Juifs / Arabes : prémices de guerre civile en Israël

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré dans une vidéo que la violence et le chaos entre Arabes et Juifs ces derniers jours sont « insupportables » : « Nous avons vu des émeutiers arabes mettre le feu à des synagogues, mettre le feu à des voitures, agresser la police, attaquer des civils innocents pacifiques. Nous ne pouvons pas l’accepter. C’est l’anarchie », a-t-il dit.

« Rien ne peut justifier qu’une foule arabe agresse des Juifs, et rien ne peut justifier qu’une foule juive agresse des Arabes ». « Je me fiche que votre sang soit en ébullition. Alors il est bouillant. C’est sans importance. Vous ne pouvez pas faire justice vous-même. Vous ne pouvez pas venir vers un citoyen arabe et essayer de le lyncher, tout comme nous ne pouvons pas voir des citoyens arabes le faire à des citoyens juifs. Cela ne sera pas toléré ». « Cette violence ne nous ressemble pas », poursuit-il. « Nous allons ramener l’ordre et la loi dans toutes les villes israéliennes ».

Netanyahu a ajouté qu’il apportera un soutien total et davantage de pouvoirs et de ressources à la police pour qu’elle fasse respecter la loi, et a déclaré qu’il envisageait également d’envoyer des forces militaires dans les villes dans la mesure où la loi le permet.

Le président Reuven Rivlin est intervenu sur la Douzième chaîne de télévision israélienne et a imploré les Israéliens de mettre fin à la « folie » qui se déroule dans les rues des villes judéo-arabes : « Je suis très inquiet », a-t-il dit, ajoutant qu’il « crie » à la paix intérieure alors qu’Israël fait face à des attaques d’ennemis extérieurs.

« Je lance un appel et une supplique à tous les dirigeants locaux, aux chefs religieux, aux citoyens, aux parents. Faites tout ce que vous pouvez pour arrêter cette chose terrible qui se passe sous nos yeux », a-t-il dit. « Nous avons affaire à une guerre civile entre nous sans aucune raison. S’il vous plaît, arrêtez cette folie ». « Je vous en supplie. Ce pays appartient à chacun d’entre nous. Désistez-vous. »

Le ministre de la Défense, Benny Gantz, publie une déclaration en réponse aux émeutes brutales qui ont lieu dans tout le pays et au cours desquelles des foules arabes et juives ont pris pour cible des passants innocents : « Ce soir, plus que jamais, ce sont nos divisions internes qui nous menacent. Elles ne sont pas moins dangereuses que les missiles du Hamas », déclare Gantz. « Nous ne devons pas gagner la bataille à Gaza et perdre la bataille chez nous ». Les images dures des villes et des rues ce soir sont des Israéliens qui se déchirent les uns les autres. La violence choquante à Bat Yam, Akko, Lod et d’autres villes nous retourne l’estomac et nous brise le cœur à tous », ajoute-t-il.

Le député d’extrême droite Bezalel Smotrich, chef du Parti sioniste religieux, a affirmé avoir « avoir honte » de ce lynchage d’une « cruauté atroce ». « Frères juifs, Stop!! Nous ne pouvons en aucun cas nous laisser aller à des actes violents », a-t-il ajouté : « Je viens de visionner un clip que je ne peux pas partager ici de Juifs qui malmènent un passant arabe innocent et je suis choqué et honteux jusqu’au fond de mon âme », a-t-il tweeté. « Nous vivons des jours difficiles, nous sommes attaqués, frustrés… mais bon sang, comment les Juifs peuvent-ils être aussi cruels ?! Terrible. »

Smotrich est depuis longtemps accusé d’attiser les tensions raciales et religieuses. Il a récemment déclaré que les Arabes sont des citoyens d’Israël, « pour l’instant du moins ».

Le président du parti Yesh Atid Yair Lapid a publié un communiqué dans lequel il affirme que « la violence ne nous vaincra pas. La violence ne dictera pas nos vies ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré dans une vidéo que la violence et le chaos entre Arabes et Juifs ces derniers jours sont « insupportables » : « Nous avons vu des émeutiers arabes mettre le feu à des synagogues, mettre le feu à des voitures, agresser la police, attaquer des civils innocents pacifiques. Nous ne pouvons pas l’accepter. C’est l’anarchie », a-t-il dit.

« Rien ne peut justifier qu’une foule arabe agresse des Juifs, et rien ne peut justifier qu’une foule juive agresse des Arabes ». « Je me fiche que votre sang soit en ébullition. Alors il est bouillant. C’est sans importance. Vous ne pouvez pas faire justice vous-même. Vous ne pouvez pas venir vers un citoyen arabe et essayer de le lyncher, tout comme nous ne pouvons pas voir des citoyens arabes le faire à des citoyens juifs. Cela ne sera pas toléré ». « Cette violence ne nous ressemble pas », poursuit-il. « Nous allons ramener l’ordre et la loi dans toutes les villes israéliennes ».

Netanyahu a ajouté qu’il apportera un soutien total et davantage de pouvoirs et de ressources à la police pour qu’elle fasse respecter la loi, et a déclaré qu’il envisageait également d’envoyer des forces militaires dans les villes dans la mesure où la loi le permet.

Le président Reuven Rivlin est intervenu sur la Douzième chaîne de télévision israélienne et a imploré les Israéliens de mettre fin à la « folie » qui se déroule dans les rues des villes judéo-arabes : « Je suis très inquiet », a-t-il dit, ajoutant qu’il « crie » à la paix intérieure alors qu’Israël fait face à des attaques d’ennemis extérieurs.

« Je lance un appel et une supplique à tous les dirigeants locaux, aux chefs religieux, aux citoyens, aux parents. Faites tout ce que vous pouvez pour arrêter cette chose terrible qui se passe sous nos yeux », a-t-il dit. « Nous avons affaire à une guerre civile entre nous sans aucune raison. S’il vous plaît, arrêtez cette folie ». « Je vous en supplie. Ce pays appartient à chacun d’entre nous. Désistez-vous. »

Le ministre de la Défense, Benny Gantz, publie une déclaration en réponse aux émeutes brutales qui ont lieu dans tout le pays et au cours desquelles des foules arabes et juives ont pris pour cible des passants innocents : « Ce soir, plus que jamais, ce sont nos divisions internes qui nous menacent. Elles ne sont pas moins dangereuses que les missiles du Hamas », déclare Gantz. « Nous ne devons pas gagner la bataille à Gaza et perdre la bataille chez nous ». Les images dures des villes et des rues ce soir sont des Israéliens qui se déchirent les uns les autres. La violence choquante à Bat Yam, Akko, Lod et d’autres villes nous retourne l’estomac et nous brise le cœur à tous », ajoute-t-il.

Le député d’extrême droite Bezalel Smotrich, chef du Parti sioniste religieux, a affirmé avoir « avoir honte » de ce lynchage d’une « cruauté atroce ». « Frères juifs, Stop!! Nous ne pouvons en aucun cas nous laisser aller à des actes violents », a-t-il ajouté : « Je viens de visionner un clip que je ne peux pas partager ici de Juifs qui malmènent un passant arabe innocent et je suis choqué et honteux jusqu’au fond de mon âme », a-t-il tweeté. « Nous vivons des jours difficiles, nous sommes attaqués, frustrés… mais bon sang, comment les Juifs peuvent-ils être aussi cruels ?! Terrible. »

Smotrich est depuis longtemps accusé d’attiser les tensions raciales et religieuses. Il a récemment déclaré que les Arabes sont des citoyens d’Israël, « pour l’instant du moins ».

Le président du parti Yesh Atid Yair Lapid a publié un communiqué dans lequel il affirme que « la violence ne nous vaincra pas. La violence ne dictera pas nos vies ».

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré dans une vidéo que la violence et le chaos entre Arabes et Juifs ces derniers jours sont « insupportables » : « Nous avons vu des émeutiers arabes mettre le feu à des synagogues, mettre le feu à des voitures, agresser la police, attaquer des civils innocents pacifiques. Nous ne pouvons pas l’accepter. C’est l’anarchie », a-t-il dit.

« Rien ne peut justifier qu’une foule arabe agresse des Juifs, et rien ne peut justifier qu’une foule juive agresse des Arabes ». « Je me fiche que votre sang soit en ébullition. Alors il est bouillant. C’est sans importance. Vous ne pouvez pas faire justice vous-même. Vous ne pouvez pas venir vers un citoyen arabe et essayer de le lyncher, tout comme nous ne pouvons pas voir des citoyens arabes le faire à des citoyens juifs. Cela ne sera pas toléré ». « Cette violence ne nous ressemble pas », poursuit-il. « Nous allons ramener l’ordre et la loi dans toutes les villes israéliennes ».

Netanyahu a ajouté qu’il apportera un soutien total et davantage de pouvoirs et de ressources à la police pour qu’elle fasse respecter la loi, et a déclaré qu’il envisageait également d’envoyer des forces militaires dans les villes dans la mesure où la loi le permet.

Le président Reuven Rivlin est intervenu sur la Douzième chaîne de télévision israélienne et a imploré les Israéliens de mettre fin à la « folie » qui se déroule dans les rues des villes judéo-arabes : « Je suis très inquiet », a-t-il dit, ajoutant qu’il « crie » à la paix intérieure alors qu’Israël fait face à des attaques d’ennemis extérieurs.

« Je lance un appel et une supplique à tous les dirigeants locaux, aux chefs religieux, aux citoyens, aux parents. Faites tout ce que vous pouvez pour arrêter cette chose terrible qui se passe sous nos yeux », a-t-il dit. « Nous avons affaire à une guerre civile entre nous sans aucune raison. S’il vous plaît, arrêtez cette folie ». « Je vous en supplie. Ce pays appartient à chacun d’entre nous. Désistez-vous. »

Le ministre de la Défense, Benny Gantz, publie une déclaration en réponse aux émeutes brutales qui ont lieu dans tout le pays et au cours desquelles des foules arabes et juives ont pris pour cible des passants innocents : « Ce soir, plus que jamais, ce sont nos divisions internes qui nous menacent. Elles ne sont pas moins dangereuses que les missiles du Hamas », déclare Gantz. « Nous ne devons pas gagner la bataille à Gaza et perdre la bataille chez nous ». Les images dures des villes et des rues ce soir sont des Israéliens qui se déchirent les uns les autres. La violence choquante à Bat Yam, Akko, Lod et d’autres villes nous retourne l’estomac et nous brise le cœur à tous », ajoute-t-il.

Le député d’extrême droite Bezalel Smotrich, chef du Parti sioniste religieux, a affirmé avoir « avoir honte » de ce lynchage d’une « cruauté atroce ». « Frères juifs, Stop!! Nous ne pouvons en aucun cas nous laisser aller à des actes violents », a-t-il ajouté : « Je viens de visionner un clip que je ne peux pas partager ici de Juifs qui malmènent un passant arabe innocent et je suis choqué et honteux jusqu’au fond de mon âme », a-t-il tweeté. « Nous vivons des jours difficiles, nous sommes attaqués, frustrés… mais bon sang, comment les Juifs peuvent-ils être aussi cruels ?! Terrible. »

Smotrich est depuis longtemps accusé d’attiser les tensions raciales et religieuses. Il a récemment déclaré que les Arabes sont des citoyens d’Israël, « pour l’instant du moins ».

Le président du parti Yesh Atid Yair Lapid a publié un communiqué dans lequel il affirme que « la violence ne nous vaincra pas. La violence ne dictera pas nos vies ».

Le chef du parti Tikva Hadasha Gideon Saar a déclaré que les scènes de chaos à Bat Yam, Haïfa, Akko, Lod et ailleurs « ne laissent pas de place au doute : nous risquons de glisser vers une guerre entre citoyens ».« Notre engagement envers nos enfants dans ce pays nous oblige tous à agir pour calmer les esprits », a-t-il ajouté.

Pour Issawi Freij, député arabe du Meretz, il s’agit des « prémices d’une guerre civile ».

Le grand rabbin sépharade d’Israël Yitzhak Yosef a publié une déclaration implorant les Juifs de ne pas devenir violents contre les citoyens arabes.

« Des civils israéliens innocents sont attaqués par des organisations terroristes, le sang coule à flot et nos cœurs sont indignés, les scènes sont difficiles à regarder. Mais nous ne devons pas nous laisser entraîner par les provocations et par le fait de blesser des gens ou de porter atteinte à des biens », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que la Torah ne permet pas de faire la loi soi-même. « Le travail de retour à l’ordre doit être laissé à la police », a-t-il déclaré. « Nous devons être une lumière pour les nations, et non, à Dieu ne plaise, le contraire ».

« C’est la nuit de Cristal à Lod », a déploré le maire de la ville, Yair Revivo, se référant au pogrom nazi mené contre les Juifs allemands en 1938.

« J’ai appelé le Premier ministre à déclarer l’état d’urgence à Lod. A appeler l’armée. A imposer un couvre-feu. A faire revenir le calme… il y a ici un échec de gouvernance… c’est un incident géant – une intifada d’Arabes israéliens. Tout le travail que nous avons fait ici depuis des années, en termes de coexistence, est anéanti ».

« Tout Israël doit le savoir, il y a une perte totale de contrôle… C’est impensable. Les synagogues sont incendiées. Des centaines de voitures sont incendiées. Des centaines de voyous arabes déambulent dans les rues… la guerre civile a éclaté à Lod… La communauté orthodoxe nationaliste, ici, est armée. J’implore ses membres de retourner chez eux mais, ce qui est compréhensible, ils veulent protéger leurs habitations. Des cocktails Molotov sont jetés dans des maisons appartenant à des Juifs. La situation est incendiaire. »

Trois synagogues, des commerces, des dizaines de voitures étaient en feu et des poubelles jonchaient sur les trottoirs. L’hôpital Assaf Harofeh soigne 12 personnes blessées lors des affrontements à Lod, dont deux dans un état grave. Les autres sont légèrement blessés. Selon les médias en hébreu, l’une des personnes gravement blessées est un homme de 56 ans qui a été frappé à la tête avec une pierre lorsque des émeutiers ont lapidé sa voiture à coups de pierres.

Tard lundi soir, cette ville mixte – 77 000 habitants, dont 47 000 juifs et 23 000 arabes – située en banlieue de Tel-Aviv avait été le théâtre de violents affrontements et un émeutier arabe Israélien y avait été tué. La ville jouxte l’aéroport Ben Gurion dont le trafic aérien a été suspendu pendant plus d’une heure mardi soir.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ensuite déclaré l’état d’urgence et envoyé un bataillon de la police des frontières en renfort.

La Douzième chaîne a aussi diffusé des images de résidents juifs de Lod en train de jeter des pierres sur des voitures appartenant à des habitants arabes, même si Fried a déclaré que tels incidents étaient mineurs au vu de l’ampleur des émeutes arabes.

« Des émeutes de grande ampleur ont éclaté du fait de certains résidents arabes, mettant en danger les habitants », a indiqué la police dans un communiqué. « Des véhicules ont été incendiés et des biens ont été endommagés ». « Seize pelotons de la police des frontières ont été déployés dans le secteur afin de gérer les violences », a indiqué dans la nuit la police israélienne.

Des scènes de violence ont aussi eu lieu dans d’autres localités arabes israéliennes, comme à Akko ou Wadi Ara (nord), ou Jisr A-Zarqa, près de Haïfa, où huit personnes ont été arrêtées, selon la police.

Netanyahu : la violence et le chaos entre Arabes et Juifs sont « insupportables »

Les députés de tous bords politiques ont crié leur indignation face à des « prémices d’une guerre civile » et appellent au calme après émeutes et lynchages

Colonnes de fumée au-dessus de la ville de Lod, secouée par des émeutes, le 12 mai 2021. (Crédit : Ahmad GHARABLI / AFP)

Colonnes de fumée au-dessus de la ville de Lod, secouée par des émeutes, le 12 mai 2021. (Crédit : Ahmad GHARABLI / AFP)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré dans une vidéo que la violence et le chaos entre Arabes et Juifs ces derniers jours sont « insupportables ».

« Nous avons vu des émeutiers arabes mettre le feu à des synagogues, mettre le feu à des voitures, agresser la police, attaquer des civils innocents pacifiques. Nous ne pouvons pas l’accepter. C’est l’anarchie », a-t-il dit.

« Rien ne peut justifier qu’une foule arabe agresse des Juifs, et rien ne peut justifier qu’une foule juive agresse des Arabes ».

« Je me fiche que votre sang soit en ébullition. Alors il est bouillant. C’est sans importance. Vous ne pouvez pas faire justice vous-même. Vous ne pouvez pas venir vers un citoyen arabe et essayer de le lyncher, tout comme nous ne pouvons pas voir des citoyens arabes le faire à des citoyens juifs. Cela ne sera pas toléré ».

« Cette violence ne nous ressemble pas », poursuit-il. « Nous allons ramener l’ordre et la loi dans toutes les villes israéliennes ».

Netanyahu a ajouté qu’il apportera un soutien total et davantage de pouvoirs et de ressources à la police pour qu’elle fasse respecter la loi, et a déclaré qu’il envisageait également d’envoyer des forces militaires dans les villes dans la mesure où la loi le permet.

« Si nécessaire, nous légiférerons davantage [pour le faire] », a-t-il dit.

Le président Reuven Rivlin est intervenu sur la Douzième chaîne de télévision israélienne et a imploré les Israéliens de mettre fin à la « folie » qui se déroule dans les rues des villes judéo-arabes.

« Je suis très inquiet », a-t-il dit, ajoutant qu’il « crie » à la paix intérieure alors qu’Israël fait face à des attaques d’ennemis extérieurs.

« Je lance un appel et une supplique à tous les dirigeants locaux, aux chefs religieux, aux citoyens, aux parents. Faites tout ce que vous pouvez pour arrêter cette chose terrible qui se passe sous nos yeux », a-t-il dit.

« Nous avons affaire à une guerre civile entre nous sans aucune raison. S’il vous plaît, arrêtez cette folie ».

« Je vous en supplie. Ce pays appartient à chacun d’entre nous. Désistez-vous. »

Le ministre de la Défense, Benny Gantz, publie une déclaration en réponse aux émeutes brutales qui ont lieu dans tout le pays et au cours desquelles des foules arabes et juives ont pris pour cible des passants innocents.

« Ce soir, plus que jamais, ce sont nos divisions internes qui nous menacent. Elles ne sont pas moins dangereuses que les missiles du Hamas », déclare Gantz.

« Nous ne devons pas gagner la bataille à Gaza et perdre la bataille chez nous ». Les images dures des villes et des rues ce soir sont des Israéliens qui se déchirent les uns les autres. La violence choquante à Bat Yam, Akko, Lod et d’autres villes nous retourne l’estomac et nous brise le cœur à tous », ajoute-t-il.

Le député d’extrême droite Bezalel Smotrich, chef du Parti sioniste religieux, a affirmé avoir « avoir honte » de ce lynchage d’une « cruauté atroce ». « Frères juifs, Stop!! Nous ne pouvons en aucun cas nous laisser aller à des actes violents », a-t-il ajouté.

« Je viens de visionner un clip que je ne peux pas partager ici de Juifs qui malmènent un passant arabe innocent et je suis choqué et honteux jusqu’au fond de mon âme », a-t-il tweeté.

« Nous vivons des jours difficiles, nous sommes attaqués, frustrés… mais bon sang, comment les Juifs peuvent-ils être aussi cruels ?! Terrible. »

Smotrich est depuis longtemps accusé d’attiser les tensions raciales et religieuses.

Il a récemment déclaré que les Arabes sont des citoyens d’Israël, « pour l’instant du moins ».

Le président du parti Yesh Atid Yair Lapid a publié un communiqué dans lequel il affirme que « la violence ne nous vaincra pas. La violence ne dictera pas nos vies ».

Dans son communiqué, Lapid assure que de la même manière que « les émeutiers de Lod et d’Akko ne représentent pas tous les Arabes israéliens, les émeutiers de Bat Yam et les membres de La Familia, Lehava et Kahana Lives sont une bande de racistes pathétiques qui ne représentent pas les Juifs d’Israël », faisant référence aux groupes juifs extrémistes.

« La grande majorité du peuple d’Israël, Juifs et Arabes, est bien meilleure que cela. La majorité d’entre nous croit en la coexistence. Le rôle des dirigeants des deux camps est de faire baisser les flammes, d’appeler tout le monde à respecter la loi, de réduire les tensions et de contribuer à rétablir l’ordre. La violence ne nous vaincra pas. La violence ne nous vaincra pas. La violence ne dictera pas nos vies. Nous ne tolérerons pas une situation où des synagogues sont brûlées, où des innocents sont battus et où la vie de ceux qui vivent dans des villes mixtes devient un enfer« , a clamé Lapid.

Le chef du parti Tikva Hadasha Gideon Saar a déclaré que les scènes de chaos à Bat Yam, Haïfa, Akko, Lod et ailleurs « ne laissent pas de place au doute : nous risquons de glisser vers une guerre entre citoyens ».

« Notre engagement envers nos enfants dans ce pays nous oblige tous à agir pour calmer les esprits », a-t-il ajouté.

Pour Issawi Freij, député arabe du Meretz, il s’agit des « prémices d’une guerre civile ».

Freij a déclaré au Times of Israël que les scènes d’émeutiers juifs attaquant des Arabes israéliens le terrifient et qu’il craint que « le pire soit à portée de main. Il sera très difficile d’aller de l’avant », a dit Freij.

« Je suis terrifié à l’idée que les choses se détériorent davantage. Nos jeunes [arabes] insouciants vont vouloir se défendre. »

Freij a évoqué les événements d’octobre 2000, marqués par une série d’affrontements entre Arabes israéliens et policiers israéliens, au cours desquels 13 Arabes ont été tués.

Ces événements ont façonné la relation entre les Arabes israéliens et l’État israélien pendant une génération. Une enquête de l’État a révélé que la police avait fait un usage excessif de la force, mais aucun responsable n’a été inculpé.

« C’est bien pire qu’en octobre 2000. À l’époque, nous avons assisté à des affrontements entre la société arabe et la police. Ce que nous voyons maintenant, c’est entre les citoyens arabes et les citoyens juifs. C’est comme une guerre civile, sans armes », a dit e député.

Freij a appelé les dirigeants arabes et juifs à descendre dans la rue et à chercher à rétablir le calme. « Maintenant, s’il vous plaît, il n’est pas trop tard. Sortez et faites entendre votre voix », a plaidé Freij.

Le chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a accusé « l’imprudence du Premier ministre et du ministre de la Sécurité intérieure, qui sont à la fois responsables et coupables de cette situation ».

Le grand rabbin sépharade d’Israël Yitzhak Yosef a publié une déclaration implorant les Juifs de ne pas devenir violents contre les citoyens arabes.

« Des civils israéliens innocents sont attaqués par des organisations terroristes, le sang coule à flot et nos cœurs sont indignés, les scènes sont difficiles à regarder. Mais nous ne devons pas nous laisser entraîner par les provocations et par le fait de blesser des gens ou de porter atteinte à des biens », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que la Torah ne permet pas de faire la loi soi-même. « Le travail de retour à l’ordre doit être laissé à la police », a-t-il déclaré. « Nous devons être une lumière pour les nations, et non, à Dieu ne plaise, le contraire ».

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Netanyahu à Lod, en état d’urgence : « nous rétablirons l’ordre »

Trois synagogues et des dizaines de voitures étaient en feu, poussant le maire de la ville à comparer la situation à la Nuit de Cristal

Benjamin Netanyahu s'adresse aux journalistes depuis Lod, le 12 mai 2021 (Crédit : capture d'écran Douzième chaîne)

Benjamin Netanyahu s’adresse aux journalistes depuis Lod, le 12 mai 2021 (Crédit : capture d’écran Douzième chaîne)

« C’est la nuit de Cristal à Lod », a déploré le maire de la ville, Yair Revivo, se référant au pogrom nazi mené contre les Juifs allemands en 1938.

« J’ai appelé le Premier ministre à déclarer l’état d’urgence à Lod. A appeler l’armée. A imposer un couvre-feu. A faire revenir le calme… il y a ici un échec de gouvernance… c’est un incident géant – une intifada d’Arabes israéliens. Tout le travail que nous avons fait ici depuis des années, en termes de coexistence, est anéanti ».

« Tout Israël doit le savoir, il y a une perte totale de contrôle… C’est impensable. Les synagogues sont incendiées. Des centaines de voitures sont incendiées. Des centaines de voyous arabes déambulent dans les rues… la guerre civile a éclaté à Lod… La communauté orthodoxe nationaliste, ici, est armée. J’implore ses membres de retourner chez eux mais, ce qui est compréhensible, ils veulent protéger leurs habitations. Des cocktails Molotov sont jetés dans des maisons appartenant à des Juifs. La situation est incendiaire. »

Trois synagogues, des commerces, des dizaines de voitures étaient en feu et des poubelles jonchaient sur les trottoirs. L’hôpital Assaf Harofeh soigne 12 personnes blessées lors des affrontements à Lod, dont deux dans un état grave. Les autres sont légèrement blessés. Selon les médias en hébreu, l’une des personnes gravement blessées est un homme de 56 ans qui a été frappé à la tête avec une pierre lorsque des émeutiers ont lapidé sa voiture à coups de pierres.

Tard lundi soir, cette ville mixte – 77 000 habitants, dont 47 000 juifs et 23 000 arabes – située en banlieue de Tel-Aviv avait été le théâtre de violents affrontements et un émeutier arabe Israélien y avait été tué. La ville jouxte l’aéroport Ben Gurion dont le trafic aérien a été suspendu pendant plus d’une heure mardi soir.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ensuite déclaré l’état d’urgence et envoyé un bataillon de la police des frontières en renfort.

« Je reçois des mises à jour toute la journée de ce qui se passe ici dans la ville et je trouve la situation extrêmement gravement. C’est l’anarchie des émeutiers que nous ne pouvons pas accepter », dit Netanyahu. Le Premier ministre a prévenu qu’il imposerait un couvre-feu si nécessaire. « Nous rétablirons la loi et l’ordre. »

Shiloh Fried, qui habite Lod, a déclaré devant les caméras de la Douzième chaîne que « des gangs de jeunes arabes vont de rue en rue, ils incendient des commerces, ils brisent des fenêtres… Les familles juives sont enfermées chez elles, terrifiées à l’idée de sortir… Leurs voitures sont incendiées… la police est invisible ».

Il s’est alors adressé à la police : « Montrez-vous – montrez que vous n’abandonnez pas la ville… et apaisez la situation ».

Certaines informations ont laissé entendre que des résidents avaient évité de se rendre dans les abris antiaériens publics pendant les alertes, craignant d’être agressés.

La Douzième chaîne a aussi diffusé des images de résidents juifs de Lod en train de jeter des pierres sur des voitures appartenant à des habitants arabes, même si Fried a déclaré que tels incidents étaient mineurs au vu de l’ampleur des émeutes arabes.

« Des émeutes de grande ampleur ont éclaté du fait de certains résidents arabes, mettant en danger les habitants », a indiqué la police dans un communiqué. « Des véhicules ont été incendiés et des biens ont été endommagés ». « Seize pelotons de la police des frontières ont été déployés dans le secteur afin de gérer les violences », a indiqué dans la nuit la police israélienne.

Des scènes de violence ont aussi eu lieu dans d’autres localités arabes israéliennes, comme à Akko ou Wadi Ara (nord), ou Jisr A-Zarqa, près de Haïfa, où huit personnes ont été arrêtées, selon la police.

Réagissant aux émeutes en cours dans les villes mixtes arabo-juives à travers Israël, le député du Meretz, Issawi Frej, a déclaré au radiodiffuseur public Kan, « quiconque se qualifie de personnalité publique dans la société arabe doit appeler au rétablissement du calme. » « J’appelle Ahmad Tibi, Ayman Odeh et les maires arabes [de la Liste arabe unie] : c’est le test de votre leadership. Ne vous cachez pas. Ne parlez pas uniquement pendant les élections. C’est votre travail de sortir et d’influencer. »

Le président Reuven Rivlin avait tenté mardi matin de sensibiliser les personnalités publiques arabes pour restaurer le calme.

Ces émeutes interviennent alors que plus de 600 roquettes ont été tirées sur l’État hébreu. Les écoles du sud jusqu’à Herzliya seront fermées mercredi. Le ministre de la Défense, Benny Gantz, a prévenu lors d’une conférence de presse que ce n’était que le début.

L’AFP a contribué à cet article.

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L’Iran est un protecteur d’Israël depuis l’empereur Cyrus qui délivra les juifs de Babylone. La République islamique, qui condamne sans cesse l’État d’Israël, ne l’a jamais attaqué.

La Journée internationale de Jérusalem

Le 7 mai 2021, quatrième vendredi du Ramadan, était la traditionnelle Journée internationale de Jérusalem instituée par l’imam Rouhollah Khomeini. Son successeur, le guide Ali Khamenei a prononcé un discours afin de replacer Jérusalem (troisième lieu saint de l’islam) au centre des Relations internationales ; une question de toute manière centrale, selon lui, pour le monde islamique [1].

L’Iran reconnait le massacre des juifs d’Europe par les nazis. Il considère que les Européens ont créé Israël pour se débarrasser des juifs survivants (ce qui est faux ainsi que l’atteste l’affaire de l’Exodus), en volant une terre qui ne leur appartenait pas et en faisant payer aux Palestiniens le poids de leur crime. Ce faisant les Européens ont montré le peu d’égard qu’ils ont pour les Droits de l’homme. Les capitalistes et les communistes montrèrent alors leur vrai visage. L’Iran n’a jamais reconnu l’État d’Israël, ni à l’époque du shah Reza Pahlevi, ni depuis la République islamique. L’ayatollah Ali Khamenei a prophétisé qu’Israël disparaîtra avant 2040, non pas du fait de l’Iran, mais à cause de « sa propre arrogance ».

M. Khamenei a affirmé qu’Israël tomberait lorsque la Nation islamique s’unirait. Il a célébré les martyrs de cette cause, c’est-à-dire à la fois les Frères musulmans sunnites et ses propres disciples chiites, à commencer par cheikh Ahmed Yassine et le général Qassem Soleimani. A contrario, il a dénoncé sans les nommer le « deal du siècle » et les « Accords d’Abraham » conclus par le président Donald Trump et la normalisation des relations entre certains pays musulmans et Israël. Pour terminer, le guide a rappelé sa proposition déposée aux Nations unies d’organiser un référendum pour que tous les habitants de la Palestine, quelque soit leur religion, et les Palestiniens réfugiés à l’étranger (y compris ceux d’Amérique latine, d’Australie et d’ailleurs) puissent déterminer leur avenir commun.

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Les décisions de la Cour suprême d’Israël sont éminemment politiques.

L’expulsion programmée des Palestiniens du quartier de Cheikh Jarrah

Durant tout le ramadan et singulièrement depuis le discours de l’ayatollah Ali Khamenei, une forte tension était perceptible à Jérusalem à propos d’une possible expulsion de quatre familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah [2]. Depuis 1948, Israël expulse, maison par maison, les Palestiniens de Jérusalem au nom de lois de l’occupation ottomane, conservées par les Britanniques et le régime actuel. Cette stratégie devrait aboutir à repousser les Palestiniens dans un petit quartier de Jérusalem-Est, Kfar Aqab, qui est déjà isolé du reste de la ville par un mur en béton. Cependant dans le cas précis de ces quatre familles palestiniennes, les tribunaux se fondent sur une loi israélienne qui viole l’accord passé, il y a 65 ans, entre la Jordanie (alors gestionnaire de cette partie de la ville) et les Nations unies.

Il n’y a aucun doute sur les décisions à venir de la « Justice » israélienne dans la mesure où cet État a proclamé unilatéralement, en 1967, Jérusalem comme sa « capitale éternelle et indivisible » en violation des résolutions de l’Onu.

Dès vendredi 7 mai au soir, les affrontements se sont déroulés sur l’esplanade des mosquées (le Mont du Temple selon la terminologie israélienne). Ils ont été plus durs encore que ceux de 2017. Samedi des heurts ont également eu lieu en Cisjordanie (gouvernée par l’OLP) et à la frontière de Gaza (gouverné par les Frères musulmans du Hamas). Les Forces de défense israéliennes (Tsahal) ont dispersé les foules avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Lorsque des ballons incendiaires ont été lancés et que le Hamas a tiré une roquette sur Israël, Tsahal a riposté en détruisant un poste militaire des Frères musulmans dans le sud de la Bande de Gaza. Le Hamas a alors demandé aux Palestiniens d’occuper l’esplanade jusqu’à la fin du ramadan, jeudi 13 mai.

La Cour suprême israélienne a reporté sine die l’audience, prévue lundi 10, sur l’expulsion des quatre familles palestiniennes de Cheikh Jarrah. Lors de son message dominical, le pape François a appelé à la fin des violences à Jérusalem : « La violence engendre seulement la violence. Arrêtons ces heurts », a-t-il déclaré. L’Arabie saoudite, le Bahreïn, l’Égypte, les Émirats, l’Iran, la Jordanie, le Maroc, le Pakistan, le Soudan, la Tunisie, la Turquie ont condamné le comportement d’Israël et appelés à la désescalade. En définitive, le Quartet (Russie, UE, USA, Onu) a publié un communiqué notant « avec une sérieuse préoccupation la possible éviction de familles palestiniennes de leurs foyers où ils ont habité depuis des générations (…) et exprimant son opposition à des actions unilatérales, qui ne font qu’entraîner une escalade dans un environnement déjà tendu » [3].

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Dans son discours, diffusé depuis le Qatar par Al-Aqsa, Ismaël Haniyé annonce que le Hamas attaquera Israël jusqu’à ce qu’il cesse de grignoter les Territoires.

Vers un conflit militaire

Subitement les événements ont tourné à la guerre, le Hamas tirant des roquettes contre Israël à partir de lundi 10 au soir ; Tsahal répondant en bombardant Gaza avec force avions et hélicoptères, c’est-à-dire avec des moyens 10 fois plus létaux.

Toutes les factions armées palestiniennes sont rapidement entrées en guerre à l’exception de l’Autorité palestinienne qui a, au contraire, réprimé des manifestations populaires en Cisjordanie.

Les Palestiniens sont privés de démocratie, autant que de République. Nul ne sait ce qu’ils pensent. Aucune élection ne s’est tenue depuis 15 ans. Celles qui devaient avoir lieu en mai ont été annulées par l’Autorité palestinienne après qu’Israël se soit opposé à ce qu’elles se tiennent aussi à Jérusalem-Est.

Mardi 11, le leader du Hamas, Ismaël Haniyeh, a prononcé un discours télévisé liant la question de Jérusalem à celle de Gaza. Il a présenté Al-Quods (Jérusalem) comme le cœur de la nation palestinienne. Il a dénoncé les expulsions de Cheikh Jarrah, mais surtout il a présenté les heurts sur l’esplanade des mosquées comme des attaques juives contre la mosquée Al-Aqsa. Ce qui est faux : la police israélienne est entrée dans la mosquée et y a tiré des gaz lacrymogènes en poursuivant des manifestants qui contestaient à juste titre l’expulsion des quatre familles de Cheikh Jarrah. Ce discours a surpris les Israéliens. Le Hamas ne se pose plus en résistant répliquant symboliquement à Israël, mais comme une force espérant imposer la fin du lent grignotage des Territoires palestiniens.

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Le président turc Recep Tayyip Erdoğan dénonce depuis des années le grignotage de la Palestine par Israël. Son intervention pour donner une leçon à Israël pourrait avoir été inspirée par le Pentagone. Il sauverait ainsi la Turquie et détournerait la colère US contre l’État hébreu.

C’est la guerre

Mardi soir, Tsahal a rasé la tour Al-Shourouk (12 étages), au centre de Gaza, en utilisant des bombes pénétrantes. Elle abritait entre autres la chaîne de télévision du Hamas, Al-Aqsa. C’était la réponse d’Israël au message d’Haniyeh. Le Hamas (soutenu par la Turquie et le Qatar) et le Jihad islamique (soutenu par l’Iran) ont riposté par une pluie de roquettes sur Tel-Aviv, mais aussi Ashdod, Ashkélon et à la limite de Jérusalem.

La destruction intentionnelle d’une chaîne de télévision constitue un crime de guerre. La Cour pénale internationale, qui s’est déclarée compétente pour les crimes commis dans les Territoires palestiniens, a donc été saisie.

Le Conseil de sécurité de l’Onu s’est réuni deux fois par téléconférence et à huis-clos. Les États-Unis se sont opposés à toute déclaration officielle à ce stade, assurant que les expulsions de familles palestiniennes à Jérusalem-Est étaient une « affaire intérieure israélienne », ce que tous les autres membres du Conseil contestent.

La Ligue arabe, quant à elle, a affirmé que cette affaire n’avait aucun rapport avec un contentieux immobilier et que seuls ceux qui ont de la mémoire ne se trompent pas.

La Russie a exigé une réunion immédiate du Quartet (Onu, Russie, UE, USA).

Quatre membres du Conseil de sécurité ont émis un communiqué à défaut d’une prise de position du Conseil : la France, l’Estonie, l’Irlande et la Norvège ont appelé Israël « à cesser les activités de colonisation, de démolition et d’expulsion, y compris à Jérusalem-Est ».

Le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, qui fournit le Hamas en armes, a dénoncé l’inaction du Conseil de sécurité et appelé à « donner une leçon à Israël ».

Pour la première fois, des heurts ont eu lieu dans des villes mixtes (musulmanes, chrétiennes et juives), notamment dans la cité ouvrière de Lod où un jeune père de famille musulman israélien a été lynché par des compatriotes juifs armés. Le président Reuven Rivlin a dénoncé un « pogrom » anti-musulman. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à vivement condamné ce crime et décrété l’état d’urgence à Lod. Lors des funérailles de la victime, des scènes de guérilla ont eu lieu dans 18 villes mixtes. On parle désormais non seulement d’une guerre entre Israéliens et Palestiniens, mais aussi d’une possible guerre civile en Israël entre juifs et non-juifs (goïm).

Les États-Unis ont multiplié les contacts avec Israël pour appeler à la désescalade, en vain. Il apparaît que Washington s’apprêtant à renouer officiellement avec l’Iran —après l’élection de son prochain président et la signature d’un nouvel accord nucléaire— contre l’avis de Tel-Aviv, il n’exercera pas plus de pression sur Israël. Espérant cependant parvenir à quelque chose, les États-Unis se sont opposés à une troisième réunion du Conseil de sécurité par téléconférence de manière à leur laisser le temps. Selon le règlement du Conseil, la présidence tournante, ce mois-ci la Chine, a le pouvoir d’en imposer une en présentiel, mais Beijing s’est abstenu.

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Un israélien musulman est lynché par des Israéliens juifs à Lod, en direct à la télévision.

Analyse du conflit

Tous les observateurs impartiaux s’accordent à considérer que la politique israélienne de colonisation, de démolition et d’expulsion viole le Droit international et les résolutions de l’Onu. Il s’agit en fait d’une conquête territoriale, non pas par la voie militaire, mais par l’application d’une législation viciée.

Benjamin Netanyahu, fils du secrétaire particulier du fondateur du Parti révisionniste Vladimir Jabotinsky, incarne le projet d’un Grand Israël du Nil à l’Euphrate (Eretz Israel). Il se réclame d’une forme de suprémacisme juif. Il n’est certes plus majoritaire dans son pays, mais toujours Premier ministre.

Identiquement, tous s’accordent à considérer que des tirs de roquettes au hasard sur des agglomérations sont des crimes de guerre contre des populations civiles.

Le Hamas ne conteste pas la colonisation de la Palestine, à la différence du Fatah, mais uniquement le fait que des juifs gouvernent une terre musulmane. Il se réclame d’une forme de suprémacisme musulman. Au demeurant, cette « section palestinienne des Frères musulmans » (ainsi que l’indiquait son drapeau il y a peu encore) a été créée par sheikh Ahmed Yassine avec l’aide d’Israël pour affaiblir le Fatah de Yasser Arafat.

Une fois posé que le Likoud et le Hamas se réclament d’idéologies d’un autre âge et ont des pratiques criminelles, on ne dispose toujours pas de perspectives de paix permettant aux uns et aux autres de vivre ensemble.

Tous les États membres des Nations unies, à l’exception d’Israël, reconnaissent le « droit inaliénable » des Palestiniens, non pas à retrouver les maisons dont ils ont été chassés en 1948, mais à retourner sur leur terre en tant que citoyens à part entière. Ce faisant, ils s’opposent tous en théorie à la « solution à deux États » que les Occidentaux ont pourtant soutenu depuis 2007. En entretenant cette contradiction, les Occidentaux sont responsables de la perpétuation du conflit.

Les affrontements actuels se déroulent tous en Palestine géographique (c’est-à-dire à la fois dans les États Israël et de Palestine). Mais ils ne doivent pas faire oublier que, par le passé, les dirigeants palestiniens ont abandonné leur revendication de vivre sur leur terre pour tenter de conquérir la Jordanie (« Septembre noir »), puis le Liban (la « guerre civile »). Ce faisant, ils ont commis d’autres crimes et se sont disqualifiés.

La seule solution au conflit est l’État binational prévu à la fin de la Seconde Guerre mondiale par les Nations unies. Celui-ci mettrait fin à l’apartheid pratiqué par Israël, ainsi que l’a écris le président états-unien Jimmy Carter, il y a 15 ans [4], et garantirait le droit au retour des Palestiniens. Sauf qu’il n’y a pas aujourd’hui d’Israéliens et de Palestiniens capables de jouer le rôle de Frederik de Klerk et de Nelson Mandela. Au demeurant, les affrontements intercommunautaires qui viennent de se dérouler dans les villes mixtes d’Israël rendent cette solution de plus en plus difficile.

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Le colonel Ralph Peters, qui publia cette carte de l’état-major US en 2005, écrivait le 12 septembre 2001 : « Est-ce qu’une résolution pacifique des conflits au Moyen-Orient serait bénéfique pour les États-Unis, après tout ? Israël qui n’est plus dépendant des États-Unis comme dernier défenseur, pourrait faire preuve d’une préoccupante indépendance » ({Parameters} n°31).

Hypothèse explicative

Il est difficile de croire que l’usure du temps explique seule les affrontements intercommunautaires. Les Israéliens et les Palestiniens aspirent à coexister pacifiquement, tout au moins ceux qui ne militent ni au Likoud, ni au Hamas. Je pose donc une hypothèse au regard de la région dite par les stratèges états-uniens « Moyen-Orient élargi ».

L’incident survenu le 14 mai à Jaffa, où des émeutiers ont lancé un cocktail Molotov dans une maison arabe, brûlant gravement un enfant de 12 ans, intrigue. Il a provoqué une centaine d’actions anti-juives dans la ville, qui ont elles-mêmes suscité des actions anti-arabes. Or, selon la police, l’incident initial n’était pas le fait de juifs extrémistes, mais de deux arabes. Dès lors une question se pose : s’agissait-il d’imbéciles qui se sont trompés de maison et ont atteint leur propre camp, ou de mercenaires commettant une attaque sous faux drapeau ?

Depuis le 11 septembre 2001 (à l’exception de la parenthèse Trump), le Pentagone met en œuvre la doctrine Rumsfeld/Cebrowski. Il s’agit d’adapter l’armée US aux exigences du capitalisme financier et de la globalisation des échanges. Pour commencer, l’état-major US s’est donné comme objectif de détruire toutes les structures étatiques dans cette région, à l’exception de celles d’Israël, du Liban et de la Jordanie, afin que des multinationales puissent y exploiter les ressources naturelles sans y rencontrer d’obstacle politique. Ainsi, nous avons successivement assisté à cette destruction en Afghanistan, en Iraq, en Libye, en Syrie et au Yémen. Toutes ces guerres nous ont été vendues comme des « révolutions », mais aucune ne l’était. Elles devaient durer quelques semaines, mais aucune ne s’est terminée (la « guerre sans fin »). On nous les vends donc désormais comme des « guerres civiles ». Depuis deux ans, le même processus est à l’œuvre au Liban, mais cette fois sans recours direct aux armes. La carte de l’état-major US, publiée en 2005, a donc été modifiée. Il est de ce fait légitime d’envisager que cette peste s’étende à Israël.

Selon l’amiral Arthur Cebrowski, la difficulté principale dans la mise en œuvre de sa doctrine est de circonscrire l’incendie. C’est pourquoi, il a imaginé la région « Moyen-Orient élargi » en se fondant non pas sur ses ressources, mais sur la culture de ses habitants. Dès lors était-il possible de dynamiter tous les États de cette région, que leurs gouvernements soient amis ou ennemis, sans toucher la Palestine géographique ?

Cette hypothèse peut exister avec deux variantes : dans la première la contamination d’Israël est le fait des peuples mus par leur passion, dans la seconde, elle est une volonté du Pentagone. Quoi qu’il en soit, si la suite des événements dans les prochains mois devait confirmer cette hypothèse, ce qui se passe actuellement change la nature du conflit et le prolonge à l’infini.

Le Pentagone s’était opposé à la politique étrangère du président Trump. Des généraux se sont même félicités de l’avoir trompé et d’avoir fait échouer le retrait des troupes US de Syrie. Ils n’ont pas accepté que ce pays leur échappe et passe sous la protection de la Russie. Ils ont repris la doctrine Rumsfeld/Cebrowski au Liban contre l’avis du président Trump. Ils y ont joué sur les rivalités internes tout en s’abstenant d’utiliser ouvertement leurs troupes. Aux États-Unis, le Parti démocrate est en train de virer anti-israélien sous l’influence des parlementaires du groupe de Rashida Tlaib, Ilhan Omar, Cori Bush, Ayanna Pressley et Alexandria Ocasio-Cortez. Le Pentagone, qui considère depuis 2001 Israël comme un allié devenu trop indépendant pour son goût, trouverait sa revanche dans sa destruction.

En quelques jours et singulièrement depuis le bombardement israélien des bureaux d’Associated Press à Gaza, la presse US est passée de pro-israélienne à pro-palestinienne ; un si soudain revirement qu’il laisse songeur.

Netanyahu : la violence et le chaos entre Arabes et Juifs sont « insupportables »

Les députés de tous bords politiques ont crié leur indignation face à des « prémices d’une guerre civile » et appellent au calme après émeutes et lynchages

Colonnes de fumée au-dessus de la ville de Lod, secouée par des émeutes, le 12 mai 2021. (Crédit : Ahmad GHARABLI / AFP)

Colonnes de fumée au-dessus de la ville de Lod, secouée par des émeutes, le 12 mai 2021. (Crédit : Ahmad GHARABLI / AFP)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré dans une vidéo que la violence et le chaos entre Arabes et Juifs ces derniers jours sont « insupportables ».

« Nous avons vu des émeutiers arabes mettre le feu à des synagogues, mettre le feu à des voitures, agresser la police, attaquer des civils innocents pacifiques. Nous ne pouvons pas l’accepter. C’est l’anarchie », a-t-il dit.

« Rien ne peut justifier qu’une foule arabe agresse des Juifs, et rien ne peut justifier qu’une foule juive agresse des Arabes ».

« Je me fiche que votre sang soit en ébullition. Alors il est bouillant. C’est sans importance. Vous ne pouvez pas faire justice vous-même. Vous ne pouvez pas venir vers un citoyen arabe et essayer de le lyncher, tout comme nous ne pouvons pas voir des citoyens arabes le faire à des citoyens juifs. Cela ne sera pas toléré ».

« Cette violence ne nous ressemble pas », poursuit-il. « Nous allons ramener l’ordre et la loi dans toutes les villes israéliennes ».

Netanyahu a ajouté qu’il apportera un soutien total et davantage de pouvoirs et de ressources à la police pour qu’elle fasse respecter la loi, et a déclaré qu’il envisageait également d’envoyer des forces militaires dans les villes dans la mesure où la loi le permet.

« Si nécessaire, nous légiférerons davantage [pour le faire] », a-t-il dit.

Le président Reuven Rivlin est intervenu sur la Douzième chaîne de télévision israélienne et a imploré les Israéliens de mettre fin à la « folie » qui se déroule dans les rues des villes judéo-arabes.

« Je suis très inquiet », a-t-il dit, ajoutant qu’il « crie » à la paix intérieure alors qu’Israël fait face à des attaques d’ennemis extérieurs.

« Je lance un appel et une supplique à tous les dirigeants locaux, aux chefs religieux, aux citoyens, aux parents. Faites tout ce que vous pouvez pour arrêter cette chose terrible qui se passe sous nos yeux », a-t-il dit.

« Nous avons affaire à une guerre civile entre nous sans aucune raison. S’il vous plaît, arrêtez cette folie ».

« Je vous en supplie. Ce pays appartient à chacun d’entre nous. Désistez-vous. »

Le ministre de la Défense, Benny Gantz, publie une déclaration en réponse aux émeutes brutales qui ont lieu dans tout le pays et au cours desquelles des foules arabes et juives ont pris pour cible des passants innocents.

« Ce soir, plus que jamais, ce sont nos divisions internes qui nous menacent. Elles ne sont pas moins dangereuses que les missiles du Hamas », déclare Gantz.

« Nous ne devons pas gagner la bataille à Gaza et perdre la bataille chez nous ». Les images dures des villes et des rues ce soir sont des Israéliens qui se déchirent les uns les autres. La violence choquante à Bat Yam, Akko, Lod et d’autres villes nous retourne l’estomac et nous brise le cœur à tous », ajoute-t-il.

Le député d’extrême droite Bezalel Smotrich, chef du Parti sioniste religieux, a affirmé avoir « avoir honte » de ce lynchage d’une « cruauté atroce ». « Frères juifs, Stop!! Nous ne pouvons en aucun cas nous laisser aller à des actes violents », a-t-il ajouté.

« Je viens de visionner un clip que je ne peux pas partager ici de Juifs qui malmènent un passant arabe innocent et je suis choqué et honteux jusqu’au fond de mon âme », a-t-il tweeté.

« Nous vivons des jours difficiles, nous sommes attaqués, frustrés… mais bon sang, comment les Juifs peuvent-ils être aussi cruels ?! Terrible. »

Smotrich est depuis longtemps accusé d’attiser les tensions raciales et religieuses.

Il a récemment déclaré que les Arabes sont des citoyens d’Israël, « pour l’instant du moins ».

Le président du parti Yesh Atid Yair Lapid a publié un communiqué dans lequel il affirme que « la violence ne nous vaincra pas. La violence ne dictera pas nos vies ».

Dans son communiqué, Lapid assure que de la même manière que « les émeutiers de Lod et d’Akko ne représentent pas tous les Arabes israéliens, les émeutiers de Bat Yam et les membres de La Familia, Lehava et Kahana Lives sont une bande de racistes pathétiques qui ne représentent pas les Juifs d’Israël », faisant référence aux groupes juifs extrémistes.

« La grande majorité du peuple d’Israël, Juifs et Arabes, est bien meilleure que cela. La majorité d’entre nous croit en la coexistence. Le rôle des dirigeants des deux camps est de faire baisser les flammes, d’appeler tout le monde à respecter la loi, de réduire les tensions et de contribuer à rétablir l’ordre. La violence ne nous vaincra pas. La violence ne nous vaincra pas. La violence ne dictera pas nos vies. Nous ne tolérerons pas une situation où des synagogues sont brûlées, où des innocents sont battus et où la vie de ceux qui vivent dans des villes mixtes devient un enfer« , a clamé Lapid.

Le chef du parti Tikva Hadasha Gideon Saar a déclaré que les scènes de chaos à Bat Yam, Haïfa, Akko, Lod et ailleurs « ne laissent pas de place au doute : nous risquons de glisser vers une guerre entre citoyens ».

« Notre engagement envers nos enfants dans ce pays nous oblige tous à agir pour calmer les esprits », a-t-il ajouté.

Pour Issawi Freij, député arabe du Meretz, il s’agit des « prémices d’une guerre civile ».

Freij a déclaré au Times of Israël que les scènes d’émeutiers juifs attaquant des Arabes israéliens le terrifient et qu’il craint que « le pire soit à portée de main. Il sera très difficile d’aller de l’avant », a dit Freij.

« Je suis terrifié à l’idée que les choses se détériorent davantage. Nos jeunes [arabes] insouciants vont vouloir se défendre. »

Freij a évoqué les événements d’octobre 2000, marqués par une série d’affrontements entre Arabes israéliens et policiers israéliens, au cours desquels 13 Arabes ont été tués.

Ces événements ont façonné la relation entre les Arabes israéliens et l’État israélien pendant une génération. Une enquête de l’État a révélé que la police avait fait un usage excessif de la force, mais aucun responsable n’a été inculpé.

« C’est bien pire qu’en octobre 2000. À l’époque, nous avons assisté à des affrontements entre la société arabe et la police. Ce que nous voyons maintenant, c’est entre les citoyens arabes et les citoyens juifs. C’est comme une guerre civile, sans armes », a dit e député.

Freij a appelé les dirigeants arabes et juifs à descendre dans la rue et à chercher à rétablir le calme. « Maintenant, s’il vous plaît, il n’est pas trop tard. Sortez et faites entendre votre voix », a plaidé Freij.

Le chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a accusé « l’imprudence du Premier ministre et du ministre de la Sécurité intérieure, qui sont à la fois responsables et coupables de cette situation ».

Le grand rabbin sépharade d’Israël Yitzhak Yosef a publié une déclaration implorant les Juifs de ne pas devenir violents contre les citoyens arabes.

« Des civils israéliens innocents sont attaqués par des organisations terroristes, le sang coule à flot et nos cœurs sont indignés, les scènes sont difficiles à regarder. Mais nous ne devons pas nous laisser entraîner par les provocations et par le fait de blesser des gens ou de porter atteinte à des biens », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que la Torah ne permet pas de faire la loi soi-même. « Le travail de retour à l’ordre doit être laissé à la police », a-t-il déclaré. « Nous devons être une lumière pour les nations, et non, à Dieu ne plaise, le contraire ».

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Netanyahu à Lod, en état d’urgence : « nous rétablirons l’ordre »

Trois synagogues et des dizaines de voitures étaient en feu, poussant le maire de la ville à comparer la situation à la Nuit de Cristal

Benjamin Netanyahu s'adresse aux journalistes depuis Lod, le 12 mai 2021 (Crédit : capture d'écran Douzième chaîne)

Benjamin Netanyahu s’adresse aux journalistes depuis Lod, le 12 mai 2021 (Crédit : capture d’écran Douzième chaîne)

« C’est la nuit de Cristal à Lod », a déploré le maire de la ville, Yair Revivo, se référant au pogrom nazi mené contre les Juifs allemands en 1938.

« J’ai appelé le Premier ministre à déclarer l’état d’urgence à Lod. A appeler l’armée. A imposer un couvre-feu. A faire revenir le calme… il y a ici un échec de gouvernance… c’est un incident géant – une intifada d’Arabes israéliens. Tout le travail que nous avons fait ici depuis des années, en termes de coexistence, est anéanti ».

« Tout Israël doit le savoir, il y a une perte totale de contrôle… C’est impensable. Les synagogues sont incendiées. Des centaines de voitures sont incendiées. Des centaines de voyous arabes déambulent dans les rues… la guerre civile a éclaté à Lod… La communauté orthodoxe nationaliste, ici, est armée. J’implore ses membres de retourner chez eux mais, ce qui est compréhensible, ils veulent protéger leurs habitations. Des cocktails Molotov sont jetés dans des maisons appartenant à des Juifs. La situation est incendiaire. »

Trois synagogues, des commerces, des dizaines de voitures étaient en feu et des poubelles jonchaient sur les trottoirs. L’hôpital Assaf Harofeh soigne 12 personnes blessées lors des affrontements à Lod, dont deux dans un état grave. Les autres sont légèrement blessés. Selon les médias en hébreu, l’une des personnes gravement blessées est un homme de 56 ans qui a été frappé à la tête avec une pierre lorsque des émeutiers ont lapidé sa voiture à coups de pierres.

Tard lundi soir, cette ville mixte – 77 000 habitants, dont 47 000 juifs et 23 000 arabes – située en banlieue de Tel-Aviv avait été le théâtre de violents affrontements et un émeutier arabe Israélien y avait été tué. La ville jouxte l’aéroport Ben Gurion dont le trafic aérien a été suspendu pendant plus d’une heure mardi soir.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ensuite déclaré l’état d’urgence et envoyé un bataillon de la police des frontières en renfort.

« Je reçois des mises à jour toute la journée de ce qui se passe ici dans la ville et je trouve la situation extrêmement gravement. C’est l’anarchie des émeutiers que nous ne pouvons pas accepter », dit Netanyahu. Le Premier ministre a prévenu qu’il imposerait un couvre-feu si nécessaire. « Nous rétablirons la loi et l’ordre. »

Shiloh Fried, qui habite Lod, a déclaré devant les caméras de la Douzième chaîne que « des gangs de jeunes arabes vont de rue en rue, ils incendient des commerces, ils brisent des fenêtres… Les familles juives sont enfermées chez elles, terrifiées à l’idée de sortir… Leurs voitures sont incendiées… la police est invisible ».

Il s’est alors adressé à la police : « Montrez-vous – montrez que vous n’abandonnez pas la ville… et apaisez la situation ».

Certaines informations ont laissé entendre que des résidents avaient évité de se rendre dans les abris antiaériens publics pendant les alertes, craignant d’être agressés.

La Douzième chaîne a aussi diffusé des images de résidents juifs de Lod en train de jeter des pierres sur des voitures appartenant à des habitants arabes, même si Fried a déclaré que tels incidents étaient mineurs au vu de l’ampleur des émeutes arabes.

« Des émeutes de grande ampleur ont éclaté du fait de certains résidents arabes, mettant en danger les habitants », a indiqué la police dans un communiqué. « Des véhicules ont été incendiés et des biens ont été endommagés ». « Seize pelotons de la police des frontières ont été déployés dans le secteur afin de gérer les violences », a indiqué dans la nuit la police israélienne.

Des scènes de violence ont aussi eu lieu dans d’autres localités arabes israéliennes, comme à Akko ou Wadi Ara (nord), ou Jisr A-Zarqa, près de Haïfa, où huit personnes ont été arrêtées, selon la police.

Réagissant aux émeutes en cours dans les villes mixtes arabo-juives à travers Israël, le député du Meretz, Issawi Frej, a déclaré au radiodiffuseur public Kan, « quiconque se qualifie de personnalité publique dans la société arabe doit appeler au rétablissement du calme. » « J’appelle Ahmad Tibi, Ayman Odeh et les maires arabes [de la Liste arabe unie] : c’est le test de votre leadership. Ne vous cachez pas. Ne parlez pas uniquement pendant les élections. C’est votre travail de sortir et d’influencer. »

Le président Reuven Rivlin avait tenté mardi matin de sensibiliser les personnalités publiques arabes pour restaurer le calme.

Ces émeutes interviennent alors que plus de 600 roquettes ont été tirées sur l’État hébreu. Les écoles du sud jusqu’à Herzliya seront fermées mercredi. Le ministre de la Défense, Benny Gantz, a prévenu lors d’une conférence de presse que ce n’était que le début.

L’AFP a contribué à cet article.

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L’Iran est un protecteur d’Israël depuis l’empereur Cyrus qui délivra les juifs de Babylone. La République islamique, qui condamne sans cesse l’État d’Israël, ne l’a jamais attaqué.

La Journée internationale de Jérusalem

Le 7 mai 2021, quatrième vendredi du Ramadan, était la traditionnelle Journée internationale de Jérusalem instituée par l’imam Rouhollah Khomeini. Son successeur, le guide Ali Khamenei a prononcé un discours afin de replacer Jérusalem (troisième lieu saint de l’islam) au centre des Relations internationales ; une question de toute manière centrale, selon lui, pour le monde islamique [1].

L’Iran reconnait le massacre des juifs d’Europe par les nazis. Il considère que les Européens ont créé Israël pour se débarrasser des juifs survivants (ce qui est faux ainsi que l’atteste l’affaire de l’Exodus), en volant une terre qui ne leur appartenait pas et en faisant payer aux Palestiniens le poids de leur crime. Ce faisant les Européens ont montré le peu d’égard qu’ils ont pour les Droits de l’homme. Les capitalistes et les communistes montrèrent alors leur vrai visage. L’Iran n’a jamais reconnu l’État d’Israël, ni à l’époque du shah Reza Pahlevi, ni depuis la République islamique. L’ayatollah Ali Khamenei a prophétisé qu’Israël disparaîtra avant 2040, non pas du fait de l’Iran, mais à cause de « sa propre arrogance ».

M. Khamenei a affirmé qu’Israël tomberait lorsque la Nation islamique s’unirait. Il a célébré les martyrs de cette cause, c’est-à-dire à la fois les Frères musulmans sunnites et ses propres disciples chiites, à commencer par cheikh Ahmed Yassine et le général Qassem Soleimani. A contrario, il a dénoncé sans les nommer le « deal du siècle » et les « Accords d’Abraham » conclus par le président Donald Trump et la normalisation des relations entre certains pays musulmans et Israël. Pour terminer, le guide a rappelé sa proposition déposée aux Nations unies d’organiser un référendum pour que tous les habitants de la Palestine, quelque soit leur religion, et les Palestiniens réfugiés à l’étranger (y compris ceux d’Amérique latine, d’Australie et d’ailleurs) puissent déterminer leur avenir commun.

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Les décisions de la Cour suprême d’Israël sont éminemment politiques.

L’expulsion programmée des Palestiniens du quartier de Cheikh Jarrah

Durant tout le ramadan et singulièrement depuis le discours de l’ayatollah Ali Khamenei, une forte tension était perceptible à Jérusalem à propos d’une possible expulsion de quatre familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah [2]. Depuis 1948, Israël expulse, maison par maison, les Palestiniens de Jérusalem au nom de lois de l’occupation ottomane, conservées par les Britanniques et le régime actuel. Cette stratégie devrait aboutir à repousser les Palestiniens dans un petit quartier de Jérusalem-Est, Kfar Aqab, qui est déjà isolé du reste de la ville par un mur en béton. Cependant dans le cas précis de ces quatre familles palestiniennes, les tribunaux se fondent sur une loi israélienne qui viole l’accord passé, il y a 65 ans, entre la Jordanie (alors gestionnaire de cette partie de la ville) et les Nations unies.

Il n’y a aucun doute sur les décisions à venir de la « Justice » israélienne dans la mesure où cet État a proclamé unilatéralement, en 1967, Jérusalem comme sa « capitale éternelle et indivisible » en violation des résolutions de l’Onu.

Dès vendredi 7 mai au soir, les affrontements se sont déroulés sur l’esplanade des mosquées (le Mont du Temple selon la terminologie israélienne). Ils ont été plus durs encore que ceux de 2017. Samedi des heurts ont également eu lieu en Cisjordanie (gouvernée par l’OLP) et à la frontière de Gaza (gouverné par les Frères musulmans du Hamas). Les Forces de défense israéliennes (Tsahal) ont dispersé les foules avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Lorsque des ballons incendiaires ont été lancés et que le Hamas a tiré une roquette sur Israël, Tsahal a riposté en détruisant un poste militaire des Frères musulmans dans le sud de la Bande de Gaza. Le Hamas a alors demandé aux Palestiniens d’occuper l’esplanade jusqu’à la fin du ramadan, jeudi 13 mai.

La Cour suprême israélienne a reporté sine die l’audience, prévue lundi 10, sur l’expulsion des quatre familles palestiniennes de Cheikh Jarrah. Lors de son message dominical, le pape François a appelé à la fin des violences à Jérusalem : « La violence engendre seulement la violence. Arrêtons ces heurts », a-t-il déclaré. L’Arabie saoudite, le Bahreïn, l’Égypte, les Émirats, l’Iran, la Jordanie, le Maroc, le Pakistan, le Soudan, la Tunisie, la Turquie ont condamné le comportement d’Israël et appelés à la désescalade. En définitive, le Quartet (Russie, UE, USA, Onu) a publié un communiqué notant « avec une sérieuse préoccupation la possible éviction de familles palestiniennes de leurs foyers où ils ont habité depuis des générations (…) et exprimant son opposition à des actions unilatérales, qui ne font qu’entraîner une escalade dans un environnement déjà tendu » [3].

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Dans son discours, diffusé depuis le Qatar par Al-Aqsa, Ismaël Haniyé annonce que le Hamas attaquera Israël jusqu’à ce qu’il cesse de grignoter les Territoires.

Vers un conflit militaire

Subitement les événements ont tourné à la guerre, le Hamas tirant des roquettes contre Israël à partir de lundi 10 au soir ; Tsahal répondant en bombardant Gaza avec force avions et hélicoptères, c’est-à-dire avec des moyens 10 fois plus létaux.

Toutes les factions armées palestiniennes sont rapidement entrées en guerre à l’exception de l’Autorité palestinienne qui a, au contraire, réprimé des manifestations populaires en Cisjordanie.

Les Palestiniens sont privés de démocratie, autant que de République. Nul ne sait ce qu’ils pensent. Aucune élection ne s’est tenue depuis 15 ans. Celles qui devaient avoir lieu en mai ont été annulées par l’Autorité palestinienne après qu’Israël se soit opposé à ce qu’elles se tiennent aussi à Jérusalem-Est.

Mardi 11, le leader du Hamas, Ismaël Haniyeh, a prononcé un discours télévisé liant la question de Jérusalem à celle de Gaza. Il a présenté Al-Quods (Jérusalem) comme le cœur de la nation palestinienne. Il a dénoncé les expulsions de Cheikh Jarrah, mais surtout il a présenté les heurts sur l’esplanade des mosquées comme des attaques juives contre la mosquée Al-Aqsa. Ce qui est faux : la police israélienne est entrée dans la mosquée et y a tiré des gaz lacrymogènes en poursuivant des manifestants qui contestaient à juste titre l’expulsion des quatre familles de Cheikh Jarrah. Ce discours a surpris les Israéliens. Le Hamas ne se pose plus en résistant répliquant symboliquement à Israël, mais comme une force espérant imposer la fin du lent grignotage des Territoires palestiniens.

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Le président turc Recep Tayyip Erdoğan dénonce depuis des années le grignotage de la Palestine par Israël. Son intervention pour donner une leçon à Israël pourrait avoir été inspirée par le Pentagone. Il sauverait ainsi la Turquie et détournerait la colère US contre l’État hébreu.

C’est la guerre

Mardi soir, Tsahal a rasé la tour Al-Shourouk (12 étages), au centre de Gaza, en utilisant des bombes pénétrantes. Elle abritait entre autres la chaîne de télévision du Hamas, Al-Aqsa. C’était la réponse d’Israël au message d’Haniyeh. Le Hamas (soutenu par la Turquie et le Qatar) et le Jihad islamique (soutenu par l’Iran) ont riposté par une pluie de roquettes sur Tel-Aviv, mais aussi Ashdod, Ashkélon et à la limite de Jérusalem.

La destruction intentionnelle d’une chaîne de télévision constitue un crime de guerre. La Cour pénale internationale, qui s’est déclarée compétente pour les crimes commis dans les Territoires palestiniens, a donc été saisie.

Le Conseil de sécurité de l’Onu s’est réuni deux fois par téléconférence et à huis-clos. Les États-Unis se sont opposés à toute déclaration officielle à ce stade, assurant que les expulsions de familles palestiniennes à Jérusalem-Est étaient une « affaire intérieure israélienne », ce que tous les autres membres du Conseil contestent.

La Ligue arabe, quant à elle, a affirmé que cette affaire n’avait aucun rapport avec un contentieux immobilier et que seuls ceux qui ont de la mémoire ne se trompent pas.

La Russie a exigé une réunion immédiate du Quartet (Onu, Russie, UE, USA).

Quatre membres du Conseil de sécurité ont émis un communiqué à défaut d’une prise de position du Conseil : la France, l’Estonie, l’Irlande et la Norvège ont appelé Israël « à cesser les activités de colonisation, de démolition et d’expulsion, y compris à Jérusalem-Est ».

Le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, qui fournit le Hamas en armes, a dénoncé l’inaction du Conseil de sécurité et appelé à « donner une leçon à Israël ».

Pour la première fois, des heurts ont eu lieu dans des villes mixtes (musulmanes, chrétiennes et juives), notamment dans la cité ouvrière de Lod où un jeune père de famille musulman israélien a été lynché par des compatriotes juifs armés. Le président Reuven Rivlin a dénoncé un « pogrom » anti-musulman. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à vivement condamné ce crime et décrété l’état d’urgence à Lod. Lors des funérailles de la victime, des scènes de guérilla ont eu lieu dans 18 villes mixtes. On parle désormais non seulement d’une guerre entre Israéliens et Palestiniens, mais aussi d’une possible guerre civile en Israël entre juifs et non-juifs (goïm).

Les États-Unis ont multiplié les contacts avec Israël pour appeler à la désescalade, en vain. Il apparaît que Washington s’apprêtant à renouer officiellement avec l’Iran —après l’élection de son prochain président et la signature d’un nouvel accord nucléaire— contre l’avis de Tel-Aviv, il n’exercera pas plus de pression sur Israël. Espérant cependant parvenir à quelque chose, les États-Unis se sont opposés à une troisième réunion du Conseil de sécurité par téléconférence de manière à leur laisser le temps. Selon le règlement du Conseil, la présidence tournante, ce mois-ci la Chine, a le pouvoir d’en imposer une en présentiel, mais Beijing s’est abstenu.

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Un israélien musulman est lynché par des Israéliens juifs à Lod, en direct à la télévision.

Analyse du conflit

Tous les observateurs impartiaux s’accordent à considérer que la politique israélienne de colonisation, de démolition et d’expulsion viole le Droit international et les résolutions de l’Onu. Il s’agit en fait d’une conquête territoriale, non pas par la voie militaire, mais par l’application d’une législation viciée.

Benjamin Netanyahu, fils du secrétaire particulier du fondateur du Parti révisionniste Vladimir Jabotinsky, incarne le projet d’un Grand Israël du Nil à l’Euphrate (Eretz Israel). Il se réclame d’une forme de suprémacisme juif. Il n’est certes plus majoritaire dans son pays, mais toujours Premier ministre.

Identiquement, tous s’accordent à considérer que des tirs de roquettes au hasard sur des agglomérations sont des crimes de guerre contre des populations civiles.

Le Hamas ne conteste pas la colonisation de la Palestine, à la différence du Fatah, mais uniquement le fait que des juifs gouvernent une terre musulmane. Il se réclame d’une forme de suprémacisme musulman. Au demeurant, cette « section palestinienne des Frères musulmans » (ainsi que l’indiquait son drapeau il y a peu encore) a été créée par sheikh Ahmed Yassine avec l’aide d’Israël pour affaiblir le Fatah de Yasser Arafat.

Une fois posé que le Likoud et le Hamas se réclament d’idéologies d’un autre âge et ont des pratiques criminelles, on ne dispose toujours pas de perspectives de paix permettant aux uns et aux autres de vivre ensemble.

Tous les États membres des Nations unies, à l’exception d’Israël, reconnaissent le « droit inaliénable » des Palestiniens, non pas à retrouver les maisons dont ils ont été chassés en 1948, mais à retourner sur leur terre en tant que citoyens à part entière. Ce faisant, ils s’opposent tous en théorie à la « solution à deux États » que les Occidentaux ont pourtant soutenu depuis 2007. En entretenant cette contradiction, les Occidentaux sont responsables de la perpétuation du conflit.

Les affrontements actuels se déroulent tous en Palestine géographique (c’est-à-dire à la fois dans les États Israël et de Palestine). Mais ils ne doivent pas faire oublier que, par le passé, les dirigeants palestiniens ont abandonné leur revendication de vivre sur leur terre pour tenter de conquérir la Jordanie (« Septembre noir »), puis le Liban (la « guerre civile »). Ce faisant, ils ont commis d’autres crimes et se sont disqualifiés.

La seule solution au conflit est l’État binational prévu à la fin de la Seconde Guerre mondiale par les Nations unies. Celui-ci mettrait fin à l’apartheid pratiqué par Israël, ainsi que l’a écris le président états-unien Jimmy Carter, il y a 15 ans [4], et garantirait le droit au retour des Palestiniens. Sauf qu’il n’y a pas aujourd’hui d’Israéliens et de Palestiniens capables de jouer le rôle de Frederik de Klerk et de Nelson Mandela. Au demeurant, les affrontements intercommunautaires qui viennent de se dérouler dans les villes mixtes d’Israël rendent cette solution de plus en plus difficile.

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Le colonel Ralph Peters, qui publia cette carte de l’état-major US en 2005, écrivait le 12 septembre 2001 : « Est-ce qu’une résolution pacifique des conflits au Moyen-Orient serait bénéfique pour les États-Unis, après tout ? Israël qui n’est plus dépendant des États-Unis comme dernier défenseur, pourrait faire preuve d’une préoccupante indépendance » ({Parameters} n°31).

Hypothèse explicative

Il est difficile de croire que l’usure du temps explique seule les affrontements intercommunautaires. Les Israéliens et les Palestiniens aspirent à coexister pacifiquement, tout au moins ceux qui ne militent ni au Likoud, ni au Hamas. Je pose donc une hypothèse au regard de la région dite par les stratèges états-uniens « Moyen-Orient élargi ».

L’incident survenu le 14 mai à Jaffa, où des émeutiers ont lancé un cocktail Molotov dans une maison arabe, brûlant gravement un enfant de 12 ans, intrigue. Il a provoqué une centaine d’actions anti-juives dans la ville, qui ont elles-mêmes suscité des actions anti-arabes. Or, selon la police, l’incident initial n’était pas le fait de juifs extrémistes, mais de deux arabes. Dès lors une question se pose : s’agissait-il d’imbéciles qui se sont trompés de maison et ont atteint leur propre camp, ou de mercenaires commettant une attaque sous faux drapeau ?

Depuis le 11 septembre 2001 (à l’exception de la parenthèse Trump), le Pentagone met en œuvre la doctrine Rumsfeld/Cebrowski. Il s’agit d’adapter l’armée US aux exigences du capitalisme financier et de la globalisation des échanges. Pour commencer, l’état-major US s’est donné comme objectif de détruire toutes les structures étatiques dans cette région, à l’exception de celles d’Israël, du Liban et de la Jordanie, afin que des multinationales puissent y exploiter les ressources naturelles sans y rencontrer d’obstacle politique. Ainsi, nous avons successivement assisté à cette destruction en Afghanistan, en Iraq, en Libye, en Syrie et au Yémen. Toutes ces guerres nous ont été vendues comme des « révolutions », mais aucune ne l’était. Elles devaient durer quelques semaines, mais aucune ne s’est terminée (la « guerre sans fin »). On nous les vends donc désormais comme des « guerres civiles ». Depuis deux ans, le même processus est à l’œuvre au Liban, mais cette fois sans recours direct aux armes. La carte de l’état-major US, publiée en 2005, a donc été modifiée. Il est de ce fait légitime d’envisager que cette peste s’étende à Israël.

Selon l’amiral Arthur Cebrowski, la difficulté principale dans la mise en œuvre de sa doctrine est de circonscrire l’incendie. C’est pourquoi, il a imaginé la région « Moyen-Orient élargi » en se fondant non pas sur ses ressources, mais sur la culture de ses habitants. Dès lors était-il possible de dynamiter tous les États de cette région, que leurs gouvernements soient amis ou ennemis, sans toucher la Palestine géographique ?

Cette hypothèse peut exister avec deux variantes : dans la première la contamination d’Israël est le fait des peuples mus par leur passion, dans la seconde, elle est une volonté du Pentagone. Quoi qu’il en soit, si la suite des événements dans les prochains mois devait confirmer cette hypothèse, ce qui se passe actuellement change la nature du conflit et le prolonge à l’infini.

Le Pentagone s’était opposé à la politique étrangère du président Trump. Des généraux se sont même félicités de l’avoir trompé et d’avoir fait échouer le retrait des troupes US de Syrie. Ils n’ont pas accepté que ce pays leur échappe et passe sous la protection de la Russie. Ils ont repris la doctrine Rumsfeld/Cebrowski au Liban contre l’avis du président Trump. Ils y ont joué sur les rivalités internes tout en s’abstenant d’utiliser ouvertement leurs troupes. Aux États-Unis, le Parti démocrate est en train de virer anti-israélien sous l’influence des parlementaires du groupe de Rashida Tlaib, Ilhan Omar, Cori Bush, Ayanna Pressley et Alexandria Ocasio-Cortez. Le Pentagone, qui considère depuis 2001 Israël comme un allié devenu trop indépendant pour son goût, trouverait sa revanche dans sa destruction.

En quelques jours et singulièrement depuis le bombardement israélien des bureaux d’Associated Press à Gaza, la presse US est passée de pro-israélienne à pro-palestinienne ; un si soudain revirement qu’il laisse songeur.

Netanyahu : la violence et le chaos entre Arabes et Juifs sont « insupportables »

Les députés de tous bords politiques ont crié leur indignation face à des « prémices d’une guerre civile » et appellent au calme après émeutes et lynchages

Colonnes de fumée au-dessus de la ville de Lod, secouée par des émeutes, le 12 mai 2021. (Crédit : Ahmad GHARABLI / AFP)

Colonnes de fumée au-dessus de la ville de Lod, secouée par des émeutes, le 12 mai 2021. (Crédit : Ahmad GHARABLI / AFP)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré dans une vidéo que la violence et le chaos entre Arabes et Juifs ces derniers jours sont « insupportables ».

« Nous avons vu des émeutiers arabes mettre le feu à des synagogues, mettre le feu à des voitures, agresser la police, attaquer des civils innocents pacifiques. Nous ne pouvons pas l’accepter. C’est l’anarchie », a-t-il dit.

« Rien ne peut justifier qu’une foule arabe agresse des Juifs, et rien ne peut justifier qu’une foule juive agresse des Arabes ».

« Je me fiche que votre sang soit en ébullition. Alors il est bouillant. C’est sans importance. Vous ne pouvez pas faire justice vous-même. Vous ne pouvez pas venir vers un citoyen arabe et essayer de le lyncher, tout comme nous ne pouvons pas voir des citoyens arabes le faire à des citoyens juifs. Cela ne sera pas toléré ».

« Cette violence ne nous ressemble pas », poursuit-il. « Nous allons ramener l’ordre et la loi dans toutes les villes israéliennes ».

Netanyahu a ajouté qu’il apportera un soutien total et davantage de pouvoirs et de ressources à la police pour qu’elle fasse respecter la loi, et a déclaré qu’il envisageait également d’envoyer des forces militaires dans les villes dans la mesure où la loi le permet.

« Si nécessaire, nous légiférerons davantage [pour le faire] », a-t-il dit.

Le président Reuven Rivlin est intervenu sur la Douzième chaîne de télévision israélienne et a imploré les Israéliens de mettre fin à la « folie » qui se déroule dans les rues des villes judéo-arabes.

« Je suis très inquiet », a-t-il dit, ajoutant qu’il « crie » à la paix intérieure alors qu’Israël fait face à des attaques d’ennemis extérieurs.

« Je lance un appel et une supplique à tous les dirigeants locaux, aux chefs religieux, aux citoyens, aux parents. Faites tout ce que vous pouvez pour arrêter cette chose terrible qui se passe sous nos yeux », a-t-il dit.

« Nous avons affaire à une guerre civile entre nous sans aucune raison. S’il vous plaît, arrêtez cette folie ».

« Je vous en supplie. Ce pays appartient à chacun d’entre nous. Désistez-vous. »

Le ministre de la Défense, Benny Gantz, publie une déclaration en réponse aux émeutes brutales qui ont lieu dans tout le pays et au cours desquelles des foules arabes et juives ont pris pour cible des passants innocents.

« Ce soir, plus que jamais, ce sont nos divisions internes qui nous menacent. Elles ne sont pas moins dangereuses que les missiles du Hamas », déclare Gantz.

« Nous ne devons pas gagner la bataille à Gaza et perdre la bataille chez nous ». Les images dures des villes et des rues ce soir sont des Israéliens qui se déchirent les uns les autres. La violence choquante à Bat Yam, Akko, Lod et d’autres villes nous retourne l’estomac et nous brise le cœur à tous », ajoute-t-il.

Le député d’extrême droite Bezalel Smotrich, chef du Parti sioniste religieux, a affirmé avoir « avoir honte » de ce lynchage d’une « cruauté atroce ». « Frères juifs, Stop!! Nous ne pouvons en aucun cas nous laisser aller à des actes violents », a-t-il ajouté.

« Je viens de visionner un clip que je ne peux pas partager ici de Juifs qui malmènent un passant arabe innocent et je suis choqué et honteux jusqu’au fond de mon âme », a-t-il tweeté.

« Nous vivons des jours difficiles, nous sommes attaqués, frustrés… mais bon sang, comment les Juifs peuvent-ils être aussi cruels ?! Terrible. »

Smotrich est depuis longtemps accusé d’attiser les tensions raciales et religieuses.

Il a récemment déclaré que les Arabes sont des citoyens d’Israël, « pour l’instant du moins ».

Le président du parti Yesh Atid Yair Lapid a publié un communiqué dans lequel il affirme que « la violence ne nous vaincra pas. La violence ne dictera pas nos vies ».

Dans son communiqué, Lapid assure que de la même manière que « les émeutiers de Lod et d’Akko ne représentent pas tous les Arabes israéliens, les émeutiers de Bat Yam et les membres de La Familia, Lehava et Kahana Lives sont une bande de racistes pathétiques qui ne représentent pas les Juifs d’Israël », faisant référence aux groupes juifs extrémistes.

« La grande majorité du peuple d’Israël, Juifs et Arabes, est bien meilleure que cela. La majorité d’entre nous croit en la coexistence. Le rôle des dirigeants des deux camps est de faire baisser les flammes, d’appeler tout le monde à respecter la loi, de réduire les tensions et de contribuer à rétablir l’ordre. La violence ne nous vaincra pas. La violence ne nous vaincra pas. La violence ne dictera pas nos vies. Nous ne tolérerons pas une situation où des synagogues sont brûlées, où des innocents sont battus et où la vie de ceux qui vivent dans des villes mixtes devient un enfer« , a clamé Lapid.

Le chef du parti Tikva Hadasha Gideon Saar a déclaré que les scènes de chaos à Bat Yam, Haïfa, Akko, Lod et ailleurs « ne laissent pas de place au doute : nous risquons de glisser vers une guerre entre citoyens ».

« Notre engagement envers nos enfants dans ce pays nous oblige tous à agir pour calmer les esprits », a-t-il ajouté.

Pour Issawi Freij, député arabe du Meretz, il s’agit des « prémices d’une guerre civile ».

Freij a déclaré au Times of Israël que les scènes d’émeutiers juifs attaquant des Arabes israéliens le terrifient et qu’il craint que « le pire soit à portée de main. Il sera très difficile d’aller de l’avant », a dit Freij.

« Je suis terrifié à l’idée que les choses se détériorent davantage. Nos jeunes [arabes] insouciants vont vouloir se défendre. »

Freij a évoqué les événements d’octobre 2000, marqués par une série d’affrontements entre Arabes israéliens et policiers israéliens, au cours desquels 13 Arabes ont été tués.

Ces événements ont façonné la relation entre les Arabes israéliens et l’État israélien pendant une génération. Une enquête de l’État a révélé que la police avait fait un usage excessif de la force, mais aucun responsable n’a été inculpé.

« C’est bien pire qu’en octobre 2000. À l’époque, nous avons assisté à des affrontements entre la société arabe et la police. Ce que nous voyons maintenant, c’est entre les citoyens arabes et les citoyens juifs. C’est comme une guerre civile, sans armes », a dit e député.

Freij a appelé les dirigeants arabes et juifs à descendre dans la rue et à chercher à rétablir le calme. « Maintenant, s’il vous plaît, il n’est pas trop tard. Sortez et faites entendre votre voix », a plaidé Freij.

Le chef du parti Yisrael Beytenu, Avigdor Liberman, a accusé « l’imprudence du Premier ministre et du ministre de la Sécurité intérieure, qui sont à la fois responsables et coupables de cette situation ».

Le grand rabbin sépharade d’Israël Yitzhak Yosef a publié une déclaration implorant les Juifs de ne pas devenir violents contre les citoyens arabes.

« Des civils israéliens innocents sont attaqués par des organisations terroristes, le sang coule à flot et nos cœurs sont indignés, les scènes sont difficiles à regarder. Mais nous ne devons pas nous laisser entraîner par les provocations et par le fait de blesser des gens ou de porter atteinte à des biens », a-t-il déclaré.

Il a ajouté que la Torah ne permet pas de faire la loi soi-même. « Le travail de retour à l’ordre doit être laissé à la police », a-t-il déclaré. « Nous devons être une lumière pour les nations, et non, à Dieu ne plaise, le contraire ».

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Netanyahu à Lod, en état d’urgence : « nous rétablirons l’ordre »

Trois synagogues et des dizaines de voitures étaient en feu, poussant le maire de la ville à comparer la situation à la Nuit de Cristal

Benjamin Netanyahu s'adresse aux journalistes depuis Lod, le 12 mai 2021 (Crédit : capture d'écran Douzième chaîne)

Benjamin Netanyahu s’adresse aux journalistes depuis Lod, le 12 mai 2021 (Crédit : capture d’écran Douzième chaîne)

« C’est la nuit de Cristal à Lod », a déploré le maire de la ville, Yair Revivo, se référant au pogrom nazi mené contre les Juifs allemands en 1938.

« J’ai appelé le Premier ministre à déclarer l’état d’urgence à Lod. A appeler l’armée. A imposer un couvre-feu. A faire revenir le calme… il y a ici un échec de gouvernance… c’est un incident géant – une intifada d’Arabes israéliens. Tout le travail que nous avons fait ici depuis des années, en termes de coexistence, est anéanti ».

« Tout Israël doit le savoir, il y a une perte totale de contrôle… C’est impensable. Les synagogues sont incendiées. Des centaines de voitures sont incendiées. Des centaines de voyous arabes déambulent dans les rues… la guerre civile a éclaté à Lod… La communauté orthodoxe nationaliste, ici, est armée. J’implore ses membres de retourner chez eux mais, ce qui est compréhensible, ils veulent protéger leurs habitations. Des cocktails Molotov sont jetés dans des maisons appartenant à des Juifs. La situation est incendiaire. »

Trois synagogues, des commerces, des dizaines de voitures étaient en feu et des poubelles jonchaient sur les trottoirs. L’hôpital Assaf Harofeh soigne 12 personnes blessées lors des affrontements à Lod, dont deux dans un état grave. Les autres sont légèrement blessés. Selon les médias en hébreu, l’une des personnes gravement blessées est un homme de 56 ans qui a été frappé à la tête avec une pierre lorsque des émeutiers ont lapidé sa voiture à coups de pierres.

Tard lundi soir, cette ville mixte – 77 000 habitants, dont 47 000 juifs et 23 000 arabes – située en banlieue de Tel-Aviv avait été le théâtre de violents affrontements et un émeutier arabe Israélien y avait été tué. La ville jouxte l’aéroport Ben Gurion dont le trafic aérien a été suspendu pendant plus d’une heure mardi soir.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a ensuite déclaré l’état d’urgence et envoyé un bataillon de la police des frontières en renfort.

« Je reçois des mises à jour toute la journée de ce qui se passe ici dans la ville et je trouve la situation extrêmement gravement. C’est l’anarchie des émeutiers que nous ne pouvons pas accepter », dit Netanyahu. Le Premier ministre a prévenu qu’il imposerait un couvre-feu si nécessaire. « Nous rétablirons la loi et l’ordre. »

Shiloh Fried, qui habite Lod, a déclaré devant les caméras de la Douzième chaîne que « des gangs de jeunes arabes vont de rue en rue, ils incendient des commerces, ils brisent des fenêtres… Les familles juives sont enfermées chez elles, terrifiées à l’idée de sortir… Leurs voitures sont incendiées… la police est invisible ».

Il s’est alors adressé à la police : « Montrez-vous – montrez que vous n’abandonnez pas la ville… et apaisez la situation ».

Certaines informations ont laissé entendre que des résidents avaient évité de se rendre dans les abris antiaériens publics pendant les alertes, craignant d’être agressés.

La Douzième chaîne a aussi diffusé des images de résidents juifs de Lod en train de jeter des pierres sur des voitures appartenant à des habitants arabes, même si Fried a déclaré que tels incidents étaient mineurs au vu de l’ampleur des émeutes arabes.

« Des émeutes de grande ampleur ont éclaté du fait de certains résidents arabes, mettant en danger les habitants », a indiqué la police dans un communiqué. « Des véhicules ont été incendiés et des biens ont été endommagés ». « Seize pelotons de la police des frontières ont été déployés dans le secteur afin de gérer les violences », a indiqué dans la nuit la police israélienne.

Des scènes de violence ont aussi eu lieu dans d’autres localités arabes israéliennes, comme à Akko ou Wadi Ara (nord), ou Jisr A-Zarqa, près de Haïfa, où huit personnes ont été arrêtées, selon la police.

Réagissant aux émeutes en cours dans les villes mixtes arabo-juives à travers Israël, le député du Meretz, Issawi Frej, a déclaré au radiodiffuseur public Kan, « quiconque se qualifie de personnalité publique dans la société arabe doit appeler au rétablissement du calme. » « J’appelle Ahmad Tibi, Ayman Odeh et les maires arabes [de la Liste arabe unie] : c’est le test de votre leadership. Ne vous cachez pas. Ne parlez pas uniquement pendant les élections. C’est votre travail de sortir et d’influencer. »

Le président Reuven Rivlin avait tenté mardi matin de sensibiliser les personnalités publiques arabes pour restaurer le calme.

Ces émeutes interviennent alors que plus de 600 roquettes ont été tirées sur l’État hébreu. Les écoles du sud jusqu’à Herzliya seront fermées mercredi. Le ministre de la Défense, Benny Gantz, a prévenu lors d’une conférence de presse que ce n’était que le début.

L’AFP a contribué à cet article.

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L’Iran est un protecteur d’Israël depuis l’empereur Cyrus qui délivra les juifs de Babylone. La République islamique, qui condamne sans cesse l’État d’Israël, ne l’a jamais attaqué.

La Journée internationale de Jérusalem

Le 7 mai 2021, quatrième vendredi du Ramadan, était la traditionnelle Journée internationale de Jérusalem instituée par l’imam Rouhollah Khomeini. Son successeur, le guide Ali Khamenei a prononcé un discours afin de replacer Jérusalem (troisième lieu saint de l’islam) au centre des Relations internationales ; une question de toute manière centrale, selon lui, pour le monde islamique [1].

L’Iran reconnait le massacre des juifs d’Europe par les nazis. Il considère que les Européens ont créé Israël pour se débarrasser des juifs survivants (ce qui est faux ainsi que l’atteste l’affaire de l’Exodus), en volant une terre qui ne leur appartenait pas et en faisant payer aux Palestiniens le poids de leur crime. Ce faisant les Européens ont montré le peu d’égard qu’ils ont pour les Droits de l’homme. Les capitalistes et les communistes montrèrent alors leur vrai visage. L’Iran n’a jamais reconnu l’État d’Israël, ni à l’époque du shah Reza Pahlevi, ni depuis la République islamique. L’ayatollah Ali Khamenei a prophétisé qu’Israël disparaîtra avant 2040, non pas du fait de l’Iran, mais à cause de « sa propre arrogance ».

M. Khamenei a affirmé qu’Israël tomberait lorsque la Nation islamique s’unirait. Il a célébré les martyrs de cette cause, c’est-à-dire à la fois les Frères musulmans sunnites et ses propres disciples chiites, à commencer par cheikh Ahmed Yassine et le général Qassem Soleimani. A contrario, il a dénoncé sans les nommer le « deal du siècle » et les « Accords d’Abraham » conclus par le président Donald Trump et la normalisation des relations entre certains pays musulmans et Israël. Pour terminer, le guide a rappelé sa proposition déposée aux Nations unies d’organiser un référendum pour que tous les habitants de la Palestine, quelque soit leur religion, et les Palestiniens réfugiés à l’étranger (y compris ceux d’Amérique latine, d’Australie et d’ailleurs) puissent déterminer leur avenir commun.

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Les décisions de la Cour suprême d’Israël sont éminemment politiques.

L’expulsion programmée des Palestiniens du quartier de Cheikh Jarrah

Durant tout le ramadan et singulièrement depuis le discours de l’ayatollah Ali Khamenei, une forte tension était perceptible à Jérusalem à propos d’une possible expulsion de quatre familles palestiniennes du quartier de Cheikh Jarrah [2]. Depuis 1948, Israël expulse, maison par maison, les Palestiniens de Jérusalem au nom de lois de l’occupation ottomane, conservées par les Britanniques et le régime actuel. Cette stratégie devrait aboutir à repousser les Palestiniens dans un petit quartier de Jérusalem-Est, Kfar Aqab, qui est déjà isolé du reste de la ville par un mur en béton. Cependant dans le cas précis de ces quatre familles palestiniennes, les tribunaux se fondent sur une loi israélienne qui viole l’accord passé, il y a 65 ans, entre la Jordanie (alors gestionnaire de cette partie de la ville) et les Nations unies.

Il n’y a aucun doute sur les décisions à venir de la « Justice » israélienne dans la mesure où cet État a proclamé unilatéralement, en 1967, Jérusalem comme sa « capitale éternelle et indivisible » en violation des résolutions de l’Onu.

Dès vendredi 7 mai au soir, les affrontements se sont déroulés sur l’esplanade des mosquées (le Mont du Temple selon la terminologie israélienne). Ils ont été plus durs encore que ceux de 2017. Samedi des heurts ont également eu lieu en Cisjordanie (gouvernée par l’OLP) et à la frontière de Gaza (gouverné par les Frères musulmans du Hamas). Les Forces de défense israéliennes (Tsahal) ont dispersé les foules avec des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc. Lorsque des ballons incendiaires ont été lancés et que le Hamas a tiré une roquette sur Israël, Tsahal a riposté en détruisant un poste militaire des Frères musulmans dans le sud de la Bande de Gaza. Le Hamas a alors demandé aux Palestiniens d’occuper l’esplanade jusqu’à la fin du ramadan, jeudi 13 mai.

La Cour suprême israélienne a reporté sine die l’audience, prévue lundi 10, sur l’expulsion des quatre familles palestiniennes de Cheikh Jarrah. Lors de son message dominical, le pape François a appelé à la fin des violences à Jérusalem : « La violence engendre seulement la violence. Arrêtons ces heurts », a-t-il déclaré. L’Arabie saoudite, le Bahreïn, l’Égypte, les Émirats, l’Iran, la Jordanie, le Maroc, le Pakistan, le Soudan, la Tunisie, la Turquie ont condamné le comportement d’Israël et appelés à la désescalade. En définitive, le Quartet (Russie, UE, USA, Onu) a publié un communiqué notant « avec une sérieuse préoccupation la possible éviction de familles palestiniennes de leurs foyers où ils ont habité depuis des générations (…) et exprimant son opposition à des actions unilatérales, qui ne font qu’entraîner une escalade dans un environnement déjà tendu » [3].

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Dans son discours, diffusé depuis le Qatar par Al-Aqsa, Ismaël Haniyé annonce que le Hamas attaquera Israël jusqu’à ce qu’il cesse de grignoter les Territoires.

Vers un conflit militaire

Subitement les événements ont tourné à la guerre, le Hamas tirant des roquettes contre Israël à partir de lundi 10 au soir ; Tsahal répondant en bombardant Gaza avec force avions et hélicoptères, c’est-à-dire avec des moyens 10 fois plus létaux.

Toutes les factions armées palestiniennes sont rapidement entrées en guerre à l’exception de l’Autorité palestinienne qui a, au contraire, réprimé des manifestations populaires en Cisjordanie.

Les Palestiniens sont privés de démocratie, autant que de République. Nul ne sait ce qu’ils pensent. Aucune élection ne s’est tenue depuis 15 ans. Celles qui devaient avoir lieu en mai ont été annulées par l’Autorité palestinienne après qu’Israël se soit opposé à ce qu’elles se tiennent aussi à Jérusalem-Est.

Mardi 11, le leader du Hamas, Ismaël Haniyeh, a prononcé un discours télévisé liant la question de Jérusalem à celle de Gaza. Il a présenté Al-Quods (Jérusalem) comme le cœur de la nation palestinienne. Il a dénoncé les expulsions de Cheikh Jarrah, mais surtout il a présenté les heurts sur l’esplanade des mosquées comme des attaques juives contre la mosquée Al-Aqsa. Ce qui est faux : la police israélienne est entrée dans la mosquée et y a tiré des gaz lacrymogènes en poursuivant des manifestants qui contestaient à juste titre l’expulsion des quatre familles de Cheikh Jarrah. Ce discours a surpris les Israéliens. Le Hamas ne se pose plus en résistant répliquant symboliquement à Israël, mais comme une force espérant imposer la fin du lent grignotage des Territoires palestiniens.

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Le président turc Recep Tayyip Erdoğan dénonce depuis des années le grignotage de la Palestine par Israël. Son intervention pour donner une leçon à Israël pourrait avoir été inspirée par le Pentagone. Il sauverait ainsi la Turquie et détournerait la colère US contre l’État hébreu.

C’est la guerre

Mardi soir, Tsahal a rasé la tour Al-Shourouk (12 étages), au centre de Gaza, en utilisant des bombes pénétrantes. Elle abritait entre autres la chaîne de télévision du Hamas, Al-Aqsa. C’était la réponse d’Israël au message d’Haniyeh. Le Hamas (soutenu par la Turquie et le Qatar) et le Jihad islamique (soutenu par l’Iran) ont riposté par une pluie de roquettes sur Tel-Aviv, mais aussi Ashdod, Ashkélon et à la limite de Jérusalem.

La destruction intentionnelle d’une chaîne de télévision constitue un crime de guerre. La Cour pénale internationale, qui s’est déclarée compétente pour les crimes commis dans les Territoires palestiniens, a donc été saisie.

Le Conseil de sécurité de l’Onu s’est réuni deux fois par téléconférence et à huis-clos. Les États-Unis se sont opposés à toute déclaration officielle à ce stade, assurant que les expulsions de familles palestiniennes à Jérusalem-Est étaient une « affaire intérieure israélienne », ce que tous les autres membres du Conseil contestent.

La Ligue arabe, quant à elle, a affirmé que cette affaire n’avait aucun rapport avec un contentieux immobilier et que seuls ceux qui ont de la mémoire ne se trompent pas.

La Russie a exigé une réunion immédiate du Quartet (Onu, Russie, UE, USA).

Quatre membres du Conseil de sécurité ont émis un communiqué à défaut d’une prise de position du Conseil : la France, l’Estonie, l’Irlande et la Norvège ont appelé Israël « à cesser les activités de colonisation, de démolition et d’expulsion, y compris à Jérusalem-Est ».

Le président turc, Recep Tayyip Erdoğan, qui fournit le Hamas en armes, a dénoncé l’inaction du Conseil de sécurité et appelé à « donner une leçon à Israël ».

Pour la première fois, des heurts ont eu lieu dans des villes mixtes (musulmanes, chrétiennes et juives), notamment dans la cité ouvrière de Lod où un jeune père de famille musulman israélien a été lynché par des compatriotes juifs armés. Le président Reuven Rivlin a dénoncé un « pogrom » anti-musulman. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu à vivement condamné ce crime et décrété l’état d’urgence à Lod. Lors des funérailles de la victime, des scènes de guérilla ont eu lieu dans 18 villes mixtes. On parle désormais non seulement d’une guerre entre Israéliens et Palestiniens, mais aussi d’une possible guerre civile en Israël entre juifs et non-juifs (goïm).

Les États-Unis ont multiplié les contacts avec Israël pour appeler à la désescalade, en vain. Il apparaît que Washington s’apprêtant à renouer officiellement avec l’Iran —après l’élection de son prochain président et la signature d’un nouvel accord nucléaire— contre l’avis de Tel-Aviv, il n’exercera pas plus de pression sur Israël. Espérant cependant parvenir à quelque chose, les États-Unis se sont opposés à une troisième réunion du Conseil de sécurité par téléconférence de manière à leur laisser le temps. Selon le règlement du Conseil, la présidence tournante, ce mois-ci la Chine, a le pouvoir d’en imposer une en présentiel, mais Beijing s’est abstenu.

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Un israélien musulman est lynché par des Israéliens juifs à Lod, en direct à la télévision.

Analyse du conflit

Tous les observateurs impartiaux s’accordent à considérer que la politique israélienne de colonisation, de démolition et d’expulsion viole le Droit international et les résolutions de l’Onu. Il s’agit en fait d’une conquête territoriale, non pas par la voie militaire, mais par l’application d’une législation viciée.

Benjamin Netanyahu, fils du secrétaire particulier du fondateur du Parti révisionniste Vladimir Jabotinsky, incarne le projet d’un Grand Israël du Nil à l’Euphrate (Eretz Israel). Il se réclame d’une forme de suprémacisme juif. Il n’est certes plus majoritaire dans son pays, mais toujours Premier ministre.

Identiquement, tous s’accordent à considérer que des tirs de roquettes au hasard sur des agglomérations sont des crimes de guerre contre des populations civiles.

Le Hamas ne conteste pas la colonisation de la Palestine, à la différence du Fatah, mais uniquement le fait que des juifs gouvernent une terre musulmane. Il se réclame d’une forme de suprémacisme musulman. Au demeurant, cette « section palestinienne des Frères musulmans » (ainsi que l’indiquait son drapeau il y a peu encore) a été créée par sheikh Ahmed Yassine avec l’aide d’Israël pour affaiblir le Fatah de Yasser Arafat.

Une fois posé que le Likoud et le Hamas se réclament d’idéologies d’un autre âge et ont des pratiques criminelles, on ne dispose toujours pas de perspectives de paix permettant aux uns et aux autres de vivre ensemble.

Tous les États membres des Nations unies, à l’exception d’Israël, reconnaissent le « droit inaliénable » des Palestiniens, non pas à retrouver les maisons dont ils ont été chassés en 1948, mais à retourner sur leur terre en tant que citoyens à part entière. Ce faisant, ils s’opposent tous en théorie à la « solution à deux États » que les Occidentaux ont pourtant soutenu depuis 2007. En entretenant cette contradiction, les Occidentaux sont responsables de la perpétuation du conflit.

Les affrontements actuels se déroulent tous en Palestine géographique (c’est-à-dire à la fois dans les États Israël et de Palestine). Mais ils ne doivent pas faire oublier que, par le passé, les dirigeants palestiniens ont abandonné leur revendication de vivre sur leur terre pour tenter de conquérir la Jordanie (« Septembre noir »), puis le Liban (la « guerre civile »). Ce faisant, ils ont commis d’autres crimes et se sont disqualifiés.

La seule solution au conflit est l’État binational prévu à la fin de la Seconde Guerre mondiale par les Nations unies. Celui-ci mettrait fin à l’apartheid pratiqué par Israël, ainsi que l’a écris le président états-unien Jimmy Carter, il y a 15 ans [4], et garantirait le droit au retour des Palestiniens. Sauf qu’il n’y a pas aujourd’hui d’Israéliens et de Palestiniens capables de jouer le rôle de Frederik de Klerk et de Nelson Mandela. Au demeurant, les affrontements intercommunautaires qui viennent de se dérouler dans les villes mixtes d’Israël rendent cette solution de plus en plus difficile.

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Le colonel Ralph Peters, qui publia cette carte de l’état-major US en 2005, écrivait le 12 septembre 2001 : « Est-ce qu’une résolution pacifique des conflits au Moyen-Orient serait bénéfique pour les États-Unis, après tout ? Israël qui n’est plus dépendant des États-Unis comme dernier défenseur, pourrait faire preuve d’une préoccupante indépendance » ({Parameters} n°31).

Hypothèse explicative

Il est difficile de croire que l’usure du temps explique seule les affrontements intercommunautaires. Les Israéliens et les Palestiniens aspirent à coexister pacifiquement, tout au moins ceux qui ne militent ni au Likoud, ni au Hamas. Je pose donc une hypothèse au regard de la région dite par les stratèges états-uniens « Moyen-Orient élargi ».

L’incident survenu le 14 mai à Jaffa, où des émeutiers ont lancé un cocktail Molotov dans une maison arabe, brûlant gravement un enfant de 12 ans, intrigue. Il a provoqué une centaine d’actions anti-juives dans la ville, qui ont elles-mêmes suscité des actions anti-arabes. Or, selon la police, l’incident initial n’était pas le fait de juifs extrémistes, mais de deux arabes. Dès lors une question se pose : s’agissait-il d’imbéciles qui se sont trompés de maison et ont atteint leur propre camp, ou de mercenaires commettant une attaque sous faux drapeau ?

Depuis le 11 septembre 2001 (à l’exception de la parenthèse Trump), le Pentagone met en œuvre la doctrine Rumsfeld/Cebrowski. Il s’agit d’adapter l’armée US aux exigences du capitalisme financier et de la globalisation des échanges. Pour commencer, l’état-major US s’est donné comme objectif de détruire toutes les structures étatiques dans cette région, à l’exception de celles d’Israël, du Liban et de la Jordanie, afin que des multinationales puissent y exploiter les ressources naturelles sans y rencontrer d’obstacle politique. Ainsi, nous avons successivement assisté à cette destruction en Afghanistan, en Iraq, en Libye, en Syrie et au Yémen. Toutes ces guerres nous ont été vendues comme des « révolutions », mais aucune ne l’était. Elles devaient durer quelques semaines, mais aucune ne s’est terminée (la « guerre sans fin »). On nous les vends donc désormais comme des « guerres civiles ». Depuis deux ans, le même processus est à l’œuvre au Liban, mais cette fois sans recours direct aux armes. La carte de l’état-major US, publiée en 2005, a donc été modifiée. Il est de ce fait légitime d’envisager que cette peste s’étende à Israël.

Selon l’amiral Arthur Cebrowski, la difficulté principale dans la mise en œuvre de sa doctrine est de circonscrire l’incendie. C’est pourquoi, il a imaginé la région « Moyen-Orient élargi » en se fondant non pas sur ses ressources, mais sur la culture de ses habitants. Dès lors était-il possible de dynamiter tous les États de cette région, que leurs gouvernements soient amis ou ennemis, sans toucher la Palestine géographique ?

Cette hypothèse peut exister avec deux variantes : dans la première la contamination d’Israël est le fait des peuples mus par leur passion, dans la seconde, elle est une volonté du Pentagone. Quoi qu’il en soit, si la suite des événements dans les prochains mois devait confirmer cette hypothèse, ce qui se passe actuellement change la nature du conflit et le prolonge à l’infini.

Le Pentagone s’était opposé à la politique étrangère du président Trump. Des généraux se sont même félicités de l’avoir trompé et d’avoir fait échouer le retrait des troupes US de Syrie. Ils n’ont pas accepté que ce pays leur échappe et passe sous la protection de la Russie. Ils ont repris la doctrine Rumsfeld/Cebrowski au Liban contre l’avis du président Trump. Ils y ont joué sur les rivalités internes tout en s’abstenant d’utiliser ouvertement leurs troupes. Aux États-Unis, le Parti démocrate est en train de virer anti-israélien sous l’influence des parlementaires du groupe de Rashida Tlaib, Ilhan Omar, Cori Bush, Ayanna Pressley et Alexandria Ocasio-Cortez. Le Pentagone, qui considère depuis 2001 Israël comme un allié devenu trop indépendant pour son goût, trouverait sa revanche dans sa destruction.

En quelques jours et singulièrement depuis le bombardement israélien des bureaux d’Associated Press à Gaza, la presse US est passée de pro-israélienne à pro-palestinienne ; un si soudain revirement qu’il laisse songeur.

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