Transfert à Jérusalem de l’Ambassade brésilienne

 Transfert de l’ambassade du Brésil: Netanyahu salue une décision « historique »Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à l'Assemblée générale annuelle de la JFNA à Tel Aviv, le 24 octobre 2018 (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)
Durant sa campagne, Jair Bolsonaro avait annoncé son intention de « respecter’ qu’Israël soit un Etat souverain
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à l’Assemblée générale annuelle de la JFNA à Tel Aviv, le 24 octobre 2018 (Crédit : Tomer Neuberg/Flash90)

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a qualifié jeudi d’ »historique » la décision confirmée le même jour par le président élu du Brésil Jair Bolsonaro de déplacer de Tel-Aviv à Jérusalem l’ambassade de son pays en Israël.

« Je félicite mon ami le président élu du Brésil Jair Bolsonaro pour son intention de déplacer l’ambassade brésilienne à Jérusalem, un pas historique, juste et enthousiasmant », a déclaré M. Netanyahu dans un communiqué.

Peu après ce tweet publié en portugais et en anglais, le président élu d’extrême droite a affirmé lors d’une conférence de presse qu’il ne pensait pas que cette annonce pourrait créer « un climat pesant » dans les relations entre le Brésil et le Proche-orient.

« Nous avons le plus grand respect pour le peuple d’Israël et pour le peuple arabe. Nous ne voulons créer de problèmes avec personne. Nous voulons faire du commerce avec tout le monde et rechercher des solutions pacifiques pour résoudre les problèmes », a-t-il déclaré.

Dans un entretien publié jeudi par le journal Israel Hayom, Jair Bolsonaro avait déjà estimé qu’Israël devrait être libre de choisir sa capitale.

Après Trump

La question de l’emplacement des ambassades en Israël est particulièrement sensible.

L’Etat hébreu considère toute la ville de Jérusalem comme sa capitale, alors que les Palestiniens aspirent à faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur Etat.

Pour la communauté internationale, le statut de la Ville sainte doit être négocié par les deux parties et les ambassades ne doivent pas s’y installer tant qu’un accord n’a pas été trouvé.

Le président américain Donald Trump a rompu en décembre 2017 avec des décennies de diplomatie américaine en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël. Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a depuis coupé les ponts avec l’administration Trump.

Des médias brésiliens se sont inquiétés qu’un transfert de l’ambassade puisse provoquer des représailles commerciales de la part de pays arabes, grands importateurs de viande brésilienne de bœuf, agneau et poulet.

Le Brésil avait reconnu un état palestinien sous le président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010).

Mais Israël s’est félicité de l’accession au pouvoir de Bolsonaro. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a estimé que l’élection du candidat d’extrême droite conduirait à une « grande amitié entre (leurs) peuples et au renforcement des relations entre le Brésil et Israël ».

Le Premier ministre israélien assistera d’ailleurs « très probablement » à la cérémonie d’investiture de Bolsonaro à Brasilia au début janvier, a indiqué à l’AFP un responsable de son bureau.

L’ambassade des Etats-Unis a été transférée de Tel-Aviv à Jérusalem le 14 mai, avant que le Guatemala et le Paraguay n’annoncent vouloir emboîter le pas à Washington. Asuncion a depuis fait marche arrière en annonçant le retour de son ambassade à Tel-Aviv.

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Bolsonaro souhaite transférer à Jérusalem l’ambassade du Brésil en Israël

Le Premier ministre israélien assistera « très probablement » à la cérémonie d’investiture au Brésil en janvier, selon un responsable de son bureau

Jair Bolsonaro (Crédit : Udo Kurt via JTA)

Jair Bolsonaro (Crédit : Udo Kurt via JTA)

Le président élu du Brésil, Jair Bolsonaro, a indiqué à un journal israélien qu’il comptait déplacer l’ambassade de son pays en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem.

S’il passe aux actes, le Brésil deviendrait le troisième pays à faire ce choix, après le Guatemala et surtout les Etats-Unis, dont la décision, rompant avec des décennies de diplomatie américaine, a ulcéré les Palestiniens.

M. Bolsonaro, 63 ans, a remporté dimanche le second tour de la présidentielle brésilienne après avoir suscité l’indignation avec des propos misogynes, homophobes et racistes.

M. Netanyahu a estimé que l’élection de M. Bolsonaro « conduirait à une grande amitié entre (leurs) peuples et au renforcement des relations entre le Brésil et Israël ».

Le Premier ministre israélien assistera d’ailleurs « très probablement » à la cérémonie d’investiture au Brésil en janvier, a indiqué à l’AFP un responsable de son bureau.

La question de l’emplacement des ambassades en Israël est particulièrement sensible.

L’Etat hébreu considère toute la ville de Jérusalem comme sa capitale, alors que les Palestiniens aspirent à faire de Jérusalem-Est la capitale de leur futur état.

Pour la communauté internationale, le statut de la Ville sainte doit être négocié par les deux parties et les ambassades ne doivent pas s’y installer tant qu’un accord n’a pas été trouvé.

Le président américain Donald Trump a rompu en décembre 2017 avec des décennies de diplomatie américaine en reconnaissant Jérusalem comme capitale d’Israël. Le président de l’Autorité palestinienne (AP) Mahmoud Abbas a depuis coupé les ponts avec l’administration Trump.

L’ambassade américaine a été transférée de Tel-Aviv à Jérusalem le 14 mai, avant que le Guatemala et le Paraguay annoncent vouloir emboîter le pas à Washington. Asuncion a depuis fait marche arrière en annonçant le retour de son ambassade à Tel-Aviv.

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Les Palestiniens condamnent le transfert « provocateur » de l’ambassade du Brésil

La haut responsable Hanan Ashrawi a affirmé que le président élu Jair Bolsonaro rejoignait une « alliance contre le droit international »

Hanane Ashrawi (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Hanane Ashrawi (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

Un haut responsable palestinien élu a condamné vendredi le président brésilien d’extrême-droite Jair Bolsonaro, qui a annoncé qu’il transférerait l’ambassade de son pays à Jérusalem.

La question de l’emplacement des ambassades en Israël est particulièrement sensible.

Les Etats-Unis ont transféré leur ambassade de Tel Aviv à Jérusalem au mois de mai, entraînant la fureur des Palestiniens qui considèrent la partie orientale de la ville, annexée par Israël, comme la capitale de leur futur état.

« Il est très malheureux que le Brésil ait rejoint cette alliance contre le droit international », a dit Ashrawi.

Jeudi, Bolsonaro a écrit sur Twitter que « comme nous l’avions dit pendant la campagne, nous avons l’intention de transférer l’ambassade brésilienne de Tel Aviv à Jérusalem ».

« Israël est un Etat souverain et nous devons respecter cela », avait-il ajouté.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait qualifié cette initiative « d’historique ».

Seuls les Etats-Unis et le Guatemala ont pour le moment installé leurs ambassades à Jérusalem. Les autres pays ont installé leurs missions à Tel Aviv.

Israël a pris Jérusalem Est lors de la Guerre des Six Jours, en 1967, l’annexant ultérieurement, une démarche qui n’a jamais été reconnue par la communauté internationale. L’Etat juif considère Jérusalem comme sa capitale indivisible.

Pendant des décennies, la communauté internationale a maintenu que le statut de la ville devait faire l’objet de négociations entre Israël et les Palestiniens.

L’initiative de ce déplacement de l’ambassade aligne Bolsonaro sur le président américain Donald Trump, et renforce son image de « Trump tropical ». Au mois de décembre, Trump a bouleversé la politique traditionnelle des Etats-Unis et reconnu Jérusalem en tant que capitale d’Israël, entraînant le boycott de son administration de la part du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.

L’ambassade a été officiellement transférée le 14 mai. Le Guatemala et le Paraguay ont suivi – même si ce dernier a annoncé, le mois dernier, réinstaller sa mission à Tel Aviv.

Bolsonaro, 63 ans, qui a remporté le second tour des élections présidentielles dimanche, a suscité l’indignation auprès de nombreuses personnes pour sa rhétorique ouvertement misogyne, homophobe et raciste.

Suite à sa victoire, Netanyahu a déclaré à Bolsonaro qu’il était convaincu que son élection « entraînera une amitié formidable entre nos peuples et le renforcement des liens entre le Brésil et Israël ».

Un responsable du bureau de Netanyahu a déclaré que le Premier ministre « se rendrait très probablement » à l’investiture de Bolsonaro, prévue au mois de janvier.

Les premiers voyages à l’étranger de Bolsonaro en tant que président auront pour destination Israël, les Etats-Unis et le Chili – des pays qui partagent « notre vision du monde », selon le probable chef de cabinet du président élu, Onyx Lorenzoni.

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Election de Bolsonaro au Brésil : définition de l’extrême droite ?

Election Bolsanaro Définition Extreme Droite
 
Qu’est-ce que c’est que l’extrême droite au Brésil ? Le fascisme plus la samba ? A considérer la personne et le programme de Jair Bolsonaro, ça ne ressemble pas à l’extrême droite chez nous. Et si ce mot sans définition servait à discréditer tout ennemi du Système ?
 
Quand j’étais jeune fille j’avais un copain dont les profs disaient qu’il était d’extrême droite. Il aimait bien se faire remarquer, portait cravate et une fleur de lys au revers de son veston, se disait monarchiste de la sous-espèce légitimiste, féru de coutumes, de décentralisation, amoureux de la France seule, ses armes, ses arts et ses lois, très critique envers l’Amérique et qui se fermait comme une huître dès qu’il entendait le mot libéralisme, fût-ce en matière d’économie, catholique jusqu’au bout des ongles, le genre, que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a uni, très porté sur l’environnement, la cause palestinienne et la poésie grecque, au demeurant Antillais, natif de Case Pilote à la Martinique.

L’extrême droite de Bolsonaro diffère de celle de mon copain Alcide

 
Jair Bolsonaro n’a pas le même profil. C’est un républicain épris d’ordre militaire, il aime l’Amérique et le marché, se surnomme lui-même le Trump tropical, il pose entouré de sa troisième épouse et d’un pasteur de l’évangélisme, secte qui a sa faveur, il préfère le foot à Anacréon, les stars de foot le lui rendent bien, il est à fond pour Israël, dont la capitale intangible et éternelle demeure pour lui Jérusalem. Si sa victoire à l’élection présidentielle du Brésil sur son concurrent Haddad est extrêmement nette (55 – 45), la cohérence de son programme le semble beaucoup moins. Il condamne l’avortement, mais préconise la stérilisation forcée des pauvres et des illettrés. Il n’aime pas les ONG, est climato-sceptique et veut supprimer le ministère de la culture, ce qui est sympathique, mais tient des propos incohérents et contradictoires sur le communisme et sur Chavez.

Selon cette définition, Lénine était d’extrême droite

 
Avec tout cela, on voit mal pourquoi on le « classe à l’extrême droite sur l’échiquier politique », pour parler comme notre excellent confrère le Monde. La seule esquisse de justification que j’aie pu trouver est qu’il semblerait penser que le coup d’Etat militaire au Brésil en 1944 répondait à la volonté du peuple. Mais Othello de Carvalho a mené au Portugal la révolution des oeillets, et il n’était pas précisément d’extrême droite ; et Lénine a organisé le coup d’Etat de novembre 17. Etait-il d’extrême droite sans que nous le sussions ?
 
Une autre question peut aider dans la définition de l’extrême droite : en quoi l’extrême droite de Bolsonaro et celle de mon copain martiniquais se ressemblent-elles ? En rien, apparemment. Cela implique que la dénomination extrême droite ne dépend pas de l’objet qu’elle désigne, mais de l’intérêt politique qu’y trouve celui qui l’utilise.

Election à bascule au Brésil

 
Dire de quelqu’un qu’il est d’extrême droite est une manière de le dévaloriser, de le discréditer, justifiant ainsi ipso facto toutes les mauvaises manières ou procédures inhabituelles qu’on lui fera subir. Un exemple, la presse française dans son ensemble, des gratuits en ligne au quotidien de référence, utilise pour parler de Jair Bolsonaro un vocabulaire qui suggère au mieux à la méfiance. Il est « sulfureux ». Il est « méprisé par ses pairs, réputé pour ses outrances et sa vulgarité ». Avec son élection le Brésil « bascule » dans l’extrême droite. Son adversaire malheureux, Hadad, ne le félicite pas de son élection. En tout autre cas, la presse dénoncerait ce manquement aux usages démocratique. Là, non. Elle l’approuve tacitement et cite la réaction du mauvais perdant : « Les droits civiques, politiques, du travail et sociaux sont en jeu maintenant ». Comme si l’élection de Bolsanaro mettait la république du Brésil en danger.

Bolsonaro entre burger et démocratie

 
Or on sait qu’il n’en est rien puisque Bolsonaro, en bon évangéliste amateur de serment, a juré devant Dieu de respecter la Constitution, et que celle-ci garantit de solide contre-pouvoirs au président, Cour suprême, congrès, presse, juges.
Ses concurrents savent aussi qu’il n’est en rien fasciste, qu’il n’utilise même que marginalement l’argumentaire populiste, évitant en général les tirades contre les élites et leur mépris du peuple. Au Brésil, les politologues le tiennent pour « un conservateur du XIXème siècle », dont ils pensent que, loin d’être un candidat anti-système comme il se présente, il est soutenu par l’Eglise évangéliste, les forces de l’ordre, et un complexe agro-alimentaire qui attend de lui qu’il déforeste le bassin de l’Amazone afin de le soumettre au soja et aux bêtes à cornes.

L’antiraciste qui poignarde le mec d’extrême droite respecte-t-il les définitions ?

 
On doit en conclure que l’extrême droite est une étiquette qui permet de ranger celui sur qui on la colle, non parmi les adversaires politiques ordinaires, mais parmi les ennemis absolument mauvais contre qui tous les coups sont permis et pour lesquels les usages démocratiques sont suspendus. Quand Jair Bolsanaro a reçu en septembre plusieurs coups de couteau dans l’abdomen lors d’un bain de foule, ce qui a mis sa vie en danger et nécessité plusieurs opérations, les médias n’ont pas eu la réaction qu’aurait suscité un attentat semblable sur Macron ou Obama, par exemple. Ils ont rappelé au contraire que Bolsonaro avait refusé de condamner l’attaque d’une caravane de Lula par des opposants. Comme s’il récoltait en quelque sorte ce qu’il avait semé.

L’extrême droite est en dehors de la nature humaine

 
Là est la définition de l’extrême-droite : c’est ce qui justifie le deux poids deux mesures, ce qui est tout autre, absolument exclu, quasiment hors de la nature humaine, et avec quoi l’on ne saurait donc débattre.
On est au-delà de la politique, dans la morale. Des présidents condamnables selon nos critères, corrompus, folkloriques, peu soucieux de droit, ubuesques parfois, le Brésil en a vu : parmi les derniers, Rousself et Lula, et voilà plus de vingt ans, Fernando Color. Ce n’était pas grave. Bolsanaro, lui, est bien peigné, on ne lui connaît nulle affaire, mais il est hors jeu. D’extrême droite.
 
Alors pourquoi ce politicien mal connu, qui pourrait être classé parmi les conservateurs libéraux démagogues, est-il catalogué ennemi numéro un du Système. Qu’est-ce qu’il a fait de si mal pour cela »

Gardien du Brésil contre les mutants de la Révolution

 
Le Monde nous l’explique en partie. Son élection est « la revanche du Brésilien moyen » après des décennies d’aventure gauchiste. Il ose être ce qu’il est et dire ce qu’il pense, et cela libère ainsi des dizaines de millions de Brésiliens courbés sous la propagande du politiquement correct, de la nouvelle morale mondialiste. Les gens que la dictature féministe exaspèrent ricanent au comptoir quand il suggère à l’une de ses collègues du parlement qu’elle est trop moche pour qu’on la viole. C’est déplorable, mais ça soulage des millions de machos battus.
 
Il repose aussi les Brésiliens fatigués de la logorrhée pleurnicheuses des spécialistes de la repentance, lorsqu’il rappelle, simple évidence historique, que « ce sont les Noirs eux-mêmes qui livraient les esclaves » aux négriers blancs (les tribus dominantes vendaient en effet leurs prises pour alimenter la traite transatlantique). Et tout à l’avenant. Bolsanaro aimerait retrouver « le Brésil d’il y a cinquante ans ». Il veut une remise en ordre globale d’un Brésil traditionnel dont il se présente comme le gardien face aux mutants de la révolution sociale et morale que la gauche a déversée depuis trente ans sur le pays.

C’est en cela qu’il mérite d’être dit d’extrême droite par la gauche et ses médias. Ce n’est ni un fasciste ni un doctrinaire, mais il est le représentant d’un monde qui est appelé à disparaître par la révolution marxiste et par la révolution mondialiste. Il n’a encore rien fait, ni même dit quoi que ce soit de vraiment significatif, mais on sait qu’il aime la famille traditionnelle (de loin) et que la propagande LGBT le fatigue. Il a parlé, même, un jour, de « perversité ». Voilà un mot qui n’est pas acceptable par la nouvelle morale mondialiste : ce qu’elle tient pour une libération et un progrès, il pense que c’est une décadence, une perversion. Il y a là une opposition irréductible, qui dépasse bien la politique.

 
L’assassin manqué de Bolsonaro l’a expliqué par la bouche de son avocat. Il a agi « en raison des préjugés que montre Bolsonaro à chaque fois qu’il parle de race, de religion et des femmes ». La religion s’ajoute ici aux reproches partout répétés de « racisme, homophobie, misogynie ». C’est au nom de l’antiracisme que l’homme a cherché à tuer Bolsonaro. C’est la nouvelle morale mondialiste qui a armé son bras, visant l’homme qui incarne pour elle le monde à éliminer. Dans sa rhétorique simpliste, l’extrême droite est le nom qu’elle donne à la nation qu’elle a entrepris d’éliminer. Par tous les moyens.
 
Pauline Mille

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Publié par Gaia – Dreuz le 25 novembre 2018

Cuba, Chine, pays arabes: avant sa prise de fonction en janvier, le leader brésilien mulitiple les déclarations choc.

Jair Bolsonaro, qui deviendra officiellement président le 1er janvier prochain, fait déjà des étincelles sur la scène internationale. A la manière du président américain, qu’il admire, ce « Trump tropical » multiplie les déclarations, initiatives et provocations qui le positionnent déjà comme un chef d’État disruptif.

Pour commencer, il vient d’interrompre le programme d’assistance médicale par lequel, depuis cinq ans, Cuba « loue » 8.300 médecins au Brésil afin que ceux-ci interviennent dans des régions reculées où l’accès aux soins est quasi inexistant. Ce vendredi, les premiers docteurs cubains ont commencé à quitter le Brésil par des vols Brasilia-La Havane. Les opérations de rapatriements s’étaleront jusqu’au 12 décembre.

Un scandale? Pas exactement. Sur ce dossier précis, Bolsonaro a raison. Car selon l’accord signé en 2013 entre les gouvernements de Dilma Rousseff et Raúl Castro, les médecins reçoivent seulement 30% de leur salaire tandis que les 70% restants reviennent directement à la dictature cubaine. De plus, les docteurs expatriés ne sont pas autorisés à emmener leurs familles au Brésil. Afin de réduire les risques de défections, celles-ci sont en effet retenues « en otage » sur la grande île castriste…

Quoique signés sous l’égide de l’Organisation panaméricaine de la santé (une agence des Nations Unies qui dépend de l’Organisation mondiale de la Santé, l’OMS), ces contrats de travail sont contraires aux principes de l’organisation internationale du travail (OIT), une autre agence des Nations Unies.

« Il est scandaleux qu’une organisation internationale comme la PAHO n’ait formulé aucune objection contre une telle exploitation des docteurs cubains », a déclaré José Miguel Vivanco qui dirige la branche Amérique de l’ONG Human Rights Watch.

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Quand Bolsonaro attaque Pékin

Mais Cuba n’est pas le seul adversaire déclaré du futur président brésilien. Durant sa campagne électorale, ce populiste n’a cessé d’attaquer la Chine. « La Chine ne fait pas des achats au Brésil ; la Chine achète le Brésil ! » martelait Bolsonaro durant sa campagne, imitant la rhétorique de Donald Trump.

La logique d’une telle attaque verbale n’est pas évidente à saisir. La Chine est en effet un partenaire commercial essentiel pour le géant sud-américain. L’empire du Milieu est aussi l’un de ses principaux investisseurs au Brésil. Le futur vice-président brésilien, un ancien général nommé Hamilton Mourão, s’est d’ailleurs senti obliger de nuancer les propos de son chef.

« La rhétorique du président n’est pas toujours alignée sur la réalité, a-t-il corrigé. La Chine n’achète pas le Brésil, tout simplement parce que personne ne peut acheter le Brésil. La politique étrangère brésilienne a toujours été pragmatique. Nous devons maintenir cet équilibre. »

Selon Matias Spektor, professeur de relations internationales de la Fondatio Getulio Vargas, cité par le Financial Times, une bataille feutrée se déroule dans les coulisses de Brasília pour le contrôle de la politique étrangère.

Un premier groupe, modéré et pragmatique, est conduit par le vice-président Mourão et l’ex-général Augusto Heleno, jadis en charge du maintien de la paix à Haïti et futur conseiller à la sécurité nationale.

L’autre ligne politique, plus idéologique, est tenue par Eduardo Bolsonaro, le fils du président élu au Congrès le mois dernier avec un nombre record de suffrages. Admirateur du populiste italien Matteo Salvini, Bolsonaro junior est également un fan de l’Américain Steve Bannon auprès duquel il apparaît sur une photo postée sur son compte Twitter.

Il s’appuie sur un autre trumpiste, Ernesto Auraujo, 51 ans, nommé au poste de ministre des Affaires étrangères. Diplomate de carrière, ce dernier a pour le moins effrayé ses collègues de l’Itamaraty (le ministère des affaires étrangères) en publiant, l’année dernière, un texte de 36 pages faisant l’éloge du président américain. Selon lui, Trump n’est pas un dirigeant impulsif, erratique, imprévisible et autoritaire mais un homme qui représente « la réappropriation du passé symbolique, historique et culturel des nations occidentales ».

Il veut transférer l’ambassade du Brésil à Jerusalem

Autre dossier prioritaire de Bolsonaro: Israël. Comme Trump, le président brésilien a annoncé son intention de transférer l’ambassade du Brésil de Tel-Aviv à Jérusalem. Ce qui ravit les évangéliques, lesquels représentent 30% de la population brésilienne (ils sont très majoritairement « bolsonaristes »). Ce n’est pas tout : l’ancien capitaine de l’armée de terre a aussi laissé entendre que le Brésil pourrait fermer la représentation diplomatique palestinienne, à Brasília. Des prises de position qui cadrent mal avec la politique commerciale du Brésil. Ce géant de l’agro business exporte en effet beaucoup de produits agricoles vers les pays arabes.

Une certitude: le populiste Bolsonaro entend défaire la politique multilatérale mise en oeuvre sous la présidence Lula et axée sur le dialogue Sud-Sud. Son conflit idéologique avec Cuba et sa dénonciation du Venezuela, qu’il qualifie de dictature (Macron et Trump en font de même) en témoignent. Jair Bolsonaro rompt avec la tradition consensuelle et multilatérale de la diplomatie brésilienne, parfois surnommée diplomatie « arc-en-ciel ».

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La gauche n’est plus hégémonique en Amérique latine

A l’échelle de l’Amérique latine, l’avènement de Bolsonaro achève de redéfinir les relations internationales et le rapport de force droite-gauche. Au début du millénaire, le continent était largement dominé par des gouvernements allant du rose (Michelle Bachelet au Chili, « Pepe » Mujica en Uruguay) au rouge (Castro à Cuba, Chavez à Cuba), en passant par Lula au Brésil et le couple Kirchner en Argentine.

Outre la Colombie, ancrée à droite depuis longtemps, ce sont maintenant l’Argentine, le Chili et surtout le Brésil – premier pays latino américain par sa population (210 millions d’âmes) et son PIB — qui font pencher la balance côté conservateur. Désespérés par l’échec fracassant de la révolution bolivarienne au Venezuela comme par désillusion des années Lula au Brésil, la gauche tourne maintenant ses regards vers le Mexique (130 millions d’habitants). A partir de la semaine prochaine, le 1er décembre exactement, ce mastodonte latino, qui est deuxième économie de la région, sera dirigé par un certain Andres Manuel Lopez Obrador, la nouvelle figure présidentielle de la gauche latino.

Source : Lexpress

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