Elections israéliennes : le point sur les manoeuvres politiciennes avant les élections du 17 septembre

A 47 jours du vote national du 17 septembre, les 32 partis qui doivent se présenter devant les électeurs ont déposé leurs listes de candidats à la Knesset auprès de la commission centrale électorale.

L’alliance de droite recommandera Netanyahu comme Premier ministre

« Nous ne sommes pas Liberman qui joue à des jeux et qui va faire arriver au pouvoir un gouvernement de gauche, » a déclaré Naftali Bennett

Naftali Bennett, du parti HaYamin HaHadash, arrive à une réunion avec le chef de l'Union des partis de droite, Rafi Peretz, après avoir annoncé leur alliance électoral à l'hôtel Ramada de Jérusalem, le 28 juillet 2019. (Yonatan Sindel/Flash90)

Naftali Bennett, du parti HaYamin HaHadash, arrive à une réunion avec le chef de l’Union des partis de droite, Rafi Peretz, après avoir annoncé leur alliance électoral à l’hôtel Ramada de Jérusalem, le 28 juillet 2019. (Yonatan Sindel/Flash90)

Le parti Yamina, anciennement connu comme la Droite unie, recommandera le Premier ministre Benjamin Netanyahu pour former le nouveau gouvernement après l’élection de septembre, a annoncé mercredi Naftali Bennett.

« Je peux le dire de la manière la plus claire et la plus directe, Yamina recommandera Benjamin Netanyahu comme prochain Premier ministre d’Israël », a déclaré Bennett lors d’un live Facebook, avant d’ajouter que c’était le point de vue de « tous les responsables » de ce bloc.

La gauche et la droite divisées, Liberman sera-t-il – encore – faiseur de rois ?

Trois éléments majeurs sont à retenir alors que les 32 partis ont déposé leurs listes de candidats auprès de la commission centrale électorale pour le vote du 17 septembre

A 47 jours du vote national du 17 septembre, les 32 partis qui doivent se présenter devant les électeurs ont déposé leurs listes de candidats à la Knesset auprès de la commission centrale électorale.

Voilà trois éléments à retenir de deux journées assez monotones pour la commission et ce alors que les formations se sont hâtées de faire enregistrer leurs listes avant la date-limite de dépôt de ces dernières qui était fixée jeudi à minuit :

Les pressions visant à trouver un accord ont duré jusqu’au dernier instant, le leader de la faction d’extrême-droite, Itamar Ben Gvir, disant que le Premier ministre Benjamin Netanyahu – qui a poussé à une fusion, craignant que des votes de droite ne se perdent si Otzma Yehudit ne parvenait pas à franchir le seuil électoral fixé à 3,25 % – lui avait demandé d’attendre encore un peu avant de s’enregistrer pour se présenter en solitaire.

Au final, néanmoins, ces efforts ont échoué et la Droite unie, dirigée par l’ex-ministre de la Justice Ayelet Shaked, une personnalité politique populaire, a présenté sa propre liste, sans représentants d’Otzma Yehudit ou du Zehut, le parti de droite dure et libertaire de Moshe Feiglin (et en l’absence, également, de candidats du petit parti Noam, anti-LGBT, qui avait temporairement accepté de s’unir à Otzma Yehudit.)

Le Likud avait (généreusement) estimé que ces trois formations pourraient remporter approximativement quatre à cinq pour cent des votes (soit les suffrages de 180 000 à 216 000 électeurs).

Cette décision de non-fusion – que la Droite unie a attribué à Ben Gvir qui, selon elle, aurait refusé de prendre une place sur la liste des candidats au-dessus de la huitième – pourrait finalement s’avérer favorable à l’union de la droite et défavorable à Netanyahu en réduisant ses chances de remporter le soutien d’au moins 61 membres de la Knesset sur 120.

Au lieu de réunir les partis marginaux de la droite israélienne, la nouvelle union en a rassemblé les factions dominantes – HaYamin HaHadash d’Ayelet Shaked et l’union sioniste religieuse, l’Union des partis de droite – ce qui garantit leur survie politique mais pas nécessairement celle de Netanyahu.

Cette alliance dirigée par Shaked pourrait devenir une menace directe aux propres soutiens du Premier ministre : si elle peut stimuler, d’une certaine manière, le bloc de droite, elle peut également drainer des électeurs du Likud en faveur de la Droite unie, de nombreux partisans du Likud étant susceptibles d’être séduits par Shaked et le type de parti qu’elle a mis en place.

Et en même temps, des dizaines ou des centaines de milliers de votes de droite pourraient bien être définitivement perdus lors du scrutin s’ils sont accordés aux factions de Ben-Gvir ou de Feiglin et que ces dernières échouent à franchir le seuil électoral.

2. Camp(s) démocratiques

De l’autre côté du spectre politique, ce sont également les espoirs d’une vaste union de gauche qui se sont évanouis jeudi. Cette union aurait été constituée par le Camp démocratique – qui résulte lui-même de la fusion entre le Meretz, le parti Démocratique israélien de l’ex-Premier ministre Ehud Barak et de l’ex-députée travailliste Stav Shaffir – et par le partenariat établi entre la formation travailliste et Gesher qui a été récemment annoncé.

Malgré des critiques significatives en interne concernant cette décision, le leader récemment élu à la tête des travaillistes, Amir Peretz, aura choisi de se présenter indépendamment du Camp démocratique et de positionner sa formation comme une faction socio-économique plutôt à gauche, et moins concentrée sur les questions liées à la diplomatie et à la paix.

La décision de Peretz de fusionner avec la faction de l’ancienne députée Orly Levy-Abekasis, qui se situe plus à droite de l’échiquier politique et qui a échoué à franchir le seuil électoral lors du dernier scrutin du mois d’avril, aura entraîné une colère persistante en interne.

D’autres membres du parti travailliste et notamment son numéro 2, Itzik Shmuli, avaient poussé Peretz à coopérer avec le Camp démocratique sur une liste conjointe de manière à glaner autant de sièges que possible pour la gauche.

Alors que Peretz et Levy-Abekasis présentaient leur liste dans la journée de jeudi, Shmuli s’est tenu à leurs côtés, disant aux journalistes à l’issue de cette intervention que le parti Travailliste était « le vrai camp des démocrates israéliens ».

Quelques heures auparavant, Shaffir, partenaire de Shmuli lorsque les deux personnalités avaient pris la tête du mouvement de protestation social de 2011, avait expliqué que sa formation était celle qui pourrait « garantir l’avenir de la démocratie israélienne ».

Le parti travailliste a été, ces dernières années, dans la tourmente, frappé par un glissement à droite de l’électorat israélien, par des troubles internes et par l’émergence de nouveaux acteurs politiques variés qui ont érodé sa base. Au cours du scrutin du mois d’avril, il est passé des 24 sièges qu’il avait obtenus dans le cadre de l’alliance de l’Union sioniste, en 2015, à seulement six. Au total, le parti n’a gagné que 4,43 % des votes nationaux.

La décision prise par Peretz de rester à l’écart du Camp démocratique déterminera si le parti travailliste, encore déchiré par les dissensions internes, sera en mesure de retrouver sa gloire d’autrefois. Il est plus probable – alors que la formation plane actuellement autour des six sièges, pas loin du seuil électoral (alors que le Camp démocratique pourrait s’enorgueillir, selon les sondages actuels, de neuf à douze sièges) – que cette campagne électorale s’avère finalement être un combat pour la survie même du parti de gauche historique.

3. Les avancées de Liberman

Tandis que la droite et la gauche seront restés en alerte, les uns face aux autres, jusqu’aux dernières heures qui ont précédé la date-butoir de jeudi soir, le seul parti majeur à avoir déposé sa liste mercredi en affichant sa désinvolture et en évitant les spéculations et les effets aura été Yisrael Beytenu d’Avigdor Liberman.

Premier à finaliser sa liste – et n’ayant besoin d’aucun partenaire pour ce faire – Yisrael Beytenu a été le symbole d’un parti vigoureux, digne de confiance et même centriste – une image que Liberman a cultivé au cours des dernières semaines. Le leader de la formation, il faut le dire, a des raisons d’avoir confiance au vu des avancées connues par le parti dans les sondages, sautant des cinq sièges remportés au mois d’avril à onze dans une enquête d’opinion qui a été rendue publique jeudi soir.

Selon un sondage de la Douzième chaîne, les partis de droite et ultra-orthodoxes gagneraient 54 sièges sans Liberman, tandis que les factions de centre-gauche et arabes en remporteraient 46. Cela signifie qu’aucun d’entre eux ne serait en mesure de former une coalition en l’absence de Yisrael Beytenu. Cela signifie aussi que l’ex-ministre de la Défense et ex-ministre des Affaires étrangères pourrait tenir un rôle d’arbitrage et que Netanyahu se trouverait probablement dans l’incapacité de mettre en place une coalition sans lui.

Une telle configuration des événements amènerait Liberman à être, pour la deuxième fois cette année, le faiseur de rois dans la formation d’un gouvernement. Au mois de mai, quelques semaines après les élections, Netanyahu avait échoué à établir une nouvelle coalition lorsque Liberman avait refusé de rejoindre son gouvernement.

Elément peut-être encore plus significatif pour Liberman, le sondage de jeudi a montré que la moitié des électeurs israéliens voulaient voir un gouvernement d’unité entre les formations du Likud et de Kakhol lavan qui ne comprendrait pas les factions ultra-orthodoxes. Yisrael Beytenu a juré, s’il devait assumer un rôle d’arbitrage, de pousser à la formation d’une coalition formée du Likud et de Kakhol lavan qui n’intégrerait pas en son sein les partis religieux.

Ainsi, dans un contexte de divisions frappant la droite comme la gauche israélienne, Liberman émerge dorénavant du bourbier très exactement là où il a voulu être – comme l’homme qui, potentiellement, détiendra la clé d’une union très différente : celle d’un gouvernement d’unité.

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Gantz « en pourparlers » avec le Likud pour un gouvernement d’unité sans Netanyahu

Le chef de Kakhol lavan affirme que les membres dissidents du parti au pouvoir « se préparent au jour d’après » sans le Premier ministre

Le dirigeant de Kakhol lavan Benny Gantz s'adresse aux militants de son parti à Shefayim, le 14 juillet 2019. (Jane Peimer)

Le dirigeant de Kakhol lavan Benny Gantz s’adresse aux militants de son parti à Shefayim, le 14 juillet 2019. (Jane Peimer)

Lors du lancement de la campagne électorale officielle de son parti avant le scrutin national de septembre, le président de Kakhol lavan, Benny Gantz, a déclaré dimanche soir qu’il était « en pourparlers avec les représentants du Likud » au sujet de la possibilité de former un gouvernement d’unité nationale sans Benjamin Netanyahu après les élections.

« Tout le monde comprend la nécessité d’un gouvernement vaste et stable », a déclaré l’ancien général à une foule de jeunes militants du parti à Shefayim, un kibboutz de la côte.

Un porte-parole de Kakhol lavan a refusé de donner des détails sur les membres de chaque parti qui se seraient rencontrés, quand et où, mais a déclaré que les discussions étaient « plus directes que tout ce qui a été dit jusqu’ici sur cette question ».

Un porte-parole du Likud n’a pas souhaité élaborer les propos de Gantz.

Le mois dernier, les responsables du Likud auraient tenté de conclure un accord pour former un gouvernement d’unité avec Kakhol lavan, qui se serait traduit par l’annulation des prochaines élections. Le parti centriste de Gantz a cependant déclaré que cette démarche ne serait possible que si Netanyahu renonçait à ses fonctions.

La chaîne publique Kan a rapporté que de hauts responsables du Likud avaient proposé à leurs homologues de Kakhol lavan que les deux partis forment un gouvernement d’unité dans lequel Netanyahu et Benny Gantz, leader de Kakhol lavan, occupent en alternance le poste de Premier ministre.

Le co-président de Kakhol lavan, Yair Lapid, a répondu que le parti soutiendrait l’annulation des élections du 17 septembre et l’idée d’un gouvernement d’unité, mais seulement si Netanyahu – accusé dans trois affaires de corruption – quitte ses fonctions de Premier Ministre.

Dimanche, Lapid, intervenant immédiatement après Gantz, a insisté sur le fait que Kakhol lavan visait à remplacer Netanyahu, et non à lui fournir du renfort.

« Il n’y aura pas de gouvernement qui prendra l’argent de la classe moyenne et  promet l’immunité à Netanyahu », a-t-il déclaré à la tribune. « Nous sommes ici parce que nous sommes fiers de ce pays, fiers de ce qu’il a accompli, des gens qui vivent ici, de son armée. Vous méritez un gouvernement qui travaille pour vous. Vous méritez un Premier ministre qui ne se concentre pas que sur lui-même. Nous sommes votre voix. »

S’adressant directement à Netanyahu en fixant du regard les caméras de télévision, Lapid a dit : « Si vous remplissez le pays de haine, ne nous dites pas que vous l’aimez. Personne ne déchire quelque chose qu’il aime. On ne peut plus vous faire confiance. »

Minimisant l’accord de rotation déjà conclu entre Gantz et Lapid, le numéro 3 de Kakhol lavan, Moshe Yaalon, a déclaré que les élections étaient un choix binaire.

« Ces élections ont pour thème Bibi ou Benny – Netanyahu ou Gantz », a-t-il dit dans un ton monotone familier. « De plus en plus de gens comprennent que Netanyahu ne se soucie que de lui-même, et nous, à Kakhol lavan, sommes ici pour servir les citoyens ! »

Au cours de la dernière campagne électorale, les dirigeants de Kakhol lavan se sont présentés en vertu d’un accord de rotation qui aurait vu Gantz servir comme Premier ministre pendant les deux premières années et huit mois, et Lapid prendre la relève pour le reste du mandat, si le parti avait remporté le scrutin. Cet accord avait joué un rôle clé dans la fusion de Hossen LeYisrael de Gantz et de Yesh Atid de Lapid.

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Netanyahu : Le rêve de Smotrich d’appliquer la « loi de la Torah », une « connerie »

Le Premier ministre chuchote en hébreu, mais repousse le ministre de la Droite Unie en anglais lors d’une réunion avec des membres du Congrès

A gauche, Bezalel Smotrich après avoir été élu président de l'Union nationale, à l'hôtel Crown Plaza à Jérusalem, le 14 janvier 2019. (Yonatan Sindel/Flash90). A droite, le Premier ministre Benjamin Netanyahu rend visite à un entraînement du Corps blindé sur la base de Shizafon, dans le sud d'Israël, le 23 janvier 2019. (Flash90)

A gauche, Bezalel Smotrich après avoir été élu président de l’Union nationale, à l’hôtel Crown Plaza à Jérusalem, le 14 janvier 2019. (Yonatan Sindel/Flash90). A droite, le Premier ministre Benjamin Netanyahu rend visite à un entraînement du Corps blindé sur la base de Shizafon, dans le sud d’Israël, le 23 janvier 2019. (Flash90)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réagi mercredi à l’appel lancé par le ministre des Transports Bezalel Smotrich pour l’application de la loi religieuse en Israël en la qualifiant de « pure connerie », ce qui lui a valu une forte réponse du politicien d’extrême droite, l’accusant « de dénigrer chaque Juif pratiquant ».

C’était la deuxième fois au cours des derniers mois que les deux hommes s’affrontaient au sujet d’un appel de Smotrich, du parti de la Droite Unie, en faveur de l’application de la halakha, ou la loi juive.

« Un membre de notre coalition, non pas du Likud mais d’un autre parti, a déclaré qu’il aimerait qu’Israël soit un État halakhique », a dit M. Netanyahu.

« Eh bien, c’est un non-sens pur et simple. C’est de la connerie et rien ne peut en témoigner davantage que la nomination récente du ministre de la Justice du Likud », a-t-il ajouté, faisant référence à Amir Ohana, le tout premier ministre ouvertement homosexuel d’Israël.

La nomination d’Ohana est intervenue peu de temps après que Smotrich, qui était lui-même candidat au poste de ministre de la Justice, se soit prononcé en faveur d’un État régi par le droit juif.

L’exemple de la nomination de Ohana par Netanyahu est une autre pique à Smotrich, un « fier homophobe » qui est ouvertement hostile à la communauté LGBT, et qui briguait le poste au sein du ministère de la Justice.

Plus tôt mercredi, Smotrich a critiqué les efforts de l’armée israélienne pour accroître l’intégration des soldats transgenres, affirmant que « quelqu’un au sommet de l’armée a eu un coup de chaleur ».

Après le discours de Netanyahu devant les membres du Congrès, Smotrich s’en est pris au Premier ministre pour l’avoir critiqué dans son « anglais poli et lisse », affirmant que son rêve d’un Etat halakhique était partagé par tous les Juifs religieux.

« Bibi ne m’a pas seulement dénigré, moi et mes propos, Bibi dénigre tout Juif croyant », a-t-il écrit sur Facebook, en utilisant le surnom de Netanyahu.

Smotrich a affirmé que les considérations de Netanyahu en le condamnant étaient purement politiques et visaient à attirer des voix laïques avant les élections générales de septembre.

« Bibi veut aujourd’hui lancer un appel à un auditoire laïc pour obtenir un ou deux sièges de plus et c’est donc maintenant [pour lui] confortable de le faire aux dépens de Smotrich pour prouver combien il est éclairé et progressiste », a dit le ministre des Transports.

Cependant, Smotrich a fait valoir que « d’ici un jour ou deux, Bibi va courir après les électeurs religieux, diffuser des avis dans des brochures de Shabbat et des journaux spécialisés et promettre monts et merveilles ».

« C’est pourquoi, avec l’aide de Dieu, le droit national religieux, véritable et fondé sur des principes, donnera son vote et sa confiance à ceux qui croient en la vérité et non à ceux qui font semblant d’avoir foi juste avant les élections », a dit Smotrich.

Le va-et-vient entre Netanyahu et un membre éminent de sa coalition survient alors que le Premier ministre a réitéré son opposition à la formation d’un gouvernement d’unité laïque avec le parti d’opposition Kakhol lavan après le scrutin du 17 septembre.

Dans un article d’opinion publié mercredi dans le quotidien israélien pro-Netanyahu Israel Hayom, Netanyahu a déclaré qu’il ne recherchera pas un gouvernement d’unité mais plutôt un gouvernement fort de droite, sans mentionner de partenaires spécifiques.

Avigdor Liberman, président d’Yisrael Beytenu, dont le rejet de l’offre de Netanyahu de rejoindre une coalition après les élections d’avril a privé le Premier ministre de la possibilité de former une majorité et a contribué à déclencher de nouvelles élections, a déclaré qu’il obligerait les partis Likud et Kakhol lavan à constituer un gouvernement d’unité si aucun d’eux ne peut réunir assez de sièges sans lui.

Liberman a déclaré qu’un tel gouvernement n’inclurait pas les partis ultra-orthodoxes Yahadout HaTorah et Shas, ni les chefs des factions sionistes religieuses de HaBayit HaYehudi et de l’Union nationale.

« Je ne violerai pas le pacte avec les ultra-orthodoxes », a déclaré mercredi la Douzième chaîne d’information, citant Netanyahu, sans citer de source.

« Nous resterons [avec les partis ultra-orthodoxes] contre vents et marées », aurait-il ajouté.

Selon la chaîne, Netanyahu a déclaré au cours des mêmes conversations récentes avec ses associés que, bien qu’il souhaite que sa prochaine coalition inclue la Droite Unie, il s’inquiète que ses dirigeants Ayelet Shaked et Naftali Bennett ne recommandent Benny Gantz, le chef de Kakhol lavan, au poste de Premier ministre à l’issue des élections.

Netanyahu s’est déjà disputé avec Bennett et Shaked, qui ont travaillé pour lui de 2006 à 2008 alors qu’il était chef de l’opposition.

A l’exception du gouvernement qu’il a dirigé de 2013 à 2015, Shas et Yahadout HaTorah ont fait partie de toutes les coalitions que Netanyahu a dirigées.

En réponse au reportage de la Douzième chaîne, le bureau de M. Netanyahu a nié avoir fait ces remarques mais a réitéré son engagement à former un gouvernement de droite.

La chaîne a émis l’hypothèse que l’engagement de Netanyahu à former un gouvernement avec les ultra-orthodoxes visait à l’aider à rester en fonction s’il était accusé dans une série d’affaires de corruption dans lesquelles il est suspect.

Le reportage est survenu un jour après que la police a recommandé que le vice-ministre de la Santé Yaakov Litzman, qui dirige Yahadout HaTorah, soit accusé de fraude et d’abus de confiance pour avoir utilisé son bureau pour fournir illicitement une assistance à une présumée prédatrice sexuelle en série, ainsi que sur une autre affaire de corruption qui avait permis d’empêcher la fermeture d’une entreprise alimentaire que son propre ministère avait jugée insalubre.

En plus de Litzman, la police a recommandé qu’Aryeh Deri, leader du Shas et ministre de l’Intérieur, soit inculpé pour fraude, abus de confiance, entrave aux procédures judiciaires, blanchiment d’argent et infractions fiscales. Il est soupçonné d’avoir détourné des centaines de milliers de shekels de fonds publics vers des ONG gérées par des membres de sa famille immédiate, ainsi que de fraude fiscale liée à la vente d’appartements à son frère.

Netanyahu lui-même a également des problèmes juridiques, le procureur général Avichai Mandelblit disant qu’il a l’intention d’inculper le Premier ministre en attendant une audience pour fraude et abus de confiance dans trois affaires de pots-de-vin, ainsi que de corruption dans une d’entre elles.

Les trois hommes nient tout acte répréhensible.

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Smotrich récidive : « Israël devrait être régi par la Torah » ; Liberman fulmine

Le député de la Droite unie affirme qu’il aspire à un Etat religieux, réitérant des propos controversés tenus en juin ; le chef de Yisrael Beytenu juge ces remarques « incroyables »

Bezalel Smotrich, ministre des Transports et chef du parti d'Union nationale, s'exprime lors d'une conférence à l'université d'Ariel en Cisjordanie, le 20 juin 2019. (Sraya Diamant/Flash90)

Bezalel Smotrich, ministre des Transports et chef du parti d’Union nationale, s’exprime lors d’une conférence à l’université d’Ariel en Cisjordanie, le 20 juin 2019. (Sraya Diamant/Flash90)

Le ministre des Transports Bezalel Smotrich s’est à nouveau montré lundi en faveur d’un Israël régi par la loi religieuse, réitérant des propos controversés et s’attirant les foudres d’Avigdor Liberman, chef du parti Yisrael Beytenu.

« Nous voudrions tous que l’Etat agisse conformément à la Torah et la halakha », a déclaré Smotrich durant une conférence des rabbins à Jérusalem, en employant le terme hébraïque désignant la loi juive.

« L’Etat s’implique dans nos vies chaque jour », a-t-il dit. « La question n’est pas de savoir si l’Etat est autorisé à s’impliquer et à déterminer qui je peux aimer et qui je peux épouser, parce que c’est ce qu’il fait tout le temps, comme par exemple en interdisant l’inceste. La question est de savoir si cela importe suffisamment au public pour justifier son application. »

Il a ajouté que les valeurs libérales allaient à l’encontre des droits des Israéliens religieux, notamment leurs droits à avoir des espaces où hommes et femmes sont séparés, et de cette manière, « nous avons également un droit à faire appliquer, à la condition que nous sachions nous expliquer et convaincre les autres que c’est justifié. »

Liberman a fustigé Smotrich pour ses propos.

« C’est incroyable qu’une fois de plus, sans sourciller, le ministre Smotrich déclare que si cela ne tenait qu’à à lui et à ses comparses, il abrogerait toutes les lois de l’Etat d’Israël et nous imposerait un État halakhique. »

« J’ai quelque chose à vous annoncer : vous n’aurez pas besoin de nous contenter, parce que le 18 septembre, nous établirons un gouvernement national large et progressiste, sans vous et sans quiconque tente de nous imposer un Etat halakhique », a déclaré Liberman, faisant référence au lendemain des élections nationales prévues le 17 septembre.

Smotrich a répondu à ces critiques dans un communiqué mardi matin. Il a affirmé que les médias avaient déformé ses propos, en mettant l’accent sur son souhait de voir un Etat régi par la Torah, tout en minimisant sa clarification sur le fait que cela était impossible à l’heure actuelle.

« C’est assez frustrant de voir avec quelle facilité on peut déformer ce que quelqu’un dit et en faire un gros titre », a-t-il tweeté, avec une capture d’écran d’un article publié sur le site Ynet.

« Je comprends Avigdor Liberman, un gauchiste cynique avec zéro-crédibilité et zéro accomplissement. Qu’a-t-il à par des mensonges et des différends ? Mais Ynet s’acharne à perdre le peu de crédibilité qui lui reste – et j’ai du mal à comprendre cela », a-t-il écrit.

Le parti de Smotrich, la Droite unie, s’est fait l’écho du député, dans un communiqué déplorant un « lynchage médiatique ».

« Le ministre Smotrich a parlé la nuit dernière lors d’une conférence sur ses croyances personnelles, et a, dans le même temps, souligné qu’il ne peut pas et ne souhaite pas les imposer à d’autres », indique le communiqué. « Quiconque l’a écouté a clairement entendu qu’il a dit que nous devons vivre ensemble et prendre en compte l’ensemble de la population, dans le respect plutôt que dans la coercition. »

« Le lynchage médiatique dont il fait l’objet est une façon, pour la gauche, Liberman et une partie spécifique des médias, de le réduire au silence. Ils sont motivés par leur haine du judaïsme et leurs intérêts politiques. « La liberté d’expression n’est pas unilatérale. »

Smotrich avait déjà exprimé des positions similaires au début du mois de juin, alors qu’il aspirait à remplacer Ayelet Shaked au ministère de la Justice. Il avait déclaré que le pays devrait aspirer à se gouverner comme « au temps du roi David ».

« Nous voulons le portefeuille de la Justice parce que nous voulons restaurer le système de justice de la Torah », avait déclaré Smotrich quelques heures après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a limogé Ayelet Shaked.

Smotrich avait déclaré à la radio publique Kan que « le peuple juif est un peuple spécial qui a besoin de vivre selon la Torah ».

Le Premier ministre avait fustigé les propos de Smotrich. « L’Etat d’Israël ne sera pas un Etat religieux », avait tweeté Netanyahu.

Après ces propos, Netanyahu a placé Amir Ohana, un fidèle député du Likud au ministère de la Justice, suscitant la colère de l’Union des partis de droite.

Les propos de Smotrich avaient également était critiqués par Tamar Zandberg du Meretz et Yair Lapid de Kakhol lavan.

A ce moment, Liberman avait déclaré que « ce ne sont plus des propos venant d’un jeune des collines délirant, mais une déclaration d’intention » a-t-il dénoncé, faisant référence aux ultra-nationalistes de Cisjordanie.

« Nous empêcherons cela, nous ne tendrons pas la main à ces efforts. La loi juive est une part importante et essentielle du système judiciaire israélien, mais la loi israélienne ne peut pas devenir celle de la Torah. »

Liberman avait refusé de rejoindre la coalition de Netanyahu en raison d’un désaccord sur le projet de loi de l’enrôlement des ultra-orthodoxes, tout en soulignant que son parti laïc de droite s’opposera à un Etat halakhique.

Quand il a été nommé ministre des Transports, en juin, Smotrich avait dit qu’il « travaille pour Dieu » – et non pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à l’origine de sa nomination.

L’Union des partis de droite, dont Smotrich fait partie, a conclu le 29 juillet un accord pour fusionner avec HaYamin HaHadash, de Shaked. Les deux partis, regroupés sous le nom de Droite unie, comptent dans leur rang Shaked, et l’ancien ministre de l’Education Naftali Bennett, aux côtés de HaBayit HaYehudi et l’Union nation, les factions qui composaient l’Union des partis de droite. Rafi Peretz, ministre de l’Education, issu de l’Union des partis de droite, est numéro deux sur la liste, suivi par Smotrich. Bennett est quatrième, suivi de de Moti Yogev et Ofir Sofer, de l’Union des partis de droite. Les derniers sondages suggèrent que la Droite unie obtiendra 11 sièges.

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Smotrich : « Netanyahu veut former un gouvernement de gauche »

« Nous seuls pouvons le garder à droite, » a déclaré le ministre des Transports, issue du parti de la Droite Unie

Le ministre des Transports Bezalel Smotrich arrive à la réunion hebdomadaire du cabinet au bureau du Premier ministre de Jérusalem, le 24 juin 2019 (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

Le ministre des Transports Bezalel Smotrich arrive à la réunion hebdomadaire du cabinet au bureau du Premier ministre de Jérusalem, le 24 juin 2019 (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

Mercredi, le ministre des Transports Bezalel Smotrich a accusé le Premier ministre Benjamin Netanyahu de vouloir former un gouvernement de gauche.

Smotrich s’est exprimé après que Netanyahu aurait déclaré à des militants du Likud qu’il serait mieux que la Droite unie, dirigée par Ayelet Shaked et dont Smotrich fait partie, remporte sept ou huit sièges, plutôt que les 12 sièges actuellement prévus par les sondages, pour s’assurer qu’il dirige la nouvelle coalition.

« Il serait mieux que la Droite unie obtienne sept ou huit sièges, et non pas 12, car de cette manière, ils seraient dans la coalition de droite. La situation du Likud est très mauvaise », aurait déclaré Netanyahu, lançant ce que l’on a qualifié de « campagne gevalt » – une tactique qu’il a employée lors des précédentes élections pour convaincre les électeurs d’aller voter pour le Likud parce que son poste de Premier ministre serait en danger.

Mercredi, Netanyahu a exprimé son opposition à un gouvernement d’unité avec le parti centriste Kakhol lavan, rejetant une initiative pour une telle coalition de la part d’Avidgor Liberman, chef d’Yisrael Beytenu.

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Ce que Gantz envisage de faire aux prochaines élections

Le chef de Kakhol lavan semblait revenir sur une de ses promesses de campagne, avant de finalement se rétracter

Le chef du parti Kakhol lavan Benny Gantz parle à des journalistes à la Knesset alors que son parti dépose sa liste électorale à la Commission centrale électorale, le 1 août 2019. (Flash90)

Le chef du parti Kakhol lavan Benny Gantz parle à des journalistes à la Knesset alors que son parti dépose sa liste électorale à la Commission centrale électorale, le 1 août 2019. (Flash90)

Après avoir déclaré à maintes reprises qu’il ne rejoindrait jamais un gouvernement aux côtés de l’actuel Premier ministre Benjamin Netanyahu, le chef du parti Kakhol lavan, Benny Gantz, a déclaré dimanche qu’il pourrait l’envisager si un accord de rotation était obtenu et qu’il était Premier ministre en premier.

Gantz, dans un entretien accordé au site d’information Ynet et publié dimanche, a déclaré que Netanyahu lui avait proposé en mai dernier de l’inclure dans son gouvernement s’il acceptait de rompre son alliance avec le parti Yesh Atid dirigé par Yaïr Lapid.

« Il voulait diviser Kakhol lavan et il proposait de nous inclure dans le gouvernement sous toutes sortes de conditions, a-t-il dit. Il m’a offert tout ce que je voulais en échange. Mais nous avons tenu bon sur nos principes ».

Il a ajouté qu’il ne pensait pas que Netanyahu « prendrait le risque » d’un accord de rotation, précisant que des membres du Likud avaient tenté de le convaincre de se séparer de Kakhol lavan pour rejoindre la coalition de lui-même.

Au cours des six derniers mois et des deux campagnes électorales, Gantz a déclaré à de multiples reprises qu’il n’accepterait pas de siéger dans un gouvernement aux côtés de Netanyahu en raison des différentes accusations judiciaires qui pèsent contre le Premier ministre.

Gantz a plus tard publié un commentaire de rétraction sur le réseau social Twitter, en écrivant : « Kakhol lavan va former le prochain gouvernement qui appellera à l’unité, sans Netanyahu. Nous ne pouvons pas siéger sous un gouvernement Netanyahu ».

Le Camp Démocratique, une fusion des partis de gauche Meretz, du Parti démocratique israélien de l’ancien Premier ministre Ehud Barak et de l’ancienne élue Travailliste Stav Shaffir, a fustigé Gantz pour ses commentaires.

« Au lieu de regarder la réalité droit dans les yeux, avec courage, et de conduire le changement qui est nécessaire pour l’Etat d’Israël et pour ses citoyens, Gantz rampe vers un gouvernement Netanyahu qui va détruire l’état de droit et entraînera la fin de la démocratie israélienne », a déclaré le Camp Démocratique.

Jeudi, l’élu du Likud David Bitan a déclaré que Netanyahu espérait faire entrer Gantz dans son prochain gouvernement de coalition, mais pas le numéro 2 de Kakhol lavan, Lapid.

Le président de la Knesset Yuli Edelstein, le numéro 2 du Likud, a également déclaré qu’il était prêt à siéger avec Gantz.

Les propos tenus par Edelstein et Bitan ont confirmé un reportage de la chaîne d’information Kan, selon lequel le Premier ministre avait dit à des membres de son parti qu’il essayerait de faire entrer Gantz et son parti Hossen LeYisrael dans une coalition dirigée par le Likud et qui inclurait les partis ultra-orthodoxes et nationalistes religieux après les élections du 17 septembre.

Citant des élus anonymes du Likud, Kan a fait savoir que Gantz et son parti étaient considérés comme les personnalités de Kakhol lavan ayant le plus de chance de rejoindre une coalition de droite.

Kakhol lavan a été créé avant les élections d’avril. La formation politique repose sur une fusion entre Hossen LeYisrael et Yesh Atid. Le parti Telem, dirigé par l’ancien ministre de la Défense (ex-Likud) Moshe Yaalon et comprenant plusieurs anciens proches de Netanyahu, fait aussi partie de Kakhol lavan.

En réaction au reportage, des sources au sein de Kakhol lavan ont déclaré à Kan que le parti est en négociations avec des élus du Likud pour former une coalition sans Netanyahu.

« Les projets de Netanyahu recevront la même réponse qu’il a obtenue quand il s’est tourné vers nous avant de nous entraîner dans la campagne actuelle – une réponse négative », a-t-il dit.

L’intérêt du Likud à intégrer Gantz dans une coalition survient dans un contexte d’éventuelles dissensions entre les responsables de Kakhol lavan en ce qui concerne la campagne de Lapid concernant les élus ultra-orthodoxes.

« Ce n’est pas une chose facile à dire, mais Yair Lapid se dresse entre nous et la victoire aux élections », avait déclaré mardi une source anonyme de Kakhol lavan à Zman Yisrael, le site en hébreu du Times of Israël.

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Le chef de la Knesset promet de « tout faire » pour éviter un troisième scrutin

« Mais tout le monde devra s’asseoir à la table et discuter », a prévenu Yuli Edelstein

Le chef du parti Yisrael beytenu Avidgor Liberman (gauche) serre la main du l'élu du Likud Yuli Edelstein à la Knesset le 14 mars 2013. (Yonatan Sindel/Flash90)

Le chef du parti Yisrael beytenu Avidgor Liberman (gauche) serre la main du l’élu du Likud Yuli Edelstein à la Knesset le 14 mars 2013. (Yonatan Sindel/Flash90)

Le président de la Knesset Yuli Edelstein a promis mardi d’empêcher un troisième scrutin consécutif, alors que les sondages continuent de montrer une nouvelle impasse politique après que les Israéliens auront voté pour la deuxième fois cette année, le 17 septembre.

« Je ne pense pas qu’un scénario comme celui-là sera mis sur la table, a déclaré Edelstein dans un entretien au site d’information Walla. S’il y a des tentatives dans ce sens, je ferais tout pour que cela n’ait pas lieu ».

« Lors des dernières élections, Netanyahu n’était pas vraiment le problème. Il a fait tout ce qu’il a pu pour former une coalition, et certains ont décidé de la rejeter », a déclaré Edelstein, apparemment en référence au chef du parti Yisrael Beytenu, Avidgor Liberman.

Concernant Liberman, qui a mentionné Edelstein comme un possible remplaçant de Netanyahu à la tête du Likud, le président de la Knesset a souligné que lui et le chef d’Yisrael Beytenu sont arrivés en Israël depuis l’Union soviétique, « mais cela ne veut pas dire que je peux parler à la place de Liberman ».

 

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Elections : Netanyahu signe un accord avec Feiglin

Le plus pérenne des Premiers ministres de l’histoire d’Israël tente de faire le plein de votes à droite afin de remporter ces législatives qui s’annoncent âprement disputées

Le Premier ministre et président du Likud, Benjamin Netanyahu (à droite) et le président du parti Zehut, Moshe Feiglin (à gauche), à une conférence de presse conjointe à Ramat Gan, le 29 août 2019. (Crédit : Jack GUEZ / AFP)

Le Premier ministre et président du Likud, Benjamin Netanyahu (à droite) et le président du parti Zehut, Moshe Feiglin (à gauche), à une conférence de presse conjointe à Ramat Gan, le 29 août 2019. (Crédit : Jack GUEZ / AFP)

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a signé jeudi un pacte avec un petit parti de droite en promettant de légaliser le cannabis médical contre le retrait de cette formation de la course aux élections du 17 septembre.

Netanyahu, plus pérenne des Premiers ministres de l’histoire israélienne, tente de faire le plein de votes à droite afin de remporter ces législatives qui s’annoncent âprement disputées, selon les derniers sondages des médias locaux.

Selon les termes de l’accord consulté par l’AFP, « dès la première session de la Knesset, une loi sera votée pour la légalisation de la marijuana pour des besoins médicaux » et pour l’ouverture de ce marché à l’import.

Un des points essentiels de la dernière campagne du parti de Feiglin, ancien député du Likud de M. Netanyahu qui avait fondé sa formation en 2015, était la légalisation du cannabis ce qui lui avait amené des électeurs différents de son public habituel issu de la droite nationaliste.

Après une campagne très médiatisée lors des élections d’avril dernier qui n’avaient finalement pas permis d’aboutir à une coalition gouvernementale, son parti Zehut avait obtenu 2,7 % des voix (environ 120 000 votes), ce qui le plaçait en dessous du seuil de 3,5 % pour entrer à la Knesset.

Pour les nouvelles élections, M. Netanyahu avait assuré qu’il ferait le maximum pour éviter des pertes de voix à droite et empêcher les listes avec peu de chances de passer le seuil d’éligibilité de se présenter. Après le retrait de la course de Zehut, deux autres petites formations à la droite du Likud sont encore en lice, Otzma yehudit, un parti d’extrême droite et Noam, une liste orthodoxe, nationaliste et anti-LGBT.

Le parti Kakhol lavan a dénoncé l’accord passé entre Netanyahu et Feiglin, accusant le Premier ministre d’avoir « acheté » le chef du parti Zehut avec un siège au cabinet.

Kakhol lavan, principal rival du Likud au scrutin de septembre, a déclaré que le Premier ministre avait été amené à conclure l’accord dans le but de se prémunir de toute poursuite judiciaire.

« Netanyahu se soucie uniquement de Netanyahu, et cette fois, il a acheté Feiglin en échange de l’immunité », a déclaré le parti dans un communiqué. « Les Israéliens comprennent que le choix se situe entre un gouvernement d’immunité qui ne se préoccupe que de Netanyahu ou un gouvernement élargi sous Kakhol lavan, qui veillera sur tous les citoyens israéliens. »

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Lançant sa campagne, Barak critique Gantz pour avoir « cédé » devant Netanyahu

Le chef du parti démocrate israélien a dit que le commentaire n’était pas une erreur ou que l’on n’avait pas mal entendu, mais que « la vérité fuitait »

Ehud Barak, un politicien du Camp démocratique, s'exprime lors d'une conférence de presse pour lancer la campagne électorale à Tel Aviv, el 12 août 2019. (Tomer Neuberg/Flash90)

Ehud Barak, un politicien du Camp démocratique, s’exprime lors d’une conférence de presse pour lancer la campagne électorale à Tel Aviv, el 12 août 2019. (Tomer Neuberg/Flash90)

Lançant la campagne du Camp démocratique, l’ancien Premier ministre Ehud Barak a continué d’attaquer le chef de Kakhol lavan Benny Gantz après que ce dernier a dit qu’il avait laissé la porte ouverte à une rotation de gouvernement avec le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Barak a dit que le commentaire n’était pas une erreur ou que l’on n’avait pas mal entendu, comme Gantz l’a affirmé après un commentaire similaire plus tôt ce mois, mais que « la vérité fuitait ».

Une affiche pour le lancement de la campagne montrait des dirigeants de droite d’un côté avec le titre « c’est la lâcheté » et les responsables du Camp démocratique sous le titre « c’est le courage ». Le visage de Gantz est séparé entre les deux.

Kakhol lavan a répliqué en disant « nous n’accepterons pas de conseils politiques de la part de Barak, qui pourrait donner un cours sur comment ramper dans les gouvernements de Netanyahu ».

En 2011, Barak avait divisé le parti Travailliste en deux factions afin de rester ministre de la Défense dans le gouvernement de Netanyahu.

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Un parti pro-polygamie fondé par les épouses d’un chef de culte incarcéré

Les épouses de Daniel Ambash, condamné pour des violences familiales, jurent d’empêcher l’intervention gouvernementale dans les vies privées et veulent se présenter à la Knesset

Des femmes du culte Ambash parlent aux journalistes à la Knesset alors qu'elles viennent présenter leur liste électorale à la commission centrale des élections, le 1er août 2019 (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

Des femmes du culte Ambash parlent aux journalistes à la Knesset alors qu’elles viennent présenter leur liste électorale à la commission centrale des élections, le 1er août 2019 (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

Quatre épouses d’un chef de culte polygame qui avait été reconnu coupable de violences à l’encontre des membres de sa famille, il y a six ans, se sont officiellement inscrites jeudi en tant que parti politique pour se présenter au mois de septembre.

En 2013, Daniel Ambash avait été condamné à 26 ans de prison pour ce qui avait été qualifié de l’un des cas de violence les plus choquants de l’histoire du pays. Ses six épouses et de nombreux enfants étaient gardés par Ambash et par ses aides dans des conditions d’esclavage, confinés et régulièrement victimes de chocs électriques, de viols et de violences physiques.

« Nous avons constaté ce qu’étaient les maladies de la police, du système judiciaire, du gouvernement et nous avons réalisé que ce n’était pas seulement notre problème à nous. C’est un problème social qui nécessite qu’on lui apporte une solution en profondeur », a expliqué Aderet Ambash, se référant à l’affaire de 2011 entraînée par les confidences de l’une des épouses d’Ambash qui avait raconté ce qu’il se passait dans le culte.

Suite à une enquête et à un procès, Ambash avait été condamné pour 18 chefs d’inculpation sur 20 en octobre 2013 et notamment pour délits sexuels, violences sur mineurs, séquestration et violences sadiques.

Selon le jugement émis par le tribunal, Ambash avait notamment fait sortir l’une de ses épouses, nue, au milieu de la nuit, aux abords de la maison, l’arrosant d’eau et la traînant par les cheveux. Il avait également plongé la tête de l’une d’elles dans les toilettes, tirant la chasse pour la faire suffoquer.

Il avait également violé sa fille devant toute la famille et notamment de plusieurs autres enfants, clamant que cela « faisait partie du devoir [de la jeune fille] dans la vie familiale » .

« Nous pensons que si la Torah donne aux gens la possibilité de choisir leur vie, l’Etat n’a aucune raison d’intervenir et d’empêcher cela. Et nous nous battrons pour ce droit », a déclaré Ayelet Ambash, en référence apparente au mariage

La commission centrale électorale a ouvert ses portes mercredi pour l’enregistrement officiel des partis présentant des candidats aux élections du mois de septembre à la Knesset. Avec plus de 40 formations ayant rempli des formulaires d’inscription, ils n’étaient que neuf à avoir déposé un dossier mardi après-midi – ce qui laissait prévoir une journée affairée, jeudi, avant la date-limite établie.

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Législatives israéliennes : le vote arabe devrait compter

Se trouve-t-on à l’aube d’un changement politique aux accents de petite révolution en Israël ? Alors que les élections législatives doivent avoir lieu le 17 septembre prochain, le chef de la principale faction arabe à la Knesset (le parlement israélien), la Liste unifiée, vient de bouleverser la campagne électorale…….Détails……..

Ayman Odeh, Israélien, arabe et communiste, a proposé au principal adversaire de Benjamin Nétanyahou (Likoud, droite dure), le président du parti Bleu et Blanc (centriste) Benny Gantz, de siéger dans un gouvernement de coalition modéré à la suite du scrutin.
Un (r)évolution qui mettrait fin à des décennies de marginalisation politique pour le peuple arabe. Et ferait tomber le Premier ministre actuel, en place depuis 10 ans.

Jeune génération

« L’offre d’Ayman Odeh de soutenir le principal opposant de Nétanyahou […] au poste de Premier ministre reflète le désir croissant de l’importante minorité arabe d’Israël de jouer un rôle plus actif dans la construction du pays », explique l’agence de presse AP.
Les Arabes israéliens, qui représentent environ 20 % des 9 millions d’habitants du pays, ayant été largement marginalisés, sur le plan politique, depuis la création de l’Etat hébreu en 1948.
« L’establishment juif, se méfiant d’inclure ceux qu’il percevait comme des adversaires, empêcha les partis dirigés par des Arabes d’entrer au gouvernement », rappelle AP.
Dans le même temps, les dirigeants arabes ont toujours refusé d’intégrer l’exécutif du pays, déclarant n’avoir « aucun intérêt à rejoindre un gouvernement par crainte de légitimer l’occupation militaire israélienne des zones palestiniennes, ou d’être perçus comme tolérants vis-à-vis des opérations militaires contre les Palestiniens », ajoute l’agence de presse.
L’Etat hébreu, sous Nétanyahou, n’a jamais renoncé à la construction de « villes » israéliennes en territoire palestinien, un argument dont il se sert d’ailleurs pour « draguer » les franges les plus extrêmes de la droite israélienne.
Mais avec une jeune génération beaucoup plus à l’aise avec la double identité israélo-arabe, la donne change, note AP.
« Les sondages montrent qu’une majorité écrasante de citoyens arabes souhaitent que leurs dirigeants se concentrent davantage sur la réduction de la criminalité, l’amélioration de l’éducation et la lutte contre la crise du logement, plutôt que sur la résolution du conflit israélo-palestinien ».
Non pour faire comme s’il n’existait pas, mais tout simplement parce que ce sont des sujets que l’on aborde, en règle général, quand on est aux manettes.

Troisième parti d’Israël

« Le message est que nous ne voulons pas seulement que vous soyez élus, nous voulons que vous exerciez une influence, a déclaré Thabet Abou Rass, codirecteur de l’Abraham Fund Initiatives, une organisation à but non lucratif chargée de la promotion de l’égalité en Israël.
Les Arabes n’ont pas cessé de soutenir les Palestiniens, mais ils savent que la paix prendra du temps.
Les autres questions sont plus urgentes », estime-t-il.
Comme, par exemple, celle de leur reconnaissance en tant que citoyens à part entière de l’Etat hébreu ; aujourd’hui, certains Israéliens considèrent les Arabes comme des « citoyens de seconde zone ».
Le droit de vote, tout de même, leur permet d’ « exister » et faire entendre leur voix.
Ou, au contraire, de s’abstenir de la donner. Aux législatives d’avril dernier, mécontents après l’adoption d’une loi très controversée définissant Israël comme l’Etat-nation du peuple juif, de nombreux membres de la minorité arabe du pays avaient boycotté les élections.
Résultat : un taux de participation à 49 %, contre 64 % lors du scrutin précédent, en 2015.
Si « le faible taux de participation, ainsi que les divisions entre les différents partis arabes, ont contribué à une mauvaise performance », rappelle AP – ces derniers n’ont remporté que 10 sièges sur 120, contre 13 il y a 4 ans -, l’issue pourrait être sensiblement différente le 17 septembre prochain.
Les 4 principales formations arabes étant désormais réunies sous la direction d’Ayman Odeh, les sondages prévoient que sa Liste unifiée devienne le troisième parti d’Israël en nombre de voix. Suffisant pour intégrer un gouvernement de coalition modéré avec Bleu et Blanc ?
Pas sûr : Benny Gantz pourrait vouloir se tourner en priorité vers d’autres partis juifs pour collaborer.

Potentiel du vote arabe

Ayman Odeh s’attend d’ailleurs plus à devenir la principale voix d’opposition de la prochaines législature qu’un membre de gouvernement.
Qu’importe, puisque cela lui offrirait une sacrée exposition médiatique, des consultations mensuelles avec le Premier ministre et le droit de réfuter ses discours au sein de la Knesset.
Une lueur d’espoir, toutefois, pour les Arabes : le leader de Bleu et Blanc, qui semble réaliser le potentiel du vote arabe, a commencé à faire campagne dans les communautés arabes.
Et a inclus Ayman Odeh dans les protestations de l’opposition. L’aube d’une petite révolution politique en Israël ?

Source Le Monde arabe

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