Plan de paix US : vers une annexion d’une partie de la Cisjordanie et un conflit avec la Jordanie ?

 Le roi de Jordanie avertit d’un « conflit massif » si Israël annexe en Cisjordanie : Le roi Abdallah II n’exclut pas de suspendre l’accord de paix avec l’État juif, et insiste sur la solution à deux États comme étant « la seule façon d’avancer »

NdlR : un tel conflit, sans enjeux sur son issue, aurait des répercussions évidentes sur le WAQF et la gestion du Mont du Temple et des Mosquées.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le roi de Jordanie Abdallah II durant une visite surprise du Premier ministre à Amman, le 16 janvier 2014. (Crédit : AP/Yousef Allan/Jordanian Royal Palace)

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le roi de Jordanie Abdallah II durant une visite surprise du Premier ministre à Amman, le 16 janvier 2014. (Crédit : AP/Yousef Allan/Jordanian Royal Palace)

Le roi Abdallah de Jordanie a averti que si Israël donnait suite à ses projets d’annexion de certaines zones de la Cisjordanie, cela conduirait à un « conflit massif » avec son pays, et n’a pas exclu de rompre l’accord de paix conclu entre Amman et l’État juif.

Dans une interview publiée vendredi par l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, Abdallah II a insisté sur le fait qu’une solution à deux États était « la seule voie à suivre » dans le conflit israélo-palestinien.

 

« Je ne veux pas faire de menaces et créer une atmosphère à couteaux tirés, mais nous envisageons toutes les options. Nous sommes d’accord avec de nombreux pays en Europe et avec la communauté internationale pour que la loi du plus fort ne s’applique pas au Moyen-Orient », a ajouté le roi, lorsqu’on lui a demandé si son pays – l’une des deux seules nations arabes, avec l’Égypte, à avoir signé un accord de paix avec Israël – pouvait suspendre ce traité.

La Jordanie compte une importante population palestinienne et s’investit fortement dans la promotion d’une solution à deux États. « Les dirigeants qui prônent une solution à un seul État ne comprennent pas ce que cela signifierait », a-t-il déclaré à l’hebdomadaire allemand.

Les commentaires du roi font écho aux remarques qu’il avait formulées dans une interview de septembre 2019, avertissant qu’une annexion de la Cisjordanie aurait « un impact majeur sur les relations israélo-jordaniennes ». À l’époque, il n’avait pas menacé de rompre les liens diplomatiques.

Plus récemment, le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi aurait exhorté ses homologues de plusieurs pays à dissuader Jérusalem de ses projets d’annexion. Leur mise en œuvre serait « dévastatrice », marquerait la mort d’une solution à deux États et pourrait avoir des conséquences explosives pour la région, aurait-il averti. Mais là encore, aucun mot sur la fin de l’accord de paix.

L’entretien de vendredi a été publié quelques heures avant que les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ne se rencontrent virtuellement pour examiner les mesures qui pourraient être prises contre Israël à cet égard.

La Jordanie a fait pression sur l’UE pour qu’elle prenne des « mesures pratiques » afin d’éviter une annexion. Dans un communiqué, Ayman Safadi « a souligné la nécessité pour la communauté internationale et l’Union européenne en particulier de prendre des mesures pratiques qui reflètent le rejet de toute décision d’annexion israélienne ».

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« Très peu probable » que Washington soutienne l’annexion du 1er juillet

La préparation a été retardée de plusieurs semaines en raison de la COVID-19, selon une source ; la visite de Kushner à Jérusalem est essentielle avant de finaliser le processus

Le premier ministre Benjamin Netanyahu, (à gauche), l'ambassadeur américain en Israël David Friedman, (au centre), et le ministre du Tourisme Yariv Levin lors d'une réunion pour discuter de l'extension de la cartographie de la souveraineté israélienne à des zones de la Cisjordanie, tenue dans l'implantation d'Ariel, le 24 février 2020. (David Azagury/ Ambassade des Etats-Unis à Jérusalem)

Le premier ministre Benjamin Netanyahu, (à gauche), l’ambassadeur américain en Israël David Friedman, (au centre), et le ministre du Tourisme Yariv Levin lors d’une réunion pour discuter de l’extension de la cartographie de la souveraineté israélienne à des zones de la Cisjordanie, tenue dans l’implantation d’Ariel, le 24 février 2020. (David Azagury/ Ambassade des Etats-Unis à Jérusalem)

Il est très peu probable que l’administration américaine approuve une initiative israélienne visant à annexer unilatéralement des parties de la Cisjordanie à la date du 1er juillet envisagée par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, a déclaré une source bien placée au Times of Israel mercredi.

En fait, il pourrait s’écouler de longues semaines, voire plusieurs mois, avant que le comité de cartographie conjoint États-Unis-Israël ne termine ses travaux, ce que la Maison Blanche a déclaré être une condition préalable à remplir avant de donner le feu vert à l’annexion, a indiqué la source.

Toutefois, un membre clé de la partie américaine du comité mixte, le directeur des affaires israéliennes et palestiniennes du Conseil national de sécurité, Scott Leith, n’a pas pu se rendre dans la région depuis l’apparition de la pandémie de coronavirus.

Le comité de cartographie n’a pas entièrement suspendu ses travaux en raison de la COVID-19, mais les fonctionnaires impliqués dans le processus reconnaissent que la présence de Leith serait nécessaire pour compléter le travail du comité. On ne sait pas quand Leith pourrait se rendre en Israël, et même s’il devait arriver ici bientôt, il est peu probable que le comité puisse achever la tâche complexe de définir le territoire exact qu’Israël serait autorisé à annexer avant la date du 1er juillet.

Le fait que les fonctionnaires de la Maison Blanche chargés du dossier de l’annexion – le conseiller principal du président Donald Trump Jared Kushner et l’envoyé spécial pour le processus de paix Avi Berkowitz – ne se soient pas rendus en Israël depuis le lancement du plan de paix de l’administration en janvier complique encore les efforts de Jérusalem pour conclure rapidement le travail du comité de cartographie.

Des sources familières avec le sujet ont déclaré qu’il était très peu probable que la Maison Blanche soutienne une annexion israélienne avant que les deux hommes ne viennent à Jérusalem pour discuter de certaines questions en suspens.

Netanyahu a déclaré à sa faction du Likud la semaine dernière qu’il prévoyait de lancer l’annexion d’ici le 1er juillet – date la plus proche à laquelle l’accord de coalition qu’il a signé avec le parti Kakhol lavan du ministre de la Défense Benny Gantz lui permet de soumettre la question à un vote au sein du gouvernement ou à la Knesset.

Selon l’accord de coalition, Israël ne peut faire avancer le plan de Netanyahu visant à appliquer la souveraineté sur la vallée du Jourdain et toutes les implantations en Cisjordanie qu’en totale coordination avec la Maison Blanche.

L’administration Trump s’est engagée à reconnaître l’annexion d’Israël tant que Jérusalem le fera sur la base du plan de paix publié par Washington au début de cette année.

Depuis lors, certains ministres du Likud ont déclaré que le plan devrait probablement être retardé.

Zeev Elkin, par exemple, a déclaré dimanche qu’il n’y avait aucune garantie que le travail du comité de cartographie serait terminé pour le 1er juillet, et que l’annexion devrait probablement attendre « quelques jours ou semaines de plus ».

« Je sais qu’ils travaillent sur la carte, et ce processus pourrait prendre un peu plus de temps », a-t-il déclaré. « Le 1er juillet est le premier jour où l’affaire peut être portée devant le gouvernement et la Knesset. Cela pourrait éventuellement prendre quelques jours ou semaines de plus, mais en général, je pense que le Premier ministre est très clair sur son intention de faire avancer ce dossier ».

Netanyahu a discuté lundi, lors d’une conférence téléphonique, de la mise en œuvre du « deal du siècle », notamment du plan israélien d’annexion de 30 % de la Cisjordanie, avec Kushner et Berkowitz. L’ambassadeur américain en Israël, David Friedman, et l’ambassadeur israélien aux États-Unis, Ron Dermer, ont également participé à cette conférence.

Aucune des deux parties n’a donné lecture de la réunion, mais la Treizième chaîne a cité des sources américaines non nommées disant que les responsables de l’administration étudiaient précisément si et comment Israël avait l’intention de procéder à une annexion unilatérale et ont quitté les conversations sans réponse définitive.

Citant une source israélienne de haut niveau, le rapport télévisé a également déclaré que les Américains « veulent minimiser l’enthousiasme » pour une annexion imminente – « pour ralentir considérablement le processus » – parce que l’administration est préoccupée, entre autres choses, par les protestations nationales suite au meurtre de George Floyd par un policier à Minneapolis la semaine dernière, en plus de la crise du COVID-19 et des retombées économiques qui l’accompagnent.

Mardi, Netanyahu a accueilli dans son bureau de Jérusalem des dirigeants du mouvement des implantations qui sont opposés au plan de paix de Trump parce qu’il approuve, en théorie, la création d’un État palestinien sur les 70 % restants de la Cisjordanie qu’Israël n’annexerait pas.

Un responsable des implantations qui a participé à la réunion a déclaré au Times of Israel que Netanyahu avait indiqué que les Etats-Unis durcissaient leur position sur l’annexion.

Le fonctionnaire, qui s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat, a cité le Premier ministre en disant que la Maison Blanche « pourrait avoir diminué son enthousiasme à voir la souveraineté se réaliser ».

Le fonctionnaire a déclaré que les dirigeants des implantations ont quitté la réunion « intense » avec l’impression que l’annexion n’aurait pas lieu « aussi tôt ou dans la mesure » qui avait été initialement promise par Netanyahu.

Une lecture de la réunion fournie par le bureau du Premier ministre a indiqué que « les discussions avec les Américains sont toujours en cours », faisant apparemment référence au travail du comité de cartographie.

L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.

 

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Le ministre de la Défense dit à l’armée de commencer à se préparer à l’annexion

Benny Gantz a ordonné au chef d’état-major de Tsahal d’“accélérer les préparatifs de l’armée” avant l’annexion potentielle de certaines parties de la Cisjordanie

Le chef d'état-major de Tsahal de l'époque, Benny Gantz, fait une bataille de boules de neige avec une famille palestinienne le long de la route 60 en Cisjordanie, le 15 décembre 2013. (Judah Ari Gross / Armée israélienne)

Le chef d’état-major de Tsahal de l’époque, Benny Gantz, fait une bataille de boules de neige avec une famille palestinienne le long de la route 60 en Cisjordanie, le 15 décembre 2013. (Judah Ari Gross / Armée israélienne)

Le ministre de la Défense Benny Gantz a ordonné lundi au chef d’état-major de Tsahal Aviv Kohavi d’ “accélérer les préparatifs de l’armée” avant l’annexion potentielle de certaines parties de la Cisjordanie, selon son bureau.

Gantz a également l’intention de nommer une personne chargée de la coordination entre les différents organes gouvernementaux impliqués dans le processus.

Le ministre de la Défense n’a pas précisé la nature de ces questions, les qualifiant uniquement d’ “efforts diplomatiques à l’ordre du jour dans l’arène palestinienne”, mais l’insinuation claire est la proposition du gouvernement d’annexer les implantations israéliennes et la vallée du Jourdain d’ici le 1er juillet.

Les responsables de la Défense auraient averti que cette annexion pourrait être suivie de graves violences généralisées.

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La Turquie « ne permettra pas l’annexion » en Cisjordanie, prévient Erdogan

Le président turc menace l’Etat juif face au projet du gouvernement d’étendre la souveraineté israélienne, disant que Jérusalem est « une ligne rouge » pour les musulmans du monde

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'exprime devant les officiels de son parti au pouvoir à Ankara en Turquie, le 10 octobre 2019. (Service de presse de la présidence turque via AP, Pool)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’exprime devant les officiels de son parti au pouvoir à Ankara en Turquie, le 10 octobre 2019. (Service de presse de la présidence turque via AP, Pool)

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé Israël à la suite du projet du nouveau gouvernement d’annexer certains secteurs de la Cisjordanie.

« Nous assistons à un nouveau plan d’occupation et d’annexion de la part d’Israël qui menace la souveraineté palestinienne et qui est contraire au droit international », a déclaré Erdogan dans un discours diffusé dimanche soir à l’occasion de la fête musulmane de l’Aïd al-Fitr. « Nous ne permettrons pas que des terres palestiniennes soient transférées à qui que ce soit ».

« La Turquie est la seule voix qui défende les Palestiniens aujourd’hui », a affirmé Erdogan dans une allocution télévisée. « Le monde a laissé tomber les Palestiniens et n’est pas parvenu à apporter la paix, la justice, la sécurité et l’ordre dans cette partie du monde », a-t-il ajouté.

Le chef de l’État turc a poursuivi en disant que Jérusalem et le mont du Temple étaient « sacrés pour les trois religions et ils sont aussi la ligne rouge pour tous les musulmans du monde ».

La promesse faite par le Premier ministre Benjamin Netanyahu d’annexer la vallée du Jourdain et toutes les implantations dès le mois de juillet a été condamnée par un nombre croissant de pays et notamment par des États arabes, comme la Jordanie, et par des nations européennes comme la France et l’Allemagne.

Netanyahu a répété, lundi, l’échéance établie dans l’accord de coalition – le mois de juillet – comme date définie pour le lancement du processus d’élargissement de la souveraineté israélienne. Il a indiqué aux députés du Likud n’avoir aucunement l’intention de la changer.

À l’ouverture de la réunion hebdomadaire des parlementaires du Likud à la Knesset, Netanyahu a estimé qu’il n’y avait jamais eu de moment plus favorable dans toute l’histoire du pays pour l’annexion des secteurs concernés.

« Nous avons là une opportunité qui n’a jamais existé depuis 1948 d’appliquer la souveraineté de manière avisée en Judée et Samarie, sous la forme d’une avancée diplomatique, et nous n’allons pas laisser passer cette chance », a assuré Netanyahu, se référant à l’année où l’État d’Israël a été fondé et en utilisant les noms bibliques renvoyant à ces parties de la Cisjordanie.

Plus tard, au cours de la partie de la réunion qui était interdite aux médias, le Premier ministre a dit aux députés réunis que « nous avons une date-cible pour l’application de la souveraineté, le mois de juillet, et nous ne la changerons pas », selon des médias en hébreu.

Il s’agissait là de ses premiers commentaires publics depuis son apparition devant le tribunal, dimanche, pour l’ouverture de son procès pour corruption.

L’initiative sera coordonnée avec Washington et conformément au plan sur le Moyen-Orient qui a été rendu public par le président américain Donald Trump au mois de janvier et qui approuvait l’application de la souveraineté de l’État juif sur environ 30 % de la Cisjordanie.

Toutefois, le plan de paix tout entier a été rejeté par les Palestiniens qui considèrent que la Cisjordanie sera le territoire qui accueillera leur futur État.

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a annoncé, la semaine dernière, qu’il rompait la coopération sécuritaire mise en place avec Israël en raison de l’intention déclarée de Netanyahu d’annexer les implantations et la vallée du Jourdain, une zone stratégique.

La communauté internationale exprime également des inquiétudes croissantes, assorties de mises en garde en direction d’Israël.

Ces derniers jours, même des responsables de l’administration Trump ont semblé chercher à freiner les attentes de ce que Washington puisse donner rapidement le feu vert à cette initiative, sans progrès préalable réalisé dans les négociations entre Israël et les Palestiniens.

Le porte-parole du département d’État a expliqué, au début du mois, que toute action devait entrer dans le cadre de discussions entre les deux parties sur le plan de paix de l’administration.

Selon les dispositions de l’accord de coalition conclu entre Netanyahu et Benny Gantz, le chef de Kakhol lavan et ministre de la Défense, le Premier ministre pourra procéder à l’annexion.

Le mois dernier, les deux hommes ont passé un accord de partage du pouvoir complexe. Selon les termes de cet arrangement, le Premier ministre pourra présenter sa proposition d’annexer environ 30 % de la Cisjordanie – toutes les implantations et la vallée du Jourdain – dès le 1er juillet. Il devra obtenir l’accord du cabinet ou de la Knesset.

En attendant, le gouvernement devrait exclusivement se concentrer sur la lutte contre la pandémie du coronavirus.

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