« Nous voulons Dieu ! » : le mot d’ordre de la Marche de l’Indépendance organisée à Varsovie, en Pologne, le 11 novembre prochain
Pour comprendre ce mot d’ordre, il faut savoir que les milieux nationalistes qui organisent cette marche sont majoritairement catholiques. Les participants, dont beaucoup votent plutôt pour le parti Droit et Justice (PiS) ou d’autres petits partis de la mouvance se réclamant de la démocratie chrétienne plutôt que du nationalisme, sont eux aussi majoritairement catholiques. Tous affichent des positions patriotiques et conservatrices – et aussi ouvertement pro-vie. C’est ainsi qu’en tête de l’énorme cortège qui a défilé en 2016 on pouvait voir une banderole avec l’inscription « avortement = tuer » et des photos d’enfants victimes d’avortements. On pouvait aussi apercevoir par endroits des symboles chrétiens tel le drapeau à l’effigie du Christ Roi flottant parmi les symboles nationalistes et patriotiques – dont la devise de l’armée polonaise « Dieu, Honneur, Patrie », très présente – et un océan de drapeaux blancs et rouges. Les supporters de football polonais, présents en nombre à la Marche de l’Indépendance, ont d’ailleurs la particularité d’organiser un pèlerinage annuel au sanctuaire de Jasna Góra à Częstochowa.
Le mot d’ordre « Nous voulons Dieu » expliqué par les organisateurs de la marche du 11 novembre
Devant les journalistes, le président du comité organisateur de la Marche de l’Indépendance 2017 a expliqué que le mot d’ordre « Nous voulons Dieu » se veut une réponse à la décadence morale de l’Occident, qui affecte aussi la Pologne même si celle-ci reste malgré tout un bastion de la foi en Europe. Cet appel s’élève contre « l’Union européenne qui est athée et impie, qui attaque toutes ces valeurs [chrétiennes], dans le contexte de l’invasion migratoire. Notre référence, c’est l’Eglise en lutte, l’Eglise qui pendant des siècles était la base et le fondement de l’Europe. Nous voulons présenter le catholicisme comme une foi non pas de gens faibles mais de gens forts et merveilleux ».
Le député et leader du Mouvement nationaliste (Ruch Narodowy) Robert Winnicki a quant à lui précisé que « Le mot d’ordre de cette année veut nous rappeler les racines de notre communauté nationale et aussi répondre à l’énorme crise spirituelle que vit notamment le monde occidental. Il faut dire ici clairement que l’on peut bien sûr être un bon Polonais, une personne bonne et honnête, en étant quelqu’un d’areligieux, mais les sociétés ou les nations areligieuses n’ont pas d’avenir devant elles, et l’Europe occidentale en pleine sécularisation en est le meilleur exemple ».
En Pologne, l’appel « Nous voulons Dieu » conserve toute son actualité 27 ans après la chute du communisme
« Nous voulons Dieu ! », c’était, ainsi que l’a rappelé Donald Trump lors de son éloge du patriotisme, de la foi en Dieu et de la famille à Varsovie en juillet dernier, l’exigence adressée au régime communiste par un million de Polonais lors d’une visite du pape Jean-Paul II en 1979. Ce slogan, repris dans les années 1980 dans certaines manifestations de Solidarité, conserve toute son actualité dans l’Europe actuelle dominée par une idéologie libérale-libertaire présentant, ainsi que le remarque l’ancien dissident hongrois Viktor Orbán, des liens de parenté directs avec l’idéologie communiste.
Olivier Bault