Vague d’antisémitisme: présence policière accrue à NY aux abords des lieux juifs. « La haine n’a pas sa place dans notre État », a dit le gouverneur Cuomo, qui a ordonné le renforcement de la sécurité près des synagogues, écoles et établissements communautaires
Le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, a ordonné lundi à la police de l’État de renforcer la protection des lieux juifs à travers l’État, suite à une recrudescence des attaques antisémites ces derniers jours.
« La haine n’a pas sa place dans notre État », a déclaré Cuomo, ajoutant qu’il avait ordonné à la police de l’État de New York d’augmenter les patrouilles dans les synagogues, les écoles et autres établissements de la communauté juive « suite à un pic d’attaques violentes ».
« La violence et l’intimidation antisémites sont contraires à la promesse et à la raison d’être de l’État de New York, et nous ne les tolérerons sous aucune forme », a-t-il déclaré.
« Nous continuerons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir aux New-Yorkais juifs – et aux New-Yorkais de toutes confessions – la paix, la sûreté et la sécurité qu’ils méritent », a-t-il ajouté.
Les policiers de l’État renforceront leurs effectifs aux abords des établissements scolaires et religieux juifs dans les comtés de New York, Westchester, Rockland, Orange, Nassau et Suffolk, selon un communiqué.
Une présence policière accrue est également prévue pendant Shabbat.
Ces dernières semaines, les communautés juives du pays ont été confrontées à un antisémitisme grandissant pendant et après le conflit à Gaza et en Israël. Dans la ville de New York, pendant des rassemblements pro-israéliens et pro-palestiniens de jeudi, plusieurs juifs ont été agressés dans la rue.
Dans les jours qui ont suivi, des juifs de New York ont publié sur les réseaux sociaux des messages indiquant qu’ils avaient été menacés, harcelés ou attaqués parce qu’ils étaient juifs. Ces rapports rappellent une série d’incidents antisémites survenus à New York dans les mois qui ont précédé la pandémie, qui a paralysé la vie urbaine dans le monde entier. Au niveau national, l’Anti-Defamation League a enregistré une augmentation des incidents antisémites au cours de la première semaine des combats entre Israël et le Hamas.
Des attaques contre des synagogues et des Juifs ont également eu lieu dans d’autres villes. Des synagogues en Floride, en Illinois et en Arizona ont été visées. Plus tôt dans la semaine, deux incidents antisémites ont été filmés à Los Angeles.
Ces incidents antisémites ont poussé certains à s’abstenir de porter des symboles religieux en public par crainte d’être attaqués.
Dimanche, des centaines de personnes se sont rassemblées pour soutenir Israël à New York, quelques jours après qu’un cessez-le-feu amis fin aux combats entre Israël et le Hamas à Gaza.
La manifestation dans le sud de Manhattan, organisée par l’Israeli-American Council et d’autres organisations pro-israéliennes, comportait principalement des messages traditionnels de soutien à Israël. Les intervenants ont affirmé qu’Israël et les Juifs de New York faisaient face à un ennemi commun.
« Nous sommes ici aujourd’hui contre le terrorisme, unis contre le terrorisme », a déclaré Tal Shuster, l’un des organisateurs de l’événement, dans un discours. « Nous n’acceptons aucun type de terrorisme, ni à New York, ni en Israël, ni nulle part dans le monde ».
Nancy Pelosi condamne à son tour le flot d’attaques antisémites aux États-Unis
Le président et la vice-présidente avaient condamné des « comportements détestables » contre la communauté juive du pays
La présidente de la Chambre des Représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, a condamné à son tour la série d’attaques antisémites.
La présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, troisième personnalité élue la plus haut placée aux États-Unis, se joint au président Joe Biden et à la vice-présidente Kamala Harris pour condamner la vague d’attaques antisémites visant les communautés juives depuis le début de la dernière série de combats à Gaza.
« Le récent pic d’attaques antisémites contre des juifs dans tout le pays et dans le monde est horrible, déchirant et exige une action », écrit Pelosi sur Twitter.
« L’antisémitisme ne peut être toléré. Nous devons nous rassembler en tant qu’Américains pour condamner et combattre ce sectarisme et cette haine effroyables. »
Le président américain Joe Biden a dénoncé lundi les attaques « abjectes » contre la communauté juive sur fond d’augmentation des actes antisémites aux Etats-Unis alimentée par l’importation du conflit au Proche-Orient à l’étranger.
« Les récentes attaques contre la communauté juive sont abjectes et elles doivent cesser », a-t-il écrit dans un bref communiqué.
« Je condamne ces comportements détestables, aux Etats-Unis comme ailleurs. Il nous appartient à tous de faire en sorte qu’il n’y ait aucune place pour la haine (dans nos sociétés) », a-t-il poursuivi.
La police new-yorkaise enquête sur l’agression jeudi d’un homme juif à Times Square. Cinq ou six hommes ont roué de coups et aspergé de spray au poivre un homme de 29 ans, tout en lui lançant des injures antisémites. Une vidéo de la scène a été diffusée par le New York Post.
Les faits se sont produits en marge de heurts entre manifestants pro-israéliens et pro-palestiniens, peu après l’annonce d’un cessez-le feu entre Israël et le Hamas après 11 jours de conflit.
La vice-présidente américaine Kamala Harris a rejoint la déclaration antérieure du président Joe Biden dénonçant la forte hausse des attaques antisémites dans le monde depuis le début de la dernière série de combats à Gaza le 10 mai.
« La montée des attaques antisémites contre la communauté juive aux États-Unis et dans le monde est méprisable – elle doit être dénoncée, condamnée et stoppée. En tant que pays, nous devons être unis contre la haine de toute nature », a déclaré Harris dans un communiqué sur Twitter.
Selon Jonathan Greenblatt, directeur de l’Anti-Defamation League (ADL) qui combat l’antisémitisme et le racisme, une augmentation « de plus de 50 % » des actes antisémites aux Etats-Unis a été constatée au cours des dix derniers jours.
Au moins quatre cas d’intimidation ou d’agression contre des Juifs ont été signalés aux États-Unis depuis jeudi, dans la continuité de ce que beaucoup considèrent comme l’une des pires vagues de violence antisémite depuis des années dans le pays.
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Des Juifs sur l’antisémitisme en GB : cette fois, c’est beaucoup plus violent
Au moins 267 actes antisémites ont été signalés au Royaume-Uni, selon Community Security Trust, qui précise que 151 de ces incidents ont eu lieu après l’annonce du cessez-le-feu
A Paris, la mobilisation a été limitée à un rassemblement place de la République par la préfecture de police, qui n’a pas voulu d’un défilé et avait interdit les manifestations du précédent week-end.
« Palestine vivra, Palestine vaincra ! », « Israël assassin, Macron complice ! », « Nous sommes tous des Palestiniens », a scandé la foule au-dessus de laquelle flottaient des drapeaux palestiniens.
« Même si les bombardements ont cessé, l’occupant est toujours là, les habitants de Cheikh Jarrah sont toujours menacés d’expulsion et la bande de Gaza est sous blocus », a jugé Wael, un ingénieur en informatique de 28 ans, un drapeau palestinien sur les épaules.
A Strasbourg (est), ils étaient moins de mille. « Les Palestiniens ont le droit de vivre en paix et d’avoir un Etat. Israël nous prive de nos droits, de nos maisons. Je suis palestinien, je n’ai plus le droit d’aller en Palestine, ma famille a tout perdu », a dit Imad Deaibis, 28 ans.
A Lille (nord), environ 1 000 manifestants, selon les organisateurs, 650 selon une source policière, ont marché derrière une banderole « Contre la colonisation, l’occupation militaire et l’apartheid », appelant au boycott d’Israël.
Ils étaient également plusieurs centaines à Toulouse et Montpellier, dans le sud.
En Libye : « Non à la normalisation » des relations diplomatiques avec Israël
Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées vendredi à Tripoli.
« Sionistes, dégagez ! », « A bas Israël », « Avec notre âme et notre sang, nous défendrons Al-Aqsa », mosquée à Jérusalem, ont notamment scandé les manifestants, brandissant des drapeaux palestiniens et libyens tandis que des poèmes et des chants étaient diffusés par hauts-parleurs.
« Non à la normalisation » des relations diplomatiques avec Israël, « la Palestine est une cause sacrée », ont également lancé des manifestants, rassemblés place des Martyrs, vaste esplanade bordée de palmiers et de bâtiments à l’architecture italienne au coeur de Tripoli.
La Libye, plongée dans le chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, n’entretient pas de relations diplomatiques avec l’Etat hébreu.
En Iran : La « victoire » rendra « l’ennemi usurpateur plus faible et plus méprisable »
« Je remercie notre cher et tout-puissant Dieu pour la victoire et l’honneur accordés aux combattants palestiniens », a estimé le guide suprême iranien Ali Khamenei, dont le pays soutient financièrement le Hezbollah, le Jihad islamique et le Hamas. « La promptitude des jeunes Palestiniens et la démonstration de force » des groupes terroristes de Gaza « rendra de jour en jour la Palestine plus puissante et l’ennemi usurpateur plus faible et plus méprisable », a poursuivi Khamenei.
Avant Khamenei vendredi, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Saïd Khatibzadeh avait salué la « victoire historique des Palestiniens ». « Votre résistance a forcé l’agresseur à battre en retraite », avait-il tweeté.
Au Sénégal : « Nous sommes là pour manifester notre solidarité à nos frères en islam, qui sont opprimés par Israël »
La foule s’est rassemblée sous de nombreux drapeaux palestiniens sur la vaste place de la Nation, répondant à l’appel d’un collectif d’une quarantaine d’organisations religieuses et soutenu par des personnalités du monde politique et de la société civile.
« Nous sommes là pour manifester notre solidarité à nos frères en islam, qui sont opprimés par Israël », a lancé de la tribune un des orateurs, l’imam Mor Tall Ndiaye.
« A bas Israël » ou « Israël dégage », ont scandé les manifestants, auxquels s’est joint l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, ou l’activiste Guy Marius Sagna, grand pourfendeur du pouvoir, qui s’est ému que le gouvernement « renvoie dos à dos » Palestiniens et Israël. « Nous devons avoir honte que l’Etat du Sénégal marque le pas dans la défense de la Palestine », a-t-il dit.
« Personne ne peut parler de faible réaction », a-t-il dit à la presse. « Le Sénégal dit que dans cette région doivent coexister deux Etats, l’Etat d’Israël et l’Etat de Palestine, avec des frontières reconnues au niveau international », a répondu le porte-parole du gouvernement Oumar Gueye.
En Jordanie : « Mort à Israël », « Pas de paix, pas de reddition, vive le fusil »
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi en Jordanie pour célébrer ce qu’ils ont appelé « la victoire de la résistance » palestinienne face à Israël quelques heures après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu entre l’Etat hébreu et les groupes terroristes palestiniens du Hamas, lié aux Frères musulmans, et du Jihad islamique, conclu sous l’égide du Caire.
A l’appel donc des Frères musulmans, organisation contestée en Égypte et en Jordanie, environ dix mille personnes, selon les journalistes sur place, se sont rassemblées dans la région de Sowayma, à environ 50 km à l’ouest d’Amman, près de la frontière avec la Cisjordanie.
Brandissant des drapeaux jordaniens et palestiniens, ils ont scandé « Mort à Israël » et « Troquons le rameau d’olivier pour le fusil ». Ils portaient des banderoles où l’on pouvait lire « Jérusalem est le symbole de la victoire », « Félicitations pour la victoire de la résistance », ou « la résilience de Gaza a conduit à la victoire ».
Dans la région de Karameh, également proche de la frontière avec la Cisjordanie, une autre manifestation a rassemblé environ trois mille personnes en majorité des jeunes, qui étaient coiffés des keffiehs jordaniens à damier rouge et blanc et palestiniens noir et blanc.
Ils ont brûlé le drapeau d’Israël et scandé : « avec notre âme, avec notre sang, nous nous sacrifierons pour toi O (la mosquée) Al Aqsa, « Pas de paix, pas de reddition, vive le fusil », dénonçant l’accord de paix signé entre la Jordanie et Israël en 1994.
Dans le centre d’Amman, environ 1 300 personnes ont participé à une autre marche qui a commencé après les prières du vendredi devant la grande mosquée Husseini. Les manifestants ont réclamé de nouveau l’expulsion de l’ambassadeur d’Israël et la fermeture de l’ambassade.
Lundi dernier, les députés avaient demandé à l’unanimité dans un mémorandum au gouvernement l’expulsion de l’ambassadeur d’Israël à Amman et le rappel de l’ambassadeur de Jordanie de Tel-Aviv.
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Actes antisémites: « aucune excuse pour importer les préjugés », avertit Johnson
2 suspects arrêtés pour l’agression d’un rabbin à Londres; « F*** les Juifs, violez leurs filles » crié à travers un mégaphone Golders Green samedi
Le Premier ministre britannique Boris Johnson a déclaré jeudi devant des responsables de la communauté juive qu’il n’existe « aucune excuse pour importer les préjugés » au Royaume-Uni, condamnant les récents actes antisémites qui ont secoué le pays.
« Quelle que soit la situation au Moyen-Orient, il n’y a aucune excuse pour importer les préjugés dans les rues de notre pays. Sous aucune forme », a-t-il déclaré en recevant à Downing Street le grand rabbin Ephraim Mirvis en personne et sept autres responsables virtuellement.
Les récents incidents survenus au Royaume-Uni incluent l’agression d’un rabbin près de sa synagogue et la « parade dégoûtante » proférant « des discours de haine dans les rues de Londres sont intolérables », a dénoncé le chef du gouvernement conservateur.
La police a arrêté récemment quatre hommes soupçonnés d’avoir lancé injures et menaces antisémites depuis une voiture, incident dont la vidéo a été diffusée sur les réseaux sociaux et suscité de nombreuses condamnations.
Cet incident s’était produit au lendemain d’une manifestation pro-palestinienne à Londres ayant rassemblé des milliers de personnes, au cours de laquelle un drapeau israélien avait été piétiné, sur fond d’affrontements entre Israël et le Hamas.
« Je condamne l’antisémitisme sous toutes ses formes et je suis totalement solidaire de notre communauté juive », « il n’y a pas de place pour l’antisémitisme au Royaume-Uni », a déclaré Boris Johnson, selon un compte-rendu communiqué par ses services.
Le grand rabbin Mirvis a quant à lui fait part de son inquiétude au sujet de la montée de l’antisémitisme au Royaume-Uni, « ce que nous voyons en ce moment est sans précédent ».
Selon le Community Safety trust, organisation qui recense les actes antisémites, ceux-ci ont été multipliés par six récemment, pour atteindre 116 dans les 11 jours qui ont suivi le 8 mai par rapport aux 11 jours précédents.
Deux hommes ont été arrêtés dans le cadre de l’agression d’un rabbin près de Londres, dans ce que la police a appelé un crime de haine.
Les suspects, âgés de 18 et 25 ans, ont été arrêtés lundi « en lien avec une agression aggravée par un mobile à caractère religieux à Chigwell », a déclaré un porte-parole de la police au journal The Sun.
L’arrestation survient au lendemain de l’agression du rabbin Rafi Goodwin près de sa synagogue. Les suspects ont proféré des insultes antisémites à l’encontre du rabbin, selon le reportage, et auraient volé son téléphone.
Goodwin, qui a été modérément blessé, a été hospitalisé.
Peu après l’incident, la communauté de Goodwin a déclaré dans un email adressé à ses membres que rien n’indiquait que l’agression était un crime de haine.
Mercredi, Robert Jenrick, le secrétaire aux communautés du gouvernement britannique, a déclaré que l’agression de Goodwin s’inscrivait dans le cadre d’une forte recrudescence des incidents antisémites dans le pays, coïncidant avec les hostilités entre le Hamas et Israël.
Les deux suspects sont originaires du quartier d’Ilford, dans l’est de Londres, et sont maintenus en détention, selon The Sun, qui ne précise pas comment les suspects ont répondu aux allégations.
Le jour de l’agression de Goodwin, plusieurs voitures arborant des drapeaux palestiniens ont traversé Golders Green, un quartier juif bien connu de Londres. Un participant du convoi a crié « F*** les Juifs, violez leurs filles » dans un haut-parleur, entre autres autres chants. Le maire avait promis un renforcement des effectifs policiers.
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Israël/Hamas : Quand la TV chinoise et Erdogan recourent à l’antisémitisme
L’ambassade s’est dite « consternée par l’antisémitisme flagrant exprimé par un média officiel chinois » et Washington a condamné les propos du Turc « à l’égard du peuple juif »
L’ambassade d’Israël en Chine a vivement déploré « l’antisémitisme flagrant » de la télévision chinoise lors d’un reportage sur le soutien apporté par Washington à l’Etat hébreu.
Dans une vidéo publiée mardi sur Twitter, le service anglophone de la chaine d’info publique chinoise CGTN mettait effectivement en avant ce qu’elle a appelé le « lobby puissant » des Juifs aux Etats-Unis, tout en estimant que « les Juifs dominent les secteurs de la finance, des médias et de l’internet » dans ce pays.
En réaction, l’ambassade d’Israël en Chine s’est déclarée mardi soir « consternée par l’antisémitisme flagrant exprimé par un média officiel chinois ».
« Les affirmations proférées dans la vidéo sont racistes et dangereuses et ne devraient pas être utilisées par un média qui se respecte », a poursuivi l’ambassade sur Twitter.
Près d’un an après que le compte de l’ambassade de Chine en France eut publié un dessin complotiste et antisémite sur Twitter, l’ambassade de Chine au Japon a elle aussi partagé le même dessin fin avril, suscitant également une réaction des autorités diplomatiques israéliennes.
Les commentaires de CGTN interviennent alors que les affrontements entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas à Gaza se poursuivent.
Pékin a vivement critiqué ce qu’il a appelé « l’obstruction » américaine pour faire adopter au Conseil de sécurité de l’ONU une déclaration appelant à la fin des hostilités.
« A cause de l’obstruction d’un pays, le Conseil de sécurité n’a pas été capable de parler d’une seule voix », avait déclaré dimanche Wang Yi, le ministre chinois des Affaires étrangères, en demandant à Washington « de prendre ses responsabilités » aux Nations unies.
« Nous ne faisons pas obstacle à la diplomatie, bien au contraire, nous sommes investis quasiment non stop », a répondu Antony Blinken lors d’une visite en Islande.
Il a réitéré que son gouvernement était engagé dans une « diplomatie très intensive » mais « discrète », énumérant ses nombreux appels à ses homologues au cours des derniers jours.
Il a aussi redit que « tout acte ou toute déclaration » devait « promouvoir l’objectif de mettre fin à la violence », laissant une nouvelle fois entendre que les projets de déclaration soumis au Conseil de sécurité ne remplissaient pas à ses yeux cette condition.
« Si nous pensons à l’avenir que quelque chose, y compris aux Nations unies, peut permettre de promouvoir de manière efficace cet objectif, nous y serons favorables, mais pour l’instant nos sommes très concentrés sur ces efforts diplomatiques intenses », a-t-il ajouté.
Le secrétaire d’Etat américain a rappelé que le président Biden avait affiché la veille pour la première fois son « soutien » à un éventuel « cessez-le-feu » entre Israël et le mouvement terroriste islamiste palestinien du Hamas.
La Chine, qui préside ce mois-ci le Conseil de sécurité à l’ONU, utilise fréquemment son droit de véto pour bloquer les motions visant ses alliés, comme la Syrie…
A LIRE : En GB, les Juifs luttent contre l’oppression des Ouïghours musulmans de Chine
« Les Etats-Unis répètent qu’ils se préoccupent des droits des musulmans (…) mais ils ignorent la souffrance des Palestiniens », a récemment martelé la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.
La porte-parole chinoise osait faire ainsi le rapprochement avec l’intérêt porté par Washington aux Ouïghours, une ethnie musulmane du nord-ouest de la Chine.
Dans une longue enquête publiée le mois dernier, la BBC a rapporté des allégations de viols systématiques, d’abus sexuels et de torture dont des viols à l’aide de bâtons électrifiés, sur des femmes détenues au Xinjiang, région de l’ouest de la Chine où les Ouïghours constituent le principal groupe ethnique.
Cette enquête, qui s’ajoute à des accusations de stérilisations forcées portées par des associations, a suscité l’indignation de plusieurs pays occidentaux.
Outre ces violences sexuelles, la Chine est accusée de détenir plus d’un million de Ouïghours et de membres d’autres minorités musulmanes dans des camps au Xinjiang.
Pékin rejette ces accusations et récuse le terme de « camps », affirmant qu’il s’agit de centres de formation professionnelle, destinés à fournir un emploi à la population et donc à l’éloigner de l’extrémisme religieux.
Des rescapés de ces structures interrogés par l’AFP et d’autres médias ont cependant décrit des mauvais traitements systématiques : obligation de manger du porc – viande interdite par l’islam -, endoctrinement, sévices physiques.
Plusieurs milliers de Ouïghours ayant fui la Chine ont trouvé refuge en Turquie ces dernières années.
Alors qu’il dénonçait autrefois avec virulence le traitement des Ouïghours par Pékin, le président turc Recep Tayyip Erdogan a mis toutefois ses critiques en sourdine afin de ménager les relations économiques entre les deux pays.
Erdogan a décidé plutôt de continuer à multiplier les accusations à l’encontre de l’État juif et de ses alliés.
Washington dénonce à son tour les propos « antisémites » d’Erdogan
Washington a ainsi dénoncé mardi les propos « antisémites » du président turc, grand soutien du Hamas, et appelé à éviter des « remarques incendiaires qui pourraient inciter à encore plus de violence » au Proche-Orient, a souligné un porte-parole de la diplomatie américaine.
« Les Etats-Unis condamnent fermement les récents propos antisémites du président Erdogan à l’égard du peuple juif », a écrit Ned Price, du département d’Etat, dans un communiqué.
Le président turc avait critiqué lundi Israël pour ses frappes de représailles sur des cibles terroristes dans la bande de Gaza, dénonçant les Israéliens dans une violente tirade. « Ce sont des meurtriers, à tel point qu’ils tuent des enfants âgés de cinq ou six ans », a-t-il allégué, ajoutant : « il n’y a que sucer le sang qui les assouvit ». Erdogan a accusé les Israéliens de « terrorisme » à l’encontre des Palestiniens et récemment estimé que « c’est dans leur nature ».
Recep Tayyip Erdogan n’avait pas non plus épargné lundi son homologue américain Joe Biden, à qui il avait lancé : « Vous écrivez l’Histoire avec des mains ensanglantées ».
« Accuser notre président d’antisémitisme procède d’une approche illogique et fausse. C’est un mensonge proféré contre notre président », a tweeté Omer Celik, porte-parole de l’AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir.
Alors que les deux parties sont entrées, jeudi, dans le onzième jour de leur conflit, Israël faisait état de douze personnes mortes, dont un petit garçon de 5 ans et une adolescente de 16 ans, qui ont été tuées sous les tirs de roquettes, qui ont fait également des centaines de blessés au cours des dix derniers jours.
Les victimes les plus récentes, du côté israélien, sont deux ouvriers thaïlandais qui travaillaient dans une usine d’emballage qui a été directement frappée par un tir de mortier du Hamas. L’identité des deux hommes, des trentenaires, n’a pas été révélée. Huit personnes ont été blessées, dont une grièvement, lors d’une attaque dans une communauté proche de la frontière.
Le ministère de la Santé de Gaza, placé sous le contrôle du Hamas, a fait savoir que 217 personnes étaient mortes des suites des bombardements dans la bande, notamment 63 mineurs. Il est difficile de dire pour le moment si ce bilan du Hamas comprend tous les Gazaouis tués lors des frappes, ou s’il exclut les membres du Hamas qui sont morts.
Selon le bilan fait lundi soir par l’armée israélienne, plus de 120 personnes ayant perdu la vie appartenaient au Hamas et 24 étaient issues des rangs du Jihad islamique palestinien.
Le ministère de la Santé du Hamas a précisé que plus de 1 400 habitants de l’enclave côtière avaient été blessés depuis le début de l’opération qui a été baptisée « Gardien des murs ».
Quelque 72 000 personnes y ont été déplacées et 2 500 ont perdu leur maison, sur une population de 2 millions d’habitants.
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Importation du conflit : Les Juifs européens s’attendent à des répercussions
Beaucoup craignent que “l’importation du conflit” ne provoque des agressions; en 2014 pendant la guerre de Gaza, l’Europe a connu la pire vague d’antisémitisme depuis la Shoah
JTA – Alors que le bilan des morts du conflit entre Israéliens et Palestiniens augmente, les craintes que les Juifs européens ne soient pris pour cible dans le phénomène dit « d’importation du conflit » augmentent également.
C’est ce qui s’était passé lors du conflit entre le Hamas et Israël en 2014, qui avait alors déclenché la pire vague de violence antisémite en Europe depuis la Shoah.
Cet été-là, des dizaines d’hommes, la plupart d’origine musulmane et certains sortis d’un grand rassemblement pro-palestinien, ont assiégé une synagogue bondée à Paris. Pendant de longues minutes, des hommes juifs ont tenu la foule à distance alors que les assaillants leur lançaient des objets lourds, notamment les meubles d’un café voisin.
Une dizaine de synagogues, la plupart en France, ont été incendiées. Et dans la banlieue parisienne de Sarcelles, des émeutiers ont brisé les fenêtres de plusieurs entreprises appartenant à des Juifs, produisant des séquelles qui pour certains évoquaient la Nuit de cristal, ou Kristallnacht, les pogroms de 1938 qui présageaient la Shoah.
Les Juifs avaient également subi des attaques quand Israël a combattu le Hamas en 2009, et pendant la deuxième Intifada qui a commencé en 2000 et déclenché la première grande flambée de violence antisémite en Europe en relation avec le conflit israélo-arabe. Des centaines d’attaques ont été documentées, notamment des incendies de synagogues.
Déjà, on décèle des signes annonciateurs que le cycle actuel de violence israélo-palestinienne pourrait se répandre en Europe. En début de semaine, des drapeaux israéliens ont été incendiés devant deux synagogues allemandes. Environ 200 personnes dans la ville de Gelsenkirchen, dans l’ouest de l’Allemagne, ont marché mercredi vers une synagogue locale en criant « Juifs de merde ». Et des graffitis « Palestine libre » ont été peints à la bombe sur une autre synagogue en Espagne.
À Londres, un militant pro-israélien a reçu un coup de pied dans la tête au milieu des chants de « f***ing Jews » lors d’une petite contre-manifestation près d’un vaste rassemblement mardi pour protester contre la réponse militaire d’Israël à Gaza.
Jusqu’à présent, l’intensité des incidents antisémites a été faible par rapport à 2014, selon Ophir Revach, directeur du Centre de sécurité et de crise du Congrès juif européen, qui coordonne les politiques de sécurité dans les communautés juives européennes. Revach a déclaré qu’il espérait que la fermeture de la plupart des institutions juives à cause de la pandémie de COVID-19 réduirait les possibilités de violence, mais il craint que les personnes visiblement juives ne soient en danger.
« Nous ne conseillons pas aux Juifs de retirer leur kippa en public, maintenant ou jamais », a-t-il dit. « Les Juifs devraient vivre leur vie comme ils l’entendent. Mais il y a un risque. Il y a toujours un risque. Et maintenant, il y a probablement un risque élevé pour les personnes qui portent une kippa. »
Ceux qui se souviennent du déroulement des événements dans le passé s’inquiètent de ce qui pourrait se produire dans les jours à venir.
« La dynamique est la suivante : les hostilités commencent à Gaza ou en Judée-Samarie, l’incitation commence dans les mosquées et sur Internet en France, ça macère pendant quelques jours, puis le vendredi arrive, il y a des prières dans les mosquées, et la violence se déchaîne lors d’une manifestation », a déclaré Sammy Ghozlan, ancien policier qui dirige désormais un groupe de surveillance de la communauté juive en France, le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme. (Judée-Samarie est le nom biblique de la Cisjordanie.)
« Le point critique à surveiller est le vendredi 14 mai », a déclaré Ghozlan en début de semaine. « Si les combats se poursuivent jusque-là, des violences contre les Juifs se produiront en France, en Europe. »
Les autorités françaises, qui luttent contre une vague d’attaques islamistes contre des cibles juives et non juives, semblent partager ces inquiétudes. Mercredi, ils ont refusé de délivrer un permis pour une manifestation prévue à Paris contre les actions israéliennes à Gaza.
C’est une décision inhabituelle, car la capitale a autorisé des manifestations malgré une politique stricte liée à la COVID-19, qui comprend des couvre-feux, une fermeture totale des restaurants et une exigence de masque même à l’extérieur.
Les événements risquent « d’importer le conflit sur le territoire national dans un contexte préexistant de tensions fortes et pourraient conduire à un trouble de l’ordre public », a déclaré Didier Lallement, qui dirige la préfecture de police de Paris.
Bertrand Heilbronn, un activiste pro-palestinien, a été brièvement placé en garde à vue mercredi soir pour avoir tenté d’organiser des manifestations sans autorisation.
Les actions d’Israël ont reçu le soutien sans équivoque de certains gouvernements européens, notamment la République tchèque, dont le Premier ministre Andrej Babis a écrit mercredi sur Twitter : « Nous sommes aux côtés d’Israël ». Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjártó, a écrit : « Nous manifestons notre pleine solidarité avec Israël et reconnaissons son droit à la légitime défense. »
Le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert, a déclaré mercredi dans un communiqué : « Israël a le droit de se défendre contre ces attaques » des djihadistes du Hamas et de Gaza, dont « l’objectif est de tuer sans discrimination » et qui « n’ont aucune justification ».
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a fait une déclaration plus impartiale qui impliquait une critique d’Israël. « Je suis profondément préoccupé par l’escalade en cours au Moyen-Orient causée par un manque d’horizon politique face à une situation qui dure depuis trop longtemps. J’appelle toutes les parties impliquées à faire preuve de la plus grande retenue », a-t-il déclaré.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, Dominic Raab, a tweeté que le Royaume-Uni « condamne les attaques à la roquette du Hamas contre des civils et appelle à la désescalade de la violence en Israël et dans les territoires palestiniens occupés ».
Pendant ce temps, au Royaume-Uni, la COVID-19 ne semble pas tempérer les tensions, selon Dave Rich, responsable de la politique au Community Security Trust, une organisation juive de surveillance.
« Ça serait même plutôt l’inverse », a-t-il déclaré à la Jewish Telegraphic Agency. « Les gens en ont assez et cela leur donne une excuse pour sortir et protester contre quelque chose. »
Mardi, des milliers de personnes ont manifesté à Londres contre les actions israéliennes – de loin la plus grande manifestation en Europe à ce jour. Des violences ont éclaté – ainsi que des chants antisémites contre les « f***ing Jews » – lorsque des contre-manifestants ont déployé un drapeau israélien. Les activistes pro-palestiniens ont tenté de se précipiter sur les contre-manifestants, donnant des coups de pied dans la tête d’un partisan d’Israël, pendant que la police tentait de l’extraire, ainsi que d’autres manifestants.
L’homme qui a été frappé, Jonathan Hoffman, est un ancien vice-président de la Fédération sioniste de Grande-Bretagne. Il a ensuite écrit sur Facebook qu’une manifestation de soutien à Israël samedi avait été annulée.
« Nous avons décidé que pour le moment, il est trop dangereux pour nous et pour la police d’être dans la rue », a écrit Hoffman.
L’affrontement est survenu dans un contexte d’inquiétude, qui précède le conflit actuel, sur l’antisémitisme local.
« Nous constatons une augmentation du nombre d’incidents antisémites, en particulier en ligne », a déclaré Rich. « De toute évidence, nous craignons que le conflit ne s’intensifie si le conflit entre Israël et Gaza se poursuit ou s’aggrave davantage. »