A quoi joue le QATAR ?

 

1804-QatarLibanUn excellent dossier spécial ICI!… http://www.courrierinternational.com/dossier/2013/04/17/a-quoi-joue-le-qatar

De Londres à Paris, en passant pas les îles grecques, de l’Afrique du Sud à l’Amérique latine, le Qatar est partout. De gros investissements dans la finance, le sport, les produits de luxe et l’art. En parallèle, l’émirat finance aussi les islamistes au Maghreb, les djihadistes en Syrie, sans oublier les Frères musulmans égyptiens.  Cette contradiction n’est qu’apparente. Derrière le soutien aux régimes islamistes des pays du « printemps arabe » se profilent des contrats de reconstruction pharaoniques. L’émirat veut surtout gagner de l’argent.

La priorité de l’émir du Qatar est d’assurer la prospérité et la sécurité de son minuscule royaume. Pour cela, il est prêt à tout. Coincé entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, l’émirat abrite la troisième ressource de gaz naturel de la planète. Le gaz représente 70 % des revenus de l’Etat et c’est grâce à son exploitation que presque 250 000 citoyens qataris affichent aujourd’hui l’un des plus hauts revenus par habitant au monde. Avec ses 160 kilomètres de long et 80 de large, le Qatar ne s’étend que sur 11 500 km2 [soit l’équivalent de l’Ile-de-France]. C’est “le pays le plus riche du monde”, aime-t-on à répéter à Doha. D’après les données du FMI pour l’année 2012, l’émirat est en fait deuxième dans le classement du PIB par habitant – avec 100  377 dollars [devant  la Norvège mais derrière  le Luxembourg]. Ce chiffre devrait atteindre 112 000 dollars d’ici à 2015. 1172-Kiosque

L’émir du Qatar Hamad ben Khalifa a récemment mis dans son escarcelle six îles grecques de la région d’Ithaque, pour la modeste somme de 8,5 millions d’euros. Le maire d’Ithaque, Ioannis Kassianos, s’est félicité  de la transaction et a même plaisanté en disant qu’il n’y avait pas assez d’îles grecques disponibles pour que l’émir puisse en donner une  à chacun des enfants qu’il  a eus avec ses trois épouses.

Si l’on en croit l’ampleur de la “coopération” entre les Etats-Unis et le Qatar depuis l’établissement de leurs relations diplomatiques, en 1972, ce à quoi il faut ajouter les deux bases américaines présentes dans ce pays, il semble impossible que le Qatar puisse agir de manière indépendante, parallèle, divergente ou opposée aux projets stratégiques et régionaux des Etats-Unis. Selon le département d’Etat américain, les “relations bilatérales sont solides” ! 

Puisque certains poids lourds du Moyen-Orient – telle l’Egypte – sont secoués par l’instabilité, le Qatar comble l’absence de leadership au Moyen-Orient. Le minuscule émirat du Golfe se montre depuis quelque temps hyperactif sur le front diplomatique : hier à la tête de la campagne visant à renverser le régime libyen, il tente aujourd’hui de faire la même chose en Syrie.Son heure de gloire risque bien cependant d’être éphémère.

 

QATAR – VU DU LIBAN • Les volte-face de l’émir m’ont épuisé

Jadis allié du Hezbollah libanais, le Qatar est devenu le nouveau grand Satan pour les intégristes chiites.
C’était plus facile quand le Qatar était dans le camp opposé du mien, quand l’émir du Qatar se faisait inviter au Liban par le Hezbollah. Il faut se remémorer l’immense pancarte à Bint Jbeil [ville chiite du Sud-Liban] sur laquelle on pouvait lire : « Merci au Qatar !« . Deux ans ont passé depuis, et voilà que je me retrouve confronté au défi de ne pas céder moi aussi et de dire « merci au Qatar ! » Je prétends ne pas être assez complaisant pour glisser sur cette pente, mais que faire ?Que faire face à ce pays, le plus puissant de la planète ? Plus fort que l’Amérique, puisque la politique étrangère de Washington est contrainte par les calculs de politique intérieure. Au Qatar, point de considérations intérieures. Sa diplomatie s’élabore dans un vide politique.
L’Emirat a pris les mêmes options que moi en Syrie. Que d’embarras ! Me voici en train de plaindre mon adversaire, qui un jour, comme moi aujourd’hui, s’était trouvé étreint par le Qatar. Comment aurait-il pu résister ? Fondamentalement, il ne s’en est d’ailleurs pas détourné.« Laisser la Syrie aux Syriens !« Mais moi dans tout cela, que dois-je faire ? Où que je me tourne, je tombe sur le Qatar, ce pays au pouvoir immense. Je lis des articles sur la Somalie et voilà que je vois que les programmes humanitaires du Qatar y sont douteux. Tout comme au Tchad. Sans parler de la Libye.Pour ce qui concerne la Syrie, le Qatar y a envoyé des correspondants d’Al-Jazira afin qu’ils filment des combattants islamistes. A Istanbul, il a prévu un hôtel cinq étoiles afin d’y accueillir l’opposition. Dans tout cela, les protégés du Qatar sont présents. Des islamistes. Bien-sûr, et rien que des islamistes.  Finalement, mes vœux ont été exaucés et j’ai pu éviter de dire « merci au Qatar ! »
Car le chef de la Coalition nationale syrienne Moaz Al-Khatib a pris la parole lors du sommet de la Ligue arabe pour dire : « Laissez la Syrie aux Syriens ! Nous vous demandons du soutien, mais nous ne voulons pas de ces combattants étrangers qui apportent avec eux des idées takfiristes [« excommunicateurs », tuant ceux qu’ils déclarent mécréants] ».
Et d’ajouter : « La Syrie appartient à tous les Syriens. Il n’y a pas de place pour ces groupes sanguinaires venant d’autres pays. » Pour conclure : « Craignez Dieu en vous présentant devant vos propres peuples ! »

 

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