Espagne: Luis de Guindos, ancien de Lehman Brothers, ministre de l’Economie
MADRID – Luis de Guindos, ancien président de la banque Lehman Brothers pour l’Espagne et le Portugal, a été nommé mercredi ministre espagnol de l’Economie, a annoncé le nouveau chef du gouvernement, le conservateur Mariano Rajoy.
Luis de Guindos, 51 ans, ancien secrétaire d’Etat à l’Economie (2002-2004), occupera, au sein du nouveau gouvernement de droite, un poste-clé, chargé de mener son programme économique exigeant, mêlant austérité et réformes, afin de redresser un pays menacé de récession et frappé par un chômage record.
Objectif principal: rassurer les marchés financiers, toujours sceptiques face à la santé financière de l’Espagne, en pleine crise de la dette.
Bras droit de Mariano Rajoy pendant toute sa campagne, Soraya Saenz de Santamaria, 40 ans, devient, sans surprise, numéro deux et porte-parole du gouvernement.
Jorge Fernandez Diaz, 61 ans, qui a été plusieurs fois secrétaire d’Etat dans le gouvernement de José Maria Aznar (1996-2004), a été nommé ministre de l’Intérieur.
José Manuel Garcia Margallo, député européen de 67 ans, sera chargé des Affaires étrangères.
Le maire de Madrid, Alberto Ruiz-Gallardon, 53 ans, devient, quant à lui, ministre de la Justice, tandis que Cristobal Montoro, 61 ans, sera ministre du Trésor, poste qu’il avait occupé de 2000 à 2004.
L’ensemble du gouvernement, composé de 13 ministres, prêtera serment jeudi matin devant le roi Juan Carlos.
(©AFP / 21 décembre 2011 19h58)
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LUIS DE GUINDOS, HOMME CLÉ DU NOUVEAU GOUVERNEMENT
Espagne : Rajoy confie l’Économie à un ancien de Lehman Brothers, la banque qui précipita la crise
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Par Christian GALLOY, éditeur de LatinReporters.com
MADRID, jeudi 22 décembre 2011 – Après avoir prêté serment le 21 décembre devant le roi Juan Carlos, le nouveau président du gouvernement espagnol, le conservateur Mariano Rajoy, a annoncé la formation d’un gouvernement de 13 ministres. Le portefeuille de l’Économie, crucial en période de crise, revient à Luis de Guindos, ancien dirigeant régional de la banque américaine Lehman Brothers, dont la faillite en 2008 précipita la crise financière mondiale.
Ce paradoxe apparent pourrait surprendre étant donné que l’identité du ministre de l’Économie était très attendue, surtout par les investisseurs, fébriles en pleine crise de la dette en zone euro et sceptiques face à la santé financière de l’Espagne. Néanmoins, rappel peu rassurant, les technocrates Mario Monti et Lucas Papadémos, à la tête respectivement des gouvernements italien et grec, et Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne, sont également liés au monde des grandes banques d’affaires américaines.
Gouvernement « d’amis et de fidèles »
« J’espère que Luis de Guindos aura plus de chance qu’à la tête de Lehman Brothers en Europe » a persiflé Marcelino Iglesias, secrétaire à l’Organisation du Parti socialiste ouvrier espagnol de José Luis Rodriguez Zapatero, le PSOE évincé du pouvoir par le Parti Populaire (PP) de Mariano Rajoy aux élections législatives du 20 novembre dernier.
Secrétaire d’État à l’Économie de 2002 à 2004, quand le conservateur José Maria Aznar gouvernait à Madrid, Luis de Guindos a dirigé Lehman Brothers pour l’Espagne et le Portugal, de 2006 à 2008, et a été chargé par la suite du département financier de PriceWaterhouseCoopers. Âgé de 51 ans, il dirigeait hier encore l’école de commerce Instituto de Empresa et siégeait au conseil d’administration du groupe énergétique Endesa.
Le nouveau ministre de l’Économie aura la lourde tâche d’allier rigueur et travail de réformes, alors que l’Espagne retombera probablement en récession début 2012 et souffre d’un chômage record. Mariano Rajoy a cité le chiffre de 5,4 millions de sans-emploi, soit 23% de la population active, en se référant à d’ultimes relevés espagnols et européens qui n’ont pas encore été rendus publics.
Selon l’influent quotidien madrilène de centre gauche El Pais, l’étape de Luis de Guindos chez Lehman Brothers est « si symbolique dans sa biographie » qu’elle risquait de nuire à sa promotion ministérielle. En contrepartie, ajoute le journal, il fut « durant ces dernières années le principal assesseur de Rajoy pour ses discours et décisions économiques ». En outre, « il est en liaison directe avec le monde financier », notamment avec la City londonienne.
El Pais estime que Mariano Rajoy a formé un gouvernement « d’amis et de fidèles » et que cette équipe présente « un profil centriste » se démarquant de la droite musclée qu’incarnait le PP lorsque le dirigeait José Maria Aznar, président du gouvernement de 1996 à 2004.
Aux Affaires étrangères aussi, l’économie prime
Deux autres ministres appelés à avoir également, comme Luis de Guindos, une notable projection extérieure, notamment au sein de l’Union européenne, renforcent la force de frappe économique prioritaire du nouveau gouvernement : Cristobal Montoro, qui récupère le portefeuille des Finances qu’il assuma sous M. Aznar, et le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Garcia Margallo, eurodéputé du Parti Populaire depuis 1994 et, depuis 1999, vice-président de la Commission des Affaires économiques et monétaires du Parlement européen.
Une jeune femme, Soraya Saenz de Santamaria, 40 ans, bénéficiera en Espagne d’une intense projection médiatique permanente découlant du pouvoir considérable attaché à sa triple fonction d’unique vice-présidente du gouvernement, de porte-parole de l’exécutif et de ministre de la Présidence, avec haute main sur la coordination entre ministères et sur le Centre National d’Intelligence (CNI, principal service secret espagnol, fort de 3.500 agents).
Avec 13 ministres, le gouvernement de Mariano Rajoy est le plus compact de ceux formés en 35 ans de démocratie post-franquiste. Sa moyenne d’âge, 55 ans, est la plus élevée. Les socialistes critiquent la fin de la parité qu’avait instaurée José Luis Rodriguez Zapatero, la nouvelle équipe dirigeante ne comptant que quatre femmes. Ils n’apprécient pas davantage la disparition des ministères de la Culture (rattachée à l’Éducation) et de la Science et Technologie.
Aux yeux des écolo-communistes de la Gauche Unie, Mariano Rajoy aurait formé « un gouvernement néolibéral au service des marchés ». Des journalistes se demandent par ailleurs si l’éthique ne contredit pas l’arrivée à la Défense de Pedro Morenes, directeur général pour l’Espagne, depuis juin 2010, de la société paneuropéenne de missiles MBDA.
Enfin, la nomination à la Justice du maire de Madrid, Alberto Ruiz-Gallardon, débouchera sur son bruyant remplacement par celle qui sera la première femme maire de la capitale, Ana Botella, l’épouse de … José Maria Aznar!
Liste des 13 ministres de Mariano Rajoy
– Soraya Saenz de Santamaria, vice-présidente du gouvernement, ministre de la Présidence et porte-parole de l’exécutif.
– Luis de Guindos, ministre de l’Économie et de la Compétitivité.
– Cristobal Montoro, ministre des Finances et des Administrations publiques.
– José Manuel Garcia Margallo, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération.
– Alberto Ruiz-Gallardon, ministre de la Justice.
– Jorge Fernandez Diaz, ministre de l’Intérieur.
– Ana Pastor, ministre des Infrastructures.
– José Manuel Soria, ministre de l’Industrie, de l’Énergie et du Tourisme.
– Pedro Morenes, ministre de la Défense.
– Miguel Arias Cañete, ministre de l’Agriculture, de l’Alimentation et de l’Environnement.
– José Ignacio Wert, ministre de l’Éducation, de la Culture et des Sports.
– Fatima Bañez, ministre de l’Emploi et de la Sécurité sociale.
– Ana Mato, ministre de la Santé, des Services sociaux et de l’Égalité.
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