Quand les bêtes sauvages se déchirent entre elles…

Nasrallah : les États arabes qui soutiennent Israël “tomberont” avec lui

Dans un discours critiquant les régimes sunnites pour avoir classé son groupe comme “terroriste”, le chef du Hezbollah défend son rôle dans la guerre civile syrienne

Des soutiens du groupe terroriste chiite libanais Hezbollah regardent un discours télévisé de son dirigeant, Hassan Nasrallah, à Insar, au sud du Liban, le 6 mars 2016. (Crédit : AFP/Mahmoud Zayyat)

Des soutiens du groupe terroriste chiite libanais Hezbollah regardent un discours télévisé de son dirigeant, Hassan Nasrallah, à Insar, au sud du Liban, le 6 mars 2016. (Crédit : AFP/Mahmoud Zayyat)

Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a dénoncé dimanche Israël comme un « ennemi permanent » des Arabes, et a violement attaqué l’Arabie saoudite en pleine querelle continue entre son organisation chiite pro-iranienne, et le royaume du Golfe dominé par les sunnites. « Oh sionistes, si un régime arabe vous soutient, il tombera avec vous, » a-t-il déclaré, selon une traduction de ses paroles par le média du Hezbollah, al-Manar.

Dans la diffusion télévisée, qui devait marquer une semaine depuis les funérailles de l’un des hauts commandants du groupe, Ali Fayyad, près de la ville syrienne transformée en champ de bataille d’Alep, Nasrallah a défendu son groupe chiite contre les critiques répandues au Liban et dans le monde arabe sur son allégeance aux ayatollahs qui dirigent l’Iran, et à son combat au nom d’Assad dans la guerre civile syrienne. Il a défendu le Hezbollah comme défenseur du Liban contre Israël, critiquant les régimes arabes sunnites qui auraient échoué à protéger le pays.

L’Arabie saoudite et d’autres États du Golfe ont placé le Hezbollah sur la liste noire des groupes terroristes la semaine dernière pour « actes terroristes et incitation en Syrie, au Yémen et en Irak », suscitant des critiques de l’organisation et de son patron l’Iran, qui ont accusé les Saoudiens de soutenir les « terroristes » en Syrie et ailleurs.

Nasrallah a remercié ceux qui ont soutenu le Hezbollah dans la dispute, déclarant que « la réaction arabe populaire » à la mesure saoudienne « défie la politique et les médias takfiri [apostat] et la finance dans la région », et « envoie un message clair à Israël. »

« Ce qui protège ce pays est son armée, son peuple et sa résistance, et ceux qui attendent que la Ligue arabe ou que le consensus arabe puissent empêcher Israël d’attaquer le Liban se font des illusions, » a-t-il déclaré, dans une remarque perçue comme une réponse aux sunnites et d’autres au Liban qui critiquent régulièrement le groupe chiite pour entraîner leur pays dans les guerres par procuration de l’Iran en Syrie et contre Israël.

« Les vrais défenseurs des intérêts libanais, » a déclaré Nasrallah, sont ceux qui combattent les jihadistes sunnites de l’Etat islamique et du Front al-Nosra, affilié d’al-Qaeda, en Syrie.

Citant un assaut jihadiste au Yémen qui s’est déroulé durant le week-end dans lequel quatre nonnes et 12 autres personnes ont été massacrées dans une structure de soin, Nasrallah a demandé « Que serait-il arrivé au Liban si les terroristes avaient gagné en Syrie ? »

NdlR : le grand califat islamiste, si c’est peut-être pour demain (j’en doute…), c’est pas pour aujourd’hui !

Iran : « Nous sommes fiers du Hezbollah qui est au premier plan de la résistance contre le régime sioniste »

Classer le Hezbollah comme groupe « terroriste » nuit au Liban, selon Hossein Amir-Abdollahian

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Hossein Amir-Abdollahian (Crédit : Capture d’écran YouTube)

« Ceux qui qualifient le Hezbollah de terroriste nuisent volontairement ou non à la sécurité et à la stabilité du Liban », a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, dont le pays est un allié du mouvement libanais.

« Nous sommes fiers du Hezbollah qui est au premier plan de la résistance contre le régime sioniste et champion de la lutte contre le terrorisme dans la région », a-t-il ajouté, cité par l’agence officielle Irna.

Le Conseil de coopération du Golfe formé de l’Arabie saoudite, du Qatar, de Bahreïn, du Koweït, des Emirats arabes unis et d’Oman, a classé mercredi comme « terroriste » le Hezbollah, poids lourd du gouvernement libanais et soutien du régime de Bachar al-Assad en Syrie.
Hossein Amir-Abdollahian
Ces monarchies sunnites accusent le Hezbollah de servir de tête de pont à l’Iran chiite pour s’ingérer dans les affaires des pays arabes. Elles l’accusent de « recruter les jeunes (du Golfe) pour perpétrer des actes terroristes » et de « tenter de déstabiliser » leurs pays.

Leur décision est intervenue au lendemain d’un virulent discours du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah qui a accusé l’Arabie saoudite d’œuvrer pour une « sédition entre musulmans sunnites et chiites ».

Le Hezbollah, ou parti de Dieu, a été créé par les Gardiens de la révolution iraniens dans les années 1980 dans la foulée de l’invasion israélienne du Liban. Financé par Téhéran, il est le seul parti libanais à ne pas à avoir déposé les armes après la guerre civile (1975-1990).

Le Hezbollah combat en Syrie aux côtés du régime Assad alors que l’Arabie saoudite y soutient les groupes rebelles.

Depuis l’assassinat en 2005 par des membres présumés du Hezbollah du Premier ministre Rafic Hariri, le protégé de Ryad, le Liban est devenu un champ de bataille entre Saoudiens et Iraniens par camps locaux interposés.

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Les monarchies du Golfe déclarent le Hezbollah libanais groupe « terroriste »

L’Arabie saoudite continue sa stratégie d’éloignement du Hezbollah en emmenant ses 5 alliés du Conseil de coopération du Golfe

Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir (au centre à droite) accueille son homologue de Bahreïn Khalid Bin Ahmad al-Khalifa (au centre à gauche) et le secrétaire général du conseil de coopération du Golfe Abdullatif bin Rashid Al-Zayani de Bahreïn (tout à droite) à leur arrivée pour un conseil de coopération du Golfe dans la capitale de l'Arabie saoudite, Ryad, le 9 janvier 2016. (Crédit : AFP/Ahmed Farwan)

Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir (au centre à droite) accueille son homologue de Bahreïn Khalid Bin Ahmad al-Khalifa (au centre à gauche) et le secrétaire général du conseil de coopération du Golfe Abdullatif bin Rashid Al-Zayani de Bahreïn (tout à droite) à leur arrivée pour un conseil de coopération du Golfe dans la capitale de l’Arabie saoudite, Ryad, le 9 janvier 2016. (Crédit : AFP/Ahmed Farwan)

Les Etats membres du CCG -Arabie saoudite, Bahreïn, Qatar, Emirats arabes unis, Oman et Koweït- ont pris cette décision en raison de « la poursuite des actions hostiles des milices (du Hezbollah), qui recrutent les jeunes (du Golfe) pour perpétuer des actes terroristes », a ajouté Abdellatif Zayani.

Cette mesure intervient dans un contexte de forte tension entre ces monarchies et le Hezbollah accusé de servir de tête de pont pour l’Iran chiite et de s’ingérer dans les affaires des pays arabes.

La tension s’est cristallisée autour du conflit en Syrie où l’Iran et le Hezbollah soutiennent le régime de Bachar al-Assad, combattu par une rébellion appuyée par les monarchies du Golfe.

« Les exactions de la milice du Hezbollah dans les pays du CCG et ses actes terroristes et d’incitation en Syrie, au Yémen et en Irak (…) sont une menace pour la sécurité nationale arabe », a souligné M. Zayani dans son communiqué.

En conséquence, a-t-il ajouté, « les pays du CCG ont décidé de considérer la milice (du Hezbollah) comme une organisation terroriste ».

« Des mesures appropriées seront prises pour mettre en oeuvre cette décision, conformément aux règlements sur la lutte antiterroriste en vigueur dans les Etats du CCG et aux lois internationales », a-t-il conclu.

La veille, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, appelait le royaume conservateur de Ryad à ne pas punir l’ensemble du peuple libanais.

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