Un survivant de la Shoah déclaré le plus vieil homme vivant au monde
Yisrael Kristal reste quatre ans plus jeune que la plus vieille dame vivante au monde, l’Américaine Susannah Mushatt Jones
Yisrael Kristal a cependant quatre ans de moins que la plus vieille femme vivante au monde, l’Américaine Susannah Mushatt Jones, née le 6 juillet 1899 et âgée de 116 ans.
Cet homme, 112 ans et 178 jours à la date de vendredi, succède dans les annales au Japonais Yasutaro Koide, mort en janvier à l’âge de 112 ans.
« Je ne connais pas le secret d’une longue vie », a dit M. Kristal, cité par Guinness, en recevant son certificat, « je pense que toute chose est déterminée de là haut et que nous n’en connaîtrons jamais les raisons ».
« Des hommes plus malins, plus forts et plus beaux que moi ne sont plus de ce monde. Tout ce que nous avons à faire est de travailler aussi dur que nous le pouvons et de reconstruire ce qui est perdu », a-t-il dit.
M. Kristal est né en 1903 à Zarnow, au centre de l’actuelle Pologne, alors sous domination russe.
Cette année-là, un programme radio est diffusé pour la première fois à travers l’Atlantique des Etats-Unis vers l’Angleterre. Cuba concède la baie de Guantanamo à perpétuité aux Etats-Unis. Les Bolcheviks mettent les Mencheviks en minorité. Et Maurice Garin remporte le premier tour de France.
M. Kristal survit à la Première Guerre mondiale et vit à Lodz, en Pologne nouvellement indépendante, jusqu’à l’invasion nazie en 1939. Il est déplacé avec sa famille dans le ghetto de la ville. Quatre ans plus tard, il est envoyé au camp de concentration d’Auschwitz.
Il perd sa femme et leurs deux enfants dans l’Holocauste et survit au travail forcé à Auschwitz et dans d’autres camps. Il ne pèse plus que 37 kilos quand les Alliés libèrent les camps, rapporte le Guinness.
Environ 1.100.000 personnes, dont un million de juifs, ont été tuées par les nazis dans le camp d’Auschwitz-Birkenau entre 1940 et 1945.
Seul rescapé de sa famille, M. Kristal émigre pour Haïfa, dans le nord d’Israël, avec sa seconde femme et leur fils en 1950. Il y tient une entreprise de confiserie prospère jusqu’à sa retraite.
Juif observant, il n’a manqué aucun des rites depuis un siècle, sauf pendant les guerres et l’Holocauste, dit le Guinness.
Les troubles du siècle passé l’ont cependant privé de l’importante Bar Mitzvah, la traditionnelle cérémonie juive pour les garçons de 13 ans.
Pour un peu, le tumulte l’aurait aussi privé de la reconnaissance du titre de doyen masculin de l’humanité. Le document le plus ancien dont disposait sa famille était son certificat de mariage à l’âge de 25 ans. Or le Guinness se fonde communément sur des actes de naissance et a dû entreprendre des recherches.
M. Kristal lui-même n’accorde plus d’entretien du fait de son grand âge. Sa fille Shula Koperstoch, interrogée par l’AFP, le décrit comme un « homme positif, très optimiste, avec beaucoup de coeur ».
Dans une interview en 2014 avec la télévision israélienne, M. Kristal avait été interrogé sur ce qu’il avait mangé tout au long de sa vie pour vivre si longtemps.
« Il n’y avait pas toujours de nourriture dans les camps. J’ai mangé ce qu’on m’a donné. Je mange pour vivre, je ne vis pas pour manger », avait-il dit.
Le record de longévité humaine officiellement reconnu est détenu par la Française Jeanne Louise Calment, qui a vécu 122 ans et 164 jours avant de s’éteindre en 1997.
Plus de 70 ans après la libération des camps, 190.000 rescapés de la Shoah vivent en Israël, selon les associations d’aide.