L’Australie classe le Hezbollah comme « organisation terroriste »
Le groupe terroriste « continue de menacer d’attentats terroristes » et constitue une menace « réelle » et « crédible » pour l’Australie, a déclaré la ministre de l’Intérieur
Le gouvernement australien a classé mercredi l’ensemble du Hezbollah comme « organisation terroriste », étendant à tout le groupe qui contrôle une grande partie du Liban cette classification qui ne portait jusqu’alors que sur ses unités armées. Le Hezbollah lui-même ne fait pas de distinction.
Le groupe terroriste chiite soutenu par l’Iran « continue de menacer d’attentats terroristes et de soutenir les organisations terroristes » et constitue une menace « réelle » et « crédible » pour l’Australie, a déclaré la ministre de l’Intérieur, Karen Andrews.
A Beyrouth, le Hezbollah a affirmé que la décision australienne constituait « une soumission humiliante aux diktats américains et sionistes » et qu’elle « servait les intérêts israéliens ».
Le mouvement soutenu et financé par l’Iran, représenté au Parlement libanais, est la seule faction à ne pas avoir abandonné son arsenal militaire au sortir de la guerre civile (1975-1990), au nom de ce qu’il appelle la « résistance » à Israël.
« La décision (australienne) et celles qui l’ont précédée n’affecteront pas la position du Hezbollah et son droit à la résistance », a ajouté le communiqué.
Les Etats-Unis et Israël ont inscrit depuis longtemps le Hezbollah sur leurs listes respectives des groupes terroristes, mais d’autres pays refusent de sanctionner l’aile politique du groupe, craignant que cela n’entrave leurs relations avec les autorités libanaises ou déstabilise le pays.
Le groupe terroriste chiite, représenté au Parlement libanais, est également la seule faction à ne pas avoir abandonné son arsenal militaire au sortir de la guerre civile (1975-1990).
Il dispose d’une puissante milice soutenue et armée par l’Iran, qui l’a employée dans ses guerres par procuration dans la région.
L’appartenance à l’organisation ou son financement seront désormais interdits en Australie, où vit une importante communauté libanaise.
Naftali Bennett, Premier ministre israélien, a salué la décision de Canberra, qualifiant son homologue australien Scott Morrison « d’ami ».
Séduire l’électorat
Matthew Levitt, ancien responsable du Trésor américain, aujourd’hui spécialiste du Proche-Orient au Washington Institute, a affirmé à l’AFP que cette décision était « attendue depuis longtemps ».
En juin, devant le Parlement australien, il avait estimé « insuffisante » la manière dont était jusque-là classée l’organisation, estimant que « le Hezbollah est structuré et fonctionne comme une organisation singulière ».
« Ces dernières années, une liste de complots terroristes et de montages financiers illicites du Hezbollah ont impliqué des citoyens australiens et/ou des activités sur le sol australien », a-t-il affirmé.
Aucune raison n’a été donnée pour expliquer cette annonce qui intervient au moment où le Liban est plongé dans une profonde crise économique et politique.
Les Libanais, dont près de 80 % vivent sous le seuil de pauvreté, se battent pour survivre avec des revenus limités, des coupures d’électricité sans fin, des pénuries diverses dont de carburant, et une très forte inflation. Une femme quitte une boulangerie avec un sac de pain alors que des personnes attendent leur tour, dans le quartier de Nabaa dans la banlieue sud de la capitale libanaise Beyrouth, le 13 août 2021, dans un contexte de vague de pénurie de produits de base due à une grave crise économique. (Crédit : Anwar Amro/AFP)
Des élections législatives sont prévues en mars 2022 alors qu’une grande partie de la population réclame un renouvellement de l’élite politique, accusée de népotisme et de corruption.
En décembre 2018, le Premier ministre australien Scott Morrison avait décidé de reconnaître Jérusalem-Ouest comme capitale d’Israël.
Il avait évoqué cette possibilité un peu plus tôt, à quelques jours d’une élection partielle mais cruciale pour sa courte majorité, espérant ainsi séduire l’électorat juif.
Mercredi, l’ambassade d’Israël à Canberra a salué l’annonce de la ministre de l’Intérieur, affirmant qu’ »il n’y a pas de division entre la branche politique et militaire de l’organisation terroriste Hezbollah ».
« Cette reconnaissance est essentielle pour combattre la menace durable du terrorisme », a-t-elle ajouté.
Mme Andrews a par ailleurs annoncé l’inscription de « The Base », un groupe d’extrême droite, sur la liste des organisations terroristes. « Il s’agit d’un groupe néonazi violent et raciste dont les services de sécurité savent qu’il planifie et prépare des attaques terroristes », a affirmé la ministre.
Israël salue la désignation du Hamas comme groupe terroriste par le Royaume-Uni
La ministre britannique de l’Intérieur a annoncé la suppression de la distinction entre les ailes militaire et politique du Hamas, groupe « fondamentalement antisémite »
(G) Le Premier ministre britannique Boris Johnson, en arrière-plan, et la ministre de l’Intérieur Priti Patel à Guildford, en Angleterre, le 27 juillet 2021. (D) Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid et le Premier ministre Naftali Bennett lors d’une réunion du cabinet à Jérusalem, le 3 novembre 2021. (Yui Mok/Pool via AP ; Marc Israel Sellem/Pool via Flash90)
Vendredi, Israël a salué la démarche amorcée par le Royaume-Uni de désigner l’intégralité du Hamas comme une organisation terroriste et de rendre illégal le soutien au groupe.
Le ministre des Affaires étrangères Yair Lapid a remercié la ministre britannique de l’Intérieur Priti Patel avant l’annonce qu’elle devrait faire à Washington plus tard dans la journée de vendredi.
« Il s’agit d’une décision importante et significative qui donne aux organes de sécurité britanniques des outils supplémentaires pour empêcher le développement continu de l’organisation terroriste du Hamas, y compris en Grande-Bretagne », a déclaré Yair Lapid.
« Il n’y a pas de partie légitime à une organisation terroriste et toute tentative de séparer des parties d’une organisation terroriste est artificielle », a ajouté le ministre israélien des Affaires étrangères.
La décision a également été applaudie par le Premier ministre Naftali Bennett.
« Le Hamas est une organisation terroriste, purement et simplement. ‘L’aile politique’ permet son activité militaire. Les mêmes terroristes – mais en costume », a tweeté Naftali Bennett.
Le Premier ministre israélien a remercié son homologue britannique, Boris Johnson, pour son « leadership sur le sujet ».
Depuis 2001, le Royaume-Uni reconnaît l’aile militaire du Hamas – les Brigades Izz ad-Din al-Qassam – comme une organisation terroriste, mais pas son aile politique, qui dirige la bande de Gaza. Un porte-parole masqué d’un groupe terroriste de Gaza prononce un discours lors d’un exercice militaire du Hamas et d’autres groupes terroristes armés palestiniens, sur une plage de la ville de Gaza, le 29 décembre 2020. (Crédit : MOHAMMED ABED / AFP)
S’adressant aux journalistes à Washington jeudi, Priti Patel a déclaré que cette distinction n’était plus défendable.
« Nous sommes d’avis que nous ne pouvons plus faire la distinction entre le côté militaire et le côté politique », a-t-elle déclaré, a rapporté le journal The Guardian.
Selon le média, Priti Patel fera avancer la désignation au Parlement la semaine prochaine. Si le groupe est désigné hors la loi, les personnes qui expriment leur soutien au Hamas, rencontrent ses membres ou arborent son drapeau s’exposeront à une sanction pénale pouvant aller jusqu’à dix ans de prison.
Dans son discours de vendredi, Priti Patel devrait qualifier le Hamas de groupe « antisémite enragé » et déclarer que la mise hors la loi du groupe terroriste vise à sécuriser les Juifs de Grande-Bretagne.
« Le Hamas dispose d’importantes capacités terroristes, y compris l’accès à un armement important et sophistiqué, ainsi qu’à des installations d’entraînement terroriste, et il est depuis longtemps impliqué dans des actes de violence terroriste importants », indique une version préalable de son discours consultée par The Guardian.
« Mais la liste actuelle du Hamas crée une distinction artificielle entre les différentes parties de l’organisation – il est juste que la liste soit mise à jour pour refléter cela. Il s’agit d’une étape importante, en particulier pour la communauté juive. Si nous tolérons l’extrémisme, il érodera le roc de la sécurité. » Des Palestiniens agitant des drapeaux du Hamas et scandent des slogans lors d’une fête organisée par le Hamas dans la ville cisjordanienne de Naplouse, le 29 août 2014. (Crédit : AP/Nasser Ishtayeh)
« Le Hamas est fondamentalement et rageusement antisémite. L’antisémitisme est un mal durable que je ne tolérerai jamais. Les Juifs se sentent régulièrement en danger – à l’école, dans la rue, lorsqu’ils pratiquent leur culte, dans leurs maisons et sur Internet », doit-t-elle dire aussi selon The Guardian.
« Cette mesure renforcera les poursuites à l’encontre de quiconque brandit un drapeau du Hamas au Royaume-Uni, un acte qui ne peut que susciter un sentiment d’insécurité chez les Juifs. »
Les États-Unis et l’Union européenne ont déjà désigné le Hamas comme une organisation terroriste. Le groupe, qui a arraché le contrôle de la bande de Gaza à l’Autorité palestinienne lors d’un conflit sanglant en 2007, a déclenché de multiples guerres avec Israël au cours de la dernière décennie et tiré des milliers de roquettes sur des villes israéliennes.