Nuit d’émeute ce dimanche/lundi : Athènes in fire ! Le vote du plan d’austérité par le Parlement grec a déclenché une vague de violence sans précédent en Grèce. De véritables scènes de guérilla urbaine. À l’annonce de l’adoption par le Parlement du troisième plan d’austérité, ce sont 100 000 Grecs qui se sont précipités dans les rues du pays pour en découdre avec les forces de l’ordre. Le bilan est lourd : plus de 120 blessés et 45 bâtiments endommagés à Athènes. Le gouvernement grec a tenté d’éteindre le feu, lundi, en annonçant des législatives anticipées.
Une page complète très bien faite sur « le point.fr » : ICI !
Lire notamment ICI l’analyse de politologue grec Georges Contorgeorgi expliquant au Point.fr pourquoi les manifestants ont sombré dans la violence : « La classe politique grecque, une oligarchie pillant la société ».
« Il serait relativement facile d’arrêter tous les auteurs de fraudes sociales, par l’intermédiaire de leurs comptes bancaires. Mais le gouvernement n’en fera rien, l’ensemble de la classe politique grecque étant concernée. Il en va de même pour l’administration publique. Aujourd’hui, il est impossible d’obtenir ne serait-ce qu’un simple certificat, si vous ne payez pas. Si rien n’est fait contre ces fléaux, la Grèce ne sortira pas de la crise… Les manifestants ont le sentiment qu’on leur impose un plan d’austérité totalement antidémocratique. En effet, la Constitution est violée…visée ? La classe politique grecque, qui se comporte comme une véritable oligarchie pillant la société. La fraude fiscale est encore plus présente qu’auparavant. Le problème, ce n’est pas que les politiques ne peuvent pas, mais plutôt qu’ils ne veulent pas réduire les dépenses de l’État. »
L’analyse de la Tribune, après…
Crise grecque- 12/02/2012 | 18:55 – 951 mots
Athènes en feu tandis que le parlement adopte le plan d’austérité
Le parlement grec a approuvé lundi à une majorité de 199 voix sur 300 la loi d’austérité très impopulaire destinée à assurer l’octroi au pays d’une deuxième aide financière de la part de l’Union européenne et du Fonds monétaire international et à éviter une cessation de paiement. Des violences et des incendies ont éclaté dans le centre d’Athènes pendant que les députés débattaient du texte, qui prévoit notamment 3,3 milliards d’euros d’économies via des baisses des salaires et des retraites.
Environ 80.000 personnes ont manifesté ce soir à Athènes et 20.000 à Salonique (nord) contre les mesures de rigueur, dictées par l’UE et le FMI, que les députés s’apprêtaient à voter dans la soirée au Parlement, a-t-on indiqué de source policière. A Athènes, des dizaines de milliers de manifestants ont commencé à affluer à 15h sur la place Syntagma devant le Parlement et continuaient d’affluer sur les lieux jusqu’à 18h malgré les gaz lacrymogènes tirés par la police pour disperser la foule.
En marge des manifestations anti-austérité, plus de dix bâtiments, vides, étaient en flamme ce soir dans le centre d’Athènes, incendiés pour la plupart par des jets de cocktails molotov, a-t-on appris auprès des pompiers et de la police. « Une dizaine de bâtiments sont en flammes, dont la plupart à cause de cocktails Molotov », a indiqué à l’AFP Nikolaos Tsongas, porte-parole des pompiers. Selon lui, les véhicules de pompiers ne peuvent pas s’approcher des lieux des sinistres en raison du nombre de gens dans les rues. Selon la police, qui a appelé les citoyens à aider les pompiers à participer à la lutte anti-incendie, le nombre de bâtiments en feu s’élevait à 18.
Dans la rue Stadiou, un bâtiment d’un étage, siège d’un magasin de cristaux de luxe et le cinéma voisin brulaient encore vers 19h45 malgré l’intervention de deux brigades de pompiers, a constaté un journaliste de l’AFP. Le magasin à l’enseigne Kosta Boda, voisin d’un cinéma, brûlait depuis une heure lorsque les pompiers sont arrivés vers 19h Le toit en céramiques s’est effondré, les flammes passant au dessus et gagnant le cinéma Attikon, un des plus connus de la ville.
Dans la soirée, la rue Stadiou où se trouve le magasin en feu et le cinéma, qui part de la place Syntagma, a été le théâtre d’affrontements entre la police et des groupes de manifestants. Le sol de la rue est jonché de bouts de marbre utilisés comme munitions par les manifestants.
Pendant ce temps, les débats au parlement sur le vote des mesures d’austérité contestaient dans la rue se poursuivaient. Antonis Samaras, président de la Nouvelle Démocratie (droite) représenté au gouvernement de coalition, a appelé les députés à voter le paquet de mesures prévoyant à la fois un désendettement et un renflouement du pays en échange de mesures réduisant le niveau de vie des Grecs, un moment « déterminant et crucial » dans l’histoire de la Grèce.
Un « puit sans fond«
Le Premier ministre grec Lucas Papadémos grec a mis en garde contre le « chaos économique » en cas de rejet, tandis que l’Allemagne a prévenu que la Grèce devait cesser d’être un « puits sans fond »‘.
Après trois jours de tensions et de menaces politiques, le Parlement a commencé peu après 14h00 (12h00 GMT) à examiner le projet de loi visant à économiser 3,3 milliards d’euros grâce notamment à une baisse des salaires, des retraites et des suppressions d’emplois publics.
Le vote doit intervenir avant minuit (22h00 GMT), a annoncé le ministre des Finances, Evangelos Venizelos, « parce que lundi matin, les marchés bancaires et financiers doivent avoir reçu le message que la Grèce peut et va survivre ».
« Si la loi n’est pas adoptée, le pays ira à la banqueroute », a prévenu le ministre lorsqu’un député communiste a jeté les pages du projet de loi sur le sol de l’Assemblée.
Une vingtaine de députés de la coalition de Lucas Papadémos ont menacé ces derniers jours de voter contre le texte et six membres du gouvernement ont présenté leur démission, mais le Premier ministre conserve théoriquement le soutien d’une large majorité.
A l’extérieur du Parlement, la police a tiré des grenades lacrymogènes pour tenter de disperser des manifestants qui jetaient des pierres et des cocktail Molotov sur la place Syntagma.
Il s’agit de la mobilisation la plus forte depuis des mois de manifestations contre les mesures de sécurité. La plupart des manifestants ont battu en retraite mais des échauffourées se poursuivaient en milieu d’après-midi.
« Il y a du gaz lacrymogène jusqu’à l’intérieur de l’Assemblée », a déclaré un député communiste, Panagiotis Lafazanis.
« PUITS SANS FOND »
Le nouveau plan d’austérité est le prix à payer pour obtenir le déblocage d’un programme d’aide de 130 milliards d’euros de l’UE et du FMI – le deuxième depuis 2010.
La Grèce doit toucher cette somme avant le 20 mars pour pouvoir rembourser un emprunt d’Etat de 14,5 milliards d’euros.
L’Allemagne a fait monter la pression d’un cran dimanche en prévenant que l’Europe attendait des actes et non des mots.
« Les promesses de la Grèce ne sont plus suffisantes à nos yeux », a prévenu le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.
Evoquant le nouveau plan d’austérité sur lequel les députés grecs doivent se prononcer ce dimanche, le ministre souligne dans un entretien publié par le Welt am Sonntag que les précédents n’ont pas été mis en oeuvre dans leur intégralité.
Wolfgang Schäuble rappelle que les Allemands sont majoritairement favorables à une aide internationale en faveur de la Grèce. « Mais il est important de dire qu’elle ne peut être un puits sans fond. C’est pourquoi les Grecs vont finalement devoir obstruer ce puits. Alors, nous pourrons y mettre quelque chose. Au moins, les gens commencent maintenant à réaliser que cela ne marchera pas avec un puits sans fond.
« La Grèce doit faire ses devoirs pour devenir compétitive, que cela passe par un nouveau plan de sauvetage ou par une autre voie que nous ne souhaitons pas prendre (…) », poursuit-il évoquant une sortie de la zone euro.
Prié de dire si une telle issue est envisageable, Wolfang Schäuble répond: « Tout se trouve entre les mains des Grecs eux-mêmes. Mais, même dans cette éventualité, sur laquelle personne ne table, ils resteraient partie intégrante de l’Europe ».
« Nous sommes heureux d’apporter notre aide, mais nous ne devons pas donner à d’autres l’impression qu’ils n’ont pas fait suffisamment d’efforts. Chaque Etat est responsable de lui-même », explique-t-il.
Les policiers grecs menacent les représentants de l’UE et du FMI
Par latribune.fr avec Reuters
Le principal syndicat de policiers en Grèce menace de réclamer des mandats d’arrêt contre les émissaires de l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) imposant la mise en oeuvre de mesures d’austérité fortement impopulaires.
Dans une lettre dont Reuters a eu connaissance vendredi, la Fédération de la police grecque accuse ces représentants des bailleurs de fonds internationaux de la Grèce de « chantage, tentatives de subrepticement abolir ou ronger la démocratie et la souveraineté nationale ».
Cette lettre précise que l’une des personnalités visées est Poul Thomsen, le principal représentant du FMI en Grèce. La missive a aussi été adressée à Klaus Masuch, chef de la délégation de la Banque centrale européenne (BCE), et à Servaas Deroos, ancien inspecteur en chef de la Commission européenne en Grèce.
Cette menace est essentiellement symbolique puisque, soulignent des experts des questions juridiques, un mandat d’arrêt doit d’abord être émis par un juge. Cette initiative illustre cependant l’ampleur de la colère de la population grecque face aux baisses de salaires et aux coupes claires dans les budgets de l’Etat exigées par les créanciers internationaux de la Grèce.
« Comme vous poursuivez cette politique destructrice, nous vous prévenons que vous ne pouvez nous contraindre à nous battre contre nos frères. Nous refusons de nous élever face à nos parents, nos frères, nos enfants ou tout citoyen manifestant ou exigeant un changement de politique », souligne le syndicat, qui représente plus de deux tiers des effectifs policiers de la Grèce.
« Nous vous prévenons que, en tant que représentants légaux des policiers grecs, nous allons émettre des mandats d’arrêts pour une série d’infractions légales (…) telles que chantage, tentatives de subrepticement abolir ou ronger la démocratie et la souveraineté nationale. »
Un responsable syndical a cependant souligné que cette lettre constituait une manifestation symbolique de solidarité avec la population et que les policiers continueraient de lutter contre les débordements lors des manifestations.
Les policiers sont directement confrontés à la colère populaire qui se manifeste régulièrement à l’occasion de rassemblements devant le parlement à Athènes. Le slogan « Policiers, porcs, assassins » est régulièrement scandé ou inscrit sauvagement sur les murs.
Plusieurs milliers de personnes se sont à nouveau rassemblées vendredi à Athènes pour manifester contre de nouvelles mesures d’austérité entérinées par le gouvernement sous la pression des créanciers internationaux. (Lila Chotzoglou, Bertrand Boucey pour le service français)