Avignon : après l’agression d’un prêtre, le cri d’alarme de l’archevêque et le silence des autorités !

Les religieux dénoncent un acte crapuleux et le silence de Manuel Valls.

Un frère de la paroisse St-Ruf a eu le nez cassé, lundi soir, au cours d’une agression après le vol de son téléphone. L’archevêque Cattenoz dénonce la récurrence des actes visant les religieux. Le père Grégoire a déposé plainte au commissariat ainsi que deux frères menacés au couteau et une jeune femme qui a reçu un coup en tentant de s’interposer lors de l’agression.

L’acte de trop qui a fait sortir l’archevêque d’Avignon de ses gonds. « En tant que responsable du diocèse, je dis ça suffit ! »,« Ce quartier devient une zone de non-droit, renchérit Monseigneur Cattenoz. Moi j’ai passé 15 ans en terre d’Islam et là-bas, l’habit se respecte.Ici, à côté de l’archevêché, on m’interpelle dans la rue parce que je porte une croix. Si on ne peut plus avoir une croix autour du cou ou tenir un téléphone portable dans la rue, alors ce sont ces jeunes qui font la loi ? » s’interroge l’archevêque. Les dégradations multiples dont nous sommes victimes, on dit que c’est du petit vandalisme, je souhaite que l’État réagisse et réfléchisse à la manière dont on peut vivre ensemble sans avoir peur. On ne peut pas accepter qu’un prêtre en habit soit l’objet d’agressions ». Monseigneur Cattenoz appelant même de ses voeux qu’un groupe « Vaucluse espérance » puisse voir le jour sur le modèle qui existe déjà à Marseille dans lequel des religieux de toutes les confessions parlent d’une même voix. « Ne laissons pas ce feu se répandre, implore l’archevêque. Sinon, je me demande à quel pays on se prépare »…

Prêtre agressé à Avignon : « Si ça avait été un imam ? »

JEAN-FRÉDÉRIC GALLO
16/05/2013, 06 h 00 | Mis à jour le 16/05/2013, 11 h 43

 


Le père Grégoire très marqué par l’agression subie lundi.
Le père Grégoire très marqué par l’agression subie lundi. (M. ANISSET)

Les religieux dénoncent un acte crapuleux et le silence de Manuel Valls.

Ils gardent leurs portes ouvertes et restent disponibles pour répondre aux questions des passants, comme des journalistes. Les prêtres de la communauté de Saint-Jean, dans le quartier de Saint-Ruf, à Avignon, en sont même ravis. En relatant la violente agression qu’a subie le père Grégoire, lundi soir, au sein même de l’établissement paroissial, à la suite du vol de son téléphone portable, ils souhaitent qu’il y ait une prise de conscience.

« Le vivre ensemble en question »


Père Marie-Christophe Visage tuméfié et nez cassé, l’homme de foi avoue ne pas être choqué après une nuit d’hospitalisation, mais plutôt amer : « Si mon histoire peut simplement permettre de faire un électrochoc, cela n’aura pas été si néfaste, confie-t-il. Ce genre d’agression arrive à énormément de personnes dans le quartier. Certains jeunes n’ont plus de limites. C’est le vivre ensemble qui est en question. Pas l’attaque d’un religieux en habit. »

Manuel Valls est jusqu’ici resté silencieux

Mais le symbole reste choquant pour l’ensemble de la population, et suscite de vives réactions publiques. Premier à dégainer, l’archevêque d’Avignon, Mgr Cattenoz, qui, dès le lendemain de l’agression, n’a pas hésité à évoquer « une prise en main par des gens de confession musulmane ». Jacques Bompard, député de Vaucluse et membre de la Ligue du Sud, a pour sa part dénoncé « un acte de racisme à l’égard d’un religieux catholique qui est aussi la conséquence de la haine que propage un certain islamisme ». Mercredi, c’est Marion Maréchal Le Pen qui y est allée de son communiqué, évoquant le « racisme antiblanc ». De quoi susciter un certain malaise chez les religieux.

« Un vrai musulman n’aurait jamais fait ça »

« Ce que nous regrettons sincèrement, c’est que le ministre de l’Intérieur ne se soit pas manifesté en deux jours. Si ça avait été un imam ou un rabbin, il serait déjà sur place, souligne le père Marie-Christophe, responsable de Saint-Jean. Nous avons eu le soutien de tous. Il y a un problème avec certains jeunes qui sont des opportunistes. Notre agresseur était effectivement d’origine maghrébine, mais un vrai musulman n’aurait jamais fait ça. Les membres du Conseil français du culte musulman ont d’ailleurs manifesté officiellement leur indignation. Cela n’empêche pas certains de faire un amalgame. Et c’est le silence des politiques qui en est la cause. »

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Les six frères de la communauté Saint-Jean ne sont installés que depuis cinq ans dans la paroisse Saint-Ruf, le long du boulevard Gambetta à Avignon. Excédés, ils décrivent les vols réguliers dont ils sont victimes, dont certains se déroulent à l’intérieur même de l’église. Ils parlent des vélos, des scooters appartenant aux frères qu’on leur subtilise, des dégradations, des menaces et autres tentatives de racket… Et quand leurs idéaux de fraternité se heurtent à la logique froide de certains voyous des quartiers, ils crient leur ras-le-bol. Pour eux, un pas a été franchi lundi soir.
L’acte de trop qui a fait sortir l’archevêque d’Avignon de ses gonds. « En tant que responsable du diocèse, je dis ça suffit ! », tonnait hier matin Monseigneur Cattenoz. Le père Grégoire, l’un des six frères de la communauté a, en effet, été violemment agressé lundi soir. Alors qu’il se trouvait dans une ruelle derrière le presbytère, son téléphone portable à la main pour taper un texto, l’appareil lui a violemment été arraché des mains par un jeune, accompagné de trois complices. Mais le père Grégoire ne s’est pas laissé faire et a couru quelques mètres derrière le voleur jusqu’à parvenir à le traîner dans la cour du presbytère. Mais le religieux a eu toutes les peines du monde à maintenir son agresseur, d’autant que ses acolytes se montraient également menaçants.

Un coup-de-poing « Je le tenais par le poignet et il m’a donné un coup-de-poing » raconte le père Grégoire. Alertés par des cris, deux autres frères ont tenté d’intervenir en poursuivant les agresseurs qui seraient âgés d’une vingtaine d’années. « Mais ils nous ont menacés avec des couteaux, en disant ‘si t’avance, je te pointe’, nous les avons laissés partir… » complète le père Marie-Christophe, le curé de la paroisse.
Ces trois religieux étaient vêtus de leur soutane, leurs agresseurs ne pouvaient donc ignorer leur qualité de religieux. « Jusque-là, il n’y avait jamais eu d’atteintes physiques mais ces jeunes n’ont aucun respect. Ça ne les gêne pas de s’en prendre à des religieux. Nous portons l’habit, nous sommes facilement identifiables mais ces jeunes maghrébins ne respectent rien alors que nous avons des rapports d’une exceptionnelle qualité avec les anciens », note le père Marie-Christophe.

« Ce quartier devient une zone de non-droit, renchérit Monseigneur Cattenoz. Moi j’ai passé 15 ans en terre d’Islam et là-bas, l’habit se respecte.Ici, à côté de l’archevêché, on m’interpelle dans la rue parce que je porte une croix. Si on ne peut plus avoir une croix autour du cou ou tenir un téléphone portable dans la rue, alors ce sont ces jeunes qui font la loi ? » s’interroge l’archevêque. Les dégradations multiples dont nous sommes victimes, on dit que c’est du petit vandalisme, je souhaite que l’État réagisse et réfléchisse à la manière dont on peut vivre ensemble sans avoir peur. On ne peut pas accepter qu’un prêtre en habit soit l’objet d’agressions ». Monseigneur Cattenoz appelant même de ses voeux qu’un groupe « Vaucluse espérance » puisse voir le jour sur le modèle qui existe déjà à Marseille dans lequel des religieux de toutes les confessions parlent d’une même voix. « Ne laissons pas ce feu se répandre, implore l’archevêque. Sinon, je me demande à quel pays on se prépare »…

Hier, dans un communiqué, Marie-Josée Roig, maire d’Avignon, s’est dit « consternée par cet acte inqualifiable », ajoutant que « notre pacte républicain ne peut tolérer des attaques aussi violentes perpétrées par certains avec un sentiment d’impunité insupportable ».

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