Soutien des évanlégiques US à TRUMP conditionné à l’annexion de la Cisjordanie ?

Soutien évangélique pour Trump incertain en raison de son silence sur l’annexion. Un important évangélique américain estime que le manque de soutien par Trump du projet d’annexion de Cisjordanie pourrait lui coûter l’élection, ce que d’autres contestent

Des responsables religieux locaux prient aux côté du président américain Donald Trump au Ministère international du Roi Jésus lors d'un meeting "Évangéliques pour Trump" à Miami en Floride, el 3 janvier 2020. (Scott McIntyre/ Pour The Washington Post via Getty Images, JTA)

Des responsables religieux locaux prient aux côté du président américain Donald Trump au Ministère international du Roi Jésus lors d’un meeting « Évangéliques pour Trump » à Miami en Floride, el 3 janvier 2020. (Scott McIntyre/ Pour The Washington Post via Getty Images, JTA)

JTA — L’annexion potentielle par Israël de zones de la Cisjordanie n’est ni le sujet de discussion principal actuel des Juifs américains, ni même celui de la plupart des Israéliens.

Mais certains Chrétiens évangéliques américains espèrent bien en faire un sujet porteur pour les électeurs de leur communauté lors de l’élection présidentielle de cet automne.

« Cette année, Israël sera l’élément principal qu’ils emporteront avec eux dans l’isoloir, et je vais vous dire pourquoi », a déclaré Evans à l’agence JTA cette semaine. « Ce qui unit tous les évangéliques sur Israël est la Genèse 12:3 : ‘Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront.’ J’ai 73 millions d’évangéliques rien que sur la page Facebook ‘Equipe de prière Jérusalem’. Je les connais… La seule chose qu’ils pensent pouvoir faire pour que Dieu les bénisse, c’est de bénir la terre d’Israël. »

 

Le revers de la médaille, a expliqué Evans, est que si Trump se dresse en travers de l’annexion, il pourrait subir un retour de flamme des évangéliques dans l’isoloir.

Pourtant, on ne sait pas précisément combien il y a d’électeurs évangéliques et dans quelle mesure ils sont mobilisés sur la question de l’annexion.

Gallup a déclaré que les évangéliques ont pendant des décennies représenté un peu plus de 40 % de la population. Un sondage de 2017, commandé par des évangéliques pro-Israël, montrait que le pourcentage d’évangéliques croyant que la création d’Israël était l’accomplissement d’une prophétie se situait à 80 %.

Elizabeth Oldmixon, politologue de l’University of North Texas qui s’intéresse aux évangéliques et à leur relation à Israël, estime qu’environ un tiers des évangéliques va probablement placer la politique israélienne au centre de leur choix électoral. (Les autres questions qui mobilisent le vote évangélique concernent l’avortement et la liberté religieuse.)

Oldmixon a déclaré à Vox en 2018 qu’un « sous-ensemble de la communauté évangélique pour lequel la situation d’Israël est vraiment très importante » représenterait environ 15 millions de personnes.

Beaucoup de ces électeurs ont déjà pu être satisfaits des décisions prises par Trump. Sarah Posner, une auteure qui a écrit sur les affinités des évangéliques pour Trump, a déclaré qu’ils n’allaient probablement pas se préoccuper des détails précis de l’annexion.

« Ils sont très contents du transfert de l’ambassade et ne vont pas abandonner de politiques qu’ils cherchent à faire soutenir [par les Etats-Unis] sur l’annexion », a-t-elle souligné. « Honnêtement, je pense que la plupart des évangéliques ne comprennent pas bien la question de l’annexion et ont été plus impressionnés par des choses comme le transfert de l’ambassade. »

Le mois dernier, deux responsables évangéliques pro-Israël, Robert Jeffress et Joel Rosenberg, ont déclaré au New York Times que les évangéliques étaient indifférents à l’annexion. Ils pourraient même se retourner contre Trump s’il donnait sa bénédiction à l’annexion et que cela provoquait une instabilité régionale.

« Je ne vois aucun gain parmi les électeurs évangéliques pour cette décision, et il y a même un risque de perdre certains votes évangéliques, dans les États mêmes où vous pourriez être vulnérable », a déclaré Rosenberg au journal.

Il convient de noter que ces positions pourraient suivre les conseils soufflés par des responsables israéliens avec lesquels ils sont proches et qui, malgré leurs déclarations publiques, pourraient préférer qu’Israël évite de prendre des mesures trop périlleuses alors même que l’Etat juif fait face à une deuxième vague de coronavirus et à des tensions croissantes avec l’Iran.

Mais Rosenberg a souligné dans un article détaillé et publié sur son site internet que ses conversations avec les responsables palestiniens et arabes l’avaient davantage fait réfléchir. Il a écrit que l’annexion unilatérale renforcerait l’instabilité dans le pays auquel les évangéliques sont si attachés.

« Maintenant, ce serait le bon moment pour prier en faveur de la paix de Jérusalem et de la région, prier pour que les responsables israéliens et américains fassent preuve d’une véritable sagesse en ce moment critique », a écrit Rosenberg sur son site internet. « S’il vous plaît, priez pour le peuple palestinien qui se sent de plus en plus désespéré et tenu à l’écart du processus de paix et voit que les Etats-Unis et Israël prennent des décisions sans lui. Et priez, aussi, pour les responsables et les peuples des États arabes modérés qui sont davantage en faveur de la paix avec Israël et voient une opportunité extraordinaire pour améliorer la prospérité des deux camps si des traités peuvent être signés et des relations commerciales ouvertes… Moments étranges dans l’Epicentre ces derniers jours. »

Alors que les Etats-Unis et Israël font face à une recrudescence des cas de coronavirus, l’annexion semble beaucoup moins urgente qu’au 1er juillet, date à partir de laquelle le Premier ministre Benjamin Netanyahu devait procéder à l’annexion. Cette semaine, un responsable israélien a déclaré que la question perdait de l’importance parce que les Etats-Unis s’en souciaient moins.

Pourtant, Mike Evans a affirmé que ses partisans allaient eux aussi prier pour que l’annexion ait lieu et pour agrandir la terre qu’Israël contrôle.

« Ils sont terrifiés que Dieu ne soit pas satisfait de l’Amérique », a-t-il dit. « Ils regardent ces émeutes, ils regardent le fléau du virus, et ils sont inquiets : ‘Dieu est-il insatisfait, nous maudit-Il ?’ Ils ne sont pas sûrs, mais ils veulent que Dieu les bénisse. »

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A Washington, le débat sur le conditionnement de l’aide à Israël chauffe

Alors que Netanyahu songe à annexer des zones de la Cisjordanie, des démocrates modérés veulent des changements fondamentaux dans la politique de financement des USA

Le sénateur Chris Van Hollen, Démocrate du Maryland, le 16 janvier 2020. (AP Photo/Matt Rourke)

Le sénateur Chris Van Hollen, Démocrate du Maryland, le 16 janvier 2020. (AP Photo/Matt Rourke)

WASHINGTON – Si le Premier ministre Benjamin Netanyahu annexe unilatéralement des parties de la Cisjordanie, il le fera en sachant que la quasi-totalité du Parti démocrate américain s’oppose à cette mesure.

L’ensemble des dirigeants s’est prononcé contre cette proposition, y compris le leader de la majorité au Sénat Chuck Schumer et la présidente de la Chambre Nancy Pelosi, et au moins 210 des 233 démocrates du Congrès ont envoyé ou signé des lettres exhortant Jérusalem à abandonner ce projet.

La semaine dernière, le sénateur du Maryland Chris Van Hollen a présenté un amendement à la National Défense Authorization Act (NDAA) de 2021 afin de bloquer les fonds américains destinés à l’annexion prévue par le Premier ministre d’environ 30 % de la Cisjordanie.

La motion compte actuellement 13 co-parrains, dont les sénateurs Elizabeth Warren du Massachusetts, Bernie Sanders du Vermont et Tim Kaine de Virginie, et est soutenue par une coalition de groupes sionistes progressistes, tels que J Street et Americans for Peace Now.

« Il s’agit d’une idée générale qui fait actuellement l’objet de discussions actives au Sénat américain, au sein du Parti démocrate, selon laquelle, à la lumière des actions israéliennes envisagées, il doit y avoir un ensemble de restrictions dans la manière dont l’aide américaine est façonnée », a déclaré Jeremy Ben-Ami, fondateur et président de l’organisation progressiste de défense des intérêts du Moyen-Orient J Street.

L’amendement Van Hollen ne va pas aussi loin que la lettre orchestrée par la représentante de New York au Congrès, Alexandria Ocasio-Cortez, et signée par certains des membres les plus progressistes du Congrès – comme Sanders – qui demande la réduction des 3,8 milliards de dollars d’aide annuelle à Israël si le pays procède à l’annexion.

Au lieu de cela, il maintiendrait l’aide américaine au même niveau, mais empêcherait que l’argent des contribuables américains soit utilisé pour annexer la Cisjordanie.

« Les gens qui veulent réduire l’aide ne veulent généralement pas voir le chèque complet de 3,8 milliards de dollars effectivement versé », a déclaré Ben-Ami au Times of Israel. « Les gens qui veulent restreindre l’aide sont parfaitement à l’aise avec les 3,8 milliards de dollars, mais ils ne devraient tout simplement pas être utilisés à d’autres fins ».

Pourtant, le puissant American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) a exprimé une forte opposition à l’amendement, tweetant qu’il « affaiblirait les défenses d’Israël » et limiterait « les endroits où Israël peut placer des systèmes de défense anti-missiles vitaux comme le Dôme de fer ».

En même temps, toutes les parties savent qu’avec une majorité républicaine au Sénat et le président américain Donald Trump à la Maison Blanche, l’amendement n’a aucune chance d’être adopté et signé en tant que loi.

Les militants et les analystes soutiennent donc que sa signification tient davantage à ce qu’il symbolise qu’à ce qu’il pourrait concrètement accomplir à court terme.

« Il y a maintenant plus de consensus au sein du Parti démocrate pour s’opposer à l’annexion que pour soutenir le même niveau d’aide américaine à Israël », a déclaré un vétéran démocrate proche du candidat à la présidentielle Joe Biden au Times of Israel.

Dans un Israël politiquement fracturé, Netanyahu a fait pression pour annexer, dès cet été, toutes les implantations et toute la vallée du Jourdain – les parties de la Cisjordanie attribuées à Israël dans le cadre du plan de Trump, qui envisage théoriquement un État palestinien dans le territoire restant avec des échanges de terres.

L’aide américaine ne peut et ne doit pas être un chèque en blanc

Pour Ben-Ami, dont l’organisation a mené une campagne contre l’annexion à Washington, le soutien de l’amendement par des démocrates de premier plan et plus modérés tels que Van Hollen marque un changement fondamental dans la façon dont le parti considère la nature de l’aide américaine à Israël.

« Je pense que le plus gros argument est la question de savoir s’il est approprié d’avoir des restrictions [sur le financement], point final », a déclaré M. Ben-Ami. « On peut ergoter ici ou là sur un mot et changer le sens de la formulation exacte, mais je pense que le principe est ce que le sénateur Van Hollen et ses co-parrains ont établi ici : L’aide américaine ne peut et ne doit pas être un chèque en blanc ».

Ce débat ne « disparaîtra pas »

L’amendement n’est pas soutenu par tout le monde à gauche. Michael Koplow, le directeur politique de l’Israel Policy Forum, qui prône une solution à deux Etats, a écrit dans une tribune jeudi dernier qu’il ne considérait pas cela comme une « sage décision politique ».

Mais Koplow a noté que « l’importance soudaine du débat sur le conditionnement de l’aide à Israël est inextricablement liée à l’annexion et ne disparaîtra donc pas ». Il a décrit la proposition de Van Hollen comme « la seule option qui reste pour envoyer un message [à Israël] qui va au-delà des objections formulées avec force ».

Mme Halie Soifer, à la tête du Conseil démocrate juif d’Amérique, a souligné que Biden a déclaré qu’il ne toucherait pas à l’aide à Israël, qualifiant l’idée de « scandaleuse », et que seuls 13 des 45 démocrates du Sénat ont co-parrainé l’amendement.

« Oui, il y a une discussion en cours entre certains, mais quand il s’agit de ceux qui dirigent le parti – et bientôt, espérons-le, la Maison Blanche – il ne semble pas qu’ils fassent partie de cette conversation, et ils ne veulent pas en faire partie », a déclaré Mme Soifer au Times of Israel.

Mais le sondeur palestino-américain Shibley Telhami de la Brookings Institution a déclaré que les militants démocrates de base souhaitaient depuis des années des changements dans la politique américaine à l’égard d’Israël.

En 2014, par exemple, il a publié un sondage qui a révélé que 77 % des démocrates souhaitaient que les États-Unis restent neutres sur le conflit israélo-palestinien.

Depuis lors, a-t-il dit, un certain nombre de facteurs ont poussé les politiciens démocrates à adopter une attitude plus agressive envers Israël : la relation acrimonieuse de Netanyahu avec l’ancien président Barack Obama, la forte circonscription de Sanders pendant les primaires de 2016 qui se souciait des droits des Palestiniens, et l’alliance étroite du Premier ministre israélien avec Trump.

La possibilité d’une annexion n’a fait qu’intensifier et accélérer ce changement politique, a suggéré Telhami, le professeur du Anwar Sadat Professor for Peace and Development à l’université du Maryland.

« Van Hollen et ses collègues essaient de trouver un équilibre entre leur soutien historique à Israël – et Van Hollen a toujours soutenu Israël et assuré l’aide à Israël – et leur colère face à l’annexion et aux politiques qui vont à l’encontre de l’éthique de ce qu’est un Démocrate et de ce qu’il représente », a-t-il déclaré.

Telhami a réalisé un sondage en mars qui a révélé que 81 % des répondants appartenant au parti démocrate étaient plus favorables à la démocratie d’Israël qu’à sa judaïcité. (Quarante-quatre pour cent des républicains ont dit la même chose).

La plupart des démocrates, cependant, veulent qu’Israël survive en tant que démocratie juive, a-t-il dit, et craignent que Netanyahu prenne des mesures qui rendront cette éventualité de plus en plus irréaliste.

« Ils ne veulent pas être dans cette situation. Ils soutiennent un État juif. Ils soutiennent un État démocratique », a déclaré Telhami. « L’annexion les met dans une position où ils doivent faire un choix. Ils prennent donc maintenant des mesures pour empêcher que cela ne se produise ».

 

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