Le FN, les Juifs de France et Israël

Marine Le Pen, présidente du Front national et candidate à l'élection présidentielle française, pendant une conférence de presse, au siège de son parti à Nanterre, le 9 novembre 2016. (Crédit : Martin Bureau/AFP)Israël condamne les propos de Le Pen sur la rafle du Vel d’Hiv

Plus de 13 000 juifs avaient été arrêtés puis déportés au cours de la rafle du Vel d’Hiv à Paris en 1942

Israël a condamné lundi les propos de la candidate du Front national à la présidentielle française Marine Le Pen qui a affirmé que la France n’était pas responsable de la rafle du Vel d’Hiv, arrestation massive de juifs en 1942 : « Nous condamnons les déclarations faites par Marine Le Pen selon lesquelles la France n’est pas responsable de la déportation des juifs de son territoire pendant la Shoah », a déclaré une porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Michal Maayan. « Cette déclaration est contraire à la vérité historique telle qu’elle a été exprimée par les déclarations des présidents de France, qui ont reconnu la responsabilité de l’État pour le sort des juifs français qui ont péri dans la Shoah », a-t-elle ajouté dans un communiqué.

« Je pense que la France n’est pas responsable du Vel d’Hiv », a déclaré dimanche Mme Le Pen, interrogée au « Grand Jury » RTL-LCI-Le Figaro sur cette rafle et la décision du président Jacques Chirac de reconnaître en juillet 1995 la responsabilité de la France.  « Je pense que, de manière générale, plus généralement d’ailleurs, s’il y a des responsables, c’est ceux qui étaient au pouvoir à l’époque, ce n’est pas LA France. Ce n’est pas LA France », a-t-elle ajouté.

La politique officielle israélienne consiste à n’avoir aucun contact avec le FN accusé d’antisémitisme. Cette politique avait été réaffirmée fin janvier, à la suite de la visite en Israël du numéro trois du Front national, Nicolas Bay.

La classe politique française avait précédemment vivement critiqué cette déclaration de Marine Le Pen. Les propos de Mme Le Pen, critiqués dimanche comme « une faute grave (…) de la fille de Jean-Marie Le Pen » par Emmanuel Macron, son principal adversaire à la présidentielle, ou comme du « négationnisme » par le patron LR de la région Paca Christian Estrosi, ont amené la présidente du FN à rédiger le soir un communiqué pour s’expliquer, initiative rare de sa part.

« Comme Charles de Gaulle, François Mitterrand ou encore de nos jours Henri Guaino, Jean-Pierre Chevènement ou Nicolas Dupont-Aignan, je considère que la France et la République étaient à Londres pendant l’Occupation et que le régime de Vichy n’était pas la France », a souligné Mme Le Pen dimanche soir. Jacques Chirac, dont la position a ensuite été suivie par Nicolas Sarkozy et François Hollande, a eu selon elle « tort » en changeant de position sur la responsabilité de l’Etat français.

Ses propos qualifiés de « révisionnistes » par le Crif ont aussi été condamnés par Haïm Korsia, grand Rabbin de France.

Réaction du candidat de la droite & du centre :

« La vérité, c’est que le Vel d’Hiv a été un crime qui a été commis par l’État français, par le régime de Vichy, bien sûr, mais aussi par l’administration qui a secondé les décisions qui ont été prises par le gouvernement français », a réagi le candidat Les Républicains, en marge d’un déplacement lundi après-midi au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine), dans la banlieue sud de Paris.

« Je trouve que le Front national est extrêmement mal placé pour parler de ces sujets, lui qui compte encore dans ses rangs beaucoup de nostalgiques du régime de Vichy », a commenté lundi M. Fillon. « Au fond, il y avait deux France. Il y avait la France de Vichy, il y avait la France d’une grande partie de l’administration qui s’est rendue coupable de ces crimes. Et puis il y avait une autre France, (celle) de De Gaulle, à Londres que, au passage, les militants d’extrême droite ont toujours combattue », a-t-il ajouté. Selon M. Fillon, « les deux France existent mais c’est vrai que la France officielle, la France de Vichy s’est rendue complice de ces crimes ».

Fondation pour la mémoire de la Shoah : “la France responsable du Vél d’Hiv avec l’Allemagne nazie”

Marine Le Pen s’était attirée une volée de critiques en déclarant que “la France n’est pas responsable du Vél d’Hiv”

Arrestation de Juifs par des policiers français à Paris, le 20 août 1941. (Crédit : Bundesarchiv, Bild 183-B10816/CC BY-SA 3.0/WikiCommons)

Arrestation de Juifs par des policiers français à Paris, le 20 août 1941. (Crédit : Bundesarchiv, Bild 183-B10816/CC BY-SA 3.0/WikiCommons)

La candidate FN à l’élection présidentielle s’était attirée une volée de critiques en déclarant dimanche que « la France n’est pas responsable du Vel d’Hiv », alors qu’elle était interrogée sur la rafle et la décision du président Jacques Chirac de reconnaître en juillet 1995 la responsabilité de la France.

« La France, c’était d’abord le régime de Vichy, issu d’un vote du Parlement français. C’est ce régime qui, au nom de l’État français, a fait arrêter par ses agents publics des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes juifs et a mis à disposition ses moyens et son organisation, conduisant à leur déportation et leur assassinat », réplique dans un communiqué la Fondation pour la mémoire de la Shoah, qui subventionne le Mémorial de la Shoah à Paris et Drancy (Seine-Saint-Denis).

« En reconnaissant la responsabilité de la France dans la déportation des Juifs, les présidents de la République successifs ont, depuis 1995, grandi la France et les Français, assumant et faisant face à leur histoire », ajoute cette fondation créée en 2000 à l’initiative des pouvoirs publics.

Marine Le Pen pendant la visite de l'usine Fermap de Forbach, dans l'est de la France, le 18 janvier 2017. (Crédit : Patrick Hertzog/AFP)

Les 16 et 17 juillet 1942, plus 13 000 Juifs avaient été arrêtés à leur domicile par des policiers et des gendarmes français, avant d’être rassemblés au Vélodrome d’Hiver pour être ensuite envoyés en camp d’extermination, d’où moins d’une centaine revinrent. Cette rafle avait été demandée par la Gestapo.

Au total, « la France de Vichy » a été « responsable de la mort de 76 000 Juifs, dont 11 000 enfants », avait souligné Simone Veil, première présidente de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, lors d’un « hommage de la Nation aux justes de France » en 2007 au Panthéon.

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Rafle du Vel d’Hiv : pour Xavier Bertrand, seul « le prénom du dirigeant a changé »

Le président de la région Hauts-de-France s’est demandé si Mme Le Pen, « en cette fin de campagne, n’est pas en train de perdre son sang-froid et de montrer le vrai visage du Front national

Xavier Bertrand (Crédit : CC BY-SA 2.0)

Xavier Bertrand (Crédit : CC BY-SA 2.0)

« C’est une honte ! », s’est exclamé auprès de l’AFP M. Bertrand à propos des déclarations de Mme Le Pen sur la rafle du Vel d’Hiv.

« Décidément, contrairement à certaines apparences, ce parti pourrait toujours être dirigé par Jean-Marie Le Pen. On peut se poser la question de savoir s’il n’est pas toujours dirigé par Jean-Marie Le Pen », a affirmé celui qui n’a pour seule opposition à la Région que les élus FN.

Selon Xavier Bertrand, « en fin de compte, le prénom du dirigeant a changé, mais ce parti reste le même, vraiment un parti d’extrême droite ».

Il s’est demandé si Mme Le Pen, « en cette fin de campagne, n’est pas en train de perdre son sang-froid et de montrer le vrai visage du Front national. Qu’elle puisse dire ça, c’est une façon scandaleuse de revisiter encore l’Histoire (…). Qu’elle veuille aujourd’hui revenir là-dessus en dit long sur le fond du discours du Front national ».

Les responsables du FN « peuvent faire tous les efforts, au bout d’un moment le vernis craque », a-t-il encore jugé.
Interrogée dimanche sur la décision du président Jacques Chirac de reconnaître en juillet 1995 la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d’Hiv, Mme Le Pen a affirmé que « la France n’est pas responsable du Vel d’Hiv ». « S’il y a des responsables, c’est ceux qui étaient au pouvoir à l’époque, ce n’est pas LA France. Ce n’est pas LA France », avait-elle ajouté.

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« Le Vel d’Hiv, un crime de l’Etat français », affirme François Fillon

« Je trouve que le Front national est extrêmement mal placé pour parler de ces sujets, lui qui compte encore dans ses rangs beaucoup de nostalgiques du régime de Vichy », a déclaré le candidat de la droite

François Fillon, député français et candidat à la primaire de la droite et du centre pour les élections présidentielles françaises de 2017, sort de l'isoloir d'un bureau de vote de Paris, pour le second tour de l'élection, le 27 novembre 2016. (Crédit : Eric Feferberg/Pool/AFP)

François Fillon, député français et candidat à la primaire de la droite et du centre pour les élections présidentielles françaises de 2017, sort de l’isoloir d’un bureau de vote de Paris, pour le second tour de l’élection, le 27 novembre 2016. (Crédit : Eric Feferberg/Pool/AFP)

« La vérité, c’est que le Vel d’Hiv a été un crime qui a été commis par l’État français, par le régime de Vichy, bien sûr, mais aussi par l’administration qui a secondé les décisions qui ont été prises par le gouvernement français », a réagi le candidat Les Républicains, en marge d’un déplacement lundi après-midi au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine), dans la banlieue sud de Paris.

Marine Le Pen a provoqué une polémique en affirmant dimanche lors d’une émission de télévision : « Je pense que la France n’est pas responsable du Vel d’Hiv » à Paris.

« Je trouve que le Front national est extrêmement mal placé pour parler de ces sujets, lui qui compte encore dans ses rangs beaucoup de nostalgiques du régime de Vichy », a commenté lundi M. Fillon.

« Au fond, il y avait deux France. Il y avait la France de Vichy, il y avait la France d’une grande partie de l’administration qui s’est rendue coupable de ces crimes. Et puis il y avait une autre France, (celle) de De Gaulle, à Londres que, au passage, les militants d’extrême droite ont toujours combattue », a-t-il ajouté.

Selon M. Fillon, « les deux France existent mais c’est vrai que la France officielle, la France de Vichy s’est rendue complice de ces crimes ».

Lundi matin, d’autres candidats à la présidentielle avaient déjà réagi : Emmanuel Macron avait fustigé « le vrai visage de l’extrême droite », tandis que le candidat socialiste Benoît Hamon a jugé que la présidente du FN « n’aimait pas l’Histoire ».

En juillet 1942, plus de 13.000 juifs avaient été arrêtés à la demande des nazis et sur ordre du pouvoir français en place pendant l’occupation. Parqués au Vélodrome d’hiver, à Paris, ils avaient été ensuite acheminés dans les camps d’extermination nazis.

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