Jérusalem : la guerre du Shabbat aura-t-elle lieu ?

NdlR : un autre point, fondamental, selon l’idéal des Prophètes, sur lequel la société israélienne est en crise notable et au bord de l’implosion ! 

Jérusalem donne de nouveau des amendes aux magasins ouverts Shabbat : La ville a déclaré vouloir rétablir les amendes aux entreprises ouvertes le jour du repos juif après un gel de 60 jours à la suite d’un recours juridique

Une manifestation séculière en faveur d'une «Jérusalem libre» et contre la coercition ultra-orthodoxe, devant la mairie, le 27 juin 2009 (crédit photo: Yossi Zamir / Flash90)

Une manifestation séculière en faveur d’une «Jérusalem libre» et contre la coercition ultra-orthodoxe, devant la mairie, le 27 juin 2009 (crédit photo: Yossi Zamir / Flash90)

Mardi, la municipalité de Jérusalem a annoncé qu’elle allait réinstaurer les amendes aux mini-marchés qui restent ouverts durant Shabbat, le jour du repos juif, mettant ainsi un terme à une suspension de deux mois de l’application de la loi après le dépôt d’un recours juridique devant la Cour Suprême.

En réaction au recours, la municipalité a déclaré que les données fournies dans la plainte « n’étaient non seulement imprécises, mais très loin de la réalité », a annoncé le site internet en hébreu ynet.

Un groupe de propriétaires de magasins représenté par Yossi Havilio, un ancien avocat de la ville qui se présente à la mairie aux prochaines élections municipales prévues en octobre, avait déposé l’an dernier le recours contre les amendes.

 

La question de l’influence des ultra-orthodoxes sur la vie quotidienne de Jérusalem est un sujet sensible depuis des années, alors que certains redoutent que cela puisse conduire à une fermeture de magasins et de boutiques pendant Shabbat et à d’autres restrictions.

Nir Barkat, l’actuel maire de Jérusalem qui ne se représente pas à sa succession, a défendu un programme laïc quand il avait repris la mairie des mains d’Uri Lupoliansky, ultra-orthodoxe, en 2008.

Lors des délibérations de juin tenues au tribunal des Affaires administratives, la municipalité a accepté de suspendre les amendes pendant 60 jours et Havilio a accepté de retirer son recours.

 

Mardi, Havilio a répondu à l’annonce de la mairie en déclarant dans un communiqué que cela éloignerait de la ville encore plus de personnes laïques.

« Cette décision ne va pas protéger le tissu social délicat [de la ville] ; au lieu de cela, c’est une décision totalement politique, a déclaré Havilio. Au lieu de maintenir une Jérusalem ouverte et pluraliste, cela va la renfermer et l’isoler. Aujourd’hui, les laïcs quittent déjà la ville et ils partiront même en plus grand nombre ».

La municipalité de Jérusalem a accusé Havilio d’utiliser la question des mini-marchés comme un argument de campagne.

Il n’y a pas de changement et rien de nouveau dans la politique municipale », a déclaré la mairie dans un communiqué publié par Hadashot TV. « À notre regret, l’avocat Havilio continue d’utiliser les procédures judiciaires dans le cadre de sa campagne électorale. »

Lundi, la branche locale du parti juif nationaliste-religieux a suscité de nombreuses critiques après avoir publié des affiches mettant en garde contre une influence ultra-orthodoxe croissante dans l’Hôtel de Ville en montrant, via Photoshop, trois candidats portant des vêtements haredis.

Selon des données récentes de CBS, les ultra-orthodoxes, qui représentent quelque 37 % de la population juive de Jérusalem, pourraient être déterminant dans le vote de la ville. Les habitants arabes de la ville boycottent généralement les élections municipales, la part d’électeurs des ultra-orthodoxes, qui votent souvent en bloc, est encore plus élevée.

La question des mini-marchés opérant le Shabbat est un sérieux sujet de discorde à travers le pays. Le statu quo religieux est une combinaison fragile de lois nationales et de règlements municipaux, façonnée au cours des dernières décennies, et elle est sensée proposer un équilibre entre les besoins des communautés religieuse et laïque d’Israël.

Dimanche, le radiodiffuseur public kan a indiqué que cinq villes feraient appel à la Haute Cour de justice contre la décision du ministère de l’Intérieur qui consiste à annuler les règlements municipaux autorisant les mini-marchés à rester ouverts.

 

5 villes feront appel contre l’interdiction du commerce à Shabbat

Le ministre de l’Intérieur a expliqué que les autorités locales des municipalités concernées n’ont pas démontré la nécessité de l’ouverture des commerces à Shabbat

Le ministre de l'Intérieur Aryeh Deri lors d'une réunion de la Commission des affaires intérieures consacrée à l'expulsion des demandeurs d'asile africains à la Knesset, le 29 janvier 2018 (Crédit :Alster/Flash90)

Le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri lors d’une réunion de la Commission des affaires intérieures consacrée à l’expulsion des demandeurs d’asile africains à la Knesset, le 29 janvier 2018 (Crédit :Alster/Flash90)

Cinq villes ont indiqué qu’elles prévoyaient de faire appel devant la Haute cour de justice concernant une décision prise par le ministère de l’Intérieur de rejeter les décrets municipaux adoptés par les municipalités concernées pour tenter de contourner une loi définissant la fermeture des petits commerces le samedi.

Les autorités locales de Modiin, Rishon Lezion, Holon, Givatayim et Herzliya ont toutes approuvé des ordonnances locales permettant à certains commerces de rester ouverts le jour du Shabbat, mais ces initiatives ont été stoppées par le ministère de l’Intérieur en vertu d’une législation adoptée au début de l’année par la Knesset.

Le ministre de l’Intérieur Aryeh Deri du parti ultra-orthodoxe Shas a rejeté les ordonnances émises par ces cinq villes, expliquant que les municipalités n’avaient pas su démontrer l’importance de l’ouverture de leurs commerces le jour du Shabbat, a fait savoir la chaîne Kan dimanche.

Deri a ajouté dans un communiqué qu’il voyait « les valeurs sociales et les valeurs juives dans l’autorisation donnée aux employés de se reposer le samedi ».

« De plus, les autorités qui ont adopté des décrets de grande envergure permettant l’ouverture des magasins n’ont pas prouvé que cette dernière était indispensable pour la population, comme c’est inscrit dans la loi », a dit le ministre.

Deri a noté qu’appliquer la loi relevait de la seule responsabilité des municipalités locales.

« Le ministère de l’Intérieur n’a ni l’autorité, ni la capacité de la mettre en vigueur », a-t-il noté.

Le directeur général du ministère de l’Intérieur Mordechai Cohen a envoyé un courrier aux municipalités expliquant pourquoi les ordonnances avaient été rejetées.

Cohen a ainsi écrit que si les décrets avaient été approuvés, cela n’aurait servi qu’à récompenser les « entreprises criminelles » qui, depuis les années, travaillent en marge de la loi, n’ayant pas d’autorisation pour ouvrir lors du Shabbat.

Le maire de Modiin Haim Bibas, qui est également le président de la Fédération des autorités locales, a clamé que Deri tentait de rassembler du soutien au sein de sa base électorale et que les villes feraient appel à la cour de justice « pour protéger tous les citoyens d’Israël ».

« La ville de Modiin restera ouverte et je ne laisserai aucune entité politique nous ramener à la préhistoire », a écrit Bibas dans une lettre adressée à Deri.

La loi avait été adoptée à la Knesset, 58 voix « pour » et 57 voix « contre », le 9 janvier, malgré une tentative de l’opposition de bloquer le texte et des critiques féroces de la mesure de la part d’une partie de la coalition au pouvoir.

Après l’approbation de la législation controversée, Deri avait fait savoir dans un entretien qu’il ne mettrait pas la loi qui avait suscité une vive indignation parmi les communautés laïques en vigueur.

Le statu-quo religieux est une combinaison fragile de législation nationale et d’ordonnances municipales, élaboré pendant plusieurs décennies, et il est supposé créer un équilibre entre les besoins des communautés religieuses et laïques.

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