2016 : les tendances

Qu’attendre de 2016 ? Une chronique de Dov Zerah

 L’année 2015 a été marquée par de nombreux événements :
–       La crise grecque a tenu en haleine durant plusieurs semaines les responsables politiques européens et les opérateurs des marchés. Le sujet reviendra à l’ordre du jour de 2016 car, à part la mise en place du sauvetage des banques grecques, l’application du plan global n’est pas encore assurée, notamment à cause de l’épineux sujet de la réforme des retraites. Même si la Grèce ne représente que 2 % du PIB européen, il risque à nouveau de créer des perturbations.–       La crise boursière chinoise qui a accentué et accéléré le ralentissement économique de l’Empire du milieu.

–       La hausse du dollar contre l’euro découlant des politiques monétaires différentes suivies par la Banque centrale européenne et celle américaine. Alors que la BCE s’est engagée dans une politique accommodante, la FED, de son côté, assurait l’atterrissage de sa politique de quantitative easing qui devait notamment aboutir au relèvement des taux de la fin d’année. Néanmoins, la conjugaison des deux politiques ainsi que les décisions des autorités chinoises ont entrainé un accroissement sans précédent des liquidités. Le total des bilans des banques centrales dépasse 2 000 trillions de dollars contre 800 en 2008, ce qui a permis de soulager les dettes publiques de nombreux Etats ; l’ensemble de la dette publique représenterait 240 trillions de dollars et 320 % du PNB mondial.

–       La baisse des prix des matières premières, et plus particulièrement du pétrole qui a cassé la barre des 40 $ le baril. Ce mouvement est la résultante de la baisse de la demande découlant du ralentissement économique, et en ce qui concerne le pétrole de la stratégie saoudienne de ne pas réduire la production et l’offre.

–       Le renforcement de la gouvernance mondiale avec l’entrée de la devise chinoise dans le panier des droits de tirage spéciaux et l’entrée en vigueur de la réforme du Fonds monétaire internationale (FMI) qui réserve une place plus importante aux émergents, et plus particulièrement à la Chine qui devient le troisième plus important actionnaire avec 6 % des droits de vote.

–       La confrontation sino-américaine s’est notamment manifestée avec la création par Pékin de la Banque asiatique d’investissements d’infrastructures, ou la conclusion de l’accord commercial Trans pacifique entre les Etats-Unis, le Japon et une quarantaine de pays asiatiques.

–       Et surtout l’augmentation de 0,25 % du taux de refinancement américain après de nombreux atermoiements. Même s’il s’agit d’un mouvement plus symbolique que réel attendu depuis au moins fin juin par les investisseurs, il constitue une inversion de la politique monétaire suivie par la FED depuis sept ans.

Avec un taux de 3 %, la croissance mondiale en 2015 a été particulièrement faible depuis plusieurs années, et ce recul était le ralentissement des économies émergentes, à l’exception indienne. Les Etats-Unis connaissent une exceptionnelle croissance qui a permis à la FED d’amorcer le retournement monétaire. Pour la première fois depuis toujours, la baisse des matières premières n’a pas remis en cause la croissance de l’Afrique sub-saharienne qui se maintient à plus de 5 % ; il est donc possible de conclure que l’Afrique est maintenant engagée sur un mouvement durable de croissance. L’Europe est, de son côté, en lente convalescence.

L’année 2016 commence mal avec une forte baisse des Bourses. Trois séries de raisons peuvent expliquer cette situation :

–       Tous les déséquilibres de 2015 se retrouvent avec une intensité plus ou moins grande en 2016.

–       Les autorités chinoises ont reconnu que la croissance serait inférieure à 7 %. Il n’en demeure pas moins que la suspicion pèse sur ce chiffre car certains indicateurs microéconomiques comme la consommation d’électricité ou la production manufacturière penchent pour un taux de croissance d’environ 4 %. La situation n’est pas plus satisfaisante en Russie ou au Brésil dont la situation est de plus en plus compliqué avec la récente démission du ministre des finances et la procédure de destitution engagée contre la présidente Dilma Roussef. Avec ces perspectives et de mauvaises statistiques américaines, le pessimisme a pris les marchés, et il faudra beaucoup pour contrarier cette tendance.

–       La détérioration des relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran n’augure rien de bon dans ce Proche-Orient en ébullition. Les guerres en Syrie et au Yémen, et récemment l’accord sur le nucléaire iranien n’a fait qu’exacerber les tensions entre les deux champions chiite et sunnite. L’engrenage est engagé : rappel des ambassadeurs, rupture des relations diplomatiques et aériennes…le plus symptomatique de cet engrenage est la constitution des alliances. Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Soudan se sont rangés derrière l’Arabie, le Hezbollah derrière l’Iran. Tout semble réuni pour l’affrontement entre les deux univers sunnite et chiite. Il est probable que l’Arabie continue de maintenir sa production pétrolière pour continuer de pousser le prix à la baisse et d’empêcher l’Iran d’avoir des ressources supplémentaires avec la levée de l’embargo. Il est donc possible de prévoir, sauf destruction des installations pétrolières, un pétrole sous la barre des 30 $ le baril, ce qui accentuera les difficultés de tous les pays producteurs et des compagnies pétrolières américaines…et va constituer une raison supplémentaire d’une croissance au ralenti…

En tout état de cause, pour comprendre 2016 il faudra suivre de près ce qui se passe sur le marché pétrolier, et l’évolution de l’économie chinoise.

Dov ZERAH vous invite à le retrouver le mardi matin à 7h05 sur Radio J 94.8 FM pour sa chronique économique et financière.

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