Suite à la polémique provoquée par la décision du Président Trump de déplacer l’ambassade des Etats-Unis à Jérusalem, et avant la conférence de Paris de mi-janvier qui va feindre de prendre des décisions qui ont été prises de très longue date, Bat Ye’or nous dévoile un autre document historique, que les ennemis de la vérité qualifierons de nouvelle conspiration afin de détourner l’attention : une fatwa datant de janvier 1981, qui explique l’attitude des Occidentaux vis-à-vis d’Israël.
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Il est intéressant de connaître l’origine et la raison qui interdisent aux pays étrangers d’établir leur ambassade à Jérusalem, la capitale de l’Etat d’Israël contrairement aux usages de toutes les nations.
Nous publions ici une fatwa lancée en 1981 par les pays musulmans réunis à la Conférence du Sommet islamique de la Mecque. Cette fatwa décrète le jihad contre Israël, et menace tout pays qui, désobéissant à l’injonction musulmane, reconnaîtrait Jérusalem comme capitale d’Israël et y aurait son ambassade. Après cette fatwa, tous les pays s’empressèrent d’obtempérer et déménagèrent leurs ambassades de Jérusalem à Tel-Aviv.
La guerre de 1948 contre Israël chassa tous leurs habitants juifs. Leurs maisons et leurs biens furent donnés à des colons arabes
- Jérusalem-Est avait été conquise militairement en 1948 par l’armée jordanienne qui avait envahi la Judée et la Samarie au cours de la guerre de 1948-49.
- Cette guerre menée par les pays arabes contre Israël provoqua l’exode des réfugiés arabes.
- L’occupation arabe des territoires judéo-palestiniens par la Jordanie (Jérusalem-Est, Judée-Samarie), par l’Egypte (Gaza) et la Syrie (Golan), chassa tous leurs habitants juifs. Leurs maisons et leurs biens furent donnés à des colons arabes qui détruisirent les synagogues et les cimetières.
- Cette situation dura jusqu’en mai 1967 quand une coalition des armées jordaniennes, égyptiennes et syriennes envahit à nouveau le territoire israélien pour exterminer et en chasser les habitants. Mais l’armée israélienne put les arrêter et reprendre les territoires perdus en 1949.
- Cette guerre provoquée par les pays arabes causa, comme la première, une seconde vague de réfugiés arabes dont les pays arabes agresseurs devraient être tenus responsables.
Soumis à de très fortes menaces et aux pressions des pays arabes et musulmans, la plupart des gouvernements occidentaux, ménageant l’opinion musulmane de leurs colonies, avaient encouragé l’extrémisme arabe. Les préjugés antisémites chrétiens, encore si prégnants après la guerre, contribuaient à renforcer l’alliance islamo-chrétienne contre Israël. Selon Tsilla Hershco, le Consul général de France à Jérusalem René Neuville déclarait en décembre 1949 qu’Israël ne devait pas contrôler les lieux saints dans le secteur Est de Jérusalem, parce que le monde chrétien n’accepterait pas la domination israélienne sur les lieux saints de la chrétienté. (Entre Paris et Jérusalem : La France, le sionisme et la création de l’Etat d’Israël 1945-1949*, préface de Shimon Pérès, 2003 Honoré Champion, Paris.)
Voici la fatwa à laquelle les plus grandes puissances de la planète se soumirent de 1981 à aujourd’hui.
CONFÉRENCE DU SOMMET ISLAMIQUE DE LA MECQUE (JANVIER 1981)
La question de la Palestine
Résolutions politiques adoptées à la 3e conférence du sommet islamique
«Session de la Palestine et de Al-Quds Al-Sharif (Jérusalem)» à La Mecque du 25 au 28 janvier 1981.
Résolution N° 1/3 —P (IS) sur le programme islamique d’action contre
l’ennemi sioniste.
La 3e conférence du sommet islamique (session de la Palestine et de Al-Quds), qui s’est tenue à La Mecque, Royaume d’Arabie Saoudite, du 19 au 21 Rabi-ul-Awal 1401 de l’Égire, correspondant au 25-28 janvier 1981, guidée par les résolutions de la première conférence du sommet islamique de Rabat et la deuxième conférence du sommet islamique de Lahore et par toutes les résolutions des conférences islamiques des ministres des Affaires étrangères et du Comité pour Al-Quds pour soutenir la lutte et la résistance du peuple palestinien, puisque cette lutte est une lutte de libération du colonialisme et de l’occupation raciste sioniste, et qu’elle est basée sur la défense des droits nationaux inaliénables du peuple palestinien, soulignant la détermination du peuple palestinien à maintenir son droit éternel sur la Ville Sainte d’Al-Quds comme capitale de son foyer palestinien et la résolution aussi bien des gouvernants que des peuples musulmans à leurs droits éternels sur la Ville Sainte d’Al-Quds comme capitale de son foyer palestinien, en vue de la suprême importance politique, religieuse, culturelle et historique d’Al-Quds pour tous les musulmans,
Recommande ce qui suit :
1) souligner que la cause palestinienne doit être considérée comme la cause suprême de la nation musulmane et qu’aucun parti ne peut renoncer à cet engagement ;
[…]
4) garantir le recouvrement des droits nationaux inaliénables du peuple arabe palestinien, y compris son droit au retour, à l’autodétermination et à l’établissement d’un État palestinien indépendant sur son sol, dirigé par l’OLP, seul représentant légitime du peuple palestinien ;
La conférence recommande de refuser une quelconque solution au conflit arabo-sioniste en général
5) refuser d’admettre une action unilatérale d’une fraction arabe ou islamique pour rechercher une quelconque solution à la question palestinienne en particulier, et au conflit arabo-sioniste en général, continuer la résistance à l’esprit et aux accords de Camp David et à leurs conséquences, jusqu’à leur élimination et la disparition de leurs séquelles, ainsi que la résistance à toute initiative qui s’y rattacherait, étendre l’appui matériel et moral au peuple arabe palestinien dans les territoires palestiniens occupés et le soutien à leur résistance contre le complot d’autonomie ;
[…]
10) confirmer l’engagement des États islamistes à faire usage de toutes leurs ressources militaires, politiques, économiques et naturelles, y compris le pétrole, comme moyen efficient de soutenir les droits nationaux inaliénables du peuple palestinien et de la nation arabe, et à affronter ces pays qui accordent leur soutien à l’entité sioniste aux niveaux militaire, économique, politique et des ressources humaines ;
11) intensifier les efforts pour gagner de futurs appuis internationaux, tant au niveau officiel que populaire, spécialement en Europe, sur la question de la Palestine, la libération des territoires occupés palestiniens et arabes, pour promouvoir le statut de l’OLP dans l’arène internationale et accroître la reconnaissance de l’Organisation comme seul représentant légitime du peuple palestinien […].
[…]
15) maintenir les contacts avec le Vatican et le conseil mondial des Églises ainsi qu’avec les autres institutions et fondations chrétiennes pour s’assurer de leur soutien à la restauration de la pleine souveraineté arabe sur Al-Quds, la reconnaissance de l’OLP comme seul représentant légitime du peuple palestinien et le soutien aux droits inaliénables du peuple palestinien ;
16) renforcer les relations avec les communautés arabes et islamiques à l’étranger et faire pleinement usage de leurs capacités et potentialités à servir les causes arabe et islamique ;
17) travailler à l’établissement d’associations similaires à celle de France-Al— Quds dans les États d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord en vue de gagner un soutien croissant de l’opinion publique à la cause d’Al-Quds ;
[…]
En ce qui concerne Al-Quds Al-Sharif :
[…]
imposer un boycott politique et économique [NDLR : pétrolier] aux États qui établissent des ambassades à Al-Quds Al-Sharif
2) confirmer l’engagement des États musulmans à utiliser toutes leurs potentialités de s’opposer à la décision israélienne d’annexer Al-Quds, l’adhésion à la décision d’imposer un boycott politique et économique [NDLR : pétrolier] aux États qui reconnaissent la décision israélienne, contribuent à son application ou établissent des ambassades à Al-Quds Al-Sharif ;
3) inviter tous les pays à respecter la légitimité internationale en s’abstenant de traiter avec les autorités israéliennes dans toute forme qui pourrait être analysée par ces autorités comme se résumant à une reconnaissance ou une acceptation implicite du statu quo, imposé par leur déclaration selon laquelle Al-Quds doit être unifiée et devenir la capitale de l’entité sioniste et, en particulier à inviter tous les pays à s’abstenir :
a) de signer tout accord à Al-Quds Al-Sharif,
b) d’effectuer toute visite officielle à Al-Quds,
c) de mener tout entretien formel à Al-Quds,
4) inviter les États membres de la Communauté européenne à tenir leurs promesses de s’abstenir de proroger l’effet de leurs accords économiques bilatéraux et multilatéraux avec Israël ;
5) souligner la nécessité de couvrir le capital du Fonds Al-Quds, aussi bien que son «waqf» (dotation) pour faire face aux nécessaires et urgents besoins de soutien à la résistance et à la lutte du peuple palestinien ;
6) entreprendre, par tous les pays islamiques, une mobilisation psychologique de leurs peuples, à travers les médias officiels, semi-officiels et populaires, pour le jihad de libération d’Al-Quds.
Dans le domaine économique :
1) Utiliser toutes les potentialités économiques et ressources naturelles islamiques de façon bien orientée et étudiée pour les objectifs suivants :
a) affaiblir l’économie israélienne
b) faire cesser le soutien politique, économique et financier à Israël,
c) accroître la résistance des États de la ligne de front et de l’OLP dans différents domaines,
d) mener à bonne fin des changements dans les positions politiques des États en faveur de la cause palestinienne et donner au peuple palestinien la possibilité de recouvrer ses droits nationaux inaliénables,
e) déployer des efforts pour transformer l’attitude internationale neutre en amicale, et les attitudes hostiles en neutres et amicales.
Mise en place d’un Office islamique de boycott d’Israël
2) Adopter des mesures de mise en place d’un Office islamique de boycott d’Israël, en vertu des résolutions applicables de la conférence islamique et assurer la coordination d’un tel office et de l’office principal de boycott d’Israël, au sein du Secrétariat général de la Ligue des États arabes ;
3) adopter une attitude plus ferme en ce qui concerne la législation mise en œuvre aux États-Unis et dans d’autres pays pour contrer le boycott d’Israël, et souligner la légitimité de ce boycott, ainsi que dissuader d’autres pays d’adopter une telle législation.
Dans le domaine militaire :
Si les peuples européens sont confrontés au système de destruction de leur identité, de leur histoire, c’est parce que leurs gouvernements ont collaboré avec l’islam à cette même politique à l’égard d’Israël
[…]
2) assurer la coordination militaire entre les États de la ligne de front et l’OLP, d’une part, et les États islamiques d’autre part, pour assurer la pleine utilisation des potentialités des États islamiques au service de leur effort militaire, et établir un bureau militaire au Secrétariat islamique, destiné à être responsable d’une telle coordination, en accord avec le Comité Al-Quds.
3) faire face aux besoins de l’OLP en ce qui concerne l’expertise et l’équipement militaires tant qualitativement que quantitativement, et mener des contacts bilatéraux entre l’OLP et tous les pays islamiques pour assurer la mise en œuvre de ce qui précède.
Aujourd’hui, si les peuples européens sont confrontés au même système de destruction de leur identité, de leur histoire, de leur culture et s’ils pourraient se trouver à l’avenir obligés de défendre leur souveraineté nationale sur des territoires contrôlés par des populations hostiles, c’est parce que leurs gouvernements avaient collaboré à cette même politique à l’égard d’Israël.
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