur ascendance juive.

Si Netanyahu ne parvient pas à former une coalition d’ici le 28 mai, la tâche pourrait être confiée à un autre membre de la Knesset. Si aucun membre de la législature n’est susceptible d’être capable de former un gouvernement, le pays pourrait avoir à organiser de nouvelles élections.

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Explications

Dissolution de la Knesset : quelle sera l’issue de la crise de coalition ?

Soit Netanyahu forme un gouvernement à la onzième heure, soit nous aurons de nouvelles élections, soit aucune de ces deux options. Les prochaines heures frénétiques nous le diront

Le Président Reuven Rivlin (à droite) et le Premier ministre Benjamin Netanyahu alors que Rivlin charge Netanyahu de former la prochaine coalition, à la résidence du Président à Jérusalem le 17 avril 2019. (Noam Revkin Fenton/Flash90)

Le Président Reuven Rivlin (à droite) et le Premier ministre Benjamin Netanyahu alors que Rivlin charge Netanyahu de former la prochaine coalition, à la résidence du Président à Jérusalem le 17 avril 2019. (Noam Revkin Fenton/Flash90)

Lors d’une journée de théâtre politique extraordinaire en Israël, alors que la Knesset commençait mercredi à midi à débattre d’un projet de loi pour sa dissolution un mois seulement après son assermentation, les 12 heures suivantes semblaient présenter trois issues possibles : Le Premier ministre Benjamin Netanyahu résout sa crise de formation de coalition et parvient à former une coalition de 65 membres ; Netanyahu manque de temps, ne peut former une coalition, et la Knesset vote pour la dissolution et de nouvelles élections en septembre ; Netanyahu ne parvient pas à former une coalition, la Knesset ne vote pas pour la dissolution, et le président Reuven Rivlin reprend le processus d’identification du membre de la Knesset ayant la meilleure chance de former une coalition majoritaire.

La troisième de ces options a été jugée la moins probable, du moins au moment de la rédaction du présent article : Si Netanyahu ne parvenait pas à calmer Avigdor Liberman, le chef du parti Yisrael Beytenu, et finaliser une coalition, la dernière chose qu’il souhaite est qu’un rival politique ait l’occasion de le faire. Il préfère se présenter de nouveau devant les citoyens et tenir de nouvelles élections, en espérant qu’il sera récompensé par une Knesset plus sympathique la prochaine fois. Cette option serait également problématique pour Netanyahu, car cela lui laisserait très peu de temps pour essayer de faire avancer une législation qui pourrait le mettre à l’abri de poursuites dans les trois affaires pénales contre lui – son audience avant une mise en accusation probable est prévue pour début octobre – mais serait quand même moins problématique que voir une autre personne devenir Premier ministre. Par conséquent, s’il ne peut former une coalition, il a demandé à ses députés du Likud et à leurs alliés potentiels de la coalition de voter pour dissoudre le Parlement.

Toutefois, si un tel complot en coulisse avait été élaboré, il constituerait un acte stupéfiant de déloyauté envers Netanyahu de la part des députés Likud impliqués – dont certains sont effectivement mécontents de la fusion du Likud avec le parti Koulanou de Moshe Kahlon, qui a été adoptée mardi, et qui pourrait coûter leur siège à certains députés du Likud moins bien placés si de nouvelles élections ont lieu. (Aucun député du Likud, en revanche, n’a été publiquement mécontent de la tentative de Netanyahu de limiter l’autorité de la Cour suprême dans le cadre de ses efforts pour se placer au-dessus de la loi et éviter des poursuites éventuelles). Et cela aurait été un complot remarquablement bien caché, puisqu’il n’y en a aucune preuve (à moins de prendre en compte une photo de Liberman en discussion avec Gideon Saar du Likud, rival ostensible de Netanyahu, prise à la cafétéria de la Knesset, lundi dernier).

Les dénouements les plus probables aux manœuvres politiques de mercredi sont que Liberman – qui a insisté sur le fait que son prix à payer pour rejoindre la coalition est l’adoption, inchangée, d’une loi ayant passé sa première lecture en juillet dernier pour augmenter la proportion des hommes ultra orthodoxes qui servent dans Tsahal – et les partis ultra-orthodoxes et Netanyahu conviennent de mettre en avant leurs différences ou que la Knesset vote bien pour la dissolution. Laquelle de ces deux éventualités est la plus probable ? Au moment d’écrire ces lignes, personne ne le sait, ou si c’est le cas, ils ne le disent pas.

Il convient également de noter les quatre points suivants :

Premièrement, Tamar Zandberg, la dirigeante de Meretz, a déclaré qu’elle prévoyait d’empêcher un vote sur la dissolution de la Knesset avant minuit en menant un effort d’obstruction de l’opposition – un plan dont la viabilité est loin d’être claire. Le but serait de renverser l’équation binaire de coalition ou d’élection de Netanyahu, et de créer une situation dans laquelle Rivlin entrerait à nouveau en jeu et chercherait un nouveau Premier ministre potentiel.

Deuxièmement, même si Netanyahu ne parvient pas à former une coalition et que la Knesset (invraisemblablement) ne vote pas pour la dissolution, tout le monde peut se demander si un autre candidat pourrait par la suite être en mesure d’obtenir une majorité.

Troisièmement, si Netanyahu et Liberman réussissent à enterrer la hache de guerre et que Netanyahu obtient sa coalition, celle-ci se formerait dans l’ombre des querelles vicieuses des derniers jours et serait, par définition, loin d’être stable. Liberman révulse clairement Netanyahu, et Netanyahu ne peut tout simplement pas se permettre de lui faire confiance.

Quatrièmement, si Israël organise des élections anticipées, cinq mois à peine après le dernier tour de scrutin, ce serait sans précédent dans l’histoire du pays, coûterait environ 431 millions de shekels sur les fonds publics, selon les responsables, et serait aussi difficile à prévoir que toutes les autres élections israéliennes. On pourrait soutenir que peu de choses ont changé et que, par conséquent, la prochaine Knesset ressemblerait beaucoup à celle qui sera dissoute après un mois – une période si brève, soit dit en passant, que 20 nouveaux députés du Parlement doivent encore faire leur premier discours, et dont la seule loi adoptée serait la dissolution même.

Le public pourrait reprocher à Netanyahu de voter à nouveau et punir le Likud en conséquence. Tout le monde, sauf Netanyahu, pourrait en être responsable. Il pourrait en vouloir à Netanyahu d’avoir indiqué, à la veille des élections d’avril, qu’il ne demanderait pas de nouvelles lois d’immunité pour éviter des poursuites, mais qu’il avait apparemment l’intention de le faire. Il pourrait sympathiser avec ses arguments pour éviter les poursuites. Et toutes sortes d’autres considérations, notamment l’évolution spectaculaire de l’actualité nationale ou régionale, pourraient également entrer en ligne de compte.

C’est pourquoi, bien sûr, Netanyahu cherche fébrilement à former une coalition dans les prochaines heures, et c’est pourquoi Liberman a été capable de lui causer une telle anxiété. Apparemment.

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