Antisémistisme en France : la bête immonde est de retour

Yaël Braun-Nivet, présidente de la commission des lois de l'Assemblée nationale victime de menaces et d'insultes sexistes et antisémites (crédit: Vlgvlgvlg/Wikimedia Commons)Menaces antisémites envers Braun-Pivet : séance suspendue à l’Assemblée. Le parquet de Paris a indiqué avoir ouvert une enquête préliminaire ; le ministre de la Justice avait condamné ces injures qui « sont adressées à la Nation toute entière »

Yaël Braun-Nivet, présidente de la commission des lois de l’Assemblée nationale victime de menaces et d’insultes sexistes et antisémites (crédit: Vlgvlgvlg/Wikimedia Commons)

La députée LREM Yaël Braun-Pivet, présidente de la commission des Lois, a reçu jeudi le soutien de l’ensemble de l’Assemblée nationale après avoir été visée par un courriel d’injures et menaces à caractère antisémite, désormais objet d’une enquête du parquet de Paris.

« ‘Youpine, prépare-toi, bientôt les camps à nouveau’. Face à de telles immondices : dénoncer, porter plainte, ne jamais rien laisser passer », a écrit la députée sur Twitter.

Le mail, reçu jeudi, devait faire l’objet d’une plainte dans la journée, selon son cabinet. En début de soirée, le parquet de Paris a indiqué à l’AFP avoir ouvert une enquête préliminaire confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP).

Devant l’Assemblée, le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti avait lui-même annoncé le lancement de cette procédure. « Ces propos sont à vomir (…) ces injures sont adressées à la Nation toute entière », et « je le souhaite de tout cœur : justice sera faite », a-t-il ajouté devant Mme Braun-Pivet.

Le président de séance David Habib (PS) avait tenu auparavant à dénoncer des « propos abominables », et proposé une suspension des travaux pour marquer la « désapprobation » des députés et en parler avec le ministre.

« Dans le pays, il y a des femmes et des hommes victimes des mêmes expressions de racisme, d’antisémitisme » et « il n’est plus question » de les accepter, avait ajouté M. Habib.

Plusieurs députés ont ensuite pris la parole dans le même sens. « Le fascisme, il rampe (…) il se banalise », a pointé le patron des députés LREM Christophe Castaner.

« Ma famille est venue en France pour fuir les nazis dans les années 30 », a retracé Mme Braun-Pivet, se disant « particulièrement émue » de voir « la représentation nationale unie » ce jour.

« Infâme et insupportable. Tout mon soutien chère Yaël Braun-Pivet », a aussi tweeté le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.

En juillet 2018, Yaël Braun-Pivet, alors co-rapporteure LREM de la commission d’enquête sur l’affaire Benalla à l’Assemblée, avait déposé plainte pour des injures sexistes et des menaces à caractère antisémite, après des dizaines de messages, notamment sur Twitter.

Trois personnes seulement avaient pu « être identifiées et avaient fait l’objet de contraventions de quatrième classe », indique l’entourage de Mme Braun-Pivet.

Yvelines : Insultes antisémites et croix gammées sur le casier d’un policier. La porte du casier a été couverte de l’inscription « Sale Juif » et de deux croix gammées à côté du nom de famille du policier

ImageImageApril BENAYOUM, Miss France, cible d’attaques antisémites :

Yvelines : Insultes antisémites et croix gammées sur le casier d’un policier

La porte du casier a été couverte de l’inscription « Sale Juif » et de deux croix gammées à côté du nom de famille du policier

Des motards CRS à Strasbourg. (Crédit : Kevin.B / CC BY-SA 3.0)

Des motards CRS à Strasbourg. (Crédit : Kevin.B / CC BY-SA 3.0)

Un policier de la CRS 1 de Vélizy-Villacoublay (Yvelines) a retrouvé son casier professionnel tagué d’insultes antisémites et de croix gammées le 4 février dernier, a rapporté Le Parisien. Le policier a déposé plainte et une enquête a été ouverte par le commissariat de Versailles.

La porte du casier a été couverte de l’inscription « Sale Juif » et de deux croix gammées à côté du nom de famille du policier.

« C’est extrêmement grave car les policiers sont chargés de la protection des citoyens et de la lutte contre tous les racismes et l’antisémitisme », a réagi Sammy Ghozlan, président du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA).

Le responsable associatif a appelé à ce que l’auteur du tag soit « sanctionné, exclu de la police et qu’il passe en jugement ». Il a également chargé son avocat de déposer plainte.

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Refus de livraison casher/Deliveroo: une « manifestation de haine » pour Israël

« Je suis venu dire qu’il est temps que l’on comprenne que l’antisionisme et l’antisémitisme sont le même fléau qui nourrit et alimente la même haine ancestrale », a déclaré D. Saada

Daniel Saada, ambassadeur d'Israël en France, à la Grande synagogue de Strasbourg, le 13 janvier 2021. (Capture d'écran YouTube)

Daniel Saada, ambassadeur d’Israël en France, à la Grande synagogue de Strasbourg, le 13 janvier 2021. (Capture d’écran YouTube)

L’ambassadeur d’Israël en France, Daniel Saada, a dénoncé mercredi à Strasbourg (Grand-Est) une « manifestation de haine », après le refus d’un livreur Deliveroo de prendre en charge des commandes dans des établissements tenus par des restaurateurs juifs, et leur a exprimé son soutien.

« Je suis venu dire qu’il est temps que l’on comprenne que l’antisionisme et l’antisémitisme sont le même fléau qui nourrit et alimente la même haine ancestrale », a-t-il déclaré à la presse.

A Strasbourg, deux plaintes ont été déposées le 7 janvier par deux restaurateurs suite au refus, par un livreur de la plate-forme Deliveroo à chaque fois, de prendre en charge une commande dans leur établissement.

La venue de l’ambassadeur a été saluée par les deux restaurateurs, qui se sont dits « surpris et contents » de cette manifestation de soutien. « Sa venue est importante, ça peut faire bouger les choses. Il faut que de tels faits soient pris au sérieux », a témoigné l’un d’eux, Salomon, qui n’a pas souhaité préciser son nom de famille. « Ça fait onze ans que je travaille dans la restauration, c’est la première fois que cela m’arrive, il ne faut pas laisser passer ça ».

Une enquête a été ouverte, au moins une personne a été interpellée et était toujours auditionnée mercredi, a appris l’AFP de sources concordantes.

« Cet évènement a choqué les gens, parce que Deliveroo, ça fait partie de leur quotidien, ce sont des gens qui viennent chez eux, et ils se rendent compte que parmi les livreurs, certains sont malveillants », a souligné Thierry Roos, porte-parole du Consistoire israélite du département du Bas-Rhin.

« Cette haine des Juifs a germé dans la génération qui monte, celle des jeunes adultes, qui sont imprégnés de cet antisémitisme dont ils ne connaissent même pas le fond », a-t-il déploré.

« Comme pour la candidate au concours Miss France [April Benayoum] conspuée pour avoir simplement évoqué l’origine israélienne de son père », a ajouté M. Saada, en référence aux messages antisémites qui avaient visé une candidate du célèbre concours de beauté français, fin décembre 2020.

De son côté, Deliveroo a indiqué prendre « cet incident très au sérieux » et a lancé une enquête interne. « J’ai été très choquée d’apprendre l’incident », a déclaré Melvina Sarfati El Grably, directrice générale de l’entreprise en France, dans un message posté sur les réseaux sociaux. « L’antisémitisme, pas plus qu’aucune autre forme de racisme, n’a pas sa place chez Deliveroo ».

 

4 mois de prison pour un livreur Deliveroo ayant refusé de servir des Juifs

Le jeune Algérien est arrivé en France avec un visa de tourisme il y a près d’un an. Deliveroo, « pas particulièrement coopérative ni très réactive » avec la police pour l’identifier

Un Algérien de 19 ans a été condamné jeudi à quatre mois de prison ferme par le tribunal correctionnel de Strasbourg (est) pour discriminations fondées sur la religion, après avoir refusé de livrer les commandes de deux restaurants casher servant de la cuisine israélienne de Strasbourg.

« Toute discrimination est interdite en France par la loi. On doit respecter tout le monde dans ce pays », a insisté le président du tribunal Bertrand Gautier, en rendant la décision qui est assortie d’un mandat de dépôt.

Jugé en comparution immédiate, le jeune homme, arrivé en France avec un visa de tourisme il y a environ un an et désormais présent de manière illégale sur le territoire, fait également l’objet d’une obligation de quitter le territoire français émise par la préfecture.

En fin de semaine dernière, deux restaurateurs strasbourgeois avaient porté plainte, après s’être vu annuler la prise en charge de leur commande par un livreur de l’entreprise de livraison de repas Deliveroo, après avoir indiqué, à la demande du livreur, que leurs établissements faisaient de la cuisine israélienne.

A l’audience, l’un des restaurateurs a réaffirmé que ce livreur, qui utilisait le compte Deliveroo d’un autre, lui avait dit « Je ne livre pas les Juifs » avant d’annuler la commande devant lui.

Aidé par un interprète, le livreur a lui reconnu avoir annulé les commandes, mais pas avoir prononcé cette phrase.

L’avocat des deux restaurateurs, Me Raphaël Nisand, a estimé à l’issue de l’audience que « la justice a bien parlé », mais a néanmoins regretté que Deliveroo n’ait pas été concerné par une action en justice.

Alors que Deliveroo avait affirmé lundi prendre « cet incident très au sérieux », le président du tribunal a déclaré à l’audience que l’entreprise n’avait « pas [été] particulièrement coopérative ni très réactive » avec la police pour identifier ce livreur, qui utilisait les accès à la plateforme d’une personne et se faisait verser l’argent de ses livraisons sur le compte d’une troisième personne.

« Nous sommes soulagés de l’issue de cette enquête, qui a permis d’identifier l’auteur de ces faits odieux, grâce à la coopération étroite de Deliveroo avec les services de police », a de son côté affirmé la directrice générale de Deliveroo, Melvina Sarfati El Grably, dans un message écrit transmis à l’AFP.

L’entreprise a indiqué avoir « pris la décision irrévocable de mettre un terme à notre partenariat avec le titulaire du compte, pour manquement grave », celui-ci ayant « en effet prêté son compte de manière illégale à l’auteur des faits, pratique que nous condamnons ».

Le livreur a également été condamné à verser 1 000 euros à chacun des restaurateurs au titre de préjudice moral, ainsi que des dommages et intérêts à SOS Racisme Alsace, au Mrap, à la Licra Bas-Rhin, au Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA), au Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) et au Consistoire israélite du Bas-Rhin, qui s’étaient portés partie civile.

« La main des juges n’a pas tremblé devant l’antisémitisme », s’est réjoui la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) sur Twitter.

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Jack Lang, président de l’IMA, interpellé pour son soutien à Houria Bouteldja

Olivier Dussopt, ministre délégué chargé des Comptes publics, a réagi à la polémique autour d’Houria Bouteldja, qui a déclaré qu’on ne « pouvait pas être Israélien innocemment »

Houria Bouteldja, alors porte-parole du parti des Indigènes de la République, dans l’émission Ce soir (ou jamais !) sur France 2 en mars 2016. (Crédit : capture d’écran YouTube / Ce soir ou jamais)

Houria Bouteldja, alors porte-parole du parti des Indigènes de la République, dans l’émission Ce soir (ou jamais !) sur France 2 en mars 2016. (Crédit : capture d’écran YouTube / Ce soir ou jamais)

Dimanche, Olivier Dussopt, ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargé des Comptes publics, a réagi à la récente polémique autour d’un texte de la militante Houria Bouteldja, salariée de l’Institut du Monde arabe.

« Chacune des déclarations d’Houria Bouteldja sont abjectes et donnent la nausée. C’est le contraire de mon engagement politique », a-t-il déclaré face à Frédéric Haziza au micro de Radio J.

« Je renvoie Jack Lang à sa responsabilité de président de l’IMA […]. Il faut toujours faire attention au droit du travail, [mais] je ne serais pas heureux de l’avoir [Houria Bouteldja] dans mes équipes », a ajouté le ministre.

Houria Bouteldja, ex-porte-parole du parti des Indigènes de la République et salariée de l’Institut du monde arabe, a publié le 24 décembre dernier sur son blog Mediapart un texte depuis dépublié car ne « respectant pas la Charte de participation ».

Dans celui-ci, elle réagissait aux insultes antisémites dont a fait l’objet Miss Provence lors de la dernière élection de Miss France, écrivant notamment qu’on « ne peut pas être Israélien innocemment ».

Outre Olivier Dussopt, de nombreux responsables associatifs, communautaires et des internautes ont réagi, faisant part de leur effroi. La Licra a indiqué qu’elle « examinait l’opportunité de saisir la justice du texte d’Houria Bouteldja. Car, à supposer l’infraction pénale établie, on ne peut pas être antisémite innocemment ».

L’avocat Gilles-William Goldnadel, président d’Avocats Sans Frontières, a lui aussi annoncé sa volonté de saisir la justice contre Houria Bouteldja.

Après un bref appel du magazine Marianne à Jack Lang, lors duquel celui-ci a affirmé qu’il n’avait « aucun problème » avec Bouteldja, qu’elle respectait « absolument le droit du travail », Francis Kalifat, président du CRIF, a accusé : « Jack Lang, vous vous réfugiez derrière le droit du travail pour justifier votre absence de réaction aux propos antisémites d’Houria Bouteldja. Peut-être que la morale vous donnera l’opportunité d’une réaction et imposera le retrait de son livre Les Blancs, les Juifs et nous ? »

Dans ce livre, au titre racialiste assumé, vendue à la boutique de l’IMA, Bouteldja professait notamment : « J’appartiens à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l’Algérie, à l’islam. » Elle disait également voir l’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad comme un « héros » après qu’il a nié à la tribune de l’ONU qu’il y avait des homosexuels en Iran, et dénonçait le traitement de la Shoah dans les écoles françaises, se disant avoir été « bien dressée » à pleurer Anne Frank et à « abhorrer [Adolf Hitler], l’homme de la solution finale, l’homme du judéocide ».

Parmi d’autres saillies extrêmes, Houria Bouteldja a écrit : « Mohammed Merah c’est moi et moi je suis lui. Nous sommes de la même origine et surtout de la même condition. Nous sommes des sujets postcoloniaux. Nous sommes des indigènes de la république… Je dis ce soir, je suis musulmane fondamentale. »

Imad Ibn Ziaten, Abel Chennouf, Mohamed Legouad, Jonathan, Gabriel et Aryeh Sandler, Myriam Monsonégo ont été tués entre le 11 et le 19 mars 2012 par Mohamed Merah, à Montauban et Toulouse.

Ou encore : « Les Juifs sont les boucliers, les tirailleurs de la politique impérialiste française et de sa politique islamophobe. »

Au sujet de son texte du 24 décembre pour son blog Mediapart, Houria Bouteldja a depuis écrit qu’il avait été indûment interprété comme antisémite par les « instigateurs du bad buzz qui ne perdent aucune occasion d’empoisonner le débat », et qu’il s’agissait en fait « d’une contribution à la lutte contre le colonialisme mais aussi contre l’antisémitisme ».

« La citation incriminée de mon texte n’est qu’une paraphrase d’Aimé Césaire : ‘nul ne colonise innocemment’ = ‘on ne peut pas coloniser innocemment’ = ‘on ne peut pas être Israélien innocemment’ », se défend-elle, ajoutant que « cette ‘non innocence’ n’est pas le fait des seuls Israéliens. Elle s’étend à tout État impérialiste », dont la France. « Ainsi, je peux tout aussi bien écrire : ‘aucun Français n’est innocent’, à commencer par moi », écrit-elle.

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Le parquet ouvre une enquête après les tweets antisémites visant April Benayoum

La Licra, le B’nai B’rith France, l’Organisation juive européenne et le BNVCA avaient indiqué qu’ils déposeraient plainte

April Benayoum. (Crédit : capture d'écran Instagram)

April Benayoum. (Crédit : capture d’écran Instagram)

Une enquête pour « injures à caractère raciste et provocation à la haine raciale » a été ouverte lundi après des messages antisémites diffusés sur les réseaux sociaux lors de l’élection de Miss France 2021 visant la première dauphine, a indiqué le parquet de Paris.

L’élection samedi soir comme première dauphine de Miss Provence, April Benayoum, qui avait révélé que son père était d’origine israélienne, avait suscité de nombreux commentaires antisémites sur les réseaux sociaux, déclenchant de vives réactions de la classe politique.

La ministre déléguée chargée de la Citoyenneté Marlène Schiappa a elle annoncé avoir adressé un signalement au Procureur.

« Que ceux qui y voient l’opportunité de déverser leur haine antisémite sachent que la justice leur fera ouvrir grand les yeux », avait écrit le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti.

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France: April Benayoum, Miss Provence, cible de tweets antisémites

La ravissante participante a été visée par de très nombreux commentaires antisémites sur les réseaux sociaux après avoir révélé que son père était d’origine israélienne

April Benayoum a été visée depuis samedi par de très nombreux commentaires antisémites sur les réseaux sociaux après avoir révélé que son père était d'origine israélienne. (Crédit : Instagram April Benayoum)

April Benayoum a été visée depuis samedi par de très nombreux commentaires antisémites sur les réseaux sociaux après avoir révélé que son père était d’origine israélienne. (Crédit : Instagram April Benayoum)

Plusieurs élus ont dénoncé dimanche sur Twitter une « abomination » et des propos « inadmissibles » après des tweets antisémites contre la ravissante Miss Provence, qui a terminé samedi première dauphine du concours Miss France.

« La haine antisémite et antisioniste se déploie contre miss Provence. Insupportable », a affirmé la présidente déléguée des députés LREM, Aurore Bergé.

« Inadmissible. Soutien à April Benayoum face à la haine antisémite qui sévit sur les réseaux sociaux. Il est temps que ça cesse », a écrit la députée LREM Laetitia Avia, tandis que son confrère Pieyre-Alexandre Anglade parlait d’un déferlement « ignoble » et qui « exige une condamnation unanime ».

April Benayoum a été visée depuis samedi par de très nombreux commentaires antisémites sur les réseaux sociaux après avoir révélé que son père était d’origine israélienne.

Interrogée dimanche sur BFMTV, Amandine Petit, élue Miss France, a jugé « extrêmement décevants » ces « propos déplacés » visant sa dauphine, à qui elle a apporté son « soutien ».

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin s’est dit « profondément choqué » et a affirmé que « les services de police et de gendarmerie sont mobilisés » tandis que la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa a indiqué qu’elle adressait au procureur un signalement sur la base de l’article 40 du code de procédure pénale, qui impose à toute autorité publique de signaler une infraction dont elle a connaissance.

« Rendez-vous devant la justice pour les twittos qui hier soir ont transformé Twitter en cloaque antisémite contre Miss Provence », a promis de son côté la Licra, en invitant les internautes à signaler les contenus sur son site afin de mener « une action de groupe ».

L’union des étudiants juifs de France (UEJF) a elle dénoncé « un concours d’antisémitisme ».

A droite, le président LR de la région Paca Renaud Muselier a déploré une « abomination », soulignant qu’April Benayoum est « française, d’origine italienne et israélienne, provençale, du sud » et « représente parfaitement notre région et notre pays ».

« Nous devons tous condamner cette haine et combattre cette bête immonde », a affirmé le président de la région LR Grand Est Jean Rottner, tandis que le député LR Eric Ciotti estimait que « le combat contre l’antisémitisme n’est pas terminé ».

A gauche, le sénateur PS Rachid Temal a apporté son « soutien » à April Benayoum, accompagné d’une « condamnation de tous ces fachos lâchement anonymes ».

« Insupportable antisémitisme. Ne rien laisser passer », a souligné l’ancien Premier ministre Manuel Valls.

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel s’est interrogé : « twitter complice? » en rappelant que « l’antisémitisme, le racisme sont des délits depuis la loi Gayssot ».

L’élu RN (et membre du bureau) Julien Odoul a lui estimé que « l’immigration massive et l’absence d’assimilation peuvent donc pourrir un concours de Miss France », tandis que l’eurodéputé Gilbert Collard affirmait que « vraiment, ces sales cons salissent tout ! »

TF1, Endemol et les organisateurs de cette 91e cérémonie ont eux aussi condamné « fermement les propos haineux et antisémites proférés » sur les réseaux sociaux.

Tradition oblige, l’animateur juif vedette, Jean-Pierre Foucault, 73 ans, animait la cérémonie pour la 26e fois. Le jury 2021 était composé uniquement d’ex-Miss.

Avec 8,6 millions de téléspectateurs, TF1 a réalisé une part d’audience de 41,5% en moyenne sur l’émission, la meilleure audience pour ce programme depuis 2006, selon la chaîne. Les téléspectateurs ont été jusqu’à 10,4 millions à regarder la cérémonie à un moment donné. L’élection de Miss France 2020 avait réuni 7 millions de téléspectateurs.

Endemol, une société de production, a racheté le concours Miss France à la famille de Fontenay en 2002. Figure emblématique de ces concours de beauté, Geneviève de Fontenay, 88 ans, était absente samedi soir, estimant qu’il s’agissait d’un « faux centenaire ». « C’est en 1927 qu’a eu lieu le premier concours Miss France à la demande à l’époque de Miss Univers », avait expliqué à l’AFP Mme de Fontenay.

Après l’élection la dame au chapeau a néanmoins accordé un bon point aux organisateurs, estimant dans un communiqué que « les Miss étaient très élégantes dans leur maillot de bain avec la cape », et félicitant Amandine Petit pour son élection.

Centenaire ou pas, ce concours reste un anachronisme pour beaucoup de féministes. « 100 ans de sexisme, ça suffit », a ainsi lancé Fabienne El-Khouri, l’une des porte-parole d’Osez le féminisme. L’association voit dans cette élection « un concours sexiste et ringard », réduisant les femmes à un rôle de « potiche ».

 

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