Fukushima : avoeu d’impuissance du Gouvernement japonais et de l’opérateur TEPCO…

Branle-bas de combat au Japon, alors que les autorités ont reconnu le 7 mai que 300 tonnes d’eau contaminée se déversaient chaque jour en mer. Le gouvernement japonais a décidé de s’impliquer directement : dans la bataille pour contenir le niveau toujours plus important d’eau radioactive qui s’échappe de la centrale de Fukushima, il veut aider Tepco [Tokyo Electric Power Co.], l’opérateur en charge de la centrale. Il s’agit d’un « problème urgent », a indiqué hier, 7 août, le Premier ministre, Shinzo Abe. 300 tonnes d’eau contaminée s’échappent chaque jour – l’équivalent d’une piscine olympique par semaine.

Fin juillet, Tepco a reconnu pour la première fois que la contamination  avait atteint les eaux souterraines, et qu’une partie de celles-ci se déversait dans l’océan. « Le problème, c’est que l’eau souterraine entre dans le réacteur endommagé, se charge d’éléments radioactifs comme le cesium et s’échappe ensuite dans la mer », explique le site britannique New Scientist. « Tepco est en train de construire une série de murs souterrains censés agir comme un barrage et arrêter le courant. Mais il est probablement trop tard : l’eau contaminée monte et va bientôt passer par-dessus », poursuit le site d’information scientifique.

Que veut dire le mot « urgence » à la centrale de Fukushima Daiichi ? Ce mot a tellement été employé depuis deux ans et demi qu’on a du mal à croire à une urgence alors que Fukushima n’inquiète plus grand monde depuis longtemps. Et pourtant, ce mot vient d’être employé : selon l’agence Reuters, le responsable d’un groupe de travail sur Fukushima de la NRA – l’Autorité de régulation nucléaire du Japon –  a annoncé lundi que Fukushima était dans une situation d’« urgence ». Shinji Kinjo n’est pourtant pas du genre à s’inquiéter d’habitude : le 15 mars 2011, après la troisième explosion à la centrale de Fukushima Daiichi, l’expert avait déclaré que l’augmentation de la radioactivité n’aurait pas d’effets immédiats sur la santé. C’est dire si ses propos publics aujourd’hui sont inquiétants !

Un blog dédié à la catastrophe de Fukushima : ICI !

Manifestement, Tepco est débordé. Non seulement il doit toujours gérer l’arrivée de centaines de tonnes d’eau contaminée par jour, les fuites multiples et variées des réservoirs souterrains ou aériens et la contamination de la nappe phréatique et de l’océan qui sont de plus en plus radioactifs, mais il doit en plus trouver une solution à une découverte faite le 18 juillet 2013 par un ouvrier sous-traitant chargé de nettoyer les débris du niveau technique du réacteur n°3 : de la vapeur s’échappe du bâtiment en continu. Pour minimiser ce fait très gênant, Tepco l’explique en prétendant que de l’eau de pluie s’est infiltrée et s’évapore à cause de la chaleur.

Tepco nous fait un sketch sur une fuite connue depuis deux ans et demi en nous expliquant que ce n’est que de la pluie qui s’évapore alors que c’est le scénario du pire : il n’existe plus de confinement, la vapeur radioactive sort de l’enceinte de confinement comme d’une vieille cocotte minute ayant perdu son joint. On peut se demander pourquoi Tepco (et le gouvernement qui est actionnaire majoritaire) joue à ce petit jeu. Est-ce pour détourner l’attention de la contamination record de l’océan ? ou est-ce pour annoncer petit à petit, l’air de rien, que le Japon ne pourra pas gérer et payer tout seul cette catastrophe continuelle qui affecte le monde depuis 2 ans et demi ?

Il devient très critique de travailler dans cet environnement de plus en plus radioactif. L’ancien directeur de la centrale Fukushima Daiichi, Masao Yoshida, qui avait dirigé la gestion du site saccagé lors de la catastrophe de mars 2011, vient de mourir d’un cancer de l’œsophage à 58 ans. « M. Yoshida avait démissionné fin novembre 2011 pour raison de santé, mais sa maladie était restée confidentielle et sa dose de contamination n’a jamais été divulguée par Tepco [Tokyo Electric Power Company, l’opérateur de la centrale] », raconte le Nihon Keizai Shimbun.

JAPON • A Fukushima, Tepco débordé par l’eau contaminée

Branle-bas de combat au Japon, alors que les autorités ont reconnu mardi 7 mai que 300 tonnes d’eau contaminée se déversaient chaque jour en mer. Le gouvernement va aider l’opérateur à traiter l’eau radioactive, pour tenter d’éviter qu’elle ne s’échappe en mer.
Des experts et des membres du gouvernement inspectent un puit de contrôle, où sont mesurés les niveaux de radioactivité de la centrale de Fukushima, le 6 août 2013 – AFP

Le gouvernement japonais a décidé de s’impliquer directement : dans la bataille pour contenir le niveau toujours plus important d’eau radioactive qui s’échappe de la centrale de Fukushima, il veut aider Tepco [Tokyo Electric Power Co.], l’opérateur en charge de la centrale. Il s’agit d’un « problème urgent », a indiqué hier, 7 août, le Premier ministre, Shinzo Abe. 300 tonnes d’eau contaminée s’échappent chaque jour – l’équivalent d’une piscine olympique par semaine.
Fin juillet, Tepco a reconnu pour la première fois que la contamination  avait atteint les eaux souterraines, et qu’une partie de celles-ci se déversait dans l’océan. « Le problème, c’est que l’eau souterraine entre dans le réacteur endommagé, se charge d’éléments radioactifs comme le cesium et s’échappe ensuite dans la mer », explique le site britannique New Scientist. « Tepco est en train de construire une série de murs souterrains censés agir comme un barrage et arrêter le courant. Mais il est probablement trop tard : l’eau contaminée monte et va bientôt passer par-dessus », poursuit le site d’information scientifique.
« Plutôt que de se reposer sur Tokyo Electric, le gouvernement va prendre des mesures », a déclaré hier Shinzo Abe. Il a demandé au ministre de l’Economie, Toshimitsu Motegi, de s’occuper rapidement du problème de l’eau contaminée et de s’assurer que Tepco mènera jusqu’au bout le démantèlement de la centrale, qui pourrait prendre 40 ans et coûter 11 milliards de dollars (8,28 milliards d’euros). « La décision du gouvernement paraît être une réponse aux avertissements d’experts industriels qui assurent que l’échec de Tepco pour régler le problème remet en question sa capacité à décontaminer de manière sûre la centrale de Fukushima », note Asahi Shimbun.
« Tepco n’a-t-il toujours rien appris ? »
Le correspondant à Tokyo de The Australian note que Shinji Kinjo, responsable d’un groupe de travail à l’Autorité de régulation nucléaire (NRA), a déclaré à l’agence de presse Reuters qu’il y avait « urgence » à propos de la situation à Fuskushima. Des propos « peut-être destinés à augmenter la pression sur le Japon et Tepco, afin d’accélérer le processus de nettoyage de la centrale », avance le journaliste. « La notion de crise n’est pas très développée [chez Tepco] », a également déclaré Shinji Kinjo, « c’est pour cela qu’il ne faut pas laisser Tepco seule » pour s’occuper du nettoyage.
« Tepco n’a-t-il toujours rien appris, deux ans et quatre mois après le désastre nucléaire qui avait commencé à la centrale de Fukushima ? » interrogait le 29 juillet dernier un éditorial acerbe du Asahi Shimbun, critiquant les fautes répétées de l’opérateur. Désormais, « autoriser la compagnie à continuer de s’occuper de l’énergie nucléaire est tout simplement hors de question », estimait alors le journal, pour qui c’est « la NRA, par exemple, [qui] devrait maintenant diriger tous les aspects du nettoyage de Fukushima ».
« Est-ce que les nouvelles règles de sécurité sont suffisantes pour prévenir une fuite d’eau radioactive en mer si un autre accident nucléaire majeur se produit ? » s’interrogait encore Asahi Shimbun. « Nous appelons la NRA à regarder de très très près cette possibilité en examinant le cas des fuites à Fukushima. »

  • Courrier international
  • | Paul Grisot
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L’ex-directeur de la centrale de Fukushima meurt d’un cancer

Masao Yoshida, présent sur le site au moment de la catastrophe, vient de mourir d’un cancer de l’œsophage à 58 ans. Sa maladie n’avait pas été divulguée jusqu’ici.

  • Courrier international
Masao Yoshida (au centre), est décédé à l’âge de 58 ans.- Photo AFP.

L’ancien directeur de la centrale Fukushima Daiichi, Masao Yoshida, qui avait dirigé la gestion du site saccagé lors de la catastrophe de mars 2011, vient de mourir d’un cancer de l’œsophage à 58 ans. « M. Yoshida avait démissionné fin novembre 2011 pour raison de santé, mais sa maladie était restée confidentielle et sa dose de contamination n’a jamais été divulguée par Tepco [Tokyo Electric Power Company, l’opérateur de la centrale] », raconte le Nihon Keizai Shimbun. Les médecins n’ont pas établi de lien entre sa maladie et les rayonnements pour le moment.
En poste depuis 2010 à Daiichi, Masao Yoshida était très respecté par son équipe et avait confié au Mainichi Shimbun qu’il s’était préparé à mourir sur le site en réalisant à quel point la situation était critique. « M. Yoshida avait donné l’ordre de poursuivre le refroidissement des réacteurs par l’eau de mer, alors que le siège de Tepco avait ordonné l’interruption de cette opération depuis Tokyo », rappelle le Yomiuri Shimbun.
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APON • Un troisième « liquidateur » mort à Fukushima
  • 11 octobre 2011

 

Un employé d’une cinquantaine d’années est mort brusquement alors qu’il se rendait à la centrale de Fukushima Daiichi. Tepco (l’opérateur du site) affirme que ce décès est sans rapport avec les radiations ou la surcharge de travail, et soutient qu’il en va de même pour les récents décès de deux autres liquidateurs. « Le premier technicien est mort d’un infarctus, le deuxième d’une leucémie aiguë », rappelle l’Asahi Shimbun. Actuellement, 1 991 salariés travaillent actuellement dans la zone interdite de Fukushima et procèdent aux travaux de rétablissement.

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