Affaire VATILEAKS : le majordome du Pape en prison, le banquier du Vatican limogé, les cardinaux se querellent, le Vatican dans la tourmente, B16 contraint à la démission ?

Le pape Benoît XVI, place Saint Pierre

Le pape Benoît XVI, place Saint Pierre / OSSERVATORE ROMANO/AFP, Francesco Sforza

Rien ne va plus à Rome ! Le Pape B16 va-t-il être contraint à la démission ? C’est l’affaire VATILEAKS (d’après le modèle de WIKILEAKS…) qui fait les choux gras de la presse spécialisée. Le majordome du Pape dort en prison pour avoir divulgué des documents secrets défense, le directeur de la banque du Vatican a été limogé (trop de transparence…?), les luttes d’influence des cardinaux apparaissent au grand jour, Le Pape ne semble pas en capacité de réguler le choc des ambitions de la curie romaine… 

Lire ICI sur RTL.fr…

Lire ICI sur le JDD…

L’archevêque de Lyon, le cardinal Barbarin, redoute « une crise douloureuse pour Benoît XVI ». « Le successeur de Pierre est le rocher de l’unité, son ministère comporte bien des obstacles pour surmonter divisions et discordances, Benoît XVI déploie toute son énergie pour être artisan de paix et d’unité. Mais quand la trahison vient des proches, de ceux sur lesquels il devrait pouvoir compter pour accomplir sa mission, c’est un vrai scandale », confie au JDD le primat des Gaules. Chacun s’attend dans les prochaines heures à d’autres développements, qui nourrissent de nombreuses rumeurs.

Finalement, les complots existent bel et bien…au Vatican, il semble que cela soit devenu un sport quotidien !

Relire ICI notre post du 6 mai2012  relatif au compte bancaire du Vatican fermé d’office par JP MORGAN !

Relire ICI notre post du 10 février 2012   relatif à la théorie de la mort de B16 au profit du Pape Noir…

Relire ICI notre post du 25 janvier 2012 relatif à la corruption qui régnerait au Vatican selon le cardinal…

Benoît XVI trahi par un proche ?

Le Vatican a officiellement confirmé samedi l’arrestation, ainsi que l’identité, du majordome du pape Benoît XVI, l’un des auteurs présumés de fuites de documents confidentiels, précisant qu’il est toujours incarcéré.

« Je confirme que la personne, arrêtée mercredi pour possession illégale de documents confidentiels retrouvés à son domicile situé sur le territoire du Vatican, est M. Paolo Gabriele, qui reste incarcéré », indique un communiqué du directeur de la salle de presse du Vatican, le père Federico Lombardi.

Surnommé « Paoletto », Paolo Gabriele, 46 ans, Romain, toujours tiré à quatre épingles, vit avec sa femme et ses deux enfants dans un immeuble à l’intérieur du Vatican dont il a la nationalité, et il est l’un des très rares laïcs à avoir accès aux appartements du pape. Sa silhouette est connue. Dans la papamobile, il est habituellement assis devant le pape, à côté du chauffeur.

Gabriele aide Benoît XVI à revêtir ses habits pontificaux, participe à la messe dans sa chapelle privée, le suit dans ses audiences publiques et privées, sert le déjeuner, se met à table avec le pape et prépare le soir sa chambre.

Dans un livre récemment paru « Sua santita » (« Sa Sainteté »), révélant de nombreux documents confidentiels, l’auteur, le journaliste italien Gianluigi Nuzzi, décrit l’homme à l’origine des fuites comme quelqu’un en qui le pape a confiance, mais qui souhaite réparer de nombreuses « injustices » en « faisant connaître à tous ce qui se passe au Vatican ». Selon Nuzzi, cet homme n’est pas seul.

Des fuites embarrassantes

Mais en quoi consistent exactement ces fuites qui contrarient le Vatican depuis janvier ? Il y a un mois, le pape a institué une commission formée de trois cardinaux pour enquêter sur ces dernières. Samedi dernier, le livre choc « Sua Santita » (« Sa Sainteté »), est en effet sorti en librairie : il reproduit des dizaines de fax ultra-secrets dont le pape était le destinataire ou avait eu connaissance et que des « gorges profondes » ont ensuite livrés à l’auteur, le journaliste Gianluigi Nuzzi.

Ces documents illustrent de nombreux débats internes, par exemple sur la situation fiscale de l’Eglise, les finances des instituts catholiques, les scandales sexuels chez les Légionnaires du Christ ou encore les négociations avec les intégristes. Le livre a donné lieu à une réaction furibonde du Saint-Siège qui a menacé de poursuites. La période est en effet tendue, car le Vatican est agité par une crise interne concernant la gestion financière de ses intérêts.

Jeudi soir, un spectaculaire vote de défiance du Conseil d’administration de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR), la banque du Vatican, a mis à la porte son président, Ettore Gotti Tedeschi. En 2009, la nomination de ce laïc catholique, expert de « l’éthique de la finance », avait apporté l’espoir d’un assainissement des finances du Vatican.

Il est rare qu’un haut responsable soit licencié de façon aussi brusque et aussi retentissante. Il lui est reproché de « n’avoir pas su remplir certaines fonctions de première importance ». Parmi les pistes citées par la presse italienne, figurent des désaccords entre lui et le cardinal Tarcisio Bertone sur plusieurs affaires concernant les intérêts financiers du Saint-Siège en Italie et la possibilité que M. Gotti Tedeschi ait révélé certains documents, dans un désir de transparence.

La chute de cet homme respecté qui voulait transformer l’IOR en une banque modèle, survient à un moment crucial : début juillet, un groupe d’experts européens doit décider si le Vatican peut rejoindre la liste des Etats transparents dans la lutte anti-blanchiment. De là à voir dans cette affaire la manifestation d’un complot d’une « vieille garde » de cardinaux proches de Jean Paul II, qui regrettent une époque où le Saint-Siège avait une voix plus forte… et moins sourcilleuse sur la transparence, il y a un gouffre qu’il est impossible de franchir, pour l’instant.

(avec AFP)

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Le Vatican dans la tourmente

Des dizaines de documents secrets du Vatican révélés, le majordome du pape arrêté, son banquier limogé : le Saint-Siège a connu une semaine difficile. Si ces affaires révèlent de vives tensions au sein du plus petit Etat du monde, elles témoignent également d’une volonté de réformes.

Série de scandales en quelques jours. Dernier épisode en date : une personne « en possession illégale de documents confidentiels » a été arrêtée par la gendarmerie vaticane, a annoncé vendredi le Vatican. Il s’agit de Paolo Gabriele, 46 ans, le majordome des appartements du pape depuis 2006, homme de confiance et l’une des rares personnes en contact direct avec Benoît XVI. Un coup dur pour le pontife de 85 ans qu’une source proche a décrit comme « attristé et choqué » par cette « douloureuse affaire ».

Jeudi soir, un spectaculaire vote de défiance du Conseil d’administration de l’Institut pour les œuvres de religion (IOR), la banque du Vatican, avait mis à la porte son président, Ettore Gotti Tedeschi. En 2009, la nomination de ce laïc catholique, expert de « l’éthique de la finance », apprécié du pape qu’il avait conseillé pour son encyclique sociale « Caritas in Veritate », avait apporté l’espoir d’un assainissement des finances du Vatican. Il est rare qu’un haut responsable soit licencié de façon aussi brusque et aussi retentissante. Il lui est reproché de « n’avoir pas su remplir certaines fonctions de première importance ».

De fortes tensions entre cardinaux

La chute de cet homme respecté qui voulait transformer l’IOR en une banque modèle survient à un moment crucial : début juillet, un groupe d’experts européens doit décider si le Vatican peut rejoindre la liste des Etats transparents dans la lutte anti-blanchiment. Impliqué dans les années 1980 dans des scandales sulfureux mêlant mafia, loge maçonnique et services secrets, l’IOR a néanmoins repoli son image sous le pontificat de Benoît XVI. Une nouvelle législation a été adoptée mais elle a été retouchée, apparemment pour limiter la possibilité d’enquêtes rétroactives, ce qui aurait mécontenté le banquier italien.

La sortie, la semaine dernière en Italie du livre choc Sua Santita (« Sa Sainteté »), reproduisant des dizaines de fax ultra-secrets dont le pape était le destinataire ou avait eu connaissance embarrasse également le Saint-Siège. Ces documents illustrent de nombreux débats internes, par exemple sur la situation fiscale de l’Eglise, les finances des instituts catholiques, les scandales sexuels chez les Légionnaires du Christ ou encore les négociations avec les intégristes. Alors qu’une commission d’enquête dirigée par trois cardinaux est au travail sur les fuites intervenues en janvier, ce livre a donné lieu à une réaction furibonde du Vatican qui menace de poursuites. Une réaction qui peut surprendre car les documents publiés ne sont souvent pas des surprises, même s’ils révèlent de fortes tensions entre cardinaux.

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Le majordome du pape et les corbeaux du Vatican

Le plus proche collaborateur de Benoît XVI, soupçonné d’être la taupe, dort sous les verrous. Le scandale promet de multiples rebondissements.

Sa silhouette est connue. Dans la papamobile, il est habituellement assis devant le pape, juste à côté du chauffeur. Depuis samedi, il est l’homme par qui le scandale est arrivé au Vatican. Lui, le laïque le plus proche du pape. Celui qui aide depuis six ans Benoît XVI à revêtir ses habits pontificaux au lever du jour participe à la messe dans sa chapelle privée, se met à table avec le pape et prépare le soir sa chambre. Paolo Gabriele, 46 ans, le majordome du Saint-Père, est depuis mercredi soir placé en détention dans les locaux de la gendarmerie vaticane. Le valet de chambre, ou aiutente di camara, a été arrêté parce qu’il était « en possession illégale de documents confidentiels » et que la justice le soupçonne d’avoir participé à ce que la presse italienne appelle déjà « le complot des corbeaux ».

Celui que l’on surnomme place Saint-Pierre « Paoletto » fait désormais l’objet d’une procédure judiciaire conforme au code pénal du plus petit État du monde. Le délit, la soustraction et la divulgation de la correspondance personnelle du pape, s’étant produit sur ce territoire, c’est un juge d’instruction du Vatican, Piero Antonio Bonnet, qui mène actuellement l’enquête. Le majordome risque trente ans de réclusion.

Des centaines de dossiers hautement confidentiels

Jusqu’à présent, Paoletto vivait avec sa femme et ses enfants dans un immeuble à l’intérieur du Vatican. Avant de servir le souverain pontife, il a été le majordome de Mgr James Harvey, le préfet de la Maison pontificale, et était apprécié pour sa grande discrétion. Pourquoi le bon Paolo Gabriele a-t-il ainsi risqué de tout perdre? Il est soupçonné d’avoir transmis au journaliste Gianluigi Nuzzi – dont le livre explosif Sua Santità, le carte segrete di BenedettoXVI (Sa Sainteté, les dossiers secrets de BenoîtXVI) ne cesse de défrayer la chronique en Italie depuis sa sortie samedi dernier – des centaines de documents hautement confidentiels, des fax dont le pape était le destinataire, mais aussi des notes manuscrites de son secrétaire particulier, Mgr Georg Gänswein. Des fuites sans précédent. Au menu: situation fiscale de l’Église, finances des instituts catholiques, scandales sexuels chez les Légionnaires du Christ ou encore coulisses des négociations avec les intégristes dans l’hypothèse de réintégration des lefebvristes de la Fraternité Saint-Pie X dans l’Église catholique, conduite de l’Église en Chine…

Pas moins de 26 thèmes développés, avec chaque fois preuve d’un document à l’appui. Le livre révèle même le numéro de compte personnel du Saint-Père. Difficile à croire que les fuites ne soient le fait que d’une seule « taupe ». Si Nuzzi indique dans son livre avoir été approché par un seul homme, qu’il affuble du pseudonyme de Maria, il précise que le Maria en question appartiendrait à un réseau secret oeuvrant au sein même du Vatican… pour le bien du pape, et dont le but est de dénoncer la gouvernance du cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État et numéro deux du micro-État. Nuzzi consacre un long chapitre à la gestion de l’ambitieux Bertone. « Paolo Gabriele, choqué par des jeux de pouvoir internes au Vatican, a-t-il voulu bien faire et jouer seul le chevalier blanc? Ou, plus vraisemblablement, ses commanditaires ont-ils voulu porter un coup fatal à la personne du secrétaire d’État, le cardinal Bertone, dont la gestion fait l’objet de nombreuses contestations? », s’interroge le spécialiste du Vatican Bernard Lecomte.

« Cette crise cristallise les contradictions du pape »

Pour Frédéric Lenoir, directeur du Monde des religions, « le Vatican est plus que jamais dans la tourmente » : « Benoît XVI est de plus en plus en retrait des affaires temporelles de l’Église. Cette crise cristallise les contradictions du pape, il n’a pas mis en pratique les réformes qu’il avait formulées à l’encontre du fonctionnement de la curie romaine, finalement il n’a pas osé bousculer la curie… Ils laissent gouverner les bureaucrates. Cela sent la fin de règne. »

L’affaire des fuites du Vatican provoque de l’émoi dans l’épiscopat français: « Plus on est dans une mission de confiance auprès du pape, plus on doit s’en montrer digne! », s’exclame Mgr Podvin, porte-parole des évêques de France. L’archevêque de Lyon, le cardinal Barbarin, redoute « une crise douloureuse pour Benoît XVI ». « Le successeur de Pierre est le rocher de l’unité, son ministère comporte bien des obstacles pour surmonter divisions et discordances, Benoît XVI déploie toute son énergie pour être artisan de paix et d’unité. Mais quand la trahison vient des proches, de ceux sur lesquels il devrait pouvoir compter pour accomplir sa mission, c’est un vrai scandale », confie au JDD le primat des Gaules. Chacun s’attend dans les prochaines heures à d’autres développements, qui nourrissent de nombreuses rumeurs. Selon certains médias italiens, le cardinal Bertone aurait proposé sa démission au pape.

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Fuites au Vatican: Tout comprendre sur le VatiLeaks

12 contributions

Créé le 29/05/2012 à 16h41 — Mis à jour le 29/05/2012 à 16h41

RELIGION – Il s’agit de la crise la plus grave au Saint-Siège depuis que Benoît XVI est pape…

Le scandale du «VatiLeaks», dévoilé au début de l’année par la presse italienne, a rebondi la semaine dernière avec l’arrestation de l’auteur présumé des fuites qui éclaboussent le Vatican. 20 Minutes fait le point sur l’affaire.

C’est quoi le VatiLeaks?
Le scandale porte sur une série de documents communiqués à des médias italiens en janvier et février derniers. Il a entraîné la publication dans la presse de plusieurs documents sensibles faisant état de corruption et de mauvaise gestion au Vatican. Parmi ces documents figurent des lettres adressées personnellement au pape par l’archevêque Carlo Maria Vigano, ancien numéro deux des services administratifs du Vatican et depuis octobre nonce apostolique (ambassadeur) à Washington.

Que contiennent ces documents?
Dans ses lettres à ses supérieurs, et notamment au pape, Carlo Maria Vigano affirmait avoir été muté à Washington après s’être plaint de la «corruption» et des «malversations» dans la gestion du patrimoine du Saint-Siège. Il dénonçait la situation «désastreuse» découverte à sa prise de fonction en 2009 au gouvernorat de la Cité du Vatican, sur fond de corruption, de népotisme et de favoritisme. Alors chargé de gérer les infrastructures du petit Etat pontifical (immeubles, jardins, rues et musées), il se plaignait de voir les contrats toujours attribués aux mêmes entreprises à des prix selon lui exagérés. Dans une de ses lettres au pape, l’archevêque se disait victime d’une campagne de dénigrement de la part de responsables du Vatican hostiles à sa politique de rigueur et à sa volonté de «faire le ménage» dans les dossiers financiers.

Que montrent les autres documents?
D’autres pièces évoquent des conflits internes concernant l’Institut des oeuvres religieuses (IOR, la Banque du Vatican), dont le président Ettore Gotti Tedeschi, accusé de «mauvaise gouvernance», a été limogé jeudi dernier. L’IOR est sous les projecteurs depuis que 23 millions d’euros de ses avoirs dans les banques italiennes avaient été gelés en 2010 dans le cadre d’une enquête pour blanchiment d’argent.

Qui a transmis ces documents?
Il s’agirait du majordome particulier du pape, Paolo Gabriele, 46 ans, qui a été officiellement inculpé samedi dernier par la justice vaticane pour avoir dérobé ces documents confidentiels. Paolo Gabriele avait accès aux pièces les mieux gardées du Palais apostolique, la résidence de Benoît XVI. C’est lui qui aidait le pape à s’habiller, lui servait ses repas et se tenait aux côtés du conducteur de la «papamobile». Mais les magistrats cherchent à déterminer si le majordome a agi seul ou avec des complices.

Pourrait-il s’agir d’une conspiration plus large?
C’est ce que pense la presse italienne qui estime que le majordome n’est qu’un bouc émissaire qui paye pour les autres et qu’au moins un prince de l’Eglise fait partie des personnes soupçonnées d’être à l’origine des fuites, une information démentie par le Vatican. «Il y a des cardinaux qui sont à l’origine des fuites, mais le Secrétariat d’Etat ne pouvait pas en parler, alors ils ont arrêté le majordome, Paolo (Gabriele), qui a seulement remis des lettres pour d’autres personnes», peut-on lire dans La Repubblica, citant une personne à l’origine des fuites. «Il n’a pas volé les documents. Son rôle était de les remettre», ajoute La Stampa, citant aussi un des auteurs des fuites.

Quelle est la réaction du pape?
Après avoir mis sur pied une commission de cardinaux chargés d’enquêter sur l’affaire, Benoît XVI s’est dit «affligé» d’avoir été trahi par un membre de son entourage proche. «Il (le pape) sait que la Curie romaine traverse une situation délicate. Il continue de rester sur le chemin de la sérénité, sa foi et sa morale le placent au-dessus de la mêlée», a ajouté le porte-parole du Vatican. Selon les détracteurs du pape, ce scandale serait pourtant dû en partie à la personnalité de Benoît XVI, à une mauvaise gouvernance et aux affaires présumées de corruption.

Corentin Chauvel avec Reuters
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Rumeurs de corruption, complots, fuites en série, vols de documents secrets, arrestation du majordome du pape (à gauche en photo)… C’est l’Église qui est déstabilisée.
Pour qui serait totalement ignorant des problèmes qui agitent le Saint-Siège depuis plusieurs mois, j’ai repris l’article de notre correspondante à Rome, paru, ce matin, dans Ouest-France à la fin de ce post.

Et, dans le même temps, je voulais renvoyer au discours d’ouverture du Concile Vatican II, prononcé par Jean XXIII (cliquer ici).
Hasard ou pas, un fidèle lecteur vient de le porter à ma connaissance. Et je le trouve très éclairant. Plus largement sur Vatican II, et également sur les problèmes actuels du Saint-Siège.

Je soulignerai le paragraphe suivant :

« En ouvrant ce Concile universel, il est bien naturel que le Vicaire du Christ qui vous parle jette un regard vers le passé et écoute les échos vivants et réconfortants qui en proviennent.
« Il aime évoquer le souvenir des Souverains Pontifes si méritants, des temps lointains et récents, qui ont transmis le témoignage de ces voix graves et vénérables que furent les Conciles d’Orient et d’Occident, du IVe siècle au Moyen Age et jusqu’à notre époque.
« Avec une constante ferveur, ils ont proclamé le triomphe de cette société à la fois divine et humaine qu’est l’Eglise du Christ, laquelle a reçu du divin Rédempteur son nom, son sens et le don de la grâce.

« Si ce sont là des motifs de joie spirituelle, nous ne pouvons cependant pas oublier les souffrances et les épreuves de toutes sortes qui, pendant dix-neuf siècles ont obscurci cette histoire. »

L’Église comme « société à la fois divine et humaine ».
Toute la « problématique est là ».

Société humaine, personne ne le conteste. Chacun peut en apprécier sa grandeur et ses faiblesses. Il est admirable qu’une telle société ait pu se maintenir pendant 20 siècles et « fédérer » aujourd’hui 1,2 milliard de fidèles. Croyant ou pas, un tel « phénomène » mérite un minimum de respect.

En revanche, comme société humaine, l’Église ne doit pas échapper à une lecture, à un questionnement, critique de ses membres. Sinon, l’obéissance aveugle devient une source d’aveuglement.

L’autre volet, c’est l’Église comme « société divine ». On quitte ici le plan rationnel pour rentrer dans le domaine la foi. Une foi qui n’est pas partagée par tous.

J’avoue, pour ma part, humblement, que je suis bien ignorant (et incapable) pour apprécier le rôle de Dieu lui-même, via son Esprit, sur l’Église.
J’aimerais toutefois que cette humilité soit plus largement partagée au sein de l’institution.
Je suis quelquefois mal à l’aise quand on présente comme « d’inspiration divine » des décisions qui ne sont, peut-être, que très humaine.

Les événements actuels au sommet de l’Église le montrent bien, sauf à imaginer que l’Esprit emprunte des chemins bien mystérieux. Dans ce cas, la « crise » actuelle serait à relire comme une « bonne chose » pour l’Église. Après tout pourquoi pas…

 

Article paru le 29 mai dans Ouest-France

Le Vatican déstabilisé par les fuites en série

Un majordome arrêté, un banquier limogé. Des rumeurs, des complots, des vols de documents secrets. Digne du scénario d’un polar, la crise qui agite le Saint-Siège n’a rien d’une fiction.

Rome.
De notre correspondante

« Complot pour assassiner le pape », titrait en Une Il Fatto Quotidiano, en février. Le journal italien appuyait son information « exclusive » sur la copie d’une lettre anonyme adressée au pape. Document authentique, mais interprétation « délirante », avait alors réagi Federico Lombardi, porte-parole de Benoît XVI.

Au même moment, deux lettres tombaient entre les mains des journalistes. Envoyées par l’ex-secrétaire du gouvernorat du Vatican au cardinal secrétaire d’État Tarcisio Bertone, numéro 2 du Saint-Siège, elles dénonçaient la «corruption généralisée » au sein de l’institution. La presse s’emparait de l’affaire et, quelques jours plus tard, la présidence du gouvernorat désavouait officiellement Mgr Vigano.

Depuis, le directeur de la salle de presse du Saint-Siège a multiplié les démentis, fustigé le manque d’éthique de la presse, alors que les fuites continuaient. « Il faut du calme et du sang-froid, faire usage de sa raison », écrivait-il alors que les médias s’intéressaient à l’application des normes anti-blanchiment à la Banque du Vatican, documents à l’appui, encore une fois.

Deux hommes de confiance

Pendant tout ce temps, le pape lui-même est resté très discret. Mais il y a un mois, face à l’ampleur des fuites d’informations, il lançait une commission d’enquête sous la responsabilité de trois cardinaux de la Curie.

Un mois plus tard, avec l’aide de la gendarmerie du Vatican, les prélats, tous âgés de plus de 80 ans, mettaient la main sur la « taupe ». Paolo Gabriele, laïc de 46 ans, majordome du pape, a été arrêté, le 25 mai, à son domicile du Vatican, en possession de documents dérobés dans le bureau de Benoît XVI.

Étrange coïncidence, la veille, l’Italien Ettore Gotti Tedeschi, président de l’IOR, la Banque du Vataican, était poussé à la démission, soupçonné d’avoir lui aussi contribué à des fuites de documents. En 2009, il avait été nommé à ce poste par le pape qui appréciait ses théories sur l’éthique de la finance.

En deux jours, Benoît XVI a donc perdu deux hommes de confiance. Un coup dur pour ce pape, rompu aux arcanes du pouvoir et qui, depuis le début de son pontificat, s’efforce de faire le «ménage » dans les plus sombres affaires auxquelles l’Église a pu être liée.

Pour l’historien Alberto Melloni, la personne du numéro 2 du Vatican, le cardinal Bertone, est au coeur de cette affaire. « C’est une attaque contre le pape de la part de ceux qui entendent lui signifier qu’il s’est trompé de secrétaire d’État et qu’il s’est trompé en n’en changeant pas », confie-t-il au site Vatican Insider.

Plus largement, selon les vaticanistes, derrière ces « VatiLeaks » (fuites au Vatican), plane l’ombre de la vieille garde proche de Jean-Paul II, nostalgique d’une époque où l’Église avait beaucoup plus de visibilité… sans la transparence recherchée aujourd’hui.

Mathilde AUVILLAIN.

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