Le bilan d’Obama au Moyen-Orient : l’apprenti sorcier !

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Image : Ce type d’image montrant le ministre de la Défense saoudien Mohamed Bin Salman circule largement sur les comptes twitter d’Arabes. Elle signifie que la guerre au Yémen est une guerre contre l’Iran

L’héritage du président actuel des États Unis est en jeu. Que lèguera-t-il au monde quand il quittera ses fonctions en janvier 2017 ?

Obama reprochait à son prédécesseur d’avoir inutilement envahi l’Irak, cependant ce reproche avait une plus large portée, c’est «l’impérialisme» américain et sa prétention à imposer la «pax americana» et les valeurs de l’Occident qui étaient visés. Dans sa façon de voir les choses Obama dénonçait «l’arrogance» de l’Amérique sans égard à son statut de superpuissance, lequel la rend responsable de la paix et de la stabilité dans le monde. Après son assermentation il entreprit une tournée d’excuses qui l’a mené au Caire et en Europe. Au Caire il a fait mea culpa et tenu des propos dithyrambiques sur l’islam. En Europe il a critiqué vertement son pays et ceux qui prétendaient qu’il était exceptionnel. Selon lui c’était la faute de l’Amérique et de son interventionnisme si le monde n’allait pas bien, lui Obama remettrait son pays à sa place, désormais il ne prétendra plus au leadership des pays démocratiques et ferait preuve de respect et de non-ingérence à l’égard des pays musulmans.

Du coup les États Unis semblaient ne plus vouloir jouer le rôle qui leur était dévolu après la chute de l’URSS. Le monde a vite compris que les électeurs américains, avaient imprudemment placé à la tête de leur pays un opposant, non seulement à sa politique étrangère, mais également à son statut de superpuissance. La nouvelle orientation qu’Obama donnait à l’Amérique a eu pour effet d’insécuriser les alliés et enhardir les ennemis. Un vacuum s’est créé que les adversaires se sont efforcés de remplir, non sans avoir au préalable testé la réaction des Américains, tant sur le plan diplomatique que militaire.

Le chaos qui s’étend au Moyen-Orient repose sur deux piliers: l’islamisme et l’argent du pétrole. L’islamisme est représenté par ses variantes sunnites: frères musulmans, wahhabites, salafistes, et par sa variante chiite le khomeynisme, lequel inclut le Hezbollah. Le jihad est consubstantiel à toutes ces variantes comme d’ailleurs le califat, qui dans le khomeynisme est appelé «velayat el faqih» soit la dictature du juriste. L’islamisme sous toutes ses variantes ne fait aucune distinction entre la politique et la religion, les deux sont indissociables; mais il y a plus grave car la fusion des deux amplifie leur aspect rétrograde, oppressif et totalitaire.

IlObama et le Jihad entre musulmans est étonnant que les occidentaux qui ont subi tant de souffrances et de destructions à cause du fascisme, avant et durant la deuxième guerre mondiale, se montrent à ce point aveugles ou inconscients face au fascisme islamique. Il est tout aussi étonnant de voir la gauche, supposément ennemie jurée du fascisme, se lover amoureusement dans ses bras. Cette idylle en apparence contre nature s’explique par l’existence de sentiments communs, dont la haine du christianisme et de la civilisation occidentale. Obama est un gauchiste, rien de ce qui est propre à la gauche ne lui est étranger; il s’ensuit que l’homme le plus puissant du monde a pesé de tout son poids en faveur de l’islam. Obama entretient une vision romantique de l’islam, il n’est pas le seul à détourner le regard de la réalité navrante, celle d’une religion qui asservit un cinquième de l’humanité et qui constitue l’obstacle principal si ce n’est le seul à son développement; du coup, il exonère l’islam de toute responsabilité dans l’échec et la régression des pays musulmans.

En arrivant au pouvoir Obama s’est engagé dans la politique dite du «reset», soit la remise à zéro, pour ce qui concerne les relations des États Unis avec les pays musulmans. Cette politique ou plutôt cette doctrine, qu’on pourrait d’ailleurs appeler la doctrine Obama, repose sur les éléments suivants:

  • Tout peuple musulman aspire à être gouverné par les islamistes, par conséquent aucune autre formation politique ne détient une légitimité suffisante pour prétendre au pouvoir.
  • Les États Unis doivent par conséquent faire preuve de «respect» en facilitant l’arrivée au pouvoir des islamistes.
  • L’appui des États-Unis aux islamistes constitue une réponse positive à leurs «griefs», elle aura pour effet de dissiper leur «amertume».
  • Une fois au pouvoir avec l’aide et la bénédiction des États-Unis, les islamistes comprendront que l’Amérique n’est pas leur ennemie mais leur partenaire.
  • L’amélioration des relations fera en sorte que l’hostilité des islamistes fera place à la paix, à la bonne entente et à la coopération notamment dans le domaine de la sécurité; par conséquent le terrorisme qui carbure au ressentiment, finira par s’éteindre de lui-même.

S’appuyant sur cette doctrine Obama remodela la politique étrangère des États Unis envers les pays islamiques. Cette nouvelle politique s’est articulée sur plusieurs axes, il est utile de les mentionner:

En ce qui concerne l’islamisme chiite:

  1. Retrait précipité d’Irak autorisant l’Iran à faire un satellite de ce pays, lui permettant ainsi de réaliser son rêve séculaire d’un croissant chiite, lequel doit réunir l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Liban. Du coup l’Iran se voit accordé un accès direct à la méditerranée et aux frontières d’Israël.
  2. Ce geste de bonne volonté convaincra les mollahs d’Iran de se montrer plus coopératifs et de renoncer à l’arme nucléaire, en échange de quoi les sanctions économiques visant leur régime seront levées, permettant ainsi à l’Iran de commercer librement et de prospérer.

En ce qui concerne l’islamisme sunnite:

  1. Développer des liens étroits avec les tenants de l’islam politique et en particulier la Confrérie des frères musulmans présente et active dans tous les pays islamiques.
  2. Établir avec eux des ententes, prélude à leur prise du pouvoir. Ces ententes leur garantissent des relations privilégiées avec les États Unis ainsi que leur appui tant moral que pratique. En retour de quoi les islamistes sunnites mettront fin à leur hostilité envers les occidentaux et à leur tête les États Unis.
  3. Cesser de soutenir les dictatures dites laïques en cas de soulèvement populaire contre eux, comme ce fut le cas pour Ben Ali, Moubarak et Kadhafi, et en ce qui concerne Assad, encourager et armer l’insurrection contre son régime.
  4. Prendre ses distances avec la monarchie des Saoud du fait qu’elle est corrompue et réfractaire aux Frères Musulmans, et non parce qu’elle applique rigoureusement le wahhabisme et la charia en Arabie.
  5. Établir la Turquie d’Erdogan et le Qatar comme agents et facilitateurs de la politique proislamiste d’Obama, en particulier sur le plan de l’accès des Frères Musulmans au pouvoir partout où ils bénéficient d’une base populaire.
  6. En contrepartie de cette ouverture et de cet appui aux islamistes, ces derniers s’engagent à reconnaître ouvertement la bienveillance de l’Amérique envers l’islam, à décrédibiliser le jihadisme, à l’interdire voire à le combattre, et à établir des relations cordiales avec l’Occident.

Obama et les apprentis sorciers qui le conseillent, sont partis de prémisses erronées, ils ont bêtement présumé que l’islamisme est un mouvement politique comme les autres, alors qu’il s’agit d’un fascisme plus dangereux que le nazisme du fait qu’il s’appuie entièrement sur la religion. Mais ils se sont également trompés sur la possibilité de coexistence pacifique entre islamistes sunnites et islamistes chiites, ils n’ont pas prévu le déferlement de haine et de mort résultant de la confrontation des deux principales branches de l’islam. Leur islamophilie les a littéralement aveuglés, sans le vouloir et sans le savoir ils ont nourri des monstres assoiffés de sang.

Récemment, l’Arabie et l’Iran ont fait, chacun de leur côté, un pas de plus en direction de l’affrontement direct; il y a moins de deux semaines ils se faisaient encore la guerre par procuration. Non contents d’être spectateurs des massacres et des destructions en Syrie et en Irak, ils se sont trouvés un troisième champ de bataille au Yémen. Le conflit est d’ordre existentiel, chaque belligérant joue son avenir, sa survie dépend désormais de la destruction totale de l’adversaire.

En terre d’islam l’Amérique ne mène plus le jeu, elle n’est même pas en position de l’arbitrer. Placée devant les conséquences désastreuses de la politique étrangère d’Obama, elle est impuissante à modifier profondément le cours des évènements. Obama s’est laissé entraîner dans le jihad, soit la guerre sainte que se livrent sunnites et chiites, il a donné tête baissée dans la Grande Fitna version 2015, Il aurait cherché à allumer la guerre qu’il n’aurait pas fait mieux, et d’ailleurs bien des gens se demandent si telle n’était pas sa véritable intention. Dans les faits Obama sans le savoir et sans le vouloir a servi de catalyseur à la Grande Fitna, sans lui elle se serait quand même allumée, pour la raison que tous les ingrédients du conflit étaient en place.

Il est trop tard à présent et Obama n’y peut rien, il n’a d’ailleurs pas l’humilité de reconnaître ses erreurs, et il ne possède ni le talent ni la crédibilité nécessaire pour amener les parties à rechercher un règlement politique. Le gardien, convaincu que les fauves sont doux et bien dressés, les a laissé sortir de leurs cages. Son erreur, pour ne pas dire sa Bêtise Suprême, est de refuser d’admettre qu’un fauve est un fauve!

 

Obama et le Jihad entre musulmans


Obama et le Jihad entre musulmans

L’héritage du président actuel des États Unis est en jeu. Que lèguera-t-il au monde quand il quittera ses fonctions en janvier 2017 ?

par Hélios d’Alexandrie –poste de veille

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(Image: The Week, 10 avril 2015) –

Ce type d’image montrant le ministre de la Défense saoudien Mohamed Bin Salman circule largement sur les comptes twitter d’Arabes. Elle signifie que la guerre au Yémen est une guerre contre l’Iran. (source)

 

En elle-même cette question ne semble pas pertinente, les présidents se voient d’habitude comme des administrateurs autant sinon plus que des politiciens, certains se révèlent plus inspirés ou plus visionnaires que d’autres, mais quels que soient leur compétence et leur charisme la définition de la politique reste la même, elle n’est autre chose que l’art du possible. Un président réélu ne se préoccupe plus d’ambition politique, ayant atteint et conservé le rang le plus élevé du pouvoir exécutif, il se consacre à mener le vaisseau de son pays (et du monde) à bon port.

C’est dire que dans un second mandat la prudence et la sagesse sont de mise, point de place aux coups de dés et encore moins à l’aventure, surtout si la situation internationale est instable. Le moment est alors peu propice à l’expérimentation ou aux changements d’alliance, l’attitude la plus saine consiste à rassurer les alliés et à contenir les adversaires. Cependant cela n’empêche pas le président de tirer profit de toute ouverture lui permettant de ménager les intérêts de son pays et de ses alliés, à condition de se donner une vision juste de la situation internationale et ne pas ébranler l’équilibre des forces.

 

Le mariage de l’ambition et de l’aveuglement

Sur le plan international Barak Obama a créé des attentes auxquelles il a très mal répondu, il y a une explication à cela: tout d’abord une interprétation de l’histoire contemporaine fortement teintée d’idéologie, ensuite une lecture erronée de la situation géopolitique, particulièrement celle du Moyen-Orient. Sa campagne électorale de 2008 s’est faite sous le slogan «Espoir et Changement», d’aucuns ont cru qu’il ne s’agissait alors que de paroles en l’air, mais dans les faits ce slogan a servi de paravent à tout un programme que le candidat Obama s’était bien gardé de divulguer. Il comptait bien changer l’Amérique et par la même occasion le monde, mais avec des ambitions aussi démesurées on pouvait prévoir, à condition d’avoir de bons yeux, que les changements qui surviendraient ne répondraient pas nécessairement aux espoirs, bien au contraire.

 

Obama reprochait à son prédécesseur d’avoir inutilement envahi l’Irak, cependant ce reproche avait une plus large portée, c’est «l’impérialisme» américain et sa prétention à imposer la «pax americana» et les valeurs de l’Occident qui étaient visés. Dans sa façon de voir les choses Obama dénonçait «l’arrogance» de l’Amérique sans égard à son statut de superpuissance, lequel la rend responsable de la paix et de la stabilité dans le monde. Après son assermentation il entreprit une tournée d’excuses qui l’a mené au Caire et en Europe. Au Caire il a fait mea culpa et tenu des propos dithyrambiques sur l’islam. En Europe il a critiqué vertement son pays et ceux qui prétendaient qu’il était exceptionnel. Selon lui c’était la faute de l’Amérique et de son interventionnisme si le monde n’allait pas bien, lui Obama remettrait son pays à sa place, désormais il ne prétendra plus au leadership des pays démocratiques et ferait preuve de respect et de non-ingérence à l’égard des pays musulmans. 

Du coup les États Unis semblaient ne plus vouloir jouer le rôle qui leur était dévolu après la chute de l’URSS. Le monde a vite compris que les électeurs américains, avaient imprudemment placé à la tête de leur pays un opposant, non seulement à sa politique étrangère, mais également à son statut de superpuissance. La nouvelle orientation qu’Obama donnait à l’Amérique a eu pour effet d’insécuriser les alliés et enhardir les ennemis. Un vacuum s’est créé que les adversaires se sont efforcés de remplir, non sans avoir au préalable testé la réaction des Américains, tant sur le plan diplomatique que militaire.

L’alliance avec les extrémistes

Le chaos qui s’étend au Moyen-Orient repose sur deux piliers: l’islamisme et l’argent du pétrole. L’islamisme est représenté par ses variantes sunnites: frères musulmans, wahhabites, salafistes, et par sa variante chiite le khomeynisme, lequel inclut le Hezbollah. Le jihad est consubstantiel à toutes ces variantes comme d’ailleurs le califat, qui dans le khomeynisme est appelé «velayat el faqih» soit la dictature du juriste. L’islamisme sous toutes ses variantes ne fait aucune distinction entre la politique et la religion, les deux sont indissociables; mais il y a plus grave car la fusion des deux amplifie leur aspect rétrograde, oppressif et totalitaire.

Dans les faits l’islamisme, qu’on désigne également par islam politique ou intégrisme islamique, est un fascisme, il en possède toutes les caractéristiques:

  • Une idéologie bien structurée qui a «réponse à tout», qui exempte ou plutôt interdit à ses adeptes de réfléchir et de questionner, et qui exige une obéissance aveugle.
  • La paranoïa, l’islam est «menacé» par l’Occident à l’extérieur et par les «ennemis de l’islam» à l’intérieur.
  • La domination de la oumma (la collectivité des croyants) sur l’individu, lequel ne peut exister en dehors d’elle.
  • Le suprématisme religieux des musulmans (équivalent au suprématisme racial) qui les autorisent à discriminer, persécuter et dominer les non-musulmans, ces derniers étant assujettis, corps et biens à la oumma.
  • La violence, laquelle est dirigée contre tous ceux qui font obstacle à la domination de l’islam.
  • L’intolérance et la haine de tout ce qui n’est pas islamique et en particulier les juifs et les chrétiens.
  • Le principe de responsabilité collective des non-musulmans, laquelle autorise les croyants offensés à user de violence contre eux, même s’ils ne sont aucunement impliqués dans l’offense ou le préjudice.
  • L’esprit de conquête et le projet d’étendre sa domination sur le monde entier.
  • Et, last but not least, la place primordiale accordée au chef, le calife ou l’ayatollah suprême, lequel concentre tous les pouvoirs entre ses mains et exerce son autorité sur tous les sujets.

Il est étonnant que les occidentaux qui ont subi tant de souffrances et de destructions à cause du fascisme, avant et durant la deuxième guerre mondiale, se montrent à ce point aveugles ou inconscients face au fascisme islamique. Il est tout aussi étonnant de voir la gauche, supposément ennemie jurée du fascisme, se lover amoureusement dans ses bras. Cette idylle en apparence contre nature s’explique par l’existence de sentiments communs, dont la haine du christianisme et de la civilisation occidentale. Obama est un gauchiste, rien de ce qui est propre à la gauche ne lui est étranger; il s’ensuit que l’homme le plus puissant du monde a pesé de tout son poids en faveur de l’islam.

La beauté du diable

Obama entretient une vision romantique de l’islam, il n’est pas le seul à détourner le regard de la réalité navrante, celle d’une religion qui asservit un cinquième de l’humanité et qui constitue l’obstacle principal si ce n’est le seul à son développement; du coup, il exonère l’islam de toute responsabilité dans l’échec et la régression des pays musulmans. Si l’écart se creuse entre eux et les pays développés, ce ne peut-être que de la faute de ces derniers et à leur tête les États Unis, ils ont trop longtemps appuyé les dictateurs «laïcs» tels que Moubarak, Kadhafi, Ben Ali, Assad, Saleh, ainsi que les monarques saoudiens, qui même s’ils appliquent strictement la charia, ne trouvent pas grâce aux yeux des islamistes et en particulier les Frères Musulmans. Cet appui aux régimes dictatoriaux ne pouvait avoir qu’une seule raison, les intérêts égoïstes de l’Occident, et ceux-ci ne pouvaient être que contraires aux aspirations légitimes des peuples musulmans.

Obama s’est montré ouvert et sympathique envers les islamistes, il a adopté en quelque sorte leur slogan: «l’islam est la solution ». Qui mieux qu’eux pouvait prétendre à la légitimité? Leur idéologie ne les plaçait-elle pas à un niveau infiniment supérieur à toutes les autres tendances politiques? N’ont-ils pas de bonnes raisons d’en vouloir à l’Occident coupable de les maintenir constamment loin du pouvoir? Leur «amertume » et leurs «griefs» n’ont-ils pas trouvé pour exutoire le terrorisme, lequel est l’arme par excellence des faibles et des déshérités? L’Occident ne risque-t-il pas de subir ce terrorisme tant et aussi longtemps qu’il œuvrera à la marginalisation des islamistes et en tirera profit? Le temps n’est-il pas venu de tourner la page et de rebâtir les relations sur de nouvelles bases?

La doctrine Obama

En arrivant au pouvoir Obama s’est engagé dans la politique dite du «reset», soit la remise à zéro, pour ce qui concerne les relations des États Unis avec les pays musulmans. Cette politique ou plutôt cette doctrine, qu’on pourrait d’ailleurs appeler la doctrine Obama, repose sur les éléments suivants:

  • Tout peuple musulman aspire à être gouverné par les islamistes, par conséquent aucune autre formation politique ne détient une légitimité suffisante pour prétendre au pouvoir.
  • Les États Unis doivent par conséquent faire preuve de «respect» en facilitant l’arrivée au pouvoir des islamistes.
  • L’appui des États-Unis aux islamistes constitue une réponse positive à leurs «griefs», elle aura pour effet de dissiper leur «amertume».
  • Une fois au pouvoir avec l’aide et la bénédiction des États-Unis, les islamistes comprendront que l’Amérique n’est pas leur ennemie mais leur partenaire.
  • L’amélioration des relations fera en sorte que l’hostilité des islamistes fera place à la paix, à la bonne entente et à la coopération notamment dans le domaine de la sécurité; par conséquent le terrorisme qui carbure au ressentiment, finira par s’éteindre de lui-même.

S’appuyant sur cette doctrine Obama remodela la politique étrangère des États Unis envers les pays islamiques. Cette nouvelle politique s’est articulée sur plusieurs axes, il est utile de les mentionner:

En ce qui concerne l’islamisme chiite:

  1. Retrait précipité d’Irak autorisant l’Iran à faire un satellite de ce pays, lui permettant ainsi de réaliser son rêve séculaire d’un croissant chiite, lequel doit réunir l’Iran, l’Irak, la Syrie et le Liban. Du coup l’Iran se voit accordé un accès direct à la méditerranée et aux frontières d’Israël.
  2. Ce geste de bonne volonté convaincra les mollahs d’Iran de se montrer plus coopératifs et de renoncer à l’arme nucléaire, en échange de quoi les sanctions économiques visant leur régime seront levées, permettant ainsi à l’Iran de commercer librement et de prospérer.

En ce qui concerne l’islamisme sunnite:

  1. Développer des liens étroits avec les tenants de l’islam politique et en particulier la Confrérie des frères musulmans présente et active dans tous les pays islamiques.
  2. Établir avec eux des ententes, prélude à leur prise du pouvoir. Ces ententes leur garantissent des relations privilégiées avec les États Unis ainsi que leur appui tant moral que pratique. En retour de quoi les islamistes sunnites mettront fin à leur hostilité envers les occidentaux et à leur tête les États Unis.
  3. Cesser de soutenir les dictatures dites laïques en cas de soulèvement populaire contre eux, comme ce fut le cas pour Ben Ali, Moubarak et Kadhafi, et en ce qui concerne Assad, encourager et armer l’insurrection contre son régime.
  4. Prendre ses distances avec la monarchie des Saoud du fait qu’elle est corrompue et réfractaire aux Frères Musulmans, et non parce qu’elle applique rigoureusement le wahhabisme et la charia en Arabie.
  5. Établir la Turquie d’Erdogan et le Qatar comme agents et facilitateurs de la politique proislamiste d’Obama, en particulier sur le plan de l’accès des Frères Musulmans au pouvoir partout où ils bénéficient d’une base populaire.
  6. En contrepartie de cette ouverture et de cet appui aux islamistes, ces derniers s’engagent à reconnaître ouvertement la bienveillance de l’Amérique envers l’islam, à décrédibiliser le jihadisme, à l’interdire voire à le combattre, et à établir des relations cordiales avec l’Occident.

Des conséquences imprévues

Le scénario écrit par Obama a tourné court comme il est possible de le constater aujourd’hui. Bien pire il a eu des conséquences tragiques, et nul n’est en mesure de prévoir où et quand l’escalade de l’horreur s’arrêtera. Obama et les apprentis sorciers qui le conseillent, sont partis de prémisses erronées, ils ont bêtement présumé que l’islamisme est un mouvement politique comme les autres, alors qu’il s’agit d’un fascisme plus dangereux que le nazisme du fait qu’il s’appuie entièrement sur la religion. Mais ils se sont également trompés sur la possibilité de coexistence pacifique entre islamistes sunnites et islamistes chiites, ils n’ont pas prévu le déferlement de haine et de mort résultant de la confrontation des deux principales branches de l’islam. Leur islamophilie les a littéralement aveuglés, sans le vouloir et sans le savoir ils ont nourri des monstres assoiffés de sang.

Obama porte la responsabilité entière des conséquences tragiques du retrait total de l’armée américaine de l’Irak et de l’abandon de ce pays au profit de l’Iran. Le gouvernement irakien de confession chiite, influencé par les mollahs iraniens, s’est montré ouvertement hostile aux tribus sunnites du Nord, les exactions systématiques voire les assassinats en séries perpétrés par les forces de sécurité à leur endroit ont été nombreux et ont poussé les sunnites dans les bras de l’État Islamique. Face à la déferlante jihadiste Obama a refusé toute intervention de l’aviation américaine, alors que les forces jihadistes étaient à découvert et que leurs convois constituaient des cibles faciles pour les avions et les hélicoptères d’attaque au sol. Obama refusait d’intervenir tant que le premier ministre en exercice, qu’il jugeait avec raison partial et corrompu était au pouvoir; il n’a pas tenu compte du fait qu’il opprimait la minorité sunnite à l’incitation des iraniens. L’inaction américaine a contribué à la débandade de l’armée irakienne permettant aux jihadistes de s’emparer d’un butin fabuleux, sous forme d’argent, de lingots d’or, de canons, de blindés et de chars d’assaut américains après la prise de Mossoul. L’inaction d’Obama a également permis aux jihadistes de s’en prendre aux minorités yazidis et chrétiennes; persécutions, exils, esclavage et massacres ont été le lot de ces gens. Leur vie n’a pesé d’aucun poids dans la décision d’Obama de ne pas intervenir.

L’aveuglement d’Obama et son préjugé favorable envers l’islam, l’ont empêché de prendre la mesure du danger, et de jouer le rôle qui lui était dévolu, à savoir maintenir une présence militaire américaine pour prévenir les conflits religieux. Plus tard alors que les jihadistes gagnaient du terrain il a bêtement exigé un changement politique à la tête du gouvernement irakien avant d’intervenir. Ce changement a finalement eu lieu mais il était trop tard, les jihadistes s’étaient emparés de Mossoul et poursuivaient leurs attaques. Ironie du sort, bien qu’il ait obtenu l’approbation d’Obama, le nouveau premier ministre se trouve lui aussi sous la coupe des mollahs iraniens, le conflit sanglant entre sunnites et chiites se poursuivra.

Obama a également fermé les yeux sur les incursions de l’Iran au Yémen. Il a laissé les rebelles houthis, financés et armés par l’Iran, renverser le pouvoir en place et s’emparer des rênes de l’État. Cette fois son inaction était motivée par son désir de ne pas perturber les difficiles négociations avec l’Iran sur le nucléaire. Une semaine à peine avant l’accord final, il évacué son ambassade à Sanaa et retiré la centaine de militaires américains présents au Yémen, abandonnant leurs équipements et leurs armes comme butin pour les rebelles. L’entente avec l’Iran avait un prix et il s’est montré plus que disposé à le payer.

Récemment, l’Arabie et l’Iran ont fait, chacun de leur côté, un pas de plus en direction de l’affrontement direct; il y a moins de deux semaines ils se faisaient encore la guerre par procuration. Non contents d’être spectateurs des massacres et des destructions en Syrie et en Irak, ils se sont trouvés un troisième champ de bataille au Yémen. Le conflit est d’ordre existentiel, chaque belligérant joue son avenir, sa survie dépend désormais de la destruction totale de l’adversaire.

L’automne dernier l’Arabie Saoudite a orchestré de main de maître la chute des prix du pétrole, son raisonnement est simple: elle dispose de réserves monétaires de sept cent milliards de dollars, elle peut sans trop de mal passer à travers quelques années de vaches maigres. L’Iran de son côté est très vulnérable, sous l’effet de sanctions économiques décrétées par les puissances occidentales à cause de son programme nucléaire, il a besoin pour son pétrole d’un prix trois fois plus élevé que le prix actuel, afin de boucler son budget et financer son effort de guerre en Syrie et en Irak. À moyen terme la guerre économique déclarée par l’Arabie, pourrait ébranler le régime des mollahs et même entraîner leur chute.

Le temps jouant en leur défaveur, les mollahs n’ont d’autre choix que de faire monter la tension dans le Golfe persique et au Yémen, espérant par là faire grimper le prix du pétrole. Les marchés cependant n’ont pas trop réagi et pour cause: l’Arabie a prévu le coup et a augmenté sa production de pétrole, inondant un marché déjà saturé et tirant les prix encore une fois par le bas. La riposte iranienne ayant fait long feu, les mollahs n’ont d’autres options que menacer directement l’Arabie et les routes du pétrole en contrôlant entièrement le Yémen et en particulier le port stratégique d’Aden et le détroit de Bab el Mandab qui donne accès à la mer rouge et au canal de Suez.

Bab-el-mandeb

À cette nouvelle escalade de l’Iran, l’Arabie a répondu par une riposte dévastatrice, aidée en cela par les émirats du Golfe et par l’Égypte. Les bombardements aériens massifs, et l’intervention musclée des flottes égyptienne et saoudienne, ne semblent pas donner de résultats probants, en terme de recul des milices chiites financées et armées par l’Iran; ces dernières pour échapper aux bombes, se sont fondues dans la population civile, rendant plus difficile pour l’aviation saoudienne, de les retracer et de les détruire. La population yéménite souffre, mais son calvaire ne fait que commencer, la guerre se poursuivra car aucun des belligérants n’a obtenu le résultat décisif qu’il souhaitait.

D’ici quelques semaines les Saoudiens se rendront compte qu’ils n’ont d’autres choix que d’occuper militairement le Yémen, or ce pays est montagneux et peu propice à une guerre conventionnelle, une armée régulière n’est pas adaptée à ce type de terrain; en y mettant les pieds les militaires saoudiens feront face à une guérilla chiite déterminée et prête à tous les sacrifices pour défendre son territoire. Les Saoudiens découvriront mais un peu tard, qu’il est plus facile de commencer une guerre que d’y mettre fin. Mais il est fort possible qu’ils se contentent dans un premier temps d’objectifs limités, tels qu’occuper les villes et les sites stratégiques, d’une part pour sécuriser les routes maritimes du pétrole, et d’autre part pour empêcher l’Iran de ravitailler les milices chiites du Yémen. Cependant, on peut d’ores et déjà prévoir, qu’ils ne seront pas en mesure de stabiliser suffisamment la situation; tôt ou tard ils seront forcés de s’aventurer au cœur du pays, là où le terrain leur est défavorable.

Obama a échappé la balle

En terre d’islam l’Amérique ne mène plus le jeu, elle n’est même pas en position de l’arbitrer. Placée devant les conséquences désastreuses de la politique étrangère d’Obama, elle est impuissante à modifier profondément le cours des évènements. Obama s’est laissé entraîner dans le jihad, soit la guerre sainte que se livrent sunnites et chiites, il a donné tête baissée dans la Grande Fitna version 2015, où les cimeterres ont cédé la place aux chasseurs-bombardiers F-15 et aux missiles de tous genres, et où il est possible de tuer sans états d’âme des milliers de gens en quelques heures. Il aurait cherché à allumer la guerre qu’il n’aurait pas fait mieux, et d’ailleurs bien des gens se demandent si telle n’était pas sa véritable intention.

Dans les faits Obama sans le savoir et sans le vouloir a servi de catalyseur à la Grande Fitna, sans lui elle se serait quand même allumée, pour la raison que tous les ingrédients du conflit étaient en place. Certains mélanges sont simplement dangereux: Islam, haine religieuse multiséculaire, régimes totalitaires, impérialisme, ressources abondantes en argent et en armement, tous ces éléments mis ensemble n’attendent qu’une simple étincelle; toute rupture de l’équilibre précaire des forces ne peut que dégénérer en guerre ouverte.

Il est trop tard à présent et Obama n’y peut rien, il n’a d’ailleurs pas l’humilité de reconnaître ses erreurs, et il ne possède ni le talent ni la crédibilité nécessaire pour amener les parties à rechercher un règlement politique.

Le gardien, convaincu que les fauves sont doux et bien dressés, les a laissé sortir de leurs cages. Son erreur, pour ne pas dire sa Bêtise Suprême, est de refuser d’admettre qu’un fauve est un fauve!

Hélios d’Alexandrie

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