Barcelone, Madrid, Tel-Aviv : games of thrones ?

Suite à la suspension des liens par Barcelone, Madrid propose un jumelage à Tel Aviv

La maire de la capitale espagnole a taxé d’antisémite la décision, pas encore approuvée, de son homologue, prise au motif de « violation systématique » des droits des Palestiniens

Vue aérienne de la capitale espagnole, Madrid, au coucher du soleil, en avril 2022. (Crédit : Mario Montero Arroyo via iStock par Getty Images)

Un jour après la suspension, par la maire de Barcelone, des relations institutionnelles avec Israël et du jumelage avec Tel Aviv en raison de ce qu’elle qualifie de violations systématiques des droits fondamentaux des Palestiniens, le maire de Madrid a proposé de reprendre le jumelage.

Dans une lettre adressée au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, l’édile a expliqué sa décision, grandement symbolique, de suspendre temporairement ce jumelage entre les deux villes méditerranéennes, comme le demandaient dans une pétition plusieurs groupes pro-palestiniens barcelonais.

« J’ai décidé de suspendre temporairement les relations avec l’Etat d’Israël et avec les institutions officielles de cet Etat et, notamment, le jumelage avec Tel-Aviv, jusqu’à ce que les autorités israéliennes mettent fin à la violation systématique des droits de l’homme de la population palestinienne », a écrit cette ancienne militante pour le droit au logement, maire de la capitale catalane depuis 2015.

Jeudi, José Luis Martínez-Almeida, le maire conservateur de Madrid, a taxé Colau d’antisémitisme et annoncé sur Twitter avoir écrit au maire de Tel Aviv, Ron Huldai, pour exprimer « l’engagement de Madrid en faveur de la démocratie et de la liberté ».

Martinez-Almeida a déclaré dans la lettre citée par la chaîne publique Kan, qu’une telle décision « faisait passer le message aux citoyens d’Israël que Madrid savait très bien avec qui développer ses relations, à savoir un pays démocratique, respectueux des lois et des droits comme Israël ».

Martinez-Almeida a également fustigé la décision de Colau, affirmant qu’elle avait « des relents antisémites », a rapporté jeudi le quotidien espagnol El Pais.

« Je ne suis pas d’accord avec ces décisions… Pour la gauche, Israël est toujours coupable », a-t-il déclaré. Le maire de Madrid, José Luis Martínez-Almeida. (Capture d’écran Twitter; utilisée conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

Martínez-Almeida a déclaré que « ce serait un honneur d’être jumelé avec Tel Aviv ».

La maire de Barcelone, Ada Colau, et lui-même rivalisent pour se positionner sur le plan international et les investissements, dans ce qui est une importante année électorale.

Les politiciens espagnols de droite sont de plus en plus nombreux à s’engager dans des démarches diplomatiques et commerciales avec Israël.

Lors d’une conférence de presse annonçant sa décision mercredi, Colau a déclaré que plus d’une centaine d’organisations et 4 000 citoyens lui avaient demandé de « défendre les droits de l’homme des Palestiniens », selon une information du journal britannique Jewish Chronicle.

Colau a déclaré que, dans sa lettre à Netanyahu, elle avait précisé que la pétition lui demandait de « condamner l’apartheid criminel perpétré contre la population palestinienne, soutenir les organisations palestiniennes et israéliennes qui œuvrent pour la paix et interrompre le jumelage entre Barcelone et Tel Aviv ».

Elle a ajouté que Barcelone avait récemment mis fin à son jumelage avec la ville russe de Saint-Pétersbourg en raison de la guerre en Ukraine.

L’initiative visant à mettre fin au jumelage a été mise en avant par le groupe de pression End Complicity with Israel, qui affirme avoir reçu le soutien de 112 entités sociales, dont des organisations pro-palestiniennes, féministes, immigrées et LGBT +, a rapporté le JC. Capture d’écran de la vidéo de la maire de Barcelone, Ada Colau, 2022. (YouTube. Utilisé conformément à l’article 27a de la loi sur les droits d’auteur)

La mesure doit encore être votée par le conseil municipal, le 24 février prochain, mais le groupe aurait pressé la maire de s’exprimer le plus tôt possible.

Elle aurait dû être soumise au vote lors de la précédente réunion du conseil municipal, le mois dernier, mais a été reportée en raison de la proximité de la Journée internationale de commémoration de la Shoah.

Selon le Jewish Chronicle, la motion visant à mettre fin au jumelage n’a pas le soutien des partis traditionnels de gauche comme de droite, et il est peu probable qu’elle soit approuvée par la formation plénière du conseil.

On ignore à ce stade dans quelle mesure Colau aurait pu prendre, seule, la suspension des relations.

Barcelone est jumelée avec Tel Aviv et la bande de Gaza depuis la signature d’un accord d’amitié et de collaboration en 1998.

Dans un communiqué, le ministère israélien des Affaires étrangères a fait savoir que l’annonce de Colau n’avait pas le soutien de la plupart des habitants de Barcelone, « profitait aux extrémistes, organisations terroristes et à l’antisémitisme et nuisait aux intérêts des habitants de Barcelone ».