Le pape François dénonce un « crime inacceptable » contre les chrétiens; Au lendemain de Pâques, le pape s’est de nouveau élevé contre les persécutions dont sont victimes les chrétiens, « martyrs d’aujourd’hui », alertant la communauté internationale qu’il juge « muette et inerte »
Au lendemain de l’attaque à l’Université de Garissa, le pape François et le Vatican ont haussé le ton contre « le silence complice » et « l’indifférence » devant la « furie djihadiste », qui frappe les chrétiens, lors de la cérémonie de Pâques. Sous le choc de la tragédie du Kenya, la dénonciation de la violence djihadiste a pris le pas sur tous les autres thèmes comme la paix et la justice, évoqués comme chaque année à cette période.
Appelant les chrétiens persécutés les « martyrs d’aujourd’hui », le pape a répété qu’il les estimait « plus nombreux qu’aux premiers siècles », en référence aux persécutions sous l’Antiquité des premiers chrétiens, dont le site même du Vatican fut le théâtre.
Il a demandé à la « communauté internationale » de « ne pas assister, muette et inerte, à un tel crime, inacceptable, qui constitue une dérive préoccupante des droits humains les plus élémentaires ». À la fin du chemin de croix du Colisée, au soir du Vendredi saint, il avait dénoncé plus largement un « silence complice ». Déjà, le 15 mars dernier, à la suite d’attentats à Lahore, au Pakistan, contre deux églises chrétiennes, il avait déploré« cette persécution contre les chrétiens que le monde cherche à cacher ». « Nos frères versent leur sang uniquement parce qu’ils sont chrétiens », avait alors fait valoir le pape, pour qui existe, selon son expression, un « œcuménisme du sang ».
« Je pense en particulier aux jeunes qui ont été tués jeudi dernier à l’université de Garissa au Kenya », a nommément cité le pape à propos de ce massacre commis par un commando d’islamistes somaliens chebab, qui a fait 148 morts. Il a évoqué auparavant « l’immense tragédie humanitaire » en Syrie et en Irak ainsi que « l’absurde effusion de sang en cours » et la « violence barbare » sévissant en Libye, où 21 Egyptiens coptes ont été décapités par des djihadistes de l’Etat islamique le 15 février dernier. « Aujourd’hui nous voyons nos frères persécutés, décapités et crucifiés pour leur foi en Toi, sous nos yeux ou souvent avec notre silence complice», avait déjà accusé d’une voix sombre Jorge Bergoglio à la fin du Chemin de Croix vendredi soir au Colisée, s’adressant au Christ, «prince de la paix».
Sébastien Maillard (à Rome)