TURQUIE : coup d’arrêt au califat islamique ?

Les manifestants turcs ont décidé de poursuivre les manifestationsAprès 3 semaines de violences sur la place Taksim et aux abords du parc Gezi à Istanbul, un point s’avère nécessaire. Le printemps Turque est un anti-printemps au sens pris par ce terme au Magrebh et au MO depuis 2009 : à savoir, les manifestants se rebellent contre une islamisation rampante de la société turque.  Il aurait été difficile d’imaginer, il y a quelques mois de là, que le mécontentement des élites turques aboutirait à un soulèvement généralisé opposant laïcs et islamistes. En réalité, la Turquie semble aujourd’hui esquisser ce qui attend, dans un futur qui n’est plus un futur de science-fiction, l’ensemble des pays européens où s’affrontent, à une échelle déjà plus que communautaire, deux tendances diamétralement opposées : celles d’un islam éclairé, adapté aux défis de la modernité et celle de son homologue formel, un islamisme dédaigneux du progrès historique, des principes humanistes, de la civilisation en tant que telle. Nous voyons donc, sur le territoire d’un pays naguère imbu du charme de la laïcité, l’ombre d’une confrontation qui point déjà dans nos grandes villes.

Des dizaines de milliers de personnes à travers la Turquie continuent à protester ce dimanche dans le cadre d’une tentative de la police de vider le parc Gezi à Istanbul de ses manifestants. Selon certaines données, environ 100 000 manifestants se sont réunis dans les quartiers différents d’Istanbul. Les manifestants ne sont pas des islamistes. Ils se réclament haut et fort de l’héritage kémaliste, Istanbul, ville-modèle de l’islam laïc, étant le joyau à défendre.

Турция Реджеп Тайип ЭрдоганLe bilan des affrontements opposant la police anti-émeute turque aux manifestants s’est alourdi jeudi à cinq morts, un protestataire de 26 ans ayant succombé des suites de ses blessures, rapporte la presse occidentale. Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a pour sa part déclaré lundi que ces manifestations étaient l’œuvre de groupes radicaux et qu’elles ne reflétaient pas les aspirations du peuple turc. Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que les manifestants ne devraient pas s’attendre à la tolérance de la part des autorités, comme celle dont elles ont fait preuve les jours précédents. Après que la police anti-émeute ait chassé les manifestants de la place Taksim à Istanbul, le premier ministre a promis de prendre des mesures fortes pour mettre fin aux protestations. Dimanche, Erdogan a prononcé trois discrours. Il a déclaré que la patience avait des limites et a qualifié les manifestants de « pillards » ayant dénoncé le complot « organisé à l’intérieur et à l’extérieur » du pays.

En tout 6 policiers ont mis fin à leurs jours depuis le début des manifestations de masse en Turquie. Leurs actes pourraient être expliqués par les conditions dans lesquelles ils étaient obligés de travailler. Selon le chef du syndicat de la police Faruk Sezer, les forces de l’ordre travaillent dans des conditions très difficiles. Les policiers, qui sont arrivés dans la capitale depuis les autres villes du pays sont obligés de dormir sur les bancs et des bouts de carton dans la rue. Ils travaillent jour et nuit, sont agressés par les manifestants et mangent ce qui leur tombe sous la main. « La cruauté, que montrent les policiers envers les manifestants est le reflet de la cruauté à laquelle les policiers eux-mêmes font face », a indiqué Sezer.

L’islamisation en douce effectuée par M. Erdogan, si elle aboutit définitivement, serait un facteur de déstabilisation encore plus grande pour la Syrie dont la partie septentrionale est vigoureusement revendiquée, d’une part, de l’autre, pour les territoires visés par les projets expansionnistes de l’Empire ottoman. On estime aujourd’hui qu’une bonne partie de la Grèce, de l’île de Chypre et de la Géorgie se trouvent dans le collimateur de cet immense organisme qui se croit déjà en gestation. Ajoutons à cette liste Nakhitchevan, à l’heure actuelle région autonome d’Azerbaïdjan, et l’Adjarie, enclavée entre la Turquie et le reste de la Géorgie. Bien entendu, la faillite de Chypre et celle de la Grèce n’ont fait qu’attiser les fantasmes mégalomaniaques d’un Erdogan qui explique ses ambitions par le souci altruiste de prendre en charge des pays minés par la crise. Si rien ne l’arrête, cette miséricordieuse initiative n’est qu’un début, un simple galop d’essai.

Le Président, Abdullah Gül, entend tirer profit de la situation. Il ne veut absolument pas d’Erdogan comme successeur, or, voici que l’occasion est propice pour s’en débarrasser. Il est vrai que de nombreux spécialistes considèrent que le Président de la République actuel pourrait tenter de surfer sur ce fond de mécontentement dans le dessein de disqualifier Erdogan pour les prochaines présidentielles. Cette scission au sein du pouvoir n’est pourtant que provisoire, Erdogan et Gül ayant pour dénominateur commun leur mouvance islamiste. Ceci dit, elle pourrait alléger les souffrances de la Syrie, exemptée de l’influence de la Turquie qui aura d’autres soucis. C’est un printemps de chaude haleine qui s’annonce en Turquie avec, pour résultat probable et espéré, un affaiblissement notable de l’ASL en Syrie et la rationalisation des fantasmes néo-ottomans exprimés jusque là. Pourtant, s’il y a une éventualité à craindre, c’est bien celle de l’apparition d’éléments terroristes mêlés aux foules contestataires avec, pour autre résultat non moins probable, une aggravation des tensions pouvant à la longue amener au pouvoir des personnalités encore plus totalitaires que le duo Gül-Erdogan. Bref, les pronostics ne sont pas évidents à établir.

 La déstabilisation de la Turquie ? Un bel exemple de la théorie du chaos et du Ordo ab Chaos,  chère aux élites de l’ombre ! Bien malin qui peut dire ce qui peut sortir de cette manipulation supplémentaire sur le bassin méditerannéen…

 

 

 

 

 

6 policiers ont mis fin à leurs jours durant les manifestations en Turquie

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Photo : RIA Novosti

En tout 6 policiers ont mis fin à leurs jours depuis le début des manifestations de masse en Turquie.

Leurs actes pourraient être expliqués par les conditions dans lesquelles ils étaient obligés de travailler.

Selon le chef du syndicat de la police Faruk Sezer, les forces de l’ordre travaillent dans des conditions très difficiles. Les policiers, qui sont arrivés dans la capitale depuis les autres villes du pays sont obligés de dormir sur les bancs et des bouts de carton dans la rue. Ils travaillent jour et nuit, sont agressés par les manifestants et mangent ce qui leur tombe sous la main.

« La cruauté, que montrent les policiers envers les manifestants est le reflet de la cruauté à laquelle les policiers eux-mêmes font face », a indiqué Sezer.

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Des dizaines de milliers de personnes à travers la Turquie continuent à protester ce dimanche dans le cadre d’une tentative de la police de vider le parc Gezi à Istanbul de ses manifestants.

Selon certaines données, environ 100 000 manifestants se sont réunis dans les quartiers différents d’Istanbul.

Toutes les approches de la place Taksim sont complètement sécurisées par la police, les observateurs ont appelé Taksim un lieu de la ville le plus sûr et calme. Au même temps, la police continue à disperser les manifestants dans les rues adjacentes.

La police a bloqué le ferry pour traverser le Bosphore, et les rues menant au centre ont été également bloquées. Lire la suite: http://french.ruvr.ru/news/2013_06_16/Des-dizaines-de-milliers-de-personnes-protestent-dans-le-centre-dIstanbul-7403/

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Le bilan des affrontements opposant la police anti-émeute turque aux manifestants s’est alourdi jeudi à cinq morts, un protestataire de 26 ans ayant succombé des suites de ses blessures, rapporte la presse occidentale.

Pendant plusieurs jours,les médecins ont fait tout leur possible pour sauver la vie d’Ether Sarisuluk, 26 ans, qui a reçu un grave traumatisme cranio-cérébral le 1er juin à Ankara, a indiqué l’avocat de la famille de la victime.

Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan a pour sa part déclaré lundi que ces manifestations étaient l’œuvre de groupes radicaux et qu’elles ne reflétaient pas les aspirations du peuple turc.  Lire la suite: http://french.ruvr.ru/news/2013_06_13/Turquie-troubles-le-bilan-s-alourdit-1361/

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Les manifestants turcs ont décidé de poursuivre les manifestations

Les manifestants turcs ont décidé de poursuivre les manifestations

@ Photo : EPA

L’organisation Solidarité de Taksim, qui a réuni les manifestants se trouvant dans le parc Gezi, a déclaré qu’elle « continuera à s’opposer à toute illégalité et l’injustice ».

« Sur le 18e jour de notre opposition, nous continuons à rester en patrouille au nom de la liberté, de la vie privée, de nos arbres, de notre parc et de notre ville. Ce n’est que le début, la lutte se poursuit », a déclaré un communiqué de l’organisation.

Les manifestations anti-gouvernementales ont commencé en Turquie en raison d’une tentation des autorités de fermer le parc Gezi dans le quartier central d’Istanbul, Taksim.

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Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que les manifestants ne devraient pas s’attendre à la tolérance de la part des autorités, comme celle dont elles ont fait preuve les jours précédents.

Après que la police anti-émeute ait chassé les manifestants de la place Taksim à Istanbul, le premier ministre a promis de prendre des mesures fortes pour mettre fin aux protestations, Les protestations en Turquie se poursuivent depuis deux semaines.

La plupart des manifestants ont quitté la place Taksim et se sont retirés dans le parc Gezi voisine, où un camp de tentes a été construit. Lire la suite: http://french.ruvr.ru/news/2013_06_11/Turquie-le-chef-d-Etat-ne-promet-pas-la-tolerance-9041/

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Erdogan : les protestations coûteront cher

премьер Турция  Тайип Эрдоган

Photo : EPA

Le premier ministre de Turquie Recep Tayyip Erdogan a averti les participants aux manisfestations antigouvernementales qu’ils devraient payer cher pour les protestations.

Plus de 10 000 personnes ont rempli dimanche la place Taksim à Istanbul pour la dixième journée des protestions.

Dimanche, Erdogan a prononcé trois discrours. Il a déclaré que la patience avait des limites et a qualifié les manifestants de « pillards » ayant dénoncé le complot « organisé à l’intérieur et à l’extérieur » du pays.

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Erdogan versus Kemal : un printemps de chaude haleine

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© Photo : La Voix de la Russie

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Il aurait été difficile d’imaginer, il y a quelques mois de là, que le mécontentement des élites turques aboutirait à un soulèvement généralisé opposant laïcs et islamistes. Facebook étant un outil efficace de rassemblement, j’ai eu le plaisir d’y faire la connaissance d’un jeune père de famille turc qui, ayant fui le régime, s’est installé en Europe.

Les brefs récits qu’il faisait des abus du pouvoir ne m’avaient jamais laissée indifférente, à savoir le soutien agressivement ostentatoire des autorités accordé aux rebelles syriens, bien à l’aise dans un pays où ils se sentent presque maîtres des lieux. A l’époque, je me bornais à compatir, m’en tenant à l’idée précise que la Turquie était elle aussi vouée à s’islamiser, rejoignant en cela le sort d’autres pays jadis libéraux. Depuis, la donne a changé, mais d’une façon particulièrement intéressante, je dirais archi-symbolique. En réalité, la Turquie semble aujourd’hui esquisser ce qui attend, dans un futur qui n’est plus un futur de science-fiction, l’ensemble des pays européens où s’affrontent, à une échelle que je dirais déjà plus que communautaire, deux tendances diamétralement opposées : celles d’un islam éclairé, tolérant, adapté aux défis de la modernité et celle de son homologue formel, un islamisme dédaigneux du progrès historique, des principes humanistes longuement acquis, de la civilisation en tant que telle. Voyant à distance le scénario turc, nous voyons donc, sur le territoire d’un pays naguère imbu du charme de la laïcité, l’ombre d’une confrontation qui point déjà dans nos grandes villes. C’est un peu comme si on voyait un film transposable aux éventuelles perspectives que nous avons.

La marmite a sauté soudainement, pourtant, elle était prête à le faire depuis belle lurette. C’est avec la destruction prévue du centre culturel d’Atatürk et le déracinement fort probable du parc Gezi place Taksim que la coupe a débordé. Il était grand temps. L’islamisation en douce effectuée par M. Erdogan, si elle aboutit définitivement, serait un facteur de déstabilisation encore plus grande pour la Syrie dont la partie septentrionale est vigoureusement revendiquée, d’une part, de l’autre, pour les territoires visés par les projets expansionnistes de l’Empire ottoman. On estime aujourd’hui qu’une bonne partie de la Grèce, de l’île de Chypre et de la Géorgie se trouvent dans le collimateur de cet immense organisme qui se croit déjà en gestation. Ajoutons à cette liste Nakhitchevan, à l’heure actuelle région autonome d’Azerbaïdjan, et l’Adjarie, enclavée entre la Turquie et le reste de la Géorgie. Bien entendu, la faillite de Chypre et celle de la Grèce n’ont fait qu’attiser les fantasmes mégalomaniaques d’un Erdogan qui explique ses ambitions par le souci altruiste de prendre en charge des pays minés par la crise. Si rien ne l’arrête, cette miséricordieuse initiative n’est qu’un début, un simple galop d’essai.

Maintenant, pour ce qui est de la position des manifestants, celle-ci est très inexactement définie par les médias mainstream. Il y a eu, par exemple, un Printemps arabe en Egypte. Que constate-t-on ? Les Egyptiens, élites militaires en premier lieu, en sont presque à regretter Moubarak. Il y a eu un Printemps arabe au Maroc. Que voit-on ? La démocratisation du pays a conduit à l’accession au poste de Premier Ministre d’un Frère Musulman. Le régime monarchique du pays ayant amorti le coup, on ne l’a senti que très moyennement passer, ce qui ne signifie pas que le mouvement ne prendra pas de l’ampleur. Idem pour la Syrie qui est un exemple on ne peut plus sordide des Printemps prônés par nos oligarchies. Or, ce qui se passe maintenant en Turquie est également qualifié de Printemps. Il faudrait pourtant ventiler par catégories. Les manifestants ne sont pas des islamistes. Ils se réclament haut et fort de l’héritage kémaliste, Istanbul, ville-modèle de l’islam laïc, étant le joyau à défendre.

Selon le politologue Alexandre Del Valle, cet amalgame est assez pénible aux manifestants eux-mêmes, puisque ces derniers « se sentent proches des premiers web-révolutionnaires laïques du printemps arabe qui ont objectivement aidé les islamistes à arriver au pouvoir, face aux dictateurs militaires, au nom du respect de la démocratie électorale, mais qui ont été payés de retour par des restrictions de libertés et des répressions ». Si j’ai bien saisi le sens de cette remarque, il s’avère que les kémalistes perdent beaucoup à être assimilés aux fauteurs de troubles (souvent trompés par leurs illusions !) à l’œuvre dans le monde arabe.

Autre aspect à relever. Si Erdogan ne sait pas vraiment quelle attitude adopter face à des contestations de plus en plus massives et semble attendre qu’elles passent au niveau supérieur pour faire légitimement appel à des islamistes purs et durs qui deviendront plus que jamais ses meilleurs alliés, le Président, Abdullah Gül, entend tirer profit de la situation. Il ne veut absolument pas d’Erdogan comme successeur, or, voici que l’occasion est propice pour s’en débarrasser. Cette scission au sein du pouvoir n’est pourtant que provisoire, Erdogan et Gül ayant pour dénominateur commun leur mouvance islamiste. Ceci dit, elle pourrait alléger les souffrances de la Syrie, exemptée de l’influence de la Turquie qui aura d’autres soucis.

Bref, les pronostics ne sont pas évidents à établir. Voici les commentaires de M. Philippe Migault, chercheur à l’IRIS, historien.

LVdlR. Quelle est l’essence du soulèvement turc actuel ? Se résume-t-il à une confrontation entre kémalistes et traditionalistes ou dissimule-t-il une autre facette ?

Philippe Migault. Je pense qu’on assiste à un ras-le-bol d’une partie de la société turque, une partie qui s’est profondément européanisée, qui est profondément attachée aussi à l’idée du kémalisme, donc à l’idée de laïcité et d’une certaine forme de modernité. Cette partie de la société turque supporte de moins en moins les mutations qui sont réalisées par des conservateurs musulmans du parti de M. Erdogan visant à une réislamisation progressive de la société. Donc, je pense que contrairement à ce qui se passe dans les autres printemps arabes où somme toute nous constatons une montée en puissance de l’islamisme – même si au début la revendication était plus démocratique -, là, c’est l’inverse. On observe une levée de bouclier contre le retour d’u islam plus conservateur en Turquie.

LVdlR. Peut-on qualifier Erdogan d’extrémiste ? N’y-a-t-il pas exagération dans les termes ?

Philippe Migault. Non, c’est une exagération. On ne peut pas traiter Erdogan d’extrémiste. On peut considérer que c’est un homme sanguin, brutal dans ses propos, quelqu’un qui n’a pas le sens de la diplomatie, mais ce n’est aucunement un extrémiste. C’est par ailleurs le leader d’une formation politique qui par ailleurs, je le rappelle, a gagné les trois dernières élections consécutivement avec des scores de plus en plus élogieux. C’est donc quelqu’un qui bénéficie d’une forte assise populaire. Ainsi, à moins de considérer que 50 pr. des Turcs soutiennent un extrémiste, on ne peut pas taxer Erdogan d’extrémiste. Pour autant, il est clair que c’est une personnalité sujette à l’autoritarisme !

LVdlR. Certains médias évoquent le profit que pourrait tirer le Président, Abdullah Gül, des soulèvements anti-Erdogan qui animent la capitale et notamment Taksim, l’un de ses quartiers ? Qu’en pensez-vous ?

Philippe Migault. Je ne suis pas un grand spécialiste du sérail turc. Par contre il est vrai que de nombreux spécialistes considèrent que le Président de la République actuel pourrait tenter de surfer sur ce fond de mécontentement dans le dessein de disqualifier Erdogan pour les prochaines présidentielles. Après, reste à savoir si ce sont des rumeurs ou ces hypothèses s’appuient sur des faits concrets.

LVdlR. Après tous ces évènements, croyez-vous que la Turquie puisse malgré tout finir par intégrer l’UE ?

Philippe Migault. La question de l’entrée de la Turquie dans l’UE n’a rien à voir avec ce qui se passe actuellement. Je pense que l’UE après avoir fait miroiter une intégration aux Turcs dans ses rangs n’est maintenant plus du tout pressée de les intégrer. Je pense que du point de vue des Turcs qui ont attendu longtemps, il y a aussi une vraie désaffection vis-à-vis de la question de l’intégration. Ils redirigent de plus en plus leur diplomatie vers leurs zones d’influence traditionnels qui sont les Balkans, l’Asie centrale, le Moyen-Orient. Et finalement, on se rend compte que le dossier d’intégration dans l’UE est passé au second rang. C’est d’autant plus vrai qu’en Europe nous assistons à une montée en puissance des mouvements identitaires. Cet aspect incite à poser la question de l’intégration d’un Etat musulman de près de 75 millions d’habitants dans l’Europe de même que la question des conditions politiques de cette intégration qui ne sont pas réunies et ne le seront sans doute pas pendant très longtemps ».

C’est un printemps de chaude haleine qui s’annonce en Turquie avec, pour résultat probable et espéré, un affaiblissement notable de l’ASL en Syrie et la rationalisation des fantasmes néo-ottomans exprimés jusque là. Pourtant, s’il y a une éventualité à craindre, c’est bien celle de l’apparition d’éléments terroristes mêlés aux foules contestataires avec, pour autre résultat non moins probable, une aggravation des tensions pouvant à la longue amener au pouvoir des personnalités encore plus totalitaires que le duo Gül-Erdogan. Ce point de bifurcation dépassé, nous pourrons y voir plus clair.

 

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