Bilan de la « conférence de Paix » parisienne : Israël au chevet de 70 nations malades ?

Réactions d’Israël et des Palestiniens suite à la conférence de paix. La communauté internationale réunie à Paris a réaffirmé son engagement en faveur de la solution à deux États

Les 70 pays représentés à la conférence de paix pour le Proche Orient organisée à Paris, le 15 janvier 2017. (Crédit : ministère français des Affaires étrangères)

Les 70 pays représentés à la conférence de paix pour le Proche Orient organisée à Paris, le 15 janvier 2017. (Crédit : ministère français des Affaires étrangères)

« Cette conférence internationale et les résolutions de l’ONU ne font qu’éloigner les perspectives de paix car elles encouragent les Palestiniens à refuser des discussions directes avec Israël », a déclaré le ministère des Affaires étrangères à Jérusalem.

Les responsables israéliens ont aussi rendu hommage aux efforts déployés par le Conseil de sécurité national israélien et le ministère des Affaires étrangères pour un « affaiblissement significatif » de la portée du communiqué final publié par les 70 participants de la conférence de paix à Paris. Les fonctionnaires israéliens se réjouissent que les « passages problématiques » de la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies n’ont pas été inclus dans le document de Paris.

La résolution 2334, adoptée le 23 décembre, condamne sévèrement l’entreprise de construction dans les Territoires palestiniens, déclarant qu’elle « n’a aucune valeur juridique et constitue une violation flagrante en droit international et un obstacle majeur à la réalisation de la solution des deux États et d’une paix juste, durable et globale. »

En outre, les responsables israéliens se sont déclarés satisfaits du fait qu’aucune autre action contre les implantations israéliennes n’est prévue au Conseil de sécurité. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry l’avait alors promis au téléphone au Premier ministre Netanyahu lors d’un appel téléphonique de Paris le dimanche précédent. Ces succès, concluent les fonctionnaires israéliens, sont le « résultat des dures réactions » exprimées par Israël contre la Résolution 2334.

« Si les Etats réunis à Paris voulaient vraiment que (le processus de) paix avance, ils devraient faire pression sur (le président de l’AP Mahmoud Abbas) pour qu’il accepte l’invitation de Netanyahu pour des négociations directes », a ajouté le ministère.

Le numéro deux de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) a favorablement accueilli dimanche les conclusions de la conférence de Paris sur le Proche-Orient qui, selon lui, « a souligné la nécessité de mettre fin à l’occupation israélienne ». Saëb Erekat a en outre appelé, dans un communiqué, la France « à reconnaître immédiatement l’Etat de Palestine dans les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme sa capitale » et demandé aux autres participants à la conférence de « reconnaître la Palestine au même titre que leur reconnaissance d’Israël ».

Saeb Erekat, secrétaire général de l'Organisation de la libération de la Palestine (OLP), à Ramallah, le 23 novembre 2015. (Crédit : Abbas Momani/AFP)

Selon Erekat, les participants à la conférence « ont créé un élan pour le rejet de l’occupation israélienne et les activités de colonisation » des territoires palestiniens. C’est un message à Israël « pour qu’il se conforme aux lois internationales » et « mette fin à son occupation militaire de la Palestine » afin d’ouvrir la voie à la paix et la stabilité dans la région, a-t-il ajouté. « Il est temps d’arrêter de traiter avec Israël comme un pays au-dessus de la loi et de le rendre responsable des violations systématiques des conventions internationales et des droits de notre peuple », a-t-il poursuivi.

Plus de 70 pays ont solennellement réitéré dimanche leur engagement en faveur des deux États israélien et palestinien, avertissant qu’ils ne reconnaîtraient pas d’actions unilatérales qui menaceraient une solution négociée, particulièrement sur la question des frontières ou le statut de Jerusalem.

Dans un communiqué final âprement et minutieusement négocié, les participants à la conférence de Paris ont exhorté Israéliens et Palestiniens à « démontrer leur engagement pour la solution à deux États, et à s’abstenir d’actions unilatérales qui préjugeraient du résultat de la négociation, notamment sur les frontières, Jérusalem, les réfugiés ». Le texte précise que si de telles actions étaient prises, « ils ne les reconnaîtront pas ».

Ce message intervient dans un contexte particulièrement explosif, alors que la solution des deux États semble plus inatteignable que jamais, près de soixante-dix ans après la création d’Israël et le début du conflit. Il intervient aussi à cinq jours de l’entrée en fonction d’une administration américaine ayant pris des positions très pro-israéliennes. Le communiqué s’abstient soigneusement de faire référence au projet controversé du futur président américain Donald Trump de transférer l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, mais il y a « un message subliminal à l’administration Trump », selon un diplomate français.  Le président élu américain a promis durant sa campagne de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y déménager son ambassade.

Le président élu américain Donald Trump réponds au journaliste le 28 décembre à Mar-a-Lago, à Palm Beach en Floride, le 28 décembre 2016. (Crédit : AFP/Don Emmert)

Une telle mesure romprait avec la politique historique des États-Unis et irait à l’encontre de la position de l’ONU, pour laquelle le statut de Jérusalem.

Les Palestiniens, qui veulent aussi faire de Jérusalem la capitale de leur futur État, ont d’ailleurs vivement réagi, le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas menaçant de revenir sur la reconnaissance d’Israël si une telle décision était appliquée.

Plus direct que le communiqué final, le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault a estimé lors de sa conférence de presse que le déménagement de l’ambassade serait une « provocation ». Plus tôt, il avait mis en garde contre un projet « extrêmement lourd de conséquences ».

Il a également réitéré que « la base » de règlement du conflit était « les frontières de 1967 et les grandes résolutions des Nations unies », se référant ainsi aux textes appelant Israël à se retirer des territoires occupés après la guerre des Six jours en 1967.

De son côté, le secrétaire d’État américain John Kerry s’est félicité d’un texte « équilibré », qui dénonce les actes et les incitations à la violence côté palestinien.

Les Israéliens et les Palestiniens, dont les négociations sont gelées depuis près de trois ans, n’étaient pas conviés à la conférence de Paris. Si les Palestiniens sont en faveur de l’internationalisation du conflit, les Israéliens sont eux opposés à toute approche multilatérale du dossier et le gouvernement Netanyahu n’a pas caché compter ardemment sur l’arrivée de M. Trump au pouvoir.

Dans un tel contexte, la réunion de Paris valait surtout pour le symbole, à un moment où la perspective de deux États s’évapore, compte tenu de la situation sur le terrain, marquée par la poursuite de la construction israélienne dans les Territoires et les attaques et attentats terroristes palestiniens. Elle était aussi le dernier acte d’une série de gestes remarqués sur la question israélo-palestinienne, dont le plus important s’est produit à l’ONU le 23 décembre. Un mois avant son départ de la Maison Blanche, l’administration du président sortant Barack Obama a en effet marqué le coup en s’abstenant sur une résolution condamnant la colonisation israélienne, la première depuis 1979. Au grand dam du président élu Trump qui avait exhorté Washington à mettre son veto.

Quelques jours plus tard, dans un discours en forme de testament politique, John Kerry avait à nouveau dénoncé la colonisation et énoncé des principes pour la solution du conflit, évoqués dans le communiqué final de la conférence de Paris. Une nouvelle conférence internationale « avec les participants qui le souhaitent » se réunira d’ici à la fin de l’année pour faire le point sur les avancées du processus, indique aussi le communiqué final.

 

Londres aurait empêché l’UE d’adopter la déclaration de Paris

Lors de la Conférence pour la paix, la Grande-Bretagne avait déjà refusé de signer la déclaration

Le ministre des Affaires étrangères britannique Boris Johnson à une réunion des ministres des Affaires étrangères européens au Conseil de l'Europe, à Bruxelles le 16 janvier 2017.( Crédit : AFP PHOTO / EMMANUEL DUNAND

Le ministre des Affaires étrangères britannique Boris Johnson à une réunion des ministres des Affaires étrangères européens au Conseil de l’Europe, à Bruxelles le 16 janvier 2017.( Crédit : AFP PHOTO / EMMANUEL DUNAND

La déclaration finale de la Conférence de Paris appelle les deux partis à s’engager en faveur d’une solution à 2 États et à renoncer à l’usage de la violence.

La Grande-Bretagne a refusé de la signer.

Dans une publication sur Twitter, l’ambassadeur de l’OLP aux États-Unis a déclaré que la position de Londres est « très étrange… au regard de la responsabilité morale et historique ayant provoqué le conflit ».

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Sommet de Paris : texte de la déclaration conjointe

Après la conférence pour la paix, les participants – à l’exception du Royaume-Uni – ont publié cette déclaration, qui réaffirme leur engagement envers la solution à 2 états

Les 70 pays représentés à la conférence de paix pour le Proche Orient organisée à Paris, le 15 janvier 2017. (Crédit : ministère français des Affaires étrangères)

Les 70 pays représentés à la conférence de paix pour le Proche Orient organisée à Paris, le 15 janvier 2017. (Crédit : ministère français des Affaires étrangères)

Le texte original, en anglais, est disponible ici.

I) À la suite de la réunion ministérielle organisée à Paris le 3 juin 2016, les Participants se sont rencontrés à Paris le 15 janvier 2017 afin de réaffirmer leur soutien au règlement juste, durable et global du conflit israélo-palestinien. Ils ont rappelé que le seul moyen de parvenir à une paix durable était une solution négociée avec deux États, Israël et la Palestine, vivant côte à côte en paix et en sécurité.

Ils ont souligné qu’il était important que les parties réaffirment leur engagement en faveur de cette solution, prennent des mesures urgentes afin d’inverser les évolutions négatives actuelles sur le terrain, notamment la poursuite des actes de violence et des activités de colonisation, et lancent des négociations directes significatives.

Ils ont rappelé que la solution des deux États négociée devait respecter les aspirations légitimes des deux parties, y compris le droit des Palestiniens à un État et à la souveraineté, mettre fin complètement à l’occupation commencée en 1967, répondre aux besoins de sécurité d’Israël et résoudre toutes les questions relatives au statut final sur le fondement des résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil de sécurité des Nations Unies, et ils ont également rappelé les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

Ils ont souligné l’importance de l’Initiative arabe de paix de 2002 comme cadre global pour le règlement du conflit israélo-arabe, contribuant ainsi à la paix et à la sécurité de la région.

Le Conseil de sécurité vote la résolution 2334, adoptée avec 14 voix pour, zéro contre et une abstention, celle des Etats-Unis, le 23 décembre 2016. (Crédit : Manuel Elias/Nations unies)

Ils ont salué les efforts déployés pour faire progresser la paix au Proche-Orient, notamment l’adoption de la résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations Unies le 23 décembre 2016, qui a clairement condamné les activités de colonisation, l’incitation à la violence et tous les actes de violence et de terrorisme, et ils ont appelé les deux parties à prendre des mesures pour faire progresser la solution des deux États sur le terrain ; les recommandations du Quartet, le 1er juillet 2016 ; et les principes énoncés par le Secrétaire d’État des États-Unis d’Amérique le 28 décembre 2016.

Ils ont noté qu’il était important de répondre à la situation dramatique dans la Bande de Gaza dans le domaine humanitaire et de la sécurité et ils ont appelé à prendre rapidement des mesures pour améliorer la situation.

Ils ont rappelé qu’il était important que les Israéliens et les Palestiniens respectent le droit international, notamment le droit humanitaire international et les droits de l’Homme.

II) Les Participants ont souligné le potentiel pour les deux parties d’un accord de paix en matière de sécurité, de stabilité et de prospérité. Ils se sont déclarés prêts à déployer les efforts nécessaires pour parvenir à la solution des deux États, ainsi qu’à contribuer de manière substantielle aux arrangements visant à assurer la viabilité d’un accord de paix négocié, en particulier concernant les incitations politiques et économiques, le renforcement des capacités de l’État palestinien et le dialogue avec la société civile. Ces incitations pourraient inclure, notamment :

– un partenariat spécial privilégié avec l’Union européenne ; d’autres incitations politiques et économiques et une participation plus importante du secteur privé ; le soutien des efforts ultérieurs mis en œuvre par les parties pour améliorer la coopération économique ; la poursuite du soutien financier à l’Autorité palestinienne afin de bâtir les infrastructures d’une économie palestinienne viable ;

– le soutien et le renforcement des mesures prises par les Palestiniens pour exercer leurs responsabilités étatiques par la consolidation de leurs institutions et de leurs capacités institutionnelles, y compris en termes de services ;

– la tenue de forums réunissant les sociétés civiles israélienne et palestinienne, afin d’améliorer le dialogue entre les parties, de raviver le débat public et de renforcer le rôle de la société civile des deux côtés.

Conférence pour la paix au Proche Orient organisée à Paris, le 15 janvier 2017. (Crédit : Suha Halifa/Times of Israël)

III) Se projetant vers l’avenir, les Participants :

– invitent les deux parties à réaffirmer officiellement leur engagement en faveur de la solution des deux États, se dissociant ainsi de ceux qui rejettent cette solution ;

– appellent chaque partie à manifester, de manière indépendante, par des politiques et des actions, un engagement sincère en faveur de la solution des deux États et à s’abstenir d’actions unilatérales qui préjugeraient de l’issue des négociations sur les questions liées au statut final, en particulier concernant entre autres Jérusalem, les frontières, la sécurité et les réfugiés, actions unilatérales qu’ils ne reconnaîtront pas ;

– se félicitent de la perspective d’une coopération accrue entre le Quartet, les membres de la Ligue des États arabes et d’autres acteurs pertinents, afin de poursuivre les objectifs de la présente Déclaration.

Dans le prolongement de la conférence, les Participants intéressés, se déclarant prêts à évaluer les progrès accomplis, ont décidé de se réunir à nouveau avant la fin de l’année pour aider les deux parties à progresser sur la voie de la solution des deux États par la négociation.

La France informera les parties du soutien collectif et de la contribution concrète de la communauté internationale à la solution des deux États, qui figurent dans la présente Déclaration conjointe.

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La conférence de Paris: une conférence pour rien ?
 
On en avait fait un évènement charnière, une rencontre qui devait, pour les uns, poser les conditions de la paix, pour les autres, éloigner les perspectives de celle-ci. Finalement, tous les invités ne sont pas venus. À peine plus d’une trentaine de nations étaient représentées. Le Quai d’Orsay en annonçait plus de 70. Encore, certains pays n’ont envoyé que des représentants de moindre importance.
Au bout du compte, la diplomatie française a encore une fois montré ses limites et la portée de sa voix dans le monde. Le président Hollande et son ministre des affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, ne réalisent plus l’illusion dans laquelle ils se trouvent. La voix de la France est devenue inaudible, pire encore, décrédibilisée par un parti pris qui depuis des décennies est devenu un formatage systématique d’une politique anti-israélienne tout autant que pro arabe, un déséquilibre si profond que seule s’exprime la mauvaise foi manifeste de dirigeants en mal de notoriété.
Deux jours après, la conférence de Paris est déjà pratiquement reléguée aux oubliettes. Bien des nations n’ont pas voulu peut-être hypothéquer leurs relations à venir avec la nouvelle administration américaine résolument plutôt en faveur d’Israël. Même John Kerry, le secrétaire d’État américain, a témoigné de sa présence courtement et sans conviction.
Cela étant, la conférence de Paris a-t-elle été un coup pour rien ? Une « futilité », pour reprendre l’expression du Premier ministre israélien ? Certes, du point vu politique, l’espérance de voir une déclaration signée par une multitude de pays à Paris servir de tremplin à une nouvelle résolution anti-israélienne à l’ONU est devenue vaine. Sauf surprise, il ne se passera donc rien de significatif dans les prochains jours et avant l’investiture du nouveau président américain. En revanche, cette conférence aura permis de voir combien la France persiste à se soumettre au dictat arabe, pour calmer peut-être l’ardeur d’une opinion musulmane attentive au positionnement politique vis-à-vis des Juifs et d’Israël. La France est quasiment devenue le chef de file européen porte-parole de la Ligue arabe ou de l’OCI (Organisation pour la Conférence islamique).
Dans ce contexte et dans les prochaines semaines, la campagne présidentielle en France va peut-être permettre de voir des opinions s’exprimer sur le sujet. Pour l’heure, les candidats s’inscrivent, pour leur immense majorité, dans la ligne politique actuelle du Quai d’Orsay. Même si une élection ne se résume pas à des questions de géopolitique, pour les Juifs comme pour bien des chrétiens, des questions se posent. Il y a cinq ans, François Hollande annonçait à tous les Français, « le changement, c’est maintenant ! ». Quelques années plus tard, on a oublié que le changement véritable passe par une transformation radicale du cœur et des pensées. Sur le plan éthique et moral comme dans l’attitude vis-à-vis d’Israël, le changement ne s’est pas opéré, bien au contraire.
Cependant, l’annonce de la Parole de Yéchoua’ est porteuse d’un message de changement que seul Dieu peut réaliser dans les cœurs. Tout n’est pas encore inscrit pour les prochains mois dans notre pays. Cela étant, prions que le Roua’h HaKodech (le Saint-Esprit) inspire ce changement que sur le fond nous souhaitons pour le salut du plus grand nombre. S’agissant d’Israël, prenons garde à ne pas cautionner ceux et celles qui s’attaquent à ce que Dieu désigne comme « la prunelle de ses yeux ». Ici-bas en dépend aussi notre paix.
Le Berger d’Israël

 

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