A la demande du Vatican, l’évêque d’Annecy Yves Boivineau a démis de ses fonctions le curé de la paroisse de Megève, en Haute-Savoie. L’Eglise reproche au prêtre, le père Pascal Vesin, son appartenance à la franc-maçonnerie. Il aurait été initié en 2001 dans une loge du Grand Orient de France (GO). Or, pour Rome, une telle double appartenance, quelle que soit l’obédience maçonnique choisie, est impossible.
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Dans un communiqué qui vient d’être rendu public, le diocèse d’Annecy assure avoir été informé de la situation dès 2010 « par un courrier anonyme ». Le père Vesin aurait alors nié. Mais, toujours selon les termes du communiqué, il aurait été « confondu » en 2011, dans des circonstances qui ne sont pas révélées. « Il lui a alors été demandé de de quitter la franc-maçonnerie pour se consacrer à son ministère de prêtre ». Une demande à laquelle le curé de Megève a opposé sa « liberté absolue de conscience ».
Dans son communiqué, le diocèse souligne toutefois que « la peine dite « médicinale » peut être levée » si le père Vesin venait à « manifester clairement sa décision de revenir vers l’Eglise ». A Megève, les prises de position progressistes du père Vesin (sur le mariage des prêtres, la défense de la laïcité, le port du préservatif ou le refus de laisser afficher les tracts anti-mariage gay) ne laissaient pas indifférent. Son église était en tous cas régulièrement remplie et pas seulement en période touristique. Mais d’autres paroissiens devaient moins l’apprécier. Au point de s’en plaindre à l’évêque. Ou d’expédier régulièrement un peu partout des courriers anonymes révélant l’appartenance maçonnique de prêtre.
Les pressions sont venues directement de Rome, notamment de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui considère qu’il y a « incompatibilité des principes ». Un chrétien catholique « ne peut entretenir deux sortes de relations avec Dieu, ni exprimer son rapport au Créateur à travers des formes symboliques de deux sortes ». Comme la Congrégation pour la doctrine de la foi prévoit toujours l’exclusion de la communion de l’Église pour les francs-maçons, l’évêque d’Annecy doit imposer à Pascal Vezin « la juste peine prévue par le canon 1374 du Code de droit canonique » ainsi que la peine de l’interdit prévue par le canon 1332 CIC : à savoir l’expulsion immédiate de sa paroisse de Megève. « Je ne suis pas certain que Rome ait mis dans le passé autant de rapidité pour excommunier certains prêtres pédophiles », fait remarquer l’un des (anciens) paroissiens de l’abbé Pascal Vezin.
Le Grand Maître du GODF s’est exprimé sur la ‘démission’ du prêtre franc-maçon de Megève : » Je déplore le profond retour d’un obscurantisme qui n’a plus lieu d’être en République. Je souhaite que l’Église évolue. On peut être prêtre et franc-maçon. Ne pas comprendre cela relève du Moyen Âge. » Selon le GM du GODF, le prêtre de Megève a été très choqué par la décision de l’évêque et ne comprend pas. Pour Gulino, la religion c’est la sphère privée, sa foi est respectable, c’est sa liberté et la laïcité n’est pas contre la religion, l’Église n’a rien compris à la laïcité, ce qui ne m’étonne pas trop. Pour nous, il n’est pas incompatible d’être franc-maçon et d’exercer au sein d’une église. D’ailleurs, parmi nos frères, nous comptons des rabbins et beaucoup de pasteurs. La franc-maçonnerie c’est la liberté. Il a ajouté: Le Grand Orient est une sentinelle, nous sommes là pour défendre la République et la laïcité. Il y a un durcissement qui nous inquiète. On se demande où cela va s’arrêter. Il y a des limites qui ne doivent pas être franchies.
Chrétien et franc-maçon : les raisons d’une incompatibilité
Une inscription interdite par l’Eglise
Rome, (Zenit.org) | 691 clics
A l’occasion de la démission d’un prêtre du diocèse d’Annecy pour appartenance active à la Franc-maçonnerie, le diocèse publie cette réflexion sur les « raisons d’une incompatibilité » entre ces deux appartenances, notamment en rappelant les décisions de la Congrégation pour la doctrine de la foi (cf. http://www.diocese-annecy.fr/rubriques/haut/diocese/leveque/textes-officiels/quelques-notes-sur-la-fm.pdf).
Chrétien et franc-maçon : les raisons d’une incompatibilité
Le Code de Droit canonique de 1983 ne fait pas mention expresse de la franc-maçonnerie, à la différence de celui de 1917. Ce fait a pu être interprété comme un changement de position de l’Église. Dans une note datée du 26 novembre 1983, La Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) précise que « le jugement de l’Église sur les associations maçonniques demeure inchangé… et l’inscription à ces associations reste interdite par l’Église », ceci en raison même de l’incompatibilité entre les principes de la Franc-Maçonnerie (FM) et ceux de la foi chrétienne. La CDF se situe au plan de la foi et de ses exigences morales, étant donné que le fait d’adhérer à la FM met en cause les fondements de l’existence chrétienne.
Le relativisme est au fondement même de la FM. C’est le nœud même de l’incompatibilité, en raison des conséquences sur le contenu de la foi, l’acte de foi lui-même, l’agir moral et l’appartenance à l’Église Corps du Christ.
Les francs-maçons nient la possibilité d’une connaissance objective de la vérité. On demande à un franc-maçon d’être un homme libre, qui ne connaît aucune soumission à un dogme, ce qui implique le rejet fondamental de toutes les positions dogmatiques : « Toutes les institutions qui reposent sur un fondement dogmatique, et dont l’Église catholique peut être considérée comme la plus représentative, exercent une contrainte de la foi » (Lennhoff-Posner, Dictionnaire franc-maçon international, Vienne 1975, p. 374). On rejette tout dogme, au prétexte de la « tolérance absolue ».
Ainsi, le maçon soutient le primat et l’autonomie de la raison par rapport à toute vérité révélée. Il refuse l’idée même d’une révélation, les religions étant considérées comme des tentatives concurrentes pour exprimer la vérité sur Dieu qui, en définitive, est inaccessible, inconnaissable. Chacun juge par lui-même de la vérité, et est à lui-même sa propre norme. Livrée à elle-même, la raison n’est plus finalisée par la recherche de la Vérité. Elle est à la merci des idéologies ou des constructions subjectives. « En toute chose, c’est la raison humaine et la nature humaine qui restent souveraines ». D’où l’argument, typiquement maçonnique, de «liberté absolue de conscience ».
Il n’y a donc, selon la FM, aucune connaissance objective de Dieu, en tant qu’Être personnel. C’est à l’opposé de la conception chrétienne de Dieu qui se révèle, entre en dialogue avec l’homme, et de la réponse de l’homme qui s’adresse à lui en le nommant Père et Seigneur. Le Concile Vatican II l’exprime en ces termes : « Il a plu à Dieu dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l’Esprit-Saint, auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine. Dans cette Révélation le Dieu invisible s’adresse aux hommes en son immense amour ainsi qu’à des amis, il s’entretient avec eux pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie. » (D.V. 2)
Les dogmes dans l’Église sont des expressions de la foi reçue des Apôtres. Ils ne sont pas des formulations arbitraires, closes sur elles-mêmes. Ils sont plutôt des balises qui indiquent le mystère du Christ, « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). Ces « définitions » de foi nous sont données pour éclairer notre intelligence et rendre raison de notre foi.
En soutenant le primat et l’autonomie de la raison par rapport à toute vérité révélée, l’homme prétend se perfectionner sans cesse lui- même en s’appuyant sur son pouvoir auto-créateur. Selon la « philosophie » franc-maçonne, l’homme n’a pas besoin de salut. Or l’Évangile est l’heureuse annonce du Salut : le chrétien attend et reçoit le salut de la grâce miséricordieuse de Dieu, en la personne de Jésus qui est précisément le Sauveur (Jésus = « Dieu sauve »). « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu » (Ep 2, 8).
Au plan éthique, les différences sont aussi considérables. Pour le franc-maçon, les règles morales sont appelées à évoluer sans cesse sous la pression de l’opinion publique et des progrès de la science. La morale évolue au gré du consensus des sociétés. S’il est exact que l’homme se situe toujours dans une société particulière, il faut toutefois admettre que l’homme ne se définit pas tout entier par cette culture, qu’il n’est pas le «produit» d’une culture. Il existe en l’homme quelque chose qui transcende les cultures : ce que la foi chrétienne exprime en affirmant que « l’homme est créé à l’image de Dieu ».
La franc-maçonnerie conteste ainsi toute autorité morale et doctrinale, misant sur l’autonomie individuelle, écartant les arguments d’autorité, et exigeant une absolue liberté de conscience. C’est finalement le règne du « Moi » ! Et la domination du relativisme… Les différentes confessions religieuses auxquelles appartiennent les adhérents sont considérées comme secondaires par rapport à l’appartenance plus englobante et supra-confessionnelle à la fraternité maçonnique : ce qui conduit forcément à tout apprécier et juger du point de vue maçonnique…. sans s’en rendre compte.
L’engagement au sein de la franc-maçonnerie transforme l’acte de foi chrétien. Il ne peut être neutre : les rites initiatiques dans le secret des loges produisent inévitablement leurs effets sur les membres. La revendication de la « liberté absolue de conscience » est le produit de la « doctrine » relativiste qui s’impose progressivement, à l’insu même des intéressés. La franc-maçonnerie revendiquant pour ses membres une adhésion totale, il est évident que la «double appartenance » est impossible pour un chrétien qui « appartient au Christ » (Rm 14,8).
La Chancellerie Diocèse d’Annecy
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Le Point.fr- Publié le
Depuis hier, l’abbé Pascal Vezin n’est plus curé de Megève, en Haute-Savoie. Motif : il est membre du Grand Orient de France.
La longue lettre adressée le 23 mai par Yves Boivineau, l’évêque d’Annecy, à Pascal Vezin est sans ambiguïté : « En application du canon 1332 CIC, vous ne pouvez donc plus désormais, à compter de ce jour, ni recevoir ni célébrer les sacrements et je vous demande de quitter la paroisse dont vous n’êtes plus le curé. »
L’évêque fait référence à la déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la foi du 26 novembre 1983, qui considère que « les principes (des associations maçonniques) ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l’Eglise ». L’abbé Pascal Vezin, âgé de 43 ans, prêtre depuis 1996, est franc-maçon depuis 2001. Une double appartenance que le prêtre ne conteste pas. Il est même orateur de la loge L’avenir du Chablais, du Grand Orient de France, à Thonon-les-Bains (Haute-Savoie).
Trois prêtres pour négocier
« C’est en quelque sorte une excommunication temporaire. Elle peut être levée si j’abandonne la franc-maçonnerie, et si je reviens dans le droit chemin. J’avoue que cette sanction m’a donné un sacré coup sur la tête. Il faut que je prenne du recul avant de décider de mon avenir. Mais je considère que mon appartenance à la franc-maçonnerie fait partie de ma liberté de conscience », déclare Pascal Vezin au Point.fr.
Tout a commencé avec une lettre anonyme envoyée à l’évêché au printemps 2010. Yves Boivineau, évêque de Haute-Savoie, choisit le dialogue. Il suggère au curé de la paroisse Sainte-Anne d’Arly-Montjoie à Megève de « prendre le temps de la réflexion » et de faire une retraite. Plus tard, le conseil presbytéral envoie au curé franc-maçon trois prêtres pour tenter de lui faire entendre raison. Mais Pascal Vezin, par ailleurs très apprécié de ses paroissiens, n’entend pas démissionner de la franc-maçonnerie.
Incompatibilité des principes
En fait, les pressions sont venues directement de Rome, notamment de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui considère qu’il y a « incompatibilité des principes ». Un chrétien catholique « ne peut entretenir deux sortes de relations avec Dieu, ni exprimer son rapport au Créateur à travers des formes symboliques de deux sortes ».
Comme la Congrégation pour la doctrine de la foi prévoit toujours l’exclusion de la communion de l’Église pour les francs-maçons, l’évêque d’Annecy doit imposer à Pascal Vezin « la juste peine prévue par le canon 1374 du Code de droit canonique » ainsi que la peine de l’interdit prévue par le canon 1332 CIC : à savoir l’expulsion immédiate de sa paroisse de Megève. « Je ne suis pas certain que Rome ait mis dans le passé autant de rapidité pour excommunier certains prêtres pédophiles », fait remarquer l’un des (anciens) paroissiens de l’abbé Pascal Vezin.
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A la demande du Vatican, l’évêque d’Annecy Yves Boivineau a démis de ses fonctions le curé de la paroisse de Megève, en Haute-Savoie. L’Eglise reproche au prêtre, le père Pascal Vesin, son appartenance à la franc-maçonnerie. Il aurait été initié en 2001 dans une loge du Grand Orient de France (GO). Or, pour Rome, une telle double appartenance, quelle que soit l’obédience maçonnique choisie, est impossible.
Selon nos informations, le prêtre a été officiellement informé de la décision dans la journée de jeudi, au cours d’un entretien avec Mgr Boivineau. Ce vendredi soir, le vicaire général du diocèse (le bras droit de l’évêque) doit se rendre à Megève pour informer le conseil paroissial de la sanction. Il doit également assurer les messes du week-end, pour expliquer la situation aux fidèles du village et des communes alentours, qui relèvent de la même paroisse.
Dans un communiqué qui vient d’être rendu public, le diocèse d’Annecy assure avoir été informé de la situation dès 2010 « par un courrier anonyme ». Le père Vesin aurait alors nié. Mais, toujours selon les termes du communiqué, il aurait été « confondu » en 2011, dans des circonstances qui ne sont pas révélées. « Il lui a alors été demandé de de quitter la franc-maçonnerie pour se consacrer à son ministère de prêtre ». Une demande à laquelle le curé de Megève a opposé sa « liberté absolue de conscience ».
Selon l’évêque, le dialogue s’est toutefois poursuivi en accord avec Rome, non sans que le père Vésin n’ait été informé de la sanction encourue. Parvenu à ce point, le dossier ne pouvait pas laisser le Vatican inactif. En mars dernier, c’est la Congrégation pour la doctrine de la foi – la descendante de l’Inquisition -, qui se saisit du dossier : elle exige le départ du prêtre. Dans l’intervalle, trois prêtres du diocèse sont chargés de rencontrer leur confrère pour une ultime démarche. Elle tournera court. L’Eglise n’entend pas transiger. Le prêtre ne veut pas renoncer. Il sera démis.
Dans son communiqué, le diocèse souligne toutefois que « la peine dite « médicinale » peut être levée » si le père Vesin venait à « manifester clairement sa décision de revenir vers l’Eglise ». A Megève, les prises de position progressistes du père Vesin (sur le mariage des prêtres, la défense de la laïcité, le port du préservatif ou le refus de laisser afficher les tracts anti-mariage gay) ne laissaient pas indifférent. Son église était en tous cas régulièrement remplie et pas seulement en période touristique. Mais d’autres paroissiens devaient moins l’apprécier. Au point de s’en plaindre à l’évêque. Ou d’expédier régulièrement un peu partout des courriers anonymes révélant l’appartenance maçonnique de prêtre.
L’affaire pourrait en tous cas faire grand bruit en Haute-Savoie et au-delà. L’Eglise a déjà mis en place son dispositif du communication. Aujourd’hui, une lettre expliquant les raisons de sa décision doit être adressée par Mgr Boivineau à tous les prêtres du diocèse d’Annecy. Il y assure qu’il y a «incompatibilité entre les principes de la franc-maçonnerie et ceux de la foi chrétienne ».
Lundi, une conférence de presse est par ailleurs prévue à l’évêché d’Annecy. Son organisation a été validée par les plus hautes instances de l’Eglise de France. Le père Vesin est injoignable en cette fin de matinée.