Un ex-bagagiste de Cointrin suspecté de sympathie djihadiste
Le jeune homme, qui avait accès à la zone réservée de l’aéroport avant d’être renvoyé de son poste, vient d’être arrêté en France pour une affaire de banditisme. Son profil lui vaut aussi désormais une fiche S. De quoi relancer indirectement le débat sur la sécurité des sites sensibles
Un Haut-Savoyard, qui travaillait auparavant comme bagagiste à Cointrin, vient d’être arrêté en France pour une affaire de banditisme et ferait aussi l’objet d’une récente fiche S en raison de sa sympathie proclamée pour le djihad, révèle aujourd’hui La Tribune de Genève.
Selon nos informations, le jeune homme avait perdu son emploi cet été en raison de ses retards répétés et de l’insuffisance de ses prestations. Les soupçons français quant à son profil, pénal ou encore radical, ne sont apparus que postérieurement au renvoi décidé par la société active sur cette zone très sensible du tarmac. L’aéroport fait d’ailleurs désormais, comme l’a expliqué Pierre Maudet jeudi dernier en conférence de presse, l’objet d’une attention décuplée en raison de son caractère particulièrement exposé.
Détenu pour une séquestration
Le jeune homme en question a été arrêté le 23 novembre en France voisine avec ses deux comparses pour avoir participé, il y a neuf mois, à la séquestration d’une famille à Ville-en-Sallaz afin de mettre sous pression le père, employé de change à Genève, et obtenir ainsi de l’argent. Le plan avait échoué et les malfrats s’étaient volatilisés. Le procureur d’Annecy, Eric Maillaud, cité par la Tribune de Genève, précise que le trio ne conteste par ces faits.
Il apparait que l’ex-bagagiste intéresse aussi désormais les services de renseignements français qui le soupçonnent d’avoir clamé son intention de partir en Syrie. Les informations sur les contours temporels et matériels de cette fiche S restent toutefois très floues et contradictoires même pour les autorités genevoises qui ont récemment voulu en savoir plus.
Contrôles renforcés à l’Aéroport
Le conseiller d’Etat Pierre Maudet, chargé de la Sécurité et bien décidé à se profiler sur le terrain de la menace terroriste, a évoqué en fin de semaine toute une série de mesures policières et sociales mais aussi des contrôles plus serrés mis en place progressivement depuis plusieurs mois à Cointrin où travaillent au total quelque 10’000 personnes.
Le ministre développe pour la Tribune de Genève les mesures dédiées à l’Aéroport. A l’engagement, tout candidat à un emploi sur le site devait déjà fournir un extrait de son casier judiciaire concernant tous ses lieux de résidence et cela pour les cinq dernières années. Le dossier est ensuite étudié en fonction de critères propres à la sécurité aérienne. En cas de risque identifié, le candidat n’est pas retenu et le badge non délivré pour la zone réservée.
Pour les employés déjà en poste, des contrôles aléatoires sont menés en plus du renouvellement désormais plus régulier des milliers de badges rouges qui donnent accès aux pistes et aux avions. Ces badges d’accès seront vérifiés et réattribués tous les deux ans et non plus tous les cinq ans. Selon Pierre Maudet, plusieurs de ces accès sont déjà retirés chaque année. Le magistrat n’a pas voulu donner plus de détails sur les motifs.
Les conditions d’octroi des laissez-passer deviennent plus strictes, surtout pour les zones sensibles. Pour des raisons de confidentialité, le ministre avait déjà refusé d’en dire plus face à la presse. Les interpellations en chaîne à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle après les attentats de janvier et le récent attentat contre l’avion russe parti de Charm el-Cheik accroissent forcément la pression.
Informations au compte-goutte
Les vérifications des autorités se mènent sans le concours automatique des services français. La police genevoise n’a pas accès aux fiches S (pour Sécurité de l’Etat) et ne peut solliciter des précisions qu’au cas par cas, de façon informelle et sans toujours recevoir de réponse très claire.
Si Pierre Maudet souhaite une meilleure circulation des informations, il met aussi en garde contre l’avalanche de renseignements plus ou moins vérifiés ou pertinents et rappelle «qu’une personne fichée n’a pas automatiquement commis un acte répréhensible».