Loi sur l’Etat-nation Juif : les réactions (suite)

Abbas exhorte le monde à stopper la loi « raciste » sur l’Etat-nation : Le chef de l’AP a expliqué que la législation, qui établit Jérusalem comme capitale de l’Etat juif, entre dans le cadre d’une « conspiration » contre le narratif national palestinien

Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est assis devant une photo du dôme du Rocher dans la Vieille Ville de Jérusalem lors d'une réunion des dirigeants palestiniens à Ramallah, en Cisjordanie, le 19 mars 2018. (FLASH90)

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas est assis devant une photo du dôme du Rocher dans la Vieille Ville de Jérusalem lors d’une réunion des dirigeants palestiniens à Ramallah, en Cisjordanie, le 19 mars 2018. (FLASH90)

Le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a appelé la communauté internationale à intervenir auprès d’Israël concernant la loi sur l’Etat-nation qui vient d’être adoptée par l’Etat juif, qualifiant le texte controversé de « raciste » et s’offusquant de sa désignation de Jérusalem en tant que capitale de l’Etat juif.

Cette loi adoptée aux premières heures de jeudi consacre Israël comme »foyer national du peuple juif », dans ses lois fondamentales quasi-constitutionnelles, établit l’hébreu comme langue nationale tout en donnant à l’arabe un statut « spécial » inférieur, et soutient les implantations juives.

Le texte « révèle le visage raciste de l’occupation israélienne », ajoute le communiqué.

L’AP a déclaré que la loi entre dans le cadre d’une « conspiration » contre la cause palestinienne aux côtés du transfert de l’ambassade américaine à Jérusalem et des initiatives visant, selon lui, à rendre la ville plus « juive ».

« Cette loi renforce les fondements de l’occupation qui nient les résolutions qui sont légitimes à l’international, en particulier en ce qui concerne la politique d’occupation visant à ‘judaïser’ Jérusalem et à séparer la ville de son environnement palestinien », a ajouté le communiqué.

Plus tôt, le haut-conseiller d’Abbas, Saeb Erekat a indiqué que le texte « vient officiellement légiférer l’apartheid et définit légalement Israël comme un système d’apartheid ».

« C’est une loi raciste et dangereuse par excellence. Elle nie aux citoyens arabes leur droit à l’auto-détermination qui ne sera déterminé que par la population juive », a-t-il écrit dans un tweet.

Fawzi Barhoum, porte-parole du groupe terroriste du Hamas, a également fustigé cette législation, disant qu’elle vient officiellement légaliser le « racisme israélien » et qu’elle constitue « une attaque dangereuse contre le peuple palestinien et son droit historique à la terre ».

Barhoum a également déclaré que la Knesset n’aurait pas adopté la loi – ainsi que d’autres qu’il a qualifiées d’ »extrémistes »- sans le « silence régional et international sur les crimes de l’occupation ».

« Ces lois et ces résolutions extrémistes n’auraient pas été approuvées s’il n’y avait pas eu ce silence régional et international sur les crimes et les violations de l’occupation », a-t-il dit, sans spécifier quelles lois. « Toutes ces lois et ces résolutions sont sans fondement et elles ne changeront rien sur le terrain. La population palestinienne restera souveraine sur cette terre ».

Les membres du gouvernement israélien ont pour leur part salué l’approbation de la loi dans la matinée de jeudi, le Premier ministre Benjamin Netanyahu le qualifiant de « moment charnière dans les annales du sionisme et de l’Etat d’Israël ». De nombreuses personnalités de l’opposition ont critiqué la législation.

La membre du comité exécutif de l’OLP Hanan Ashrawi a condamné le texte, affirmant qu’il contrevient à la loi internationale.

« La loi sur ‘l’Etat-nation juif’ autorise l’apartheid, les discriminations, le nettoyage ethnique, et le sectarisme au détriment de la population palestinienne. Une législation raciste et attentatoire de ce type est illégale sous tous les termes de la loi internationale, de la démocratie, de l’humanité, de la justice, de la tolérance et de l’inclusion », a-t-elle dit.

 

 

L’ADL s’inquiète pour la démocratie israélienne après la loi sur l’Etat-nation

Le groupe s’est dit préoccupé par le traitement des minorités au sein de l’Etat juif mais soutient la détermination de la loi de symboles de l’Etat

Des militants de droite israéliens protestent aux abords d'une cérémonie conjointe pour les familles de victimes israéliennes et palestiniennes lors de la Journée israélienne de commémoration, le 21 avril 2015 Le drapeau dit : "La terre d'Israël pour les Israéliens seulement" (Crédit : Tomer NeubergFlash90)

Des militants de droite israéliens protestent aux abords d’une cérémonie conjointe pour les familles de victimes israéliennes et palestiniennes lors de la Journée israélienne de commémoration, le 21 avril 2015 Le drapeau dit : « La terre d’Israël pour les Israéliens seulement » (Crédit : Tomer NeubergFlash90)

L’ADL (Anti-Defamation League) a ajouté sa voix jeudi à un concert croissant de désapprobation suite à la loi controversée adoptée par Israël sur l’Etat-nation juif, affirmant que cette nouvelle législation soulève des inquiétudes sur l’engagement israélien en faveur de la démocratie et appelant à ce que le texte ne soit pas utilisé pour discriminer les minorités.

« Nous sommes troublés par le fait que la loi, qui célèbre la nature juive fondamentale de l’Etat, soulève des interrogations significatives sur l’engagement gouvernemental à long-terme envers son identité pluraliste et sa nature démocratique », a dit Jonathan Greenblatt, directeur-général de l’organisation, et Carole Nuriel, directrice pour Israël de cet observatoire, dans un communiqué.

Mercredi soir, les organisations URJ (Union for Reform Judaism) et l’AJC (American Jewish Committee) ont rapidement dénoncé ce texte de l’Etat-nation controversé, en affirmant que la législation venait saper les fondations démocratiques d’Israël.

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Réactions après l’adoption de la loi sur l’État-nation juif

Des députés de l’opposition ont fustigé la loi adoptée durant la nuit, affirmant qu’elle est conçue pour créer des dissensions au sein de la société israélienne

Benjamin Netanyahu à l'assemblée générale de la Knesset, le 18 juillet 2018. (Crédit : Hadas Parush/Flash90 )

Benjamin Netanyahu à l’assemblée générale de la Knesset, le 18 juillet 2018. (Crédit : Hadas Parush/Flash90 )

Les réactions à l’adoption, par la Knesset, dans la nuit de mercredi à jeudi, de la loi sur l’État-nation juif, étaient mitigées selon les partis. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a salué « un moment charnière dans les annales du sionisme et de l’État juif ».

Les députés ont approuvé le texte, qui consacre Israël comme « foyer national du peuple juif dans les lois fondamentales, qui ont une valeur quasi-constitutionnelle, en seconde et troisième lectures à 62 voix pour et 55 contres, et deux abstentions, après des heures de débat houleux dans le plénum de la Knesset.

Alors que la coalition a célébré l’adoption de la loi, les membres de l’opposition ont déclaré qu’elle était nationaliste, séparatiste et qu’elle menaçait la démocratie.

Netanyahu a déclaré : « nous avons inscrit dans la loi le principe fondamental de notre existence. Israël et l’État-nation du peuple juif, qui respecte les droits individuels de tous ses citoyens. C’est notre état, l’État juif. Ces dernières années, certains ont tenté de remettre cela en question, d’ébranler notre raison d’être. Aujourd’hui, nous en avons fait une loi : c’est notre nation, notre langue et notre drapeau. »

Le principal parrain de cette loi au fil des années, l’ancien chef du Shin Bet Avi Dichter, a déclaré qu’elle venait répondre à tous ceux qui estiment que la viabilité d’Israël n’est que temporaire, en référence aux propos du député arabe Jamal Zahalka, qui avait déclaré que les Arabes survivront aux Juifs dans le pays.

« Tout ce que vous pouvez être, c’est une minorité égale, pas une nationalité égale », a déclaré Dichter.

« Contrairement à la désinformation et aux fake news qui ont inondé [la conversation], la Loi Fondamentale n’affecte pas les cultures minoritaires d’Israël », a-t-il affirmé. Il a ajouté que le texte n’enlève rien au statut de la langue arabe.

L’une des clauses de la loi rétrograde la langue arabe de langue officielle et lui octroie un statut « spécial, mais stipule également que « cette clause ne porte pas atteinte au statut de la langue arabe avant l’entrée en vigueur de la loi.

Le texte de loi est disponible ici.

Le président de la Knesset Yuli Edelstein (Likud) a également célébré cette adoption, affirmant que l’assemblée générale était entrée « dans l’histoire » et a jugé que cette nouvelle législation était « l’une des lois les plus importantes à avoir été adoptée par la Knesset ».

Le ministre du Tourisme Yariv Levin a condamné l’opposition manifestée par la faction de l’Union sioniste, et notamment par le parti travailliste, son principal détracteur.

« Dites-nous honnêtement, les travaillistes : contestez-vous le droit du peuple juif sur la terre d’Israël ? Est-ce notre État-nation ? Notre drapeau n’est-il pas accepté par vous ? Il n’y a jamais eu un tel rejet des valeurs sionistes par le parti travailliste. »

Les opposants ont estimé que la loi était discriminatoire envers les Arabes israéliens et les autres minorités, et provoquaient inutilement ces minorités en mettant en exergue une attitude préférentielle envers le judaïsme.

Shelly Yachimovich, de l’Union sioniste, a déclaré : « personne ne pense que [la coalition] est intéressée par la nationalité et l’État d’Israël », ajoutant que la loi encourage une forme de nationalisme « dévaluée » qui « hait l’Autre ».

La députée Tzipi Livni a déclaré que la loi dans sa forme actuelle plaçait la politique au-dessus du contenu. « Quand j’ai demandé aux députés pourquoi ils ne soumettaient pas une version de loi qui pourrait rassembler une centaine de députés, ils ont souri sarcastiquement et m’ont dit que Netanyahu voulait une loi qui crée des dissensions. « Autrement, comme les gens sauront qu’il est plus patriote que toi ? Que tirerions nous du soutien [à cette loi] ?’ Voilà la méthode. »

Isaac Herzog, chef sortant de l’opposition et nouveau chef de l’Agence juive, a été plus ambivalent mais a exprimé ses craintes.

« La question qui se pose, c’est : est-ce que la loi va blesser ou renforcer Israël », a-t-il dit. « L’histoire en sera juge. J’espère vraiment que l’équilibre délicat entre les aspects juif et démocratique [d’Israël] n’en sera pas perturbé. »

Le député Elazar Stern, du parti d’opposition Yesh Atid, a déclaré que la loi était une insulte « à nos frères druzes et bédouins qui servent à nos côtés à l’armée et au sein des services de sécurité ».

Benny Begin, seule voix dissidente au sein du Likud, a déclaré que cette loi n’était pas ce qu’il attendait de son parti, et a averti qu’elle pourrait aggraver les tensions sociales et renforcer le nationalisme extrémiste.

La chef du Meretz Tamar Zandberg a également déploré « une nuit honteuse » et « une loi dévaluée et contaminée ».

La critique la plus vive a été prononcée par la Liste arabe unie, qui a qualifié la loi d’ « anti-démocratique, colonialiste, raciste, au caractère d’apartheid très prononcé ».

« Cette loi ne mentionne ni le mot démocratie ni le mot égalité, et s’engage à une emphase brutale de la suprématie ethnique, ne laissant aucun doute sur le fait qu’il y ait des types de citoyenneté – les Juifs de première catégorie et les Arabes de seconde catégorie », a déclaré le parti.

Ayman Odeh, chef de la Liste arabe unie, a déclaré dans un communiqué qu’Israël a adopté une loi de suprématie juive et a affirmé que nous [les minorités] seront toujours des citoyens de seconde classe… Le régime de Netanyahu crée un puits de peur, de racisme, d’autoritarisme, afin de nous diviser ».

Il a ajouté que « nous n’autoriserons pas la majorité à nous humilier et à nous détruire » et s’est engagé à se battre pour « un futur pour nous tous, dans la démocratie, l’égalité et la justice ».

Un autre député arabe, Youssef Jabareen, a affirmé que cette loi encourageait « non seulement la discrimination, mais aussi le racisme, elle va perpétuer le statut d’infériorité des arabes en Israël », l’Etat hébreu agissant comme « un mouvement juif et colonial, qui poursuit la judéisation de la terre et continue à voler les droits de ses propriétaires ».

Cette loi est « dangereuse et raciste par excellence », a fustigé le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), Saëb Erekat, sur son compte Twitter, affirmant qu’elle légalisait « officiellement l’apartheid ».

Selon lui, le texte « dénie aux citoyens arabes leur droit à l’autodétermination qui n’est plus déterminé que par la population juive ».

Pour Shuki Friedman, membre du groupe de réflexion Israel Democraty Institut, la loi a un caractère avant tout symbolique, mais elle va contraindre les tribunaux à prendre en compte le caractère juif de l’Etat ce qui va aboutir à une « interprétation plus restrictive des droits des Arabes ».

En soulignant le caractère juif de l’Etat, cela « réduit, indirectement, son caractère démocratique », a ajouté Shuki Friedman.

L’Union européenne s’est dite « préoccupée » par l’adoption de cette loi car cela risque de « compliquer » la solution à deux Etats pour régler le conflit israélo-palestinien, et la Ligue arabe, la jugeant « dangereuse », a jugé qu’elle consolidait des « pratiques racistes ».

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Israël a-t-il besoin d’une loi d’État-nation (juif) ?

Le président des Fédérations juives d’Amérique du Nord a déclaré qu’il y a des aspects de la législation contre lesquels « les Juifs américains pourraient lutter »

Des Israéliens regardent la démonstration aérienne au parc Saker lors du 69e Jour de l'Indépendance d'Israël à Jérusalem, le 2 mai 2017 (Hadas Parush / Flash90)

Des Israéliens regardent la démonstration aérienne au parc Saker lors du 69e Jour de l’Indépendance d’Israël à Jérusalem, le 2 mai 2017 (Hadas Parush / Flash90)

JERUSALEM (JTA) – Israël est en train de débattre d’une loi dont les partisans disent qu’elle relève d’une évidence. Les critiques, quant à eux, affirment que cette mesure divisera la société israélienne et nuira à ses relations avec le reste du monde démocratique, en particulier les Juifs aux États-Unis.

La prémisse de la loi sur la nationalité est simple : Elle inscrit dans la Loi fondamentale quasi constitutionnelle d’Israël qu’Israël est l’État-nation du peuple juif. Mais après ça, ça devient plus compliqué.

Le président d’Israël, Reuven Rivlin, a qualifié la loi d’“arme (pour) nos ennemis”. Natan Sharansky, directeur de l’Agence juive sortant, a déclaré que cela finirait par « creuser un fossé entre les Juifs d’Israël et ceux de la diaspora ». Et des milliers de manifestants israéliens, juifs et arabes, ont défilé à Tel Aviv au cours du week-end pour protester contre les aspects discriminatoires de la loi.

Quelques jours avant que la Knesset ne vote sur le projet de loi – on s’attend à ce qu’il soit adopté – un dirigeant de la communauté juive américaine s’est envolé pour Israël et a passé près de deux jours à discuter du projet de loi et à le critiquer face à face avec les députés israéliens.

Jerry Silverman, président et directeur exécutif des Fédérations juives d’Amérique du Nord, a déclaré lundi à JTA que la loi sur la nationalité a « pris le dessus » sur l’ordre du jour de son voyage. Avant de partir pour Israël, il s’est entretenu avec les principales organisations juives de leurs préoccupations au sujet de la loi. Bien qu’il n’ait pas été autorisé à s’adresser à la commission mixte de la Knesset qui travaille à modeler la formulation de la loi avant qu’elle ne soit soumise au plénum pour un vote cette semaine, Silverman a déclaré qu’il a assisté aux réunions et a été reconnu publiquement comme un représentant de la diaspora juive.

Il a dit avoir discuté des préoccupations des Juifs américains avec de nombreux députés et membres clés de la Knesset, ainsi qu’avec le cabinet du Premier ministre.

Silverman a déclaré à JTA qu’il craignait que la loi, qui met l’accent sur les aspects juifs d’Israël, ne s’aliène les jeunes juifs américains qui sont « si conscients de la justice sociale aujourd’hui ». Il a ajouté qu’il y a plusieurs aspects de la loi contre lesquels « les Juifs américains pourraient lutter ».

Changer le statut de la langue arabe est considéré comme « discriminatoire », selon Silverman. Les Arabes représentent environ 20 % de la population d’Israël.

Une disposition affirmant qu’Israël est responsable de préserver les liens d’Israël avec les juifs du monde entier a également fait l’objet de critiques. Les critiques craignent qu’il soit formulé de manière à affaiblir la capacité des Juifs de la diaspora, et même d’Israël, à promouvoir le pluralisme au sein de l’État juif ou à demander à la Cour suprême d’Israël de statuer sur des questions qui touchent la diaspora juive, comme l’établissement de la section de prière mixte au mur Occidental.

Le libellé d’une clause qui autorisait la constitution de collectivités fondées sur la religion ou la nationalité a été modifié dimanche pour refléter « les valeurs nationales dans le développement des collectivités juives et agira pour les encourager, les promouvoir et les établir ». Haaretz a déclaré que la clause encourage toutefois l’établissement de « communautés juives exclusivement ».

La formulation précédente de la clause aurait « enhardi et donné beaucoup de grain à moudre au mouvement BDS », a déclaré Silverman, faisant écho aux déclarations de certains sur les réseaux sociaux et même dans les couloirs de la Knesset. Certains, en particulier les Arabes israéliens et leurs défenseurs, ont utilisé le mot « apartheid » pour décrire cette disposition.

L’auteur de la loi originale sur la nationalité il y a près d’une décennie – Avraham Diskin, politologue et professeur à l’Université hébraïque – rejette les critiques sur la loi, qu’il qualifie de « déclarative » et « sans conséquences pratiques ».

Diskin a déclaré à JTA qu’il est « grand temps » qu’une loi fondamentale définisse spécifiquement Israël en tant qu’État juif, en plus des nombreuses lois israéliennes qui mentionnent le judaïsme et le caractère juif de l’État.

Il y a « beaucoup de personnes dans le monde à l’extérieur d’Israël, principalement des Arabes, qui ne sont pas prêtes à accepter que les Juifs aient leur propre État-nation », a expliqué M. Diskin. Il a ajouté qu’en Israël, certains contestent la notion d’Israël en tant qu’État juif – et parmi eux, des Juifs.

Diskin a précisé que la loi était indispensable à cause de la Cour suprême israélienne. Lui et d’autres critiques de la Cour suprême disent qu’elle a ignoré la judéité de l’État, par exemple dans les cas de droits de résidence des Palestiniens en Israël, les droits des convertis étrangers à la citoyenneté, l’achat de terres par le Fonds national juif (FNJ/KKL), les projets de sursis pour les jeunes orthodoxes haredi et les expulsions de migrants illégaux.

La Déclaration d’indépendance d’Israël souligne à maintes reprises les liens entre les Juifs et Israël et le fait qu’Israël est en train de se créer en tant qu’État-nation du peuple juif. Cependant, contrairement à la Loi fondamentale, la Déclaration d’indépendance n’est pas un document juridique.

Diskin a ajouté qu’il n’y a rien dans la loi qui viole les droits de l’homme ou les droits des minorités.

Amir Fuchs, chercheur à l’Institut israélien pour la démocratie, a déclaré que la loi ressemble au préambule d’une constitution non encore écrite, et qu’“il n’y a aucun pays [démocratique] dans le monde qui n’a pas spécifiquement énuméré le droit à l’égalité dans sa constitution”. La loi « ne dit pas clairement que l’État garantira des droits égaux pour tous ses citoyens », a-t-il déclaré à JTA. « C’est ce qui manque. Voilà le problème », a ajouté M. Fuchs.

Il a reconnu que d’autres lois fondamentales traitent de la nature démocratique d’Israël et des droits individuels, y compris celui sur la dignité humaine et la liberté. Au moins deux autres lois fondamentales qualifient Israël comme Juif et démocratique.

M. Fuchs, qui dirige le programme de défense des valeurs démocratiques à l’Institut israélien pour la démocratie, a déclaré que la nouvelle loi n’est pas nécessaire puisqu’il est évident qu’Israël est un État-nation juif fondé, entre autres, sur ses symboles, sa langue et ses jours fériés.

Il a précisé qu’il ne s’oppose pas à l’idée d’une loi affirmant qu’Israël est l’État-nation du peuple juif, mais qu’une telle loi devrait également garantir que l’État garantira l’égalité des droits pour tous ses citoyens.

Mais Fuchs ne croit pas qu’Israël changera profondément après l’adoption de la loi et n’est pas d’accord avec ceux qui prétendent qu’elle transformera le pays en un État d’apartheid. Le point de basculement, a-t-il dit, sera dans les décisions de la Cour suprême, où l’élément « juif » pourrait avoir préséance sur l’élément « démocratique ».

La loi doit faire l’objet d’un vote final avant la fin de la session d’été de la Knesset, prévue dimanche. La coalition a suffisamment de voix pour l’adoption parce que les partis orthodoxes haredi sont prêts à la soutenir. Dans le passé, les partis haredi se sont opposés à la loi en raison de sa nature nationaliste. Mais l’ajout du mot « religieux » à une clause sur le droit à l’autodétermination a en partie adouci leur position.

Silverman a ajouté qu’en tant qu’État souverain, Israël a le droit d’adopter une telle loi. La communauté juive israélienne et la communauté juive américaine sont « de jeunes communautés même si elles sont les deux principales communautés juives du monde. Et elles connaissent toutes les deux des crises de croissance. »

Les organisations juives aux États-Unis seront vigilantes sur la manière dont la loi sera appliquée dans la pratique, en particulier dans les cas concernant les juifs de la diaspora.

« Israël doit être l’État-nation pour tous les Juifs, a ajouté M. Silverman. « Cela ne peut être limité d’aucune façon. »

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