Les Chrétiens et les Musulmans combattent Israël parce qu’ils veulent être Israël
Rav Ouri Amos Cherki, dans un de ses cours pose la question suivante aux élèves : « Combien de personnes au monde voudraient être Israël ? » ». Les réponses ne le satisfaisant pas il donne la sienne : « sur les quelques 7 milliards d’individus que compte la planète, au moins 3 milliards veulent être « Israël » ; il suffit d’additionner les Chrétiens et les Musulmans. Les Chrétiens ne commencent-ils pas leur prière du Dimanche par: « Nous sommes Israël, ton peuple saint ». Quant aux Musulmans, Mohamed ne prétend-il pas s’inscrire dans la lignée des prophètes hébreux ; Abraham, Moïse, Jésus aussi d’ailleurs, clôturant, selon lui et ses suiveurs, la lignée prophétique.
En fait, la question de Rav Cherki s’inscrit dans un cadre plus large : pourquoi les Chrétiens et les Musulmans détestent-ils tant Israël au point de vouloir les gommer de la carte de l’espace et du temps ? La réponse est simple : ils ne peuvent être Israël comme ils le désireraient, puisqu’Israël désormais existe.
Fut un temps, pas si lointain où Chrétiens et Musulmans pensaient avoir réussi à supplanter Israël dans le cœur et la pensée de dieu ; le peuple juif faible, méprisé et éclaté à la surface de la terre avait manifestement perdu sa cote auprès de l’Eternel ; la place était chaude et libre. On gardait quelques spécimens dans les mellahs et les ghettos, comme des bêtes rares au zoo, pour bien marquer leur marginalité et leur avilissement. Et puis par une ironie de l’Histoire ou une pirouette divine, l’Etat d’Israël, comme le phénix, renaît de ses cendres, et cela pose un problème existentiel à trois milliards d’Individus: comment être malgré tout Israël malgré Israël ?
C’est facile : il suffit qu’il n’y ait plus d’Israël ! Souvenez-vous de la jolie phrase de de Villepin : Israël ne serait qu’un « phénomène passager, une « erreur de l’Histoire ». Dans ce cas, ouf, l’espoir peut renaître. Mais c’est encore mieux si on pouvait réparer les erreurs de l’Histoire en préparant le terrain. Les Musulmans assistés par leurs alliés s’y emploient frénétiquement.
L’Europe qui s’est dépouillée de son bras armé, l’Amérique obamienne qui refuse de s’en servir, la Russie qui reste focalisée sur ses ex satellites frondeurs, ont besoin d’Armées sanguinaires pour faire le travail à leur place, lire éradiquer d’Israël. Les Musulmans feront le boulot. La multiplicité des acteurs qui évoluent au Moyen-Orient et leurs intérêts apparemment divergents brouillent les cartes et les yeux. On en vient à oublier l’objectif essentiel et ultime qui est commun à l’Occident comme aux Musulmans : la disparition d’Israël ; lire, à la fois les Juifs et l’Etat hébreu.
Les guerres entre les Arabes et les Juifs, ne serait-ce que l’opération « Bordure protectrice », insignifiante en soi eu égard à tous les conflits atroces qui se déroulent au Moyen Orient comme en Afrique, présentent un autre intérêt non négligeable pour les Occidentaux qui est de libérer la parole et l’acte, qui permet à l’Antisémitisme enfoui de soudre. L’antisémitisme déguisé en anti-sionisme peut enfin s’exprimer à loisir, sans complexes. Quelle aubaine et quelle magnifique occasion d’accabler le Juif. En Europe, on le tabasse sans retenue et en toute impunité et, pour ce qui est d’Israël, on prie, chacun son dieu, pour qu’Israël, ne serait-ce qu’une fois, perde une guerre, ce qui serait le début de la fin de cette « erreur de l’Histoire » afin que le « phénomène passager » qui est la création de l’Etat hébreu disparaisse à jamais. Ce jour-là Israël-non Israël deviendra Israël. Certains même se laissent aller à des conjectures sur la suite des jours: qui régnera alors qu’Israël aura disparu, l’Occident chrétien ou l’Islam ? Mais rassurez-vous il ne s’agit que d’une question purement rhétorique, puisque cela ne se produira jamais.
Revenons au cours de rav Cherki qui nous explique pourquoi techniquement les Chrétiens et les Musulmans ne peuvent être Israël. En effet, qu’est-ce qui caractérise Israël si ce n’est de rechercher sans trêve « l’unité des valeurs », Ihoud Hamidot.
Il y aurait deux valeurs essentielles qui seraient Tsédék vé (et) Michpat ou Din vé Hésséd, ce qui en pourrait se traduire en français par amour/charité/bonté/compassion d’une part et, Loi/jugement/rigueur/sévérité de l’autre. La première valeur a été mise en exergue par les Chrétiens, quant aux Musulmans, ils ont mis l’accent sur l’autre. Ce qui signifie que la justice, la Loi, les modalités du jugement sont absents ou considérés comme sans intérêt par les Chrétiens (absents d’ailleurs dans le Nouveau Testament) et, pour ce qui est des Musulmans la compassion, l’amour du prochain passent largement après le Din.
Le Judaïsme au contraire insiste sur la nécessité de combiner en permanence la Loi et la compassion, Mishpat et Tsédék, car les deux valeurs sont nécessaires à l’ordre du monde ou tout simplement à l’équilibre dans la conduite de l’homme, qui ne peut vivre pleinement que d’amour et d’eau fraîche, pas plus qu’il ne peut s’accomplir sous la menace permanente du glaive de la justice qui lui tranchera la main ou un autre organe s’il n’obéit pas aux Commandements d’Allah.
Il n’est pas sans intérêt que ces deux grandes religions aient emprunté au Judaïsme une des deux valeurs citées pour les faire siennes, car cela a permis de faire progresser l’humanité, mais le déséquilibre résultant du choix unique ne peut en aucune façon faire espérer aux trois milliards d’individus qui les pratiquent, peu ou prou, d’être Israël.
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