SYRIE : tournant majeur d’OBAMA, accompagné de l’OTAN…

Plus de 93.000 personnes, dont au moins 6.500 enfants, ont été tuées depuis le début de la guerre civile en Syrie en mars 2011, a annoncé jeudi l’ONU dans un rapport soulignant une forte augmentation du nombre de morts chaque mois. « J’exhorte les parties à déclarer un cessez-le-feu immédiat, avant que des dizaines de milliers de personnes soient encore tuées ou blessées », a déclaré la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay. « Les tueries incessantes se poursuivent à des niveaux outrageusement élevés, avec plus de 5.000 décès documentés chaque mois depuis juillet et 27.000 décès supplémentaires depuis le 1er décembre », a-t-elle précisé, soulignant que le nombre réel de personnes tuées pourrait être beaucoup plus élevé. « Il y a aussi eu des cas bien étayés d’enfants torturés et exécutés, mais aussi de familles entières, y compris les bébés, massacrées. Ces cas et le bilan très élevé de décès sont un terrible rappel du tour particulièrement vicieux qu’a pris le conflit », a déploré Mme Pillay. « Ce chiffre extrêmement élevé de meurtres, mois après mois, est le reflet de la nette détérioration du conflit au cours de l’année écoulée », a estimé Mme Pillay. Faisant référence au dernier rapport de la Commission d’enquête sur la Syrie, la patronne des droits de l’Homme à l’ONU a rappelé que « ce sont les civils qui sont les plus touchés par les attaques généralisées, violentes et souvent indiscriminées qui dévastent des pans entiers de grandes villes et les villages périphériques ».

La « ligne rouge » a été franchie en Syrie. Après des mois d’enquête, l’administration Obama a acquis la certitude que les forces de Bachar al-Assad avaient utilisé – et utilisent toujours – des armes chimiques pour contrer les rebelles en Syrie. La Maison Blanche a annoncé jeudi qu’elle octroierait une « assistance militaire directe à l’opposition syrienne ». « Au terme d’un examen mûrement réfléchi, nos services de renseignement sont arrivés à la conclusion que le régime d’Assad avait utilisé contre les opposants des armes chimiques, y compris du gaz sarin, à petite échelle mais à de multiples reprises l’an dernier », a expliqué à la presse Ben Rhodes, conseiller du président américain à la sécurité nationale…Les conclusions des enquêteurs américains ont été confirmées jeudi soir par Londres, qui a indiqué détenir de plus en plus de preuves de l’utilisation d’armes chimiques par les forces gouvernementales syriennes. Cette décision n’en constitue pas moins un tournant majeur, après l’approche prudente et passive adoptée jusqu’ici par l’Administration américaine. Ben Rhodes a précisé jeudi lors d’une conférence de presse téléphonique convoquée à l’impromptu que la confirmation de l’utilisation d’armes chimiques sur une «petite échelle» par le régime Assad à multiples reprises au cours de la dernière année, avait contribué, entre autres facteurs, à tremper la détermination du président. Il a expliqué qu’une ligne rouge inacceptable pour la communauté internationale avait été franchie avec ces actions.

« Obama avait dit que l’emploi d’armes chimiques changerait la donne et c’est le cas », a poursuivi le conseiller du président. Jusqu’à présent, la Maison Blanche apportait une aide non létale à l’insurrection. Mais ces derniers temps, les pressions américaines et étrangères en faveur d’un soutien militaire aux rebelles syriens se faisaient de plus en plus pressantes. D’autant que depuis quelques semaines, l’armée régulière syrienne, appuyée par des combattants chiites du Hezbollah libanais, multiplie les victoires contre les rebelles. Aider l’insurrection à combattre Assad sans pour autant armer les milices d’Al-Qaïda qui œuvrent en Syrie est désormais le principal défi des Occidentaux. Des responsables européens et américains doivent rencontrer ce vendredi en Turquie Salim Idriss, le commandant en chef de l’Armée syrienne libre (ASL), principale force combattante rebelle sur le terrain. Ils estiment qu’un soutien à ces troupes serait le meilleur moyen de contrer l’influence croissante de groupes radicaux liés à Al-Qaïda.

Selon le « Wall Street journal », l’armée américaine recommanderait en outre la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne le long de la frontière jordanienne, une zone sécurisée permettant aux réfugiés de s’abriter et aux rebelles de s’entraîner. La sécurité de la zone serait assurée par des avions américains stationnés en Jordanie. Une recommandation appuyée par le républicain John McCain, mais pour l’heure, aucune décision n’a encore été prise par l’administration américaine sur ce point. L’influent sénateur a également plaidé en faveur de la livraison d’armes lourdes : « Il est temps d’agir de façon décisive, a-t-il déclaré jeudi. Nous avons besoin d’armes lourdes capables de s’en prendre aux chars, et nous avons besoin de missiles sol-air […] La seule chose qui changera l’équation sur le champ de bataille est la destruction de la capacité aérienne [du régime Assad] et l’établissement d’une zone sûre » d’exclusion aérienne. »

Dans sa conférence de jeudi soir, Ben Rhodes a exclu toute implication des boys américains au sol, évoquant en revanche l’existence «d’autres options militaires» qui seront discutées dans les prochains jours avec les alliés et amis des États-Unis. Sur les autres options militaires, le conseiller a toutefois souligné qu’une zone d’interdiction de vol, hypothèse défendue avec insistance par le sénateur John McCain pour offrir une zone de repli sanctuarisée aux rebelles, comportait des risques d’embourbement et des difficultés pratiques dues à l’imbrication étroite des différentes forces militaires et des populations civiles, qui la rendent difficilement envisageable.

Si l’intention de Barack Obama est d’entraîner son partenaire russe dans un piège, la Russie n’est pas dupe. C’est ainsi qu’il faut comprendre les réactions de Moscou, plutôt prudentes, à l’annonce, par la Maison-Blanche, de l’utilisation par le régime Assad d’armes chimiques. Un peu plus tôt, le président du comité de la Douma pour les affaires étrangères, Alexeï Pouchkov, avait écrit sur son compte Twitter que les informations américaines étaient «fabriquées». Il les a comparées aux déclarations de Georges Bush de 2003 sur les «armes de destruction massive de Saddam Hussein» en Irak. «Obama suit la même voie que George Bush», avait ironisé le parlementaire russe.

Engagée avec Washington dans la préparation de la conférence internationale, dont elle souhaite ardemment la tenue, notamment pour tenter d’affirmer son propre leadership diplomatique, la Russie n’entend pas, à ce stade, faire un casus belli des déclarations américaines. Il y a une semaine, Vladimir Poutine avait déclaré aux Européens que son pays n’avait, «pour l’instant», pas livré ses missiles S 300 au régime syrien. » Toute intervention militaire américaine, quoique indirecte, conduirait Moscou à livrer à son tour ses S 300 au régime syrien.  Mais l’engagement des États-Unis dans la fourniture d’armes aux rebelles promet une explication de texte houleuse avec Vladimir Poutine au G8, ce dernier continuant de fournir au régime d’Assad des armements ultrasophistiqués. La conférence de Genève pourrait bien ne jamais voir le jour.

OTAN: « La communauté internationale a clairement prévenu que toute utilisation d’armes chimiques en Syrie était inacceptable et qu’elle constituait une violation du droit international. « C’est un sujet de grande préoccupation », a déclaré aujourd’hui le secrétaire général de l’Otan Anders Fogh Rasmussen. « La communauté internationale a clairement dit que tout recours à des armes chimiques était absolument inacceptable et constituait une rupture évidente de la loi internationale », a-t-il ajouté.

 La concommitance et le timing précis des rapports de l’ONU, des déclarations de l’OTAN et des décisions d’OBAMA semblent indiquer qu’une décision a été prise…vers un scénario lybien en Syrie ?  

 

Syrie : armes chimiques inacceptables

    • Par Le Figaro.fr avec Reuters
    • Mis à jour
    • Publié

                    La communauté internationale a clairement prévenu que toute utilisation d’armes chimiques en Syrie était inacceptable et qu’elle constituait une violation du droit international. « C’est un sujet de grande préoccupation », a déclaré aujourd’hui le secrétaire général de l’Otan Anders Fogh Rasmussen.
« La communauté internationale a clairement dit que tout recours à des armes chimiques était absolument inacceptable et constituait une rupture évidente de la loi internationale », a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis ont annoncé hier être parvenus à la conclusion que les forces de Bachar al Assad avaient utilisé des armes chimiques « à une échelle réduite et à plusieurs reprises contre l’opposition au cours de l’année écoulée », avançant un bilan de 100 à 150 morts.
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Obama se décide à fournir un soutien militaire aux rebelles syriens

Barack Obama le 12 juin. Le président a fini par conclure qu'une intervention plus directe des États-Unis en Syrie devenait indispensable.
Barack Obama le 12 juin. Le président a fini par conclure qu’une intervention plus directe des États-Unis en Syrie devenait indispensable.                                            Crédits photo : JIM WATSON/AFP

Cette décision constitue un tournant majeur, après l’approche prudente adoptée jusqu’ici par l’Administration américaine.

 

Correspondante à Washington

Déchiré entre son désir de porter assistance à un peuple en danger et son aversion presque physique à engager son pays dans un nouveau conflit de type Irak ou Afghanistan, le président Obama s’est fait violence, ce jeudi, en décidant d’annoncer par la voix de son conseiller Ben Rhodes qu’il allait apporter un «soutien militaire» aux rebelles syriens du Conseil militaire suprême dirigé par le général Sélim Idriss. Mais cette fois, ça y est, la décision, tant attendue dans les rangs de l’opposition syrienne, est claire et à effet immédiat, a précisé Ben Rhodes. «Nous allons aussi travailler à améliorer leurs communications…et leurs moyens de transport», a-t-il dit. Il s’est gardé en revanche d’expliciter quel type d’armes serait fourni. Des officiels ont précisé au New York Times que ces livraisons comporteraient essentiellement de petites armes et des munitions. La livraison de matériel antichar serait étudiée mais n’est pas encore à l’ordre du jour.

Cette décision n’en constitue pas moins un tournant majeur, après l’approche prudente et passive adoptée jusqu’ici par l’Administration américaine. Ben Rhodes a précisé jeudi lors d’une conférence de presse téléphonique convoquée à l’impromptu que la confirmation de l’utilisation d’armes chimiques sur une «petite échelle» par le régime Assad à multiples reprises au cours de la dernière année, avait contribué, entre autres facteurs, à tremper la détermination du président. Il a expliqué qu’une ligne rouge inacceptable pour la communauté internationale avait été franchie avec ces actions, précisant que quelque 100 à 150 personnes avaient péri dans ces attaques chimiques, selon les évaluations récoltées par les Américains.

Mais il est évident que l’implication directe de l’Iran et du Hezbollah libanais dans la bataille, et l’avantage spectaculaire repris sur le terrain par les forces du régime d’Assad, ont joué un rôle sans doute plus décisif encore dans le changement de pied de Washington. Tandis que leurs alliés européens s’efforçaient en solo de prendre des mesures pour empêcher le dictateur d’assassiner des milliers de ses concitoyens, les Américains ne pouvaient se permettre de rester sur le banc de touche plus longtemps, note le journal Politico. C’était un trop lourd aveu de faiblesse, vis-à-vis de la région, de ses alliés et de ses adversaires potentiels, notamment la Russie, qui se frottait les mains de cette paralysie américaine.

Dilemme moral

Depuis quelques jours, un débat vigoureux agitait les rangs de l’Administration, et les élites politiques semblaient mettre une pression accrue sur le président, pointant du doigt la menace d’extension du conflit à toute la région. L’irruption dans cette conversation géopolitique de Bill Clinton, qui a sous-entendu mardi soir à New York que le président se trouvait placé face au même dilemme moral que celui qu’il avait connu au moment du génocide du Rwanda, a sans doute pesé dans la balance.

Lors de plusieurs meetings à haut niveau cette semaine, le président, le secrétaire d’État John Kerry, le secrétaire à la Défense Chuck Hagel, et le conseiller à la sécurité nationale Tom Donilon, ont fini par conclure qu’une intervention plus directe des États-Unis devenait indispensable pour empêcher les forces d’Assad de triompher et d’arriver en position dominante à la Conférence de Genève censée se tenir en juillet. Tous sont des réalistes circonspects, et s’étaient déclarés jusqu’ici peu pressés d’impliquer l’Amérique. John Kerry et Susan Rice, la nouvelle conseillère à la Sécurité nationale, auraient, selon Politico, été plus moteurs dans la décision d’armer les rebelles que Donilon et Hagel.

Une aide ciblée

Dans sa conférence de jeudi soir, Ben Rhodes a exclu toute implication des boys américains au sol, évoquant en revanche l’existence «d’autres options militaires» qui seront discutées dans les prochains jours avec les alliés et amis des États-Unis.

Sur les autres options militaires, le conseiller a toutefois souligné qu’une zone d’interdiction de vol, hypothèse défendue avec insistance par le sénateur John McCain pour offrir une zone de repli sanctuarisée aux rebelles, comportait des risques d’embourbement et des difficultés pratiques dues à l’imbrication étroite des différentes forces militaires et des populations civiles, qui la rendent difficilement envisageable.

Dans ses explications, Rhodes a cité à maintes reprises le Conseil suprême militaire syrien dirigé par le général Idriss, indiquant ainsi que l’Amérique entendait cibler son aide en direction des groupes armés qu’il contrôle, en excluant en revanche de la chaîne les groupes islamistes durs comme al-Nosra. La peur d’armer des groupes proches d’al-Qaida avait jusqu’ici servi de justification majeure au refus d’Obama d’avaliser des livraisons d’armes. Rhodes a affirmé que Washington travaillerait à la cohésion du CSM et de l’opposition politique, pour que leur tandem devienne une force susceptible d’incarner l’alternance dans l’après-Assad.

Rhodes a en revanche noté que Washington continuait de soutenir l’idée de la conférence de Genève, proposée par les Russes, jugeant qu’une solution politique négociée restait la meilleure chance de succès pour la Syrie, même si «Assad ne peut faire partie de l’avenir» syrien. Mais l’engagement des États-Unis dans la fourniture d’armes aux rebelles promet une explication de texte houleuse avec Vladimir Poutine au G8, ce dernier continuant de fournir au régime d’Assad des armements ultrasophistiqués. La conférence de Genève pourrait bien ne jamais voir le jour.

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Syrie : Moscou soupçonne Washington de tenter un coup de bluff

Toute intervention militaire américaine risque de pousser Moscou à livrer ses missiles S 300 au régime syrien. Il s'agit d'un système de défense anti-aérienne sophistiqué, dont les batteries sol-air sont capables d'intercepter des avions et des missiles téléguidés.
Toute intervention militaire américaine risque de pousser Moscou à livrer ses missiles S 300 au régime syrien. Il s’agit d’un système de défense anti-aérienne sophistiqué, dont les batteries sol-air sont capables d’intercepter des avions et des missiles téléguidés.                                            Crédits photo : STR/AP

L’Administration Obama a fini par sauter le pas. Elle fournira un soutien militaire aux groupes rebelles de l’aile modérée de l’insurrection syrienne.

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Si l’intention de Barack Obama est d’entraîner son partenaire russe dans un piège, la Russie n’est pas dupe. C’est ainsi qu’il faut comprendre les réactions de Moscou, plutôt prudentes, à l’annonce, par la Maison-Blanche, de l’utilisation par le régime Assad d’armes chimiques. La Russie avait déjà été informée auparavant du recours au gaz sarin, et directement par son partenaire américain, a laissé entendre le conseiller du Kremlin pour la politique étrangère. Or, ces données «ne paraissent pas convaincantes», a déclaré Iouri Iouchakov. «Pour les Américains, il était important de jouer sur le fait que l’information a été transmise» à la Russie, a-t-il ajouté, comme si Moscou voyait une part de bluff dans l’annonce américaine.

Un peu plus tôt, le président du comité de la Douma pour les affaires étrangères, Alexeï Pouchkov, s’était montré plus sévère. Cet homme, qui joue de plus en plus un rôle de faucon dans la diplomatie russe, avait écrit sur son compte Twitter que les informations américaines étaient «fabriquées». Il les a comparées aux déclarations de Georges Bush de 2003 sur les «armes de destruction massive de Saddam Hussein» en Irak. «Obama suit la même voie que George Bush», avait ironisé le parlementaire russe. Pour sa part, le Kremlin s’est défendu d’établir un tel parallèle.

La menace des missiles S 300

Engagée avec Washington dans la préparation de la conférence internationale, dont elle souhaite ardemment la tenue, notamment pour tenter d’affirmer son propre leadership diplomatique, la Russie n’entend pas, à ce stade, faire un casus belli des déclarations américaines.

Il y a une semaine, Vladimir Poutine avait déclaré aux Européens que son pays n’avait, «pour l’instant», pas livré ses missiles S 300 au régime syrien. «Après la prise d’al-Qusayr par les forces d’Assad, Obama cherche par ses déclarations à rétablir un équilibre avant la conférence», estime Dmitri Trenin, le spécialiste de politique étrangère à la fondation Carnegie. Au-delà des armes chimiques, Moscou s’inquiète des pressions exercées sur Washington par ses alliés et cherche à tuer dans l’œuf la tentation américaine d’établir une zone tampon en Syrie et de fournir des armes à l’opposition. Une tentation qui, progressivement, se mue en projet.

«Ces messages américains ne peuvent pas être appréhendés sans inquiétude», a déclaré le ministère des Affaires étrangères, qui redoute de voir les négociations internationales «patiner». Toute intervention militaire américaine, quoique indirecte, conduirait Moscou à livrer à son tour ses S 300 au régime syrien, rendant «Genève 2» caduc. Un scénario que Moscou souhaite éviter à tout prix.

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Obama décide d’apporter un soutien militaire aux rebelles syriens

© AFP

          Les États-Unis sont désormais certains que les forces de Bachar al-Assad ont utilisé des armes chimiques en Syrie. La « ligne rouge » franchie, la Maison Blanche a donc décidé de fournir une assistance militaire directe à l’opposition syrienne.

          Par Georges LAEDERICH / Ludovic de Foucaud  (vidéo) FRANCE 24   (texte)

L’Otan veut une enquête sur l’usage d’armes chimiques en Syrie

Vendredi, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, a estimé qu’il était urgent que le gouvernement syrien accorde un accès aux inspecteurs de l’ONU pour qu’ils enquêtent sur toutes les informations faisant état d’utilisation d’armes chimiques. Rasmussen a également salué la « déclaration claire des États-Unis » mais n’a pas évoqué de possible réponse spécifique de l’Otan, qui a déployé des batteries de missiles antimissiles en Turquie. Par le passé, il a cependant répété que l’Alliance atlantique n’avait pas l’intention d’intervenir militairement dans la guerre civile en Syrie.

 

 

La « ligne rouge » a été franchie en Syrie. Après des mois d’enquête, l’administration Obama a acquis la certitude que les forces de Bachar al-Assad avaient utilisé – et utilisent toujours – des armes chimiques pour contrer les rebelles en Syrie. La Maison Blanche a annoncé jeudi qu’elle octroierait une « assistance militaire directe à l’opposition syrienne ».

« Au terme d’un examen mûrement réfléchi, nos services de renseignement sont arrivés à la conclusion que le régime d’Assad avait utilisé contre les opposants des armes chimiques, y compris du gaz sarin, à petite échelle mais à de multiples reprises l’an dernier », a expliqué à la presse Ben Rhodes, conseiller du président américain à la sécurité nationale, précisant qu’entre 100 et 150 personnes avaient été victimes d’attaques à l’arme chimique, « un bilan probablement incomplet ».

Les conclusions des enquêteurs américains ont été confirmées jeudi soir par Londres, qui a indiqué détenir de plus en plus de preuves de l’utilisation d’armes chimiques par les forces gouvernementales syriennes.

« Besoin d’armes sophistiquées »

« Obama avait dit que l’emploi d’armes chimiques changerait la donne et c’est le cas », a poursuivi le conseiller du président. Jusqu’à présent, la Maison Blanche apportait une aide non létale à l’insurrection. Mais ces derniers temps, les pressions américaines et étrangères en faveur d’un soutien militaire aux rebelles syriens se faisaient de plus en plus pressantes. D’autant que depuis quelques semaines, l’armée régulière syrienne, appuyée par des combattants chiites du Hezbollah libanais, multiplie les victoires contre les rebelles.

Aider l’insurrection à combattre Assad sans pour autant armer les milices d’Al-Qaïda qui œuvrent en Syrie est désormais le principal défi des Occidentaux. Des responsables européens et américains doivent rencontrer ce vendredi en Turquie Salim Idriss, le commandant en chef de l’Armée syrienne libre (ASL), principale force combattante rebelle sur le terrain. Ils estiment qu’un soutien à ces troupes serait le meilleur moyen de contrer l’influence croissante de groupes radicaux liés à Al-Qaïda.

Les insurgés, faiblement armés, assurent avoir besoin « de grandes quantités d’armes et de munitions, d’armes antiaériennes et d’armes sophistiquées ». George Sabra, à la tête de la Coalition nationale syrienne (CNS), a exprimé le souhait de voir livrées des « armes antichars et antiaériennes » aux rebelles.

Ben Rhodes, conseiller à la sécurité d’Obama

 

Une zone d’exclusion aérienne en question

Selon le « Wall Street journal », l’armée américaine recommanderait en outre la mise en place d’une zone d’exclusion aérienne le long de la frontière jordanienne, une zone sécurisée permettant aux réfugiés de s’abriter et aux rebelles de s’entraîner. La sécurité de la zone serait assurée par des avions américains stationnés en Jordanie.

Une recommandation appuyée par le républicain John McCain, mais pour l’heure, aucune décision n’a encore été prise par l’administration américaine sur ce point. L’influent sénateur a également plaidé en faveur de la livraison d’armes lourdes : « Il est temps d’agir de façon décisive, a-t-il déclaré jeudi. Nous avons besoin d’armes lourdes capables de s’en prendre aux chars, et nous avons besoin de missiles sol-air […] La seule chose qui changera l’équation sur le champ de bataille est la destruction de la capacité aérienne [du régime Assad] et l’établissement d’une zone sûre » d’exclusion aérienne.

Depuis le début de la guerre civile en Syrie, en mars 2011, plus de 93 000 personnes ont perdu la vie, dont 6 500 enfants, a affirmé l’ONU, dans un dernier rapport soulignant une intensification des combats et une forte augmentation du nombre de morts enregistrés chaque mois dans le pays.

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Plus de 93 000 morts en Syrie depuis 2011, selon l’ONU

© AFP

          Selon un rapport de l’ONU publié jeudi, plus de 93 000 personnes sont décédées depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad en mars 2011. Parmi les victimes, 6 500 enfants dont un millier âgés de moins de dix ans.

          Par Catherine FIANKAN-BOKONGA , correspondante à Genève (vidéo) Dépêche  (texte)

Plus de 93.000 personnes, dont au moins 6.500 enfants, ont été tuées depuis le début de la guerre civile en Syrie en mars 2011, a annoncé jeudi l’ONU dans un rapport soulignant une forte augmentation du nombre de morts chaque mois.

« J’exhorte les parties à déclarer un cessez-le-feu immédiat, avant que des dizaines de milliers de personnes soient encore tuées ou blessées », a déclaré la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Navi Pillay.

« Les tueries incessantes se poursuivent à des niveaux outrageusement élevés, avec plus de 5.000 décès documentés chaque mois depuis juillet et 27.000 décès supplémentaires depuis le 1er décembre », a-t-elle précisé, soulignant que le nombre réel de personnes tuées pourrait être beaucoup plus élevé.

Le plus grand nombre de décès documentés a été enregistré dans les régions de la périphérie rurale de Damas (17.800) et de Homs (16.400), suivi des régions d’Alep (11.900), d’Idlib (10.300), de Deraa (8.600), de Hama (8.100), de Damas (6.400) et de Deir Ezzor (5.700).

La très grande majorité des cas documentés par l’ONU sont des hommes, mais les experts n’ont pas réussi à établir une distinction entre combattants et civils.

L’âge des victimes ne figure pas dans environ trois quarts des décès signalés. Mais l’ONU a réussi à documenter les décès d’au moins 6.561 mineurs, dont au moins 1.729 enfants de moins de dix ans.

« Il y a aussi eu des cas bien étayés d’enfants torturés et exécutés, mais aussi de familles entières, y compris les bébés, massacrées. Ces cas et le bilan très élevé de décès sont un terrible rappel du tour particulièrement vicieux qu’a pris le conflit », a déploré Mme Pillay.

Cette dernière étude – qui est une mise à jour d’une précédente ayant permis de compiler quelque 60.000 décès documentés jusqu’au 30 novembre 2012 – a été réalisée en utilisant une liste combinée de 263.055 décès signalés et identifiés de façon complète, avec les noms des victimes ainsi que les dates et les lieux des décès.

Tous les décès signalés mais ne comprenant pas au moins ces trois éléments ont été exclus de la liste, qui a été ensuite compilée grâce à des ensembles de données issus de huit sources différentes dont le gouvernement syrien et l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Le 14 mai, l’OSDH avait d’ailleurs indiqué que la guerre en Syrie a fait au moins 94.000 morts depuis le début du conflit.

Pour sa part, l’analyse de l’ONU montre une nette augmentation du nombre moyen de décès documentés chaque mois depuis le début du conflit, avec plus de 5.000 morts par mois en moyenne depuis juillet 2012 contre environ 1.000 morts par mois au cours de l’été 2011.

Depuis novembre 2012, les plus fortes augmentations de décès ont été enregistrées dans la périphérie rurale de Damas et à Alep.

« Ce chiffre extrêmement élevé de meurtres, mois après mois, est le reflet de la nette détérioration du conflit au cours de l’année écoulée », a estimé Mme Pillay.

Faisant référence au dernier rapport de la Commission d’enquête sur la Syrie, la patronne des droits de l’Homme à l’ONU a rappelé que « ce sont les civils qui sont les plus touchés par les attaques généralisées, violentes et souvent indiscriminées qui dévastent des pans entiers de grandes villes et les villages périphériques ».

AFP

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