Mise à jour du 30/08 : L’intervention militaire des Etats-Unis et de ses alliés en Syrie pourrait débuter d’ici le 4 septembre, a déclaré le président français François Hollande. Le Parlement français est convoqué mercredi 4 septembre pour une session extraordinaire, afin d’évoquer la situation en Syrie. M. Hollande a confirmé que la France étudie la possibilité de participation dans l’opération militaire.
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De même, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a sévèrement critiqué la position des États-Unis qui, « de manière absolument unilatérale, sans aucun aval des Nations unies, veulent décider eux-mêmes du destin d’un pays qui compte des millions d’habitants ». « Comme dans le cas de l’Irak, les États-Unis se comportent comme des justiciers internationaux », a-t-il déclaré à « Asianews » à Rome, estimant que « d’autres victimes seront ainsi sacrifiées sur l’autel d’une démocratie imaginaire ».
Quant à l’archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu, il a estimé mercredi que la crise syrienne devait se résoudre par une « intervention humanitaire, non par une intervention militaire ». Estimant que les inspecteurs des Nations unies avaient besoin de plus de temps pour établir la réalité de l’utilisation d’armes chimiques, le prix Nobel de la paix a ajouté : « Nous devons parler, éviter un nouveau carnage, ne pas nous battre. »
Etonnant ? Les « alliés occidentaux » font de moins en moins figure de « croisés » à l’assaut des tyrans qui martyrisent leur peuple sans défense…Les églises ne veulent pas de ces croisades ! Israël tient le même discours…Etonnant ?
Les prise de position des Eglises dans le monde contre une intervention militaire en Syrie se multiplient.
(Maurizio Brambatti / AP)
« La voie du dialogue et de la négociation entre toutes les composantes de la société syrienne, avec l’appui de la communauté internationale, est l’unique option pour mettre fin au conflit et aux violences qui provoquent chaque jour la perte de nombreuses vies humaines, surtout parmi la population sans défense. » Ainsi la salle de presse du Saint-Siège a-t-elle exprimé le 29 août la substance des échanges entre le pape et le roi Abdallah de Jordanie lors de leur rencontre au Vatican.
(Maurizio Brambatti / AP)
« La voie du dialogue et de la négociation entre toutes les composantes de la société syrienne, avec l’appui de la communauté internationale, est l’unique option pour mettre fin au conflit et aux violences qui provoquent chaque jour la perte de nombreuses vies humaines, surtout parmi la population sans défense. » Ainsi la salle de presse du Saint-Siège a-t-elle exprimé le 29 août la substance des échanges entre le pape et le roi Abdallah de Jordanie lors de leur rencontre au Vatican.
Le Saint-Siège profondément opposé à une intervention militaire en Syrie
Après les propos du pape François dimanche 25 août sur le sort alarmant de la Syrie, les prises de position contre une intervention armée se multiplient au sein des Églises. Et ce, au moment où l’attaque prévue par les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France contre le régime de Bachar Al Assad semble imminente. Ainsi, le patriarche grec-catholique melkite d’Antioche Grégoire III Laham qualifie les plans américains d’« acte criminel ». « Cela détruira la confiance du monde arabe envers le monde occidental », a-t-il déclaré mercredi 28 août à l’agence de presse catholique « Asianews » à Rome.
Le même jour pour l’agence d’information vaticane Fides, le patriarche (irakien) de Babylone des Chaldéens (catholiques), Mgr Louis Raphaël I Sako, a estimé qu’une telle intervention constituerait « un malheur ». « Cela équivaudrait à faire exploser un volcan et l’explosion risquerait d’emporter l’Irak, le Liban, la Palestine mais peut-être quelqu’un recherche-t-il justement cela ! »
Le patriarche irakien est bien placé pour rappeler que, « dix ans après l’intervention de la coalition qui abattit Saddam Hussein, l’Irak est encore martyrisé par les bombes, l’insécurité, l’instabilité et la crise économique ». Selon lui, le cas de la Syrie, est encore plus compliqué que celui de l’Irak, du fait de la division des différents groupes d’opposition à Assad qui se combattent entre eux. « Les milices djihadistes se multiplient, constate le patriarche chaldéen. Quel serait le destin de ce pays après une telle intervention ? »
Les moines et moniales de Deir Mar Moussa (monastère refondé au nord de Damas par le jésuite Paolo Dall’Oglio, enlevé mi-juillet par des islamistes) se sont élevés également contre une intervention militaire. Après avoir vécu, mardi 27 août, une « journée spéciale de prière et de jeûne pour la paix en Syrie et la libération du P. Dall’Oglio », la communauté monastique a lancé un appel pour « que les pays occidentaux prennent une position juste face à cette terrible crise syrienne. Or la position juste signifie refuser toute forme de violence, faire taire les armes, ne pas dresser les uns contre les autres, défendre et protéger les droits humains. »
« Il n’y a pas de bonnes réponses à la crise en Syrie »
Du côté des hommes d’Église européens aussi, les prises de position se multiplient. L’archevêque de Cantorbéry, Justin Welby, a incité les parlementaires britanniques à « ne pas se précipiter et à être sûrs de ce qui s’est passé sur le terrain avant d’agir dans une situation réellement dangereuse et délicate ». Rappelant qu’« il existe de nombreuses étapes intermédiaires entre ne rien faire et vouloir un changement total de régime » (en Syrie), il a reconnu le 27 août, dans le quotidien « The Daily Telegraph », qu’« il n’y a pas de bonnes réponses à la crise en Syrie et qu’il n’y a tout simplement pas de solution simple ».
Quant à l’ancien archevêque de Cantorbéry, Lord George Carey, il est allé plus loin en mettant en garde le gouvernement conservateur de David Cameron contre une intervention militaire qui pourrait « déclencher une guerre et embraser tout le Moyen-Orient ».
De même, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations ecclésiastiques extérieures du Patriarcat de Moscou, a sévèrement critiqué la position des États-Unis qui, « de manière absolument unilatérale, sans aucun aval des Nations unies, veulent décider eux-mêmes du destin d’un pays qui compte des millions d’habitants ». « Comme dans le cas de l’Irak, les États-Unis se comportent comme des justiciers internationaux », a-t-il déclaré à « Asianews » à Rome, estimant que « d’autres victimes seront ainsi sacrifiées sur l’autel d’une démocratie imaginaire ».
Quant à l’archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu, il a estimé mercredi que la crise syrienne devait se résoudre par une « intervention humanitaire, non par une intervention militaire ». Estimant que les inspecteurs des Nations unies avaient besoin de plus de temps pour établir la réalité de l’utilisation d’armes chimiques, le prix Nobel de la paix a ajouté : « Nous devons parler, éviter un nouveau carnage, ne pas nous battre. »
CLAIRE LESEGRETAIN (avec Apic)
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Alors que le Vatican appelle l’Occident à favoriser le dialogue dans le conflit syrien, le concept de « guerre juste » pose question au sein même de l’Église.
le pape insiste sur le dialogue
Dans le même sens, le pape avait rappelé à la communauté internationale, lors de l’Angélus du 25 août, que « ce n’est pas l’affrontement qui offre des perspectives d’espérance pour résoudre les problèmes, mais la capacité de rencontre et de dialogue ».
Cette position manifestement unanime au sein de l’Église s’appuie traditionnellement sur la doctrine de la « guerre juste », progressivement définie par l’Église pour arbitrer entre les devoirs évangéliques de non-violence et de solidarité avec les plus faibles. Sept critères sont habituellement utilisés pour décider si le recours à la violence est tolérable, et donc justifiable à un moment donné.
Il faut d’abord une cause juste. Dans le cas syrien, il est évident, explique Mgr Gérard Defois, archevêque émérite de Lille et ancien président de Justice et paix Europe, « qu’attaquer une population civile avec des armes chimiques est inhumain et que l’on doit légitimement protéger des vies innocentes ».
il n’y a jamais de « justice absolue »
Mais à ses yeux, les six autres critères ne sont pas remplis. Car il faut une autorité compétente, en l’occurrence ici l’ensemble du Conseil de sécurité de l’ONU : « Une action qui passerait outre au veto de la Russie et de la Chine risquerait de reproduire la division de jadis entre blocs de l’Ouest et de l’Est, avec de graves conséquences. »
Il faut encore mettre en œuvre une justice comparative, en considérant qu’il n’y a jamais de « justice absolue » d’un seul côté. Or, s’interroge Mgr Defois, « les Occidentaux ont-ils cherché à comprendre les motivations du président Assad ? »
Il faut encore une intention droite, à savoir vouloir obtenir la paix à moyen terme. Cinquième critère, il faut avoir épuisé tous les autres recours : « Dans quelle mesure les diplomates américains et européens ont-ils essayé d’arranger les choses, alors même qu’ils se sont précipités trop vite au secours des rebelles ? », demande encore Mgr Defois.
il y a une « responsabilité de protéger » en Syrie
Le sixième critère concerne la probabilité de succès : « Or les interventions armées de l’Occident prouvent que la paix des peuples n’y a rien gagné. » Enfin, le critère de la proportionnalité entre les dommages infligés et le bien que l’on espère du recours aux armes ne se trouve pas non plus vérifié.
Toutefois, Mgr Luc Ravel, évêque aux armées, trouve que ces critères ne sont plus adaptés à la situation actuelle, dans la mesure où en Syrie – comme en Libye en mars 2011 –, il ne s’agit pas à proprement parler d’une guerre (un conflit entre nations, selon la définition usuelle), mais d’une intervention motivée par la « responsabilité de protéger ».
Les critères habituels du droit international de la guerre sont brouillés : « Certes il ne devrait pas y avoir de victimes parmi les civils innocents, mais comment distinguer les civils, quand n’importe qui a une kalachnikov et que des femmes peuvent se révéler être des combattantes ? »
les occidentaux ne feraient « que des nœuds supplémentaires »
Pour autant, Mgr Ravel s’oppose catégoriquement à toute intervention en Syrie, estimant que les Occidentaux ne feraient que « des nœuds supplémentaires en croyant dénouer la pelote de fil » et « qu’une petite tape sur la main d’Assadne suffira pas à l’arrêter ! » Des positions qui seront sans doute évoquées par le pape François lorsqu’il recevra jeudi 29 août en audience, et pour la première fois, le roi Abdallah de Jordanie.
CLAIRE LESEGRETAIN