ICI sur europe 1, le nouveau président ukrainien est un pasteur bapiste ! http://www.europe1.fr/International/Ukraine-le-nouveau-president-par-interim-est-un-pasteur-1809869/
Dans le jeu politico-religieux qui sévir en UKRAINE-CRIMEE, l’Eglise catholique n’est pas loin et agit dans l’ombre. Différentes Églises ont signé un accord mi-décembre pour dire que les contestations place Maïdan à Kiev étaient légitimes, qu’il fallait que le gouvernement ukrainien engage un processus de négociation, et qu’il ne fallait pas toucher à l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Toutes les Églises d’Ukraine, y compris l’Église orthodoxe ukrainienne qui dépend du patriarcat de Moscou, se sont mises d’accord sur ces trois conditions. Cela a beaucoup irrité le patriarche Kirill de Moscou, puisque le 26 décembre dernier, il a publié un texte en disant qu’il condamnait les manifestations en Ukraine, expliquant qu’il s’agissait de manipulations venant de l’Occident, et considérant que l’Ukraine devait faire partie du monde russe et de l’union eurasiatique que prépare le président Vladimir Poutine.
Toute la hiérarchie orthodoxe en Ukraine, dirigée а Kiev par le métropolite Vladimir et placée sous la juridiction du patriarche de Moscou, s’est prononcée pour Viktor Ianoukovitch. Le candidat prorusse en a appelé, dans sa campagne, а la défense des valeurs spirituelles de l’orthodoxie contre un Occident amoral incarné, selon lui, par son rival Viktor Iouchtchenko. Mais nombre de prêtres et de fidèles ont réagi а l’unisson du pays, se sont mêlés aux manifestations contre les fraudes de la place de l’Indépendance а Kiev, ont contribué а la victoire du candidat de l’opposition et s’interrogent aujourd’hui, entre autres, sur le destin de leur Eglise. Dans le paysage religieux de l’Ukraine, le vainqueur du scrutin est l’Eglise « nationale ukrainienne », qui avait, dès 1992, largué les amarres avec Moscou et s’était déclarée « autocéphale » (indépendante).
L’Ukraine est religieusement dépendante de la Russie. Or c’est paradoxal, parce chaque orthodoxe dans le monde sait que le « baptême » de la Russie a eu lieu а Kiev, en 988, а l’initiative du prince Vladimir, converti а la foi chrétienne par les évangélisateurs, Cyrille (qui a donné son nom а l’alphabet slave) et Méthode, venus de Constantinople. Le cœur historique de l’orthodoxie slave est donc bien Kiev. Au départ, l’Église orthodoxe est donc venue de Constantinople par Kiev en 988, puis au XIVème siècle, les évêques de l’actuelle Ukraine sont partis en Moscovie. La Russie, qui dit aujourd’hui être l’Église-mère, est en réalité une Église-fille. A cause de nombreux désaccords, il y a eu un schisme en 1991 : un évêque, Philarète Denysenko, a décidé de créer sa propre Église que l’on appelle aujourd’hui le patriarcat de Kiev, qui célèbre en ukrainien et a refusé la tutelle russe. Moscou ne reconnaît pas cette Église, même si elle rassemble aujourd’hui en Ukraine plusieurs millions de fidèles parmi les 25 millions d’orthodoxes. Il faut dire que l’influence politique joue ici un rôle plus important que la foi qui est reléguée au second plan.
L’Eglise gréco-catholique, accusée d’alimenter le mouvement nationaliste ukrainien, d’avoir collaboré avec l’occupant nazi, renaît de ses cendres depuis dix ans. Elle a récupéré ses églises (parfois par la force). Elle ouvre des collèges et des séminaires, compte а Lvov la seule université catholique d’Europe orientale et bénéficie du soutien exclusif du pape. Mais cette Eglise est devenue le sujet de discorde numéro un entre Rome (le pape) et Moscou (le patriarche), qui supporte mal que, sur son propre territoire, une Eglise liée а l’Occident pratique sa liturgie et son rite ancestral (byzantin). Cette Eglise gréco-catholique pousse l’arrogance jusqu’а vouloir créer un « patriarcat catholique de Kiev », ce qui est déjà considéré, dans toute l’orthodoxie, comme une provocation. Kiev étant le point de départ de l’esprit slave et de sa christianisation, cela reviendrait à mettre tous les slaves sous la dépendance du pape du Rome.
Aujourd’hui nous avons un pasteur évangélique Olexandre Tourtchinov comme tout nouveau président de l’Ukraine, jusqu’au 25 mai prochain, date de l’élection présidentielle anticipée. Olexandre Tourtchinov prêche dans une église évangélique baptiste de Kiev. Élu dimanche président par intérim après la destitution de Viktor Ianoukovitch et dont la carrière politique est indissociable de celle de l’opposante et ex-premier ministre Ioulia Timochenko. « L’un des traits de caractère de Tourtchinov est que depuis son entrée en politique il joue toujours le rôle de numéro deux », souligne le politologue Volodymyr Fessenko. Il ne devrait pas aspirer à l’avenir à être sous les feux de la rampe et ne se présentera vraisemblablement à l’élection présidentielle. « Il sera toujours le fidèle écuyer de Mme Timochenko », prédit le spécialiste. À première vue le bien semble donc triompher du mal et l’Eglise présente dès les premiers instants de la révolution sur le Maïdan peut donc avoir le sourire.
Chef des services secrets. Olexandre Tourtchinov devient chef des services secrets ukrainiens, mais il démissionne quand M. Iouchtchenko limoge Ioulia Timochenko. Selon des documents publiés plus tard par Wikileaks, il aurait à cette époque usé de sa position pour détruire des documents liant son alliée à un parrain du crime organisé. Fin 2007, il est nommé vice-Premier ministre dans le gouvernement de Ioulia Timochenko, jusqu’en 2010. Après l’arrestation et la condamnation l’année suivante de Mme Timochenko, il prend en main leur parti en prenant soin de ne toujours pas être au premier plan, laissant cette place à Arseni Iatseniouk, qui s’est illustré comme l’un des principaux chefs de file de l’opposition dans le mouvement de contestation qui secoue l’Ukraine depuis trois mois.
Bien évidemment, les USA (lire la CIA) le soutienne : « Pour le peuple ukrainien, cette élection est un signe d’espoir et l’Eglise baptiste invite à prier pour lui. Turchynov est très apprécié du public et il a la réputation d’être honnête et digne de confiance« , rapporte Alliance Presse. De son côté, ProtestInfo estime que « être baptiste pourrait être un atout pour Alexandre Turchynov« . En effet, selon Vitaly Chernestky, professeur de langues slaves à l’Université du Kansas et président de l’Association américaine d’études ukrainiennes : « Olexandr Turchinov va à l’encontre du stéréotype qui veut que les opposants, pro démocratie, favorables à l’Ouest soient majoritairement ukrainophones et catholiques« .
Différentes Eglises étaient très présentes dans la crise qui a secoué l’Ukraine depuis plus de deux mois. Sur le Maïdan, une grande tente militaire abritait une chapelle orthodoxe. Un prêtre priait devant une croix accrochée au mât central de la tente, au pied d’un iconostase improvisé en bois séparant l’espace sacré du reste de l’église. Des copies couleur d’icônes et des banderoles avec des versets des Evangiles ornaient les parois en toile. Les orthodoxes n’étaient pas les seuls à être présents sur le Maïdan, haut lieu de la contestation. Une « tente multiconfessionnelle de prière » y avait été installée par une alliance d’églises protestantes – baptistes, chrétiens évangéliques, pentecôtistes – qui accueillent tous ceux qui veulent prier, se réchauffer, ou boire un thé et avaler un sandwich au jambon. Beaucoup plus petite que la chapelle de toile orthodoxe, elle était remplie de sacs de provisions et de bidons d’eau et d’essence. Pendant la révolution, « nous prions toutes les heures », expliquait le pasteur baptiste Pavel. « Maintenant, nous prions pour la réussite des travaux du Parlement », en cours aujourd’hui, « et pour les hommes politiques, pour qu’ils craignent Dieu et disent la vérité ». « Nous ne nous immisçons pas dans la politique. Mais nous nous opposons au mensonge, comme l’indique un psaume de David », explique l’ecclésiastique portant une courte barbe. L’archevêque Evstratiï, porte-parole du patriarcat orthodoxe de Kiev, tient presque le même discours. C’est au « mensonge – et donc au péché » – qu’il assimile la volte-face du pouvoir qui « avait pendant trois ans préparé les gens à un accord avec l’UE, puis y a renoncé à une semaine de la signature », avant d' »utiliser la force contre les jeunes qui protestaient – et qui se sont réfugiés dans nos monastères ».
Les pentecôtistes unis aux catholiques ont donc par leurs prières ferventes permis à la justice, la liberté et la démocratie et la lumière du Christ de triompher face aux ténèbres de l’ex-président pro russe Viktor Ianoukovitch recherché aujourd’hui pour meurtres. Le pasteur évangélique Olexandre Tourtchinov va donc diriger le pays en attendant que des prochaines élections, émerge une nouvelle figure pro-occidentale des urnes. Cependant les choses ne semblent pas être perçues de la même manière du côté des Ukrainiens prorusses. De présidence « il n’y en a plus », déclarait lundi devant la mairie, Guennadi Bassov, patron du Bloc russe (Rousski Blok), un groupe radical qui milite pour le rattachement de la Crimée à la Russie, et qui trouve dans les événements actuels une audience inédite. « Kiev a été prise par des groupes fascistes, des gens en armes qui sont déjà arrivés à Kharkiv et à Donetsk », les grandes villes de l’Est, « et qui viendront chez nous si nous ne faisons rien », prévient-il.
Ukraine : le nouveau président par intérim est un pasteur
PORTRAIT – Pasteur et auteur de romans de science-fiction, Olexandre Tourtchinov présente un profil plutôt atypique.
Olexandre Tourtchinov est le tout nouveau président de l’Ukraine… jusqu’au 25 mai prochain, date de l’élection présidentielle anticipée. En attendant le scrutin, c’est ce quinquagénaire, pasteur et auteur de romans de science-fiction qui assure l’intérim.
Fidèle écuyer de Timochenko. Élu dimanche président par intérim après la destitution de Viktor Ianoukovitch, est un pasteur évangélique, auteur de romans de science-fiction, dont la carrière politique est indissociable de celle de l’opposante et ex-Premier ministre Ioulia Timochenko. Depuis la fin des années 1990, le parcours de cet homme de 49 ans né à Dnipropetrovsk, dans l’est de l’Ukraine, suit celui de l’égérie de la Révolution orange, la flamboyante Ioulia Timochenko, originaire de la même ville.
Et même si cet homme au crâne rasé et à la barbe poivre et sel éternellement naissante a été élu samedi président du Parlement avant de devenir chef de l’Etat par intérim le lendemain, il n’a jamais cherché en vingt ans de carrière politique à être au premier plan. « L’un des traits de caractère de Tourtchinov est que depuis son entrée en politique il joue toujours le rôle de numéro deux », souligne le politologue Volodymyr Fessenko. Il ne devrait pas aspirer à l’avenir à être sous les feux de la rampe et ne se présentera vraisemblablement à l’élection présidentielle. « Il sera toujours le fidèle écuyer de Mme Timochenko », prédit le spécialiste.
Ouvrier puis politique. Diplômé de l’Institut métallurgique de Dnipopetrovsk à l’époque de la perestroïka, il travaille brièvement comme ouvrier dans une usine sidérurgique, mais se reconvertit rapidement et se lance dans une carrière politique au début des années 1990. En 1993, il devient conseiller économique du président Leonid Koutchma, puis il crée en 1994 le parti Gromada, qui sera dirigé à partir de 1997 par Pavlo Lazarenko, ex-Premier ministre de Leonid Koutchma, aujourd’hui incarcéré aux Etats-Unis pour escroquerie et blanchiment d’argent. Ioulia Timochenko, alors à la tête d’une grande compagnie énergétique, entre à cette époque dans les rangs du parti. Olexandre Tourtchinov sera dès lors toujours dans son ombre.
Tous deux élus députés en 1998, ils créent un an plus tard un nouveau parti, Batkivchtchina (Patrie), après un schisme au sein de Gromada. Celle que l’on surnomme « la princesse du gaz » en devient la principale figure et est nommée peu après vice-Premier ministre. Batkivchtchina passe dans l’opposition après le limogeage de Ioulia Timochenko par Leonid Koutchma (ci-contre en photo), à qui elle vouera dès lors une haine féroce. En 2004, la dame à la fameuse tresse blonde est en première ligne dans la Révolution orange qui l’amène au pouvoir en tant que Premier ministre, sous la présidence du pro-occidental Viktor Iouchtchenko.
Chef des services secrets. Olexandre Tourtchinov devient chef des services secrets ukrainiens, mais il démissionne quand M. Iouchtchenko limoge Ioulia Timochenko. Selon des documents publiés plus tard par Wikileaks, il aurait à cette époque usé de sa position pour détruire des documents liant son alliée à un parrain du crime organisé. Fin 2007, il est nommé vice-Premier ministre dans le gouvernement de Ioulia Timochenko, jusqu’en 2010. Après l’arrestation et la condamnation l’année suivante de Mme Timochenko, il prend en main leur parti en prenant soin de ne toujours pas être au premier plan, laissant cette place à Arseni Iatseniouk, qui s’est illustré comme l’un des principaux chefs de file de l’opposition dans le mouvement de contestation qui secoue l’Ukraine depuis trois mois.
« L’Illusion de la peur ». A ses heures perdues, Olexandre Tourtchinov prêche dans une église évangélique baptiste de Kiev. Il est aussi l’auteur de romans de science-fiction, dont l’un d’eux, intitulé « l’Illusion de la peur », a été adapté au cinéma.
***************************************************************************************************************
vu sur l’excellent blog de http://schoenelblog2.blogspot.fr/