LIBAN : confirmation d’une intervention imminente ?

Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir lors d'une conférence de presse avec son homologue français dans la capitale saoudienne de   Riyadh le 16 novembre 2017 (Crédit : AFP PHOTO / Fayez Nureldine)Ryad appelle au désarmement du Hezbollah et menace de l’extirper du Liban : Le ministre des Affaires étrangères saoudien indique que les « pays amoureux de la paix » sont en train d’examiner les moyens de réduire l’influence du groupe terroriste à Beyrouth

Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir lors d’une conférence de presse avec son homologue français dans la capitale saoudienne de Riyadh le 16 novembre 2017 (Crédit : AFP PHOTO / Fayez Nureldine)

Lors d’une conférence de presse dans la capitale saoudienne de Ryad, al-Jubeir a dénoncé le Hezbollah, le qualifiant « d’outil des Gardiens de la Révolution iranienne » et « d’organisation de première catégorie utilisée par l’Iran pour déstabiliser le Liban et la région ».

Al-Jubeir a ajouté que des « consultations et une coordination entre les pays amoureux de la paix et les pays amoureux du Liban sont en cours pour tenter de trouver un moyen qui permettrait de restaurer la souveraineté au Liban et de réduire les actions négatives que mène le Hezbollah dans ce pays ».

Les propos du ministre surviennent alors que le royaume a rejeté certaines informations qui l’accusaient de détenir contre son gré le Premier ministre libanais à Ryad suite à sa démission au début du mois.

« L’accusation selon laquelle le royaume détiendrait un Premier ministre ou un ex-Premier ministre n’est pas vraie, en particulier dans le cas d’un allié politique comme » Hariri, a déclaré al-Jubeir lors d’une conférence de presse aux côtés de son homologue français Jean-Yves Le Drian.

« Je ne connais pas la source de ces accusations. Mais nous les rejetons car elles sont sans fondement et qu’elles ne sont pas vraies », a ajouté al-Jubeir, ajoutant que Hariri se trouve en Arabie saoudite de son plein gré et qu’il « partira lorsqu’il le souhaitera ».

Hariri se trouve à Ryad depuis une déclaration faite le 4 novembre à la télévision dans laquelle il a indiqué démissionner de son poste parce qu’il craint pour sa vie, accusant également l’Iran, ennemi juré de l’Arabie saoudite, et son allié libanais du Hezbollah de déstabiliser le Liban.

Mais le président libanais Michel Aoun a refusé d’accepter sa démission depuis l’étranger, affirmant que les autorités saoudiennes « détiennent » Hariri à Ryad contre sa volonté.

Lors de la conférence de presse de jeudi, il a été annoncé que Hariri a accepté une invitation à se rendre en France dans les prochains jours.

Aoun a confirmé que Harir et sa famille arriveraient samedi en France, « où il se reposera pendant quelques jours », avant de revenir à Beyrouth pour prendre « une décision concernant sa démission ».

Il a salué la décision de Hariri d’accepter l’invitation française, disant qu’elle « ouvre la porte à une résolution » à la crise politique au Liban.

« J’attends le retour du président (du conseil des ministres) Hariri pour décider de la prochaine initiative au sujet du gouvernement », a indiqué Aoun aux journalistes.

Séparément, jeudi, le ministre des Affaires étrangères libanais Gibran Bassil, lors d’une tournée européenne sur la crise, a indiqué aux journalistes que « notre inquiétude est que (Hariri) puisse revenir et prendre la décision qu’il voudra ».

Bassil s’est exprimé lors d’une conférence de presse à Berlin avec le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel, qui a qualifié la situation de « très dangereuse ».

Il a averti les autres pays de ne pas intervenir ou de faire quoi que ce soit qui puisse menacer l’unité et la stabilité du Liban en disant que « toute attaque aura l’inverse que prévu et fera souffrir la région entière ».

 

Une guerre entre le Hezbollah et Israël est inévitable, et forcément dévastatrice

Le High Level Military Group a dépeint le scénario d’un conflit potentiel entre l’État hébreu et le groupe terroriste soutenu par l’Iran, et ce qui peut être fait pour l’empêcher

Les soldats évacuent un camarade blessé au cours de la seconde guerre du Liban, le 24 juillet 2006, (Crédit : Haim Azoulay / Flash 90)

« Le Hezbollah ne souhaite pas voir de conflit éclater actuellement, étant donné qu’il cherche encore à consolider ses avoirs en Syrie et à poursuivre ses entraînements au Liban.

« Le timing d’un tel conflit sera probablement déterminé par un mauvais calcul ainsi que sur la base d’une décision prise en Iran et au Liban. »

Le groupe a indiqué que dans l’éventualité d’une telle guerre, « elle sera surement plus violente et plus destructrice que les précédentes », parce que les deux parties se sont renforcées et ont intensifié leurs capacités militaires depuis le dernier conflit.

Le rapport, intitulé Hezbollah’s terror army: How to prevent a third Lebanon war, propose quelques recommandations pour éviter qu’un tel conflit ne se produise, et ne le décrit pas comme une guerre qui attend d’éclater.

Les généraux à la retraite et anciens membres de l’armée américaine, française, allemande, britannique, italienne, espagnole, colombienne, indienne et australienne, qui compose le HLMG ont également été très critiques au sujet des Nations unies, pour « son échec grave et flagrant » à mettre en œuvre la résolution 1701 du Conseil de sécurité qui a mis fin à la deuxième guerre du Liban en 2006, un manquement qu’ils tiennent pour responsable de l’aggravation de la situation.

Les anciens chefs militaires ont indiqué que la mission de maintien de la paix au Liban, la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban), n’applique pas les aspects de la résolution 1701, qui sont censés garantir que les acteurs armés non-gouvernementaux que sont les militants du Hezbollah, soient tenus à l’écart du Sud-Liban.

Le rapport de 76 pages, basé sur des entretiens avec des délégués israéliens menés exclusivement durant une mission exploratoire, parvient aux mêmes conclusions que celles des responsables de l’armée israélienne. En préparant ces évaluations, le HLMG n’a rencontré aucun responsable libanais ni membre du Hezbollah, ni responsable aux Nations unies.

Et pourtant, le HLMG soutient que ses évaluations sont « purement basées sur l’expérience militaire et stratégique acquise par ses membres ».

Le colonel Richard Kemp parle devant le Conseil des droits de l'homme des Nations Unies le 29 juin 2015 (Photo: Autorisation UN Watch / Oliver O'Hanlon)

Le HLMG compte parmi ses membres un ancien président du comité militaire de l’OTAN, un ancien chef d’État-major de l’armée israélienne, un ancien ambassadeur itinérant des États-Unis pour les crimes de guerre, un ancien directeur-général de la Defense Intelligence Agency en Inde et le fervent défenseur d’Israël, le colonel Richard Kemp de l’armée britannique.

Ce Groupe a été créé par la Friends of Israel Initiative, un groupe fondé par l’ancien Premier ministre espagnol José Maria Aznar en 2010, pour lutter contre une « campagne de délégitimation contre Israël sans précédent ».

Ce n’est pas la première fois que le groupe s’essaye à la sécurité israélienne. En décembre 2015, l’organisation avait diffusé un rapport qui défendait l’armée israélienne durant la guerre de Gaza, qui avait eu lieu l’été précédent. Ils avaient déterminé que l’armée s’était conformée aux règles d’un conflit armé, et les avait même surpassées.

Le Hezbollah a bien grandi

Le Hezbollah a été fondé en 1985, trois ans après le début de la première guerre du Liban. Il a été créé avec le soutien de l’Iran, et avait commencé par tuer des soldats israéliens stationnés dans les avant-postes de l’armée israélienne au Sud-Liban avec des missiles antitanks improvisés, des explosifs, et des petites armes à feu.

Au fil du temps, le groupe est passé de nuisance terroriste à ennemi de grande ampleur, ayant une emprise significative sur la politique intérieure du Liban. Ce qui était initialement un groupe terroriste de pacotille représente désormais la référence face à laquelle l’armée israélienne évalue son niveau de préparation.

Des partisans du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah pendant un évènement commémorant les 11 ans de la fin de la 2e guerre du Liban avec un discours télévisé d'Hassan Nasrallah, à Khiam, dans le sud du Liban, le 13 août 2017. (Crédit : Mahmoud Zayyat/AFP)

Dans le rapport, les anciens généraux et officiers de la défense décrivent le Hezbollah comme étant « largement considéré comme l’acteur non-gouvernemental le plus puissant du monde. »

Alors que le groupe terroriste s’est impliqué dans les combats au nom du dictateur syrien Bashar el-Assad, il est devenu plus fort grâce à son expérience en combat et a amélioré son accès à un arsenal sophistiqué par le biais de son fournisseur, l’Iran.

« Le Hezbollah a le poids politique d’un gouvernement, la force de frappe d’une armée et l’approche stratégique d’une organisation terroriste », établi le rapport.

Israël pense que le Hezbollah maintient une force de 25 000 combattants à temps plein. Parmi eux, 5 000 combattants ont été en Iran suivre une formation intensive, et 20 000 autres combattants dans des unités de réserve.

Un tank portant le drapeau du groupe terroriste du Hezbollah dans la région syrienne de Qalamoun, le 28 août 2017. (Crédit : Louai Beshara/AFP)

L’armée terroriste se vante de détenir des drones d’attaques, des systèmes de défense aérienne, des véhicules blindés pour le transport de troupes, et même des tanks. Ils pourraient également avoir le Yakhont, un missile anti-navire, avec lequel il peut menacer des navires de la marine israélienne.

Mais ses armes de choix sont les missiles et les roquettes, qu’il accumule et améliore, avec l’aide de l’Iran, à un rythme frénétique.

Le Hezbollah possèderait entre 100 000 et 150 000 projectiles, principalement de courte portée. Les responsables israéliens estiment que dans une prochaine guerre, le groupe terroriste serait en mesure de tirer en moyenne un millier de missiles par jour.

De plus, l’armée israélienne suppose que le groupe s’est focalisé sur la précision de ses missiles, de sorte qu’ils puissent atteindre directement des sites stratégiques israéliens.

Des experts en explosifs israéliens inspectent une roquette du Hezbollah après son atterrissage à Haïfa, dans le nord d'Israël, le 9 août 2006. (Crédit : Max Yelinson/Flash90)

« Par conséquent, non seulement la menace s’est amplifiée de manière exponentielle sur le plan numérique, mais le taux de létalité a augmenté en raison d’une charge utile plus importante, et une précision de tir accrue », a écrit le HLMG dans son rapport.

Israël œuvre pour contrer cette menace grâce à des systèmes de défense antimissiles tels que le Dôme de Fer, la Fronde de David, et les systèmes Patriot et Arrow. Mais les responsables militaires soulignent régulièrement que ces batteries ne fournissent pas une protection parfaitement hermétique.

Sur le plan de la défense, le Hezbollah s’est intégré à la population civile du sud-Liban, « pour des raisons tactiques (ce qui pousse Israël a hésiter avant d’attaquer) et stratégiques (utiliser les photos des civils blessés pour délégitimer l’armée) », indique le rapport.

Le HLMG ajoute que le Hezbollah avait « transformé presque chaque village chiite du sud du pays en un atout militaire ».

À l’intérieur et à l’extérieur de ces villages, le Hezbollah aurait préparé des positions de combat à partir desquelles il pourrait se confronter à la puissante armée israélienne.

Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a également averti que le groupe terroriste ne se battra pas seul, mais qu’il aurait le soutien des milices syriennes soutenues par l’Iran, et d’autres combattants du Moyen Orient. Cela contraindrait l’armée israélienne à se battre sur plusieurs fronts, si le Hamas à Gaza rejoint aussi le conflit.

Les partisans libanais du Hezbollah à Nabatieh, le 24 mai 2015. (Crédit : Mahmoud Zayyat/AFP)

Mais le groupe terroriste dispose d’un autre avantage : la population israélienne n’est pas habituée ni préparée à un conflit prolongé.

Un homme inspecte les dommages causés à une maison après une attaque à la roquette par des terroristes de la bande de Gaza sur la ville israélienne de Yehud, à côté de l'aéroport international Ben-Gurion d'Israël, le 22 juillet 2014. (Crédit : Yonatan Sindel / Flash90)

« Les décideurs ont fait part de leur préoccupation quant à la façon dont le public israélien est préparé au niveau de dévastation que causera un affrontement militaire avec le Hezbollah », a déclaré le HLMG.

« Les jeunes israéliens sont moins habitués à la menace d’attaque directe que ne le sont leurs aînés, et le succès d’Israël à neutraliser les roquettes les moins sophistiquées tirées depuis Gaza peut avoir faire monter la confiance de la population en la capacité de l’armée à intercepter les roquettes susceptibles d’être tirées par le Hezbollah. »

L’armée israélienne n’a pas à rougir

Bien que l’arsenal du Hezbollah contienne « plus de roquettes que de nombreuses armées européennes », selon le rapport du HLMG, l’armée israélienne est considérée par de nombreux analystes comme la plus puissante du Moyen Orient.

Des F-35 israéliens lors du vol de démonstration au dessus de la plage de Tel Aviv, le 2 mai 2017. (Crédit : Jack Guez/AFP)

« Israël est équipé des avions de chasse les plus performants, des drones avec une technologie de pointe, et on considère qu’elle détient des armes nucléaires », ont écrit les militaires.

« Les données disponibles sur l’année 2014 suggèrent que l’armée a 410 500 membres de son personnel en activité, 3 657 tans et 989 avions. »

Israël a également considérablement amélioré son renseignement sur le groupe terroriste depuis les 11 ans depuis la seconde guerre du Liban. Cette évolution est importante dans la mesure ou le manque d’informations précises serait responsable de nombreux échecs dans ce conflit.

En associant l’impressionnante force militaire à sa disposition et le renseignement nécessaire pour la diriger, l’armée pourrait mettre fin à une guerre prochainement, avant que le front israélien ne subisse trop de pertes.

« Cependant, alors qu’un conflit potentiel progresse, la supériorité militaire d’Israël va avoir du mal à se traduire par une victoire sur le champ de bataille », estime le HLMG.

Dans le rapport, les anciens généraux ont écrit que les responsables israéliens leur ont confié qu’ils s’attendent à « des milliers de victimes au Liban, parmi lesquels figureront de nombreux civils, en dépit du fait qu’Israël adhère aux plus standards du Droit de la guerre ».

Manifestement, alors que HLMG propose une estimation générale du bilan côté libanais, il ne suggère pas de bilan côté civils israéliens, indiquant seulement que ce nombre « va probablement dépasser de loin le bilan des conflits précédents ». (Il y avait eu 50 victimes civiles durant la guerre du Liban en 1982, et 46 en 2002.)

Le Hezbollah et le Liban, bonnet blanc et blanc bonnet ?

L’une des questions qui taraude le HLMG est la perception qu’a Israël du Liban, et si elle est intrinsèquement liée avec le Hezbollah, où s’il s’agit d’une entité distincte.

« Durant les recherches du HLMG, il a été clair qu’il existe un débat politique poussé dans les hauts échelons de la hiérarchie israélienne au sujet de certaines voix qui font comprendre qu’un éventuel conflit devra inclure le Liban parmi ses adversaires », ont écrit les anciens généraux.

Naftali Bennett, ministre de l'Education et président du parti HaBayit HaYehudi, pendant l'émission "Rencontre avec la presse" de la Deuxième chaîne, le 4 juin 2016. (Crédit : capture d'écran Deuxième chaîne)

Par exemple, le ministre de l’Éducation Naftali Bennett affirme que Liban et Hezbollah sont indissociables et que l’infrastructure nationale libanaise devrait également être considérée comme cible militaire durant une prochaine guerre.

En 2006, la politique de l’armée israélienne consistait à faire le distinguo entre Liban et Hezbollah, mais la façon dont le pays a évolué pourrait changer cela.

Dans le rapport, le HLMG a indiqué qu’une « relation hautement fusionnelle existe entre le Hezbollah et les forces armées libanaises », qui se concrétiserait par un partage du renseignement, et une coopération sur le plan matériel.

Soldats libanais à Ras Baalbek, après leur retour du front contre l'Etat islamique, le 21 août 2017. (Crédit : Stringer/AFP)

« Israël a montré au HLMG des preuves qui laissent penser qu’au moins une partie de l’armement que reçoit l’armée libanaise de l’international, notamment des États-Unis, finit par se retrouver aux mains du Hezbollah », ont écrit les militaires.

Cependant, certains analystes, dont le nom n’est pas cité dans le document du HLMG, affirment, contrairement à Bennett et à d’autres responsables israéliens que le Liban est le Hezbollah, et inversement.

L’un d’entre eux est David Daoud, un analyste chercheur pour le think-tank et groupe de défenseUnited Against a Nucleau Iran. Il soutient qu’en attaquant les infrastructures libanaises, Israël pourrait aider le Hezbollah à prouver à la population libanaise que le groupe terroriste est, comme il le prétend, le défenseur du pays contre « le régime sioniste ».

Les gardiens de la paix ont les mains liées

Le HLMG a mis l’accent sur le rôle et les échecs de la FINUL, la mission onusienne au Sud-Liban.

La force internationale est généralement considérée par Israël comme incapable, ou du moins peu disposée à prendre des mesures sérieuses contre la mise sur pied des forces du Hezbollah, alors que le Liban est considéré comme un complice du groupe terroriste par l’armée israélienne.

Les activités de la FINUL au Sud-LIBAN sont dictées par la résolution 1701 du conseil de sécurité, qui, entre autres, stipule qu’il ne doit pas y avoir aucune force paramilitaire au sud de la rivière Litani.

Selon le HLMG, les forces onusiennes appliquent la résolution 1701 « au sens très étroit, en ce qui concerne leur habilitation à chercher des armes au Liban et à freiner l’activité des groupes armés ».

Israël et le HMG soutiennent que cette mission doit être interprétée plus largement. Cela permettrait à la FINUL de contrecarrer les efforts de guerre du Hezbollah en empêchant activement le groupe terroriste de posséder des armes au sud de la rivière Litani, et d’employer la force si nécessaire.

« Un nouveau mandat, revu et corrigé est nécessaire pour gérer cette situation », estime le rapport.

Que peut-on faire d’autre ?

« La communauté internationale doit prendre des mesures pour freiner les activités de l’Iran, intensifier les sanctions et mettre en place des méthodes dissuasives »

Au-delà des pouvoirs à octroyer à la FINUL, le HLMG n’offre que peu de conseils sur les moyens d’empêcher une guerre future entre le Hezbollah et Israël.

Les conseils sont assez vagues, et ne parlent pas d’éléments spécifiques à mettre en œuvre. La recommandation principale consiste à gérer non pas le Hezbollah, mais son supérieur.

« La communauté internationale doit prendre des mesures pour freiner les activités de l’Iran, intensifier les sanctions et mettre en place des méthodes dissuasives », a écrit le groupe.

En ce qui concerne spécifiquement le Hezbollah, le HLMG a appelé les pays occidentaux à cesser de dissocier les branches terroristes politiques et terroristes du groupe.

Les anciens militaires ont également enjoint les États-Unis à prendre des mesures avec le contingent libanais « pour déchoir le Hezbollah de son statut de force motrice de facto du pays ».

Plus généralement, le HLMG appelle l’Occident à « soutenir fermement Israël dans efforts pour désamorcer les tensions ».

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Nasrallah appelle les Juifs à fuir avant qu’Israël ne soit dévasté par la guerre

Le chef du Hezbollah dit qu’Israël sous-estime la force de son groupe terroriste et accuse Netanyahu de mener le pays à la destruction

Des femmes agitent des drapeaux libanais ou du groupe terroriste chiite du Hezbollah devant des portraits du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei (à droite) et le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, pendant un discours de ce dernier commémorant les dix ans de la deuxième guerre du Liban, à Bint Jbeil, le 13 août 2016. (Crédit : AFP/Mahmoud Zayyat)

Des femmes agitent des drapeaux libanais ou du groupe terroriste chiite du Hezbollah devant des portraits du guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei (à droite) et le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah, pendant un discours de ce dernier commémorant les dix ans de la deuxième guerre du Liban, à Bint Jbeil, le 13 août 2016. (Crédit : AFP/Mahmoud Zayyat)

Hassan Nasrallah, qui s’exprimait à l’occasion de la fête chiite de l’Ashoura, a affirmé que le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu menait la région à une guerre dévastatrice.

S’adressant aux « Juifs non sionistes », Nasrallah a dit : « j’appelle tous ceux qui sont venus en Palestine occupée à partir et à rentrer dans les pays d’où vous venez, pour que vous n’alimentiez aucune guerre menée par votre gouvernement stupide. »

Il a ajouté que le conflit du Hezbollah n’était pas mené contre le peuple juif mais contre le gouvernement sioniste d’Israël, semblant offrir à ceux qui ne soutiennent pas l’idéologie politique d’Israël en tant que nation juive l’opportunité de fuir avant que le conflit armé ne commence.

Nasrallah a prévenu que « le gouvernement de Netanyahu mène votre peuple à la dévastation et la destruction », et a ajouté que le Premier ministre « tente de mener la région à la guerre en Syrie et au Liban. »

Des partisans du groupe terroriste chiite libanais du Hezbollah pendant un évènement commémorant les 11 ans de la fin de la 2e guerre du Liban avec un discours télévisé d'Hassan Nasrallah, à Khiam, dans le sud du Liban, le 13 août 2017. (Crédit : Mahmoud Zayyat/AFP)

Le chef du groupe terroriste, qui se vante fréquemment de ses forces prêtes pour un autre conflit contre Israël, a affirmé que l’armée israélienne n’avait pas correctement estimé la puissance militaire du Hezbollah.

« Netanyahu et son gouvernement ne savent pas comment la guerre finira s’ils en commencent une, et ils n’ont pas d’information correcte sur ce à quoi s’attendre s’ils devaient s’embarquer dans une guerre folle », a ajouté Nasrallah.

Des responsables israéliens ont prévenu le Hezbollah qu’il serait détruit par Israël s’il se lançait dans une guerre, alors que les tensions se sont intensifiées depuis que le groupe terroriste a établi un bastion dans le sud de Liban et le sud de la Syrie, aux côtés de l’Iran.

Israël a combattu le Hezbollah pour la dernière fois pendant la deuxième guerre du Liban de 2006, et les tensions restent élevées, même si la frontière nord est relativement calme depuis.

Un membre du Hezbollah dans un champ proche de Naqura, à la frontière libano-israélienne, le 20 avril 2017. (Crédit : Joseph Eid/AFP)

Le Hezbollah serait en possession d’un arsenal de 100 000 à 150 000 missiles à courte, moyenne et longue portée, et compterait environ 50 000 soldats, dont des réservistes.

Un commandant du Hezbollah a dit le mois dernier que le groupe avait plus de 10 000 combattants dans le sud de la Syrie, prêt à combattre Israël.

Israël s’inquiète que le Hezbollah et son soutien, l’Iran, ne lancent une guerre contre l’Etat juif depuis le sud de la Syrie.

Netanyahu aurait négocié avec les Etats-Unis et la Russie pour établir une zone interdite à l’Iran près de sa frontière, mais sans résultat.

Le mois dernier, des dizaines de milliers de soldats israéliens ont participé au plus grand exercice militaire depuis 1998, qui a simulé pendant 10 jours une guerre contre le Hezbollah.

Des soldats courant vers un hélicoptère pendant un exercice de l'armée israélienne simulant une guerre contre le Hezbollah, dans le nord d'Israël, en septembre 2017. (Crédit : armée israélienne)

Samedi, Nasrallah a accusé Israël et les Etats-Unis d’avoir orchestré le référendum d’indépendance de la région autonome du Kurdistan irakien, largement remporté par le oui.

Judah Ari Gross a contribué à cet article.

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Eizenkot : Israël prêt à coopérer avec Ryad pour « faire face à l’Iran »

Lors d’une interview sans précédent donnée aux médias saoudiens, le chef d’état-major a abordé la menace chiite et l’improbabilité d’une guerre avec le Hezbollah

Gadi Eizenkot, chef d'Etat-major de l'armée israélienne, pendant la Marche des Vivants, sur le camp d'extermination d'Auscwhitz-Birkenau, le jour de Yom HaShoah, le 24 avril 2017. (Crédit : unité des porte-paroles de l'armée israélienne)

Gadi Eizenkot, chef d’Etat-major de l’armée israélienne, pendant la Marche des Vivants, sur le camp d’extermination d’Auscwhitz-Birkenau, le jour de Yom HaShoah, le 24 avril 2017. (Crédit : unité des porte-paroles de l’armée israélienne)

Eisenkot a accordé cette première interview au site Elaph, basé à Londres et appartenant aux Saoudiens. Il a proposé sa vision des ambitions iraniennes au Moyen Orient, et a parlé de la façon dont elles pourraient être contrées.

Interrogé sur le partage « d’informations » avec les saoudiens, Eizenskot a répondu que « nous sommes prêts à partager des informations si nécessaire. Il y a des intérêts que [l’Arabie saoudite] et nous-mêmes partageons ».

Au sujet des ambitions iraniennes dans la région, Eisenkot a déclaré que « le projet de l’Iran est de contrôler le Moyen Orient par deux croissants chiites. Le premier [sera dirigé] depuis l’Iran via l’Irak vers la Syrie et le Liban, et le second depuis le Bahreïn via le Yémen et la mer Rouge ».

« C’est ce qui doit être empêché dans la région », a-t-il dit.

« Dans cette affaire, il y a une entente totale entre nous et le Royaume d’Arabie saoudite, qui n’a jamais été notre ennemie. Il ne nous a jamais combattu ni nous ne l’avons combattu. »

« Quand j’ai rencontré le Comité des chefs d’États-majors inter-armées [aux États-Unis] et que j’ai entendu ce que le représentant saoudien avait à dire, j’y ai entendu l’écho de ma pensée en matière de confrontation avec l’Iran et de la façon de gérer son expansion dans la région. »

Au sujet de la démission soudaine de l’ancien Premier ministre libanais Saad Hariri la semaine dernière, Eizenkot a déclaré que c’était une démarche « complexe » et « surprenante ».

Hariri avait déclaré qu’il démissionnait car il craignait que les Iraniens ne projettent de l’assassiner.

Eizenkot a déclaré que cette mesure reflète également le déclin du soutien des Libanais au Hezbollah, et a souligné que « le Hezbollah commence à ressentir la pression financière et à avoir des gros problèmes d’ordre matériel ».

En réponse aux allégations qui laissent penser qu’Israël a l’intention d’attaque le Hezbollah, le chef d’état-major a déclaré que « nous n’avons aucune intention d’attaquer le Hezbollah au Liban de manière à entrer en guerre ».

« Cependant », a-t-il ajouté, « nous n’accepterons aucune menace stratégique contre Israël ».

Il a déclaré être satisfait des onze années de calme à la frontière libanaise, qu’Israël considère comme « des tentatives de l’Iran d’arriver à une escalade [de violence] », mais il a ajouté qu’il pense que c’est « improbable à ce stade ».

 

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Netanyahu : la démission de Hariri sonne ‘l’alarme’ sur la menace régionale iranienne

Le Premier ministre a appelé la communauté internationale à gérer « l’agression de l’Iran » après la démission de son homologue libanais, citant la ‘mainmise’ de la République islamique sur le Liban

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu évoque la politique étrangère israélienne à Chatham House, l'institut royal des Affaires internationales de Londres, le 3 novembre 2017 (Crédit : AFP Photo/Adrian Dennis)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu évoque la politique étrangère israélienne à Chatham House, l’institut royal des Affaires internationales de Londres, le 3 novembre 2017 (Crédit : AFP Photo/Adrian Dennis)

Le Premier ministre libanais Saad Hariri, a annoncé samedi matin sa démission en accusant le mouvement terroriste chiite du Hezbollah et son allié iranien de « mainmise » sur le Liban. Il a affirmé craindre pour sa vie, rappelant l’exemple de son père Rafic Hariri.

La démission de Hariri « ainsi que ses déclarations sont un avertissement adressé à la communauté internationale pour agir contre l’agression iranienne, qui est en train de transformer la Syrie en un second Liban, a tweeté Netanyahu depuis Londres, des propos repris dans un communiqué relayé par son bureau.

« Cette agression met en danger non seulement Israël, mais tout le Moyen-Orient », a encore dit le Premier ministre israélien. « La communauté internationale doit s’unir et se dresser contre cette agression ».

Il a accusé Téhéran d’avoir « créé un Etat dans l’Etat » et de vouloir « avoir le dernier mot dans les affaires du Liban ».

Le ministre de la Défense Avigdor Liberman a averti que le Liban pourrait devenir comme l’Iran.

« Liban = Hezbollah. Hezbollah = Iran. Liban = Iran, » a-t-il écrit sur Twitter. « L’Iran est un danger pour le monde. Saad Hariri l’a prouvé aujourd’hui. Point ».

Hariri a annoncé sa démission durant un voyage en Arabie saoudite samedi, citant des menaces sur sa vie et « la mainmise » iranienne sur le Liban.

Dans une déclaration teintée d’amertume, Hariri a accusé l’Iran et le Hezbollah de ce qu’il a qualifié « d’intervention » dans les affaires arabes.

« Le mal que l’Iran fait se répandre dans la région se retournera contre lui » a estimé Hariri, accusant Téhéran de faire se propager le chaos, les conflits et la destruction à travers toute la région.

« L’Iran a la mainmise sur la destinée des pays de la région… Le Hezbollah est le bras de l’Iran pas seulement au Liban mais également dans les autres pays arabes », a-t-il ajouté. « Ces dernières années, le Hezbollah a utilisé la puissance de ses armes pour imposer un fait accompli.”

L’Iran a plus tard affirmé que les Etats-Unis et l’Arabie saoudite ont orchestré sa démission dans le but de semer le chaos dans la région.

Les propos de Netayahu sur la démission de Hariri surviennent vingt-quatre heures après que le Premier ministre israélien a averti que la menace posée par la république islamique à ses voisins moyen-orientaux amenait ces derniers à conclure des alliances inimaginables jusqu’à présent avec l’Etat juif.

« L’Iran dévore une nation après l’autre », a déclaré vendredi Netanyahu à Chatham House, le think-tank de l’institut royal des Affaires internationales de Londres.

« L’Iran agit ainsi soit par la conquête directe, soit en utilisant un mandataire. Le pays s’est emparé du Liban, du Yémen…. Et il tente de faire la même chose avec l’Irak, en Syrie ».

« La bonne nouvelle est que les autres pays se rallient à Israël comme cela n’a jamais été le cas auparavant. C’est quelque chose que je n’aurais jamais imaginé voir de mon vivant », a dit Netanyahu.

Il a expliqué qu’Israël travaille « très dur » à établir une alliance effective avec « les états sunnites modernes » pour condamner et contrer l’agression iranienne.

« Je pense que [cette alliance] représente une forte promesse de paix » dans la région, a-t-il dit.

L’Iran est intervenu dans la guerre syrienne pour ‘libaniser’ la Syrie aux niveaux économique et militaire », a-t-il poursuivi. Mais Israël, a-t-il juré, ne laissera pas l’Iran dominer la Syrie.

« Ils veulent laisser leur armée, leurs bases aériennes et leurs avions de combat à quelques secondes d’Israël et nous ne laisserons pas cela arriver. Nous l’affirmons et nos dires seront suivis par l’action ».

Netanyahu a expliqué que le Moyen-Orient « assiste à l’émergence d’une bataille entre les Islamistes et les modernistes », provoquant une « nouvelle alliance entre Israël et les Etats islamiques ».

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Iran : la Ligue arabe convoque une réunion extraordinaire à la demande de Ryad

Guerre de mots entre les deux grands rivaux au Moyen-Orient et incertitude au Liban vont rythmer cette rencontre

Sommet de la Ligue arabe (Crédit : AFP)

Sommet de la Ligue arabe (Crédit : AFP)

Cette réunion intervient sur fond de guerre de mots entre les deux grands rivaux au Moyen-Orient, l’Arabie saoudite et l’Iran, et alors que l’incertitude plane au Liban après la démission surprise du Premier ministre Saad Hariri.

La requête de l’Arabie saoudite concerne le missile tiré le 4 novembre par les rebelles yéménites houthis soutenus par l’Iran et qui avait été intercepté par les Saoudiens près de Ryad, d’après la même source.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane avait alors accusé Téhéran d’ « agression militaire directe » contre son pays. L’Iran avait démenti toute implication, appelant Ryad à ne pas jouer avec le feu.

Pour convoquer la réunion extraordinaire au Caire, Ryad a également mentionné l’incendie d’un pipeline qui a interrompu momentanément samedi l’approvisionnement de Bahreïn en pétrole saoudien. Manama, allié de l’Arabie saoudite, a dénoncé un « acte de sabotage (…) et de terrorisme » de la part de l’Iran, qui a également démenti.

« Les violations commises par l’Iran dans la région arabe sapent la sécurité et la paix, non seulement dans la région arabe, mais dans le monde », selon le mémorandum.

Depuis le 5 juin, l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont coupé toutes leurs relations diplomatiques avec le Qatar, l’accusant de « soutenir le terrorisme » et de se rapprocher de l’Iran.

Par ailleurs, l’Arabie saoudite est accusé depuis la semaine dernière d’être derrière la démission du Premier ministre libanais Saad Hariri annoncée depuis Ryad.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a appelé lundi à la « non-ingérence » au Liban, sans nommer toutefois l’Arabie saoudite.

« Pour qu’il y ait une solution politique au Liban il faut que chacun des responsables politiques ait evidemment sa totale liberté de mouvement et que la non-ingérence soit un principe de base », a déclaré M. Le Drian en arrivant à une réunion avec ses homologues de l’Union européenne à Bruxelles.

Le Premier ministre Hariri se dit libre en Arabie, va rentrer au Liban « très bientôt »

Le Premier ministre libanais Saad Hariri a annoncé qu’il allait « très bientôt » rentrer dans son pays, assurant être « libre » en Arabie saoudite où il se trouve depuis sa démission surprise qui a plongé le Liban dans une nouvelle crise politique.

Quelques heures plus tôt, le président libanais Michel Aoun avait estimé que « la liberté de M. Hariri a été restreinte » en Arabie saoudite au moment où l’ensemble de la classe politique libanaise s’interroge sur la liberté de mouvement du chef du gouvernement.

Lors d’un entretien dimanche avec la chaîne de télévision libanaise Future, sa première prise de position publique depuis sa démission le 4 novembre, M. Hariri a une nouvelle fois appelé l’Iran à ne pas s’ingérer dans les affaires du Liban et des pays arabes.

« Je suis libre ici, si je veux voyager demain, je voyage », a lancé M. Hariri. Les traits tirés, s’interrompant parfois pour boire de l’eau, le chef du gouvernement est même allé jusqu’à dire qu’il pourrait atterrir à Beyrouth « très bientôt », « dans deux ou trois jours », pour « entamer les procédures constitutionnelles nécessaires » à sa démission.

En effet, le président libanais n’a toujours pas accepté sa démission, affirmant qu’il attendait de le rencontrer pour en discuter avec lui.

M. Aoun a dénoncé « les circonstances obscures » dans lesquelles Saad Hariri « vit à Ryad » et soutenu que « toute position qu’il a pu prendre, qu’il va prendre, ou qui pourront lui être imputées (…) sont douteuses et ne peuvent pas être considérées comme des positions prises de son propre chef ».

Les participants au marathon de Beyrouth, qui courent traditionnellement pour la recherche médicale ou les droits de l’Homme, ont arpenté dimanche les rues de la capitale libanaise pour une toute autre cause: soutenir leur Premier ministre, démissionnaire et qui se trouve en Arabie saoudite.

Dimanche matin, des dizaines de milliers de Libanais ont couru pour afficher leur soutien, à l’occasion de la 15e édition du marathon de Beyrouth. Adepte de sport, M. Hariri avait coutume de participer ces dernières années. Il a fait cette fois office d’absent de marque.

Sur la ligne de départ, en centre-ville, un grand panneau rouge accueillait les coureurs avec une photo du Premier ministre et le message: « Nous vous attendons tous ».

Des jeunes distribuaient des bouteilles d’eau avec le même slogan ainsi que des casquettes et des t-shirts flanqués du message: « Nous courons pour vous ».

« J’avais besoin d’une casquette et j’aime le Liban, alors j’ai pris une casquette », a confié Nisrine Chamseddine, 30 ans, qui venait d’achever une course de huit kilomètres.

‘Mainmise’ de l’Iran

En annonçant depuis Ryad sa démission dans un discours diffusé par la chaîne à capitaux saoudiens Al-Arabiya, M. Hariri avait dénoncé la « mainmise » de l’Iran et du Hezbollah, membre de son gouvernement et proche de Téhéran, sur les affaires intérieures du Liban.

Son geste a très rapidement été perçu comme un nouveau bras de fer entre l’Arabie saoudite sunnite, important soutien de M. Hariri, et l’Iran chiite, grand allié du Hezbollah libanais.

Les deux poids lourds du Moyen-Orient s’affrontent déjà sur plusieurs dossiers régionaux, notamment les guerres au Yémen et en Syrie.

« On ne peut pas continuer au Liban de la sorte, avec les ingérences de l’Iran, avec un mouvement politique qui pratique ces ingérences avec lui », a réitéré dimanche soir M. Hariri, en référence au Hezbollah.

Vendredi, le chef du mouvement chiite, Hassan Nasrallah, avait accusé l’Arabie saoudite de « détenir » Saad Hariri qui a la double nationalité, saoudienne et libanaise. Il avait assuré que cette démission lui avait été dictée par Ryad.

« J’ai écris ma démission de ma main, et j’ai voulu provoquer un choc positif », a répondu dimanche soir M. Hariri, s’exprimant d’une voix calme.

Il a toutefois prudemment indiqué qu’il pourrait « revoir sa démission » si les interventions de certains acteurs libanais dans les conflits régionaux cessaient, alors que le Hezbollah est engagé dans la guerre en Syrie aux côtés du régime de Bachar al-Assad.

« Peut-être qu’il y a un conflit régional entre les pays arabes et l’Iran. Nous sommes un petit pays. Pourquoi nous mettre au milieu? », a-t-il martelé.

M. Hariri a par ailleurs affirmé que sa relation avec le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane était « excellente et privilégiée ».

La presse libanaise avait fait état de tensions entre l’administration saoudienne et son protégé, Saad Hariri, qui serait considéré par Ryad comme trop mesuré vis-vis-vis du mouvement chiite du Hezbollah.

M. Hariri a refusé de se prononcer sur l’arrestation, le jour-même de sa démission, de dizaines de hautes personnalités en Arabie saoudite, au nom de la lutte anti-corruption.

Son père, Rafic Hariri, ex-Premier ministre du Liban assassiné en 2005, a construit sa fortune dans le royaume saoudien avant de lancer sa carrière politique au Liban.

Depuis plusieurs jours, les chancelleries occidentales appellent au calme, craignant que la situation ne dégénère au Liban, pays aux équilibres fragiles depuis la fin de la guerre civile (1975-1990).

Vendredi, le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson avait déjà mis en garde contre toute utilisation du Liban « comme théâtre de conflits par procuration », tout en désignant M. Hariri comme un « partenaire solide des Etats-Unis ».

Pour Paris, « la situation libanaise est le sujet le plus préoccupant du moment », avait souligné le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

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