Groupe de Visegrad : des pro-israéliens en Europe, c’est possible !

Le Premier ministre Netanyahu et ses homologues du hongrois, slovaque, tchèque et polonais, le Groupe de Visegrad,à Budapest, le 19 juillet 2017. (Crédit :Haim Tzach/GPO)Orban estime que l’UE devrait améliorer ses relations avec Israël:  Etant lui-même peu apprécié de Bruxelles, le Premier ministre hongrois appelle l’Europe à revenir au “bon sens” face à Jérusalem

 Le Premier ministre Netanyahu et ses homologues du hongrois, slovaque, tchèque et polonais, le Groupe de Visegrad,à Budapest, le 19 juillet 2017. (Crédit :Haim Tzach/GPO)

Netanyahu, en quête d’alliés sur la scène internationale, effectue à Budapest depuis lundi la première visite en Hongrie d’un responsable de l’Etat juif depuis 1989.

Après des entretiens mercredi avec ses homologues de Hongrie, de Pologne, de République tchèque, de Slovaquie (qui forment une alliance appelée groupe de Visegrad), le dirigeant les a remerciés des « positions sur Israël qu’ils ont régulièrement défendues au sein de l’Europe. »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, et son homologue hongrois Viktor Orban, à Budapest, le 18 juillet 2017. (Crédit : GPO)Pendant une rencontre à huis clos, dont une partie a été diffusée par accident aux journalistes, Netanyahu s’est lancé dans une tirade cinglante contre la « folle » politique de l’Union européenne (UE) vis-à-vis d’Israël.  Netanyahu a déploré les critiques dont son pays fait régulièrement l’objet de la part des institutions européennes à propos de la construction dans les implantations de Cisjordanie et du processus de paix israélo-palestinien.

Qualifiant ces critiques « d’anomalie », il a estimé qu’il était « temps d’avoir en Europe une réévaluation de la relation avec Israël », parce que son pays a « beaucoup à offrir » à l’UE en matière de sécurité et de technologies notamment et parce qu’il est « la seule démocratie du Moyen Orient », « un phare de tolérance pour une vaste région ».

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban, qui occupe actuellement la présidence tournante du groupe de Visegrad, a également plaidé « pour que la coopération entre l’UE et Israël retrouve la voie du bon sens », estimant que « l’Europe se punit elle-même » en négligeant ce partenaire.

Les quatre pays de l’Est, qui entretiennent eux-mêmes des relations souvent tendues avec Bruxelles et leurs partenaires européens, ont publié une déclaration dans laquelle ils s’engagent à œuvrer pour « renforcer » les liens entre l’UE et Israël.  Leurs dirigeants ont aussi annoncé un renforcement de leur coopération bilatérale avec Israël, notamment dans les domaines économiques et de la sécurité. Une nouvelle rencontre avec Benjamin Netanyahu est prévue en 2018 à Jérusalem.  « Avec le soutien de ces pays, il devient plus difficile pour l’UE de faire passer des résolutions critiques sur Israël nécessitant l’unanimité », selon Peter Lintl, spécialiste du Proche Orient cité mercredi par le quotidien autrichien Kurier.

 

Se croyant à huis-clos, Netanyahu fustige la « folle » politique européenne sur Israël

Durant un entretien avec les dirigeants de 4 pays d’Europe de l’Est retransmis aux journalistes, le Premier ministre avertit que l’Europe va se « flétrir et disparaître » s’il ne change pas son fusil d’épaule

Le Premier ministre Netanyahu et ses homologues hongrois, slovaque, tchèque et polonais,à Budapest, le 19 juillet 2017. (Crédit :Haim Tzach/GPO)

Le Premier ministre Netanyahu et ses homologues hongrois, slovaque, tchèque et polonais,à Budapest, le 19 juillet 2017. (Crédit :Haim Tzach/GPO)

« Je pense que l’Europe doit décider si elle veut vivre et prospérer ou si elle veut flétrir et disparaitre », a-t-il dit dans un entretien à huis-clos qui a été accidentellement retransmis à des journalistes à l’extérieur.

« Je ne fais pas dans le politiquement correct. Je sais que c’est un choc pour nombre d’entre vous. C’est une blague. Mais la réalité est ce qu’elle est… à la fois en ce qui concerne la sécurité de l’Europe et son futur économique. Ces deux domaines requièrent une politique différente envers Israël. »

Durant l’entretien, Netanyahu a également appelé les dirigeants hongrois, slovaque, tchèque et polonais à fermer leurs frontières aux réfugiés d’Afrique et du monde arabe, et a félicité l’administration du président américain Donald Trump pour sa position « ferme » sur l’Iran et la Syrie.

« L’Union européenne est la seule association de pays au monde qui conditionne ses relations avec Israël, qui produit de la technologie dans tous les domaines, sous condition politique. La seule ! Personne ne fait ça ! », a déclaré Netanyahu quelques minutes avant que des responsables ont réalisé que l’entretien était retransmis aux journalistes et qu’ils ne coupent la transmission.

« C’est de la folie, vraiment de la folie », a-t-il dit au sujet de l’insistance de l’Union européenne à conditionner certains accords avec Israël sur l’avancement du processus de paix. Il a notamment évoqué l’Accord d’Association entre l’Union européenne et Israël, qui n’a pas été renouvelé depuis l’an 2000. Il a exhorté les Premier ministres présents, Viktor Orban pour la Hongrie, Bohuslav Sobatka pour la République Tchèque, Beata Szydlo pour la Pologne et Robert Fico pour la Slovaquie, à travailler pour convaincre Bruxelles de renouveler l’accord sans le baser sur le processus de paix.

« S’il-vous-plaît, aidez-nous, aidez l’Europe en accélérant cet accord d’association », a-t-il dit.

Le Premier ministre Netanyahu et ses homologues du hongrois, slovaque, tchèque et polonais, le Groupe de Visegrad,à Budapest, le 19 juillet 2017. (Crédit :Haim Tzach/GPO)

« Il ne s’agit pas de mes intérêts, des intérêts d’Israël. Je parle des intérêts de l’Europe », a souligné Netanyahu.

La Chine, la Russie et l’Inde ont des relations particulières avec Israël qui ne sont pas subordonnées à l’avancée du processus de paix, a fait remarquer Netanyahu. « Ils ne s’intéressent pas à l’aspect politique. » Il a parlé de conversations qu’il a eues avec les dirigeants de ces pays, et de leur intérêt à ce qu’Israël a à leur offrir, et leur non-intérêt au problème persistant des Palestiniens.

« Nous avons une relation spéciale avec la Chine. Et ils s’en fichent, ils se fichent de la question politique », a-t-il dit.

Le Premier ministre indien, Narendra Modi et le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, au forum des PDG, le 6 juillet 2017, en Israël (Crédit : Bureau du Premier ministre)

Le Premier ministre indien Narendra Modi, lui a confié avoir besoin d’eau pour son peuple, lors de sa visite en Israël. « Où vais-je en trouver ? À Ramallah ? Non ! », a affirmé Netanyahu, avant de souligner que les vaches israéliennes produisent davantage de lait que les vaches du reste du monde, soit deux fois la moyenne européenne.

« Si je peux me permettre, ce qui ressort de cet entretien, c’est peut-être votre capacité à communiquer avec vos collègues des autres pays d’Europe : Aidez l’Europe… Ne sabotez pas le seul pays occidental qui défend les valeurs européennes et les intérêts européens et qui empêche une nouvelle immigration de masse en Europe. »

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, et son homologue hongrois Viktor Orban, à Budapest, le 18 juillet 2017. (Crédit : GPO)

Le Premier ministre a souvent affirmé qu’Israël est un rempart contre le flux de migrants et de réfugiés d’Afrique et du Moyen Orient en Europe.

« Alors arrêtez d’attaquer Israël. Commencez à soutenir Israël… Commencez à soutenir les économies européennes en faisant ce que font les Américains, les Chinois et les Indiens », a-t-il dit, faisant allusion à une coopération technologique croissante. L’Europe « se coupe » d’Israël, une source d’innovation majeure, a-t-il dit.

« Il n’y a aucune logique ici. L’Europe met sa sécurité en danger en sabotant Israël. L’Europe sabote son progrès en sabotant ses relations avec l’innovation israélienne, à cause d’une tentative délirante de poser des conditions », a -t-il ajouté.

Après leur entretien à huis-clos, Netanyahu et les quatre autres Premiers ministres se sont adressés à la presse. Le dirigeant israélien a plaisanté en disant qu’il serait bref, parce que la presse israélienne avait déjà reçu un briefing élaboré.

« Il y a une anomalie. Je ne m’en cache pas », a-t-il dit, avant d’ajouter qu’Israël est souvent critiqué par l’Union européenne et par des pays européens individuellement. L’État hébreu est la seule démocratie du Moyen Orient, une « balise de tolérance », le « bastion des valeurs européennes et occidentales », a-t-il poursuivi. « Il est temps de réévaluer. Nous avons beaucoup à offrir à l’Europe. »

Au début de cet entretien, Netanyahu a également manifesté son soutien aux efforts du Groupe de Visegrad qui surveille les frontières de l’Europe contre une nouvelle vague de réfugiés du Moyen Orient.

Il a affirmé croire au libre flux des biens et des idées, « mais pas des personnes… sécurisez vos frontières. Sécurisez vos frontières », a-t-il clamé à l’intention des dirigeants est-européens.

En ce qui concerne la situation géopolitique du Moyen Orient, Netanyahu a expliqué qu’Israël « avait un gros problème » avec l’administration Obama à Washington et sa politique trop hésitante à l’égard de l’Iran et de la Syrie, et qu’il était plus satisfait avec son successeur.

« Je pense que les choses sont différentes désormais. Vis-à-vis de l’Iran, ils ont une position plus ferme », a-t-il dit. Les États-Unis effectuent davantage de bombardements en Syrie, ce qui est « une bonne chose. Je pense que nous sommes OK sur l’État islamique. Nous ne sommes pas OK sur l’Iran. »

Israël a construit une barrière à la frontière du plateau du Golan, parce que l’État islamique et l’Iran, via leurs alliés, ont tenté et tentent toujours de monter un « front terroriste » contre Israël sur place, a poursuivi Netanyahu.

« En toute honnêteté, j’ai dit à [président russe Vladimir) Poutine, quand nous les verrons le faire, nous prendrons des mesures militaires contre eux. Nous l’avons fait des dizaines et des dizaines de fois, et nous ne sommes pas entrés en conflit avec la Russie. »

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